II. Endoscopie des capacités camerounaises de
défense et de sécurité
L'étude des capacités camerounaises de
défense et de sécurité permet de distinguer les
capacités opérationnelles, d'une part ; et les atouts
stratégico-militaires, d'autre part.
141 Hormis gendarmerie et GP camerounaises d'une part ; et Garde
nationale et GR nigérianes d'autre part.
142 MESSINGA Ernest Claude, op. cit., 2009,
p.p. 97-113.
II.A- Les capacités opérationnelles de
l'armée camerounaise
Le concept d'emploi des forces camerounais a
opéré une mutation qui remonte aux années 90.
L'armée régulière est de plus en plus supplantée
par les unités spéciales. Cette évolution est en partie
inhérente à la montée de l'insécurité
régionale et aux transformations des menaces qui pèsent sur la
sécurité du territoire. Elle s'inscrit également dans un
contexte d'inefficacité de l'armée régulière et
d'incapacité pour le budget de la défense camerounais à
entrainer et équiper convenablement une armée qui
désormais compte 40 000 hommes, y compris Gendarmerie, BIR et GP. Ce
phénomène n'affecte pas que le secteur de la défense. La
sureté nationale elle-même a connu une évolution avec la
création ces vingt dernières années d'unités
spéciales de la police (ESIR, GSO). Globalement, sur les 40 000 hommes
que représentent les FAC, 10 000 font partie des forces et unités
spéciales. Le BIR et la GP à eux seuls réunissent 6000.
Les 4000 restants sont répartis en BSA, FMC, FAI, etc. Le Cameroun
dispose donc d'une soldatesque de troisième et de quatrième
catégorie. Les forces de « 3ème catégorie »
s'entrainent peu et sont peu équipées. En revanche, celles de
« 4ème catégorie » disposent d'un
entraînement et d'un équipement de haut niveau, du moins pour le
contexte national et africain.143
Comparé aux puissances militaires mondiales, le
Cameroun est plus que nain. Mais comparé aux puissances militaires
africaines, le Cameroun a un niveau moyen ; ce qui lui vaut de figurer à
la 12ème position de notre classement des armées
nationales africaines. Les pays comme le Djibouti, le Benin, le Burkina Faso
ont des armées de moins de 5000 hommes, avec un budget de la
défense inférieur à 100 millions de dollars/an. Des pays
comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Togo, le
Mali, le Niger, la Mauritanie, le Gabon, le Tchad, la Guinée
Équatoriale ont des armées de moins de 20 000 hommes et un budget
de la défense qui ne dépasse pas les 200 millions de dollars. Ces
pays souvent comparés au Cameroun en matière économique
sont nettement inférieur à celui-ci en matière de
défense. En revanche, quelques pays comme l'Algérie, l'Afrique du
Sud, la Tunisie, l'Angola et l'Égypte ont des armées de plus de
80 000 hommes avec un budget de la défense de 5, 5 milliards de
dollars/an pour l'Algérie et l'Afrique du Sud ; 3 à 4 milliards
de dollars/an pour la Tunisie, l'Égypte et l'Angola ; et 1 à 2
milliards de dollars/an pour le Nigéria et le Maroc.
Sur le plan logistique, le Cameroun se classe également
à la 12ème position des armées africaines, avec
un budget de la défense de 400 millions de dollars. A côté
des armées de Côte
143 MESSE Léonard, « L'État-major des
armées et l'entraînement des forces », Mémoire de
Master Sécurité, Défense, Stratégie et Gestion des
Conflits, de l'Université de Yaoundé, CREPS, 2010.
d'ivoire, du Malawi et de Djibouti qui ne disposent d'aucun
hélicoptère ; à côté des armées
tchadienne, gabonaise, centrafricaine qui ne disposent d'aucun avion de combat
; les FAC comptent environ 30 hélicoptères de types Gazelle et
Puma et 20 avions de combats de type Alpha Jets et Foucade. Elles
bénéficient pour la surveillance aérienne des radars. Cela
contribue à la dissuasion et à la sanctuarisation du territoire
camerounais vis-à-vis des pays « frères » africains.
Mais la logistique aérienne camerounais est bien en deca du niveau
nigérian, 90 avions de combat ; algérien, 120 avions de combat ;
ou angolais, 100 avions de combat. Cinq pays africains comptent des satellites
à moyen orbite circumterrestre (MEO). Il s'agit de l'Afrique du sud, le
Nigéria, l'Algérie, la Lybie et la Tunisie.
Avec 200 chars d'assaut et véhicules blindés, 20
000 hommes, l'armée de terre camerounaise fait partie des 15
premières en Afrique. La marine camerounaise n'est pas en reste : deux
sous marins, 50 vedettes rapides d'embarcation, deux bâtiments de guerre
dont un appartenant au BIR-DELTA, une force spéciale maritime (Les FMC)
et 2000 hommes l'armée marine camerounaise a un niveau africain moyen.
En Afrique, les huit premières puissances maritimes disposent de sous
marins, corvettes, frégates et bâtiment de guerre. Aucun pays
africains ne dispose de sous marins lanceurs d'engin à propulsion
nucléaire. L'armée africaine ayant le plus grand potentiel
logistique maritime est l'Afrique du sud. Mais aucun de ces pays ne dispose
pour l'instant de porte-avion. Seules l'Algérie et l'Afrique du sud ont
mis officiellement en agenda la construction d'un porte-avion : 2015 pour
l'Afrique du sud et 2017 pour l'Algérie.
En dehors de la logistique, de l'effectif des troupes et du
budget de la défense, le niveau de formation des soldats camerounais et
l'intelligence tactique des officiers généraux accroissent le
potentiel opérationnel des FAC. Dans la seule vraie guerre que le
Cameroun indépendant ait connue, c'est le niveau de formation,
l'intelligence du combat et l'habileté des officiers et soldats
camerounais qui a fait la différence face à une armée
nigériane plus équipée et plus nombreuse. L'EMIA, KOUTABA,
AWAE, CSID, CAMPO, etc. confèrent à leurs lauréats un
niveau opérationnel et d'intelligence de combat de premier choix en
Afrique. Ces écoles militaires sont parmi les meilleures en Afrique.
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