II- Délimitation du sujet
La délimitation consiste à préciser les
limites géographiques, temporelles et matérielles du sujet, afin
de clarifier le cadre de l'étude.
A- Délimitation géographique
Yaoundé est le chef-lieu de la région du Centre
et du département du MFOUNDI. Il constitue une population de 3 millions
d'habitants et une superficie de 306 km2. Nous avons choisi Yaoundé
comme cadre spatial d'investigation de ce travail. Le choix de Yaoundé
se justifie par le fait qu'il met en lumière la
présidentialisation de la défense et la construction
géopolitique du pouvoir politique au Cameroun. Capitale politique,
siège des institutions, et donc de la présidence de la
République, Yaoundé est au centre des préoccupations de
défense du Cameroun. Le choix de Yaoundé, en tant qu'abritant
l'institution présidentielle, permet de situer cette ville comme «
centre géographique »15 de la PDSC.
B- Délimitation temporelle
Ce travail analyse la politique de défense du Cameroun
de 1984 à 2011. Cette délimitation dans le temps est, toutefois,
relative; la délimitation étant ici inhérente aux dates de
création des objets étudiés : la GP en 1985 et le BIR en
1999. L'armée camerounaise, ellemême date au plan juridique du
décret n°59/57 du 11 novembre 1959 portant organisation
13 ELA Pierre, Dossiers noirs sur le
Cameroun, Paris, Pyramide Papyrus Presse, 2002, pp. 21-22.
14 Entretien le 19 avril 2011 à 11 heures avec
le Dr. Elie MVIE MEKA, ancien directeur des études à l'EMIA.
15 SINDJOUN Luc, « Construction et
déconstruction locales de l'ordre politique au Cameroun : la
sociogenèse de l'État », Thèse pour le doctorat
d'État en Science politique, Université de Yaoundé2,
1994.
générale de la défense et création
de l'armée camerounaise. Ensuite, les faits étudiés sont
liés à l'âge juridique de l'État du Cameroun :
1960-2011. Cette étude fait la sociogenèse de la PSDC avec un
marquage principal de la période du 06 avril 1984 à 2011.
C- Délimitation matérielle
Nous avons abordé ce travail sous les prismes de la
science politique, la sociologie, les relations internationales, la
stratégie et l'histoire militaire.
La « science politique » explique le mode de
dévolution du pouvoir et le fonctionnement de l'État au Cameroun.
Une lecture politiste permet de déceler les non-dits, le caché et
l'invisible du rôle présidentiel dans le champ politique
camerounais. L'analyse politologique met au jour
l'hégémonie et la totalisation présidentielle dans le
champ sécuritaire. Elle nous permet de comprendre l'ontologie et la
téléologie de l'État au Cameroun. Elle permet d'ouvrir la
« boite noire »16 du système politique camerounais
et de comprendre la transmutation qu'il subit depuis avril 1984.
En ce qui concerne la sociologie, notamment la sociologie
militaire, elle vient en complément de la science politique. Elle est
essentielle pour ce travail, dans la mesure où elle a permis d'analyser
le BIR et la GP dans leur quotidienneté et leur nudité. Pourquoi
x et y s'engagent-ils dans l'armée camerounaise ? Comment se pense-t-on
lorsqu'on s'appelle commando BIR ou GP ? S'agissant des relations
internationales, elles permettent d'analyser l'État et la PSDC dans
leurs aspects sous-régionaux, africains et internationaux. Elles
permettent de comprendre la transnationalisation des entrepreneurs
d'insécurité et d'identifier les réseaux régionaux
de politiques publiques de défense et de sécurité qui
participent de la PDSC. La PDSC s'incorpore également dans les
catégories de la politique étrangère du Cameroun. Enfin,
la stratégie et l'histoire militaire nous permettent de constater une
contradiction entre le concept stratégique camerounais de défense
et l'emploi des forces de défense qui, dans l'histoire du Cameroun, ont
essentiellement été utilisées à des fins
répressives.
16 EASTON David, A system analysis of political
life, New York (N.Y.), Wiley, 1965.
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