B- Approches de la défense
L'étude de la défense en Afrique peut se faire
sous deux formes. D'une part, il s'agit d'évoquer l'architecture de
défense commune et de sécurité collective; d'autre part,
de présenter l'état de l'art sur les armées en Afrique et
au Cameroun spécifiquement.
La déclaration de Politique Africaine Commune de
Défense et de Sécurité (PACDS) a été
adoptée, en 2004, à Syrte en Libye. Elle constitue l'acte
fondateur de la politique de défense et de sécurité
panafricaine. L'article 2 (a) de la PACDS mentionne que ses objectifs sont : la
prévention et la résolution des conflits, le maintien de la paix.
Cette politique part du désir des chefs d'États africains
d'instaurer un mécanisme africain de défense commune et de
sécurité collective. Cette politique s'inscrit dans le prisme de
la « renaissance africaine », avec comme souci de trouver une «
solution africaine aux problèmes africains ». Le Pacte de
Nonagression et de Défense Commune de l'UA, adopté le 31 janvier
2005 à Abuja sous l'initiative du Congo Brazzaville, introduit une
responsabilité collective des États africains en matière
de défense. En son article 2 (c), il dispose : « Toute agression ou
menace d'agression dirigée contre l'un quelconque des États
membres constitue une agression ou une menace contre l'ensemble des
États membres de l'Union».33 Cet article oblige chaque
État membre à intervenir en cas d'agression contre un autre. Au
plan institutionnel, l'organe de suivi et de mise en oeuvre de la PACDS est le
Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA, entrée en
vigueur le 26 décembre 2003. Le CPS chapeaute l'architecture de la
défense commune et de sécurité collective en Afrique. Il
s'occupe du suivi et de la mise en oeuvre du Système Continental
d'Alerte Rapide; il organise le Comité d'état-major de l'UA et de
la Force Africaine en Attente (FAA); il se prononce sur les situations de crise
au sein du continent. Créée en 2006, la FAA est le bras
séculier de la PACDS. Elle peut être mobilisée par le CPS
pour prévenir ou résoudre un conflit ou une guerre civile sur le
continent africain; ce d'autant que le Pacte de non-agression et de
défense commune a défini l'agression au sens large. A ce jour,
l'Union Africaine a déjà effectué plusieurs missions de
maintien de la paix, notamment en Somalie et au Soudan. Toutefois, la FAA n'est
pas encore opérationnelle. La mise sur pieds de la FAA se heurte aux
problèmes logistiques, financiers et d'effectifs.
Si au plan régional la mise en oeuvre des
mécanismes de défense commune et de sécurité
collective avance peu, aux échelles sous-régionales, en revanche,
il y a de réels progrès. De la CEDEAO à la CEEAC, les
différentes missions de maintien de la paix sous-
33 Pacte de Non-agression et de défense commune
de l'Union africaine, 31 janvier 2005.
régionales se sont multipliées ces
dernières années. Au sein de la CEEAC, le Conseil de Paix et de
Sécurité d'Afrique Centrale (COPAX), le Pacte de Non-agression de
Solidarité et d'Assistance Mutuelle de la CEMAC (28 janvier 2004), la
Force Multinationale en Afrique Centrale (FOMAC), la Brigade Régionale
(BR), le Système Alerte Avancée pour l'Afrique Centrale (MARAC)
et la Commission pour la Défense et la Sécurité (CDS)
constituent la technologie de la défense commune et de la
sécurité collective en Afrique centrale. S'agissant du Cameroun,
il abrite la base logistique de la FAA et le Comité d'état-major
régional (CER) de la CEEAC. Sous l'égide des Nations Unies et de
l'UA, une mission de paix de la CEEAC a été menée avec
succès en RCA (FOMUC). Actuellement, le Cours Supérieur
Interarmées de Défense (CSID), à vocation régionale
forme les officiers de la CEEAC au maintien de la paix.
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