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Le BIR et la GP dans la politique de défense et de sécurité du Cameroun. Socioanalyse du rôle présidentiel, des concepts stratégiques et d'emploi des forces

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par Hans de Marie HEUNGOUP
Université catholique d'Afrique centrale - Master en gouvernance et politiques publiques 2011
  

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CHAPITRE I

DECENTRAGE ET RECENTRAGE PRESIDENTIELS DANS LE
SYSTEME ETATIQUE CAMEROUNAIS

« Le président de la République du Cameroun, bien que
jouissant d'une importante marge de manoeuvre, est pris dans un
réseau d'interdépendances
».59

Luc SINDJOUN

L'hégémonie présidentielle a été contestée au Cameroun entre 1982 et 1984; ce qui ne devait être qu'une transition néopatrimoniale est devenu une transition chaotique. Avant 1982, la prédominance présidentielle dans le système politique n'avait pas été contestée. Or le retrait du président Ahmadou AHIDJO, puis son désir de maintenir le nouveau président sous sa tutelle, entraîne la crise de succession entre l'ex-président de la République et le nouveau. Cette crise se manifeste par la structure bicéphale du pouvoir, avec d'un côté, le président du parti-État UNC; de l'autre le président de la République, vice-président de l'UNC. La tentative de coup d'État d'avril 1984 constitue une conjoncture critique qui a entraîné une transition chaotique. Cette crise, qui a mis à épreuve la fonction présidentielle, a paradoxalement été le moment privilégié où elle a démontré sa supériorité. Finalement, l'institution présidentielle s'en sort avec une influence plus notable dans le champ étatique et politique. En réalité, s'il est vrai que la domination présidentielle dans le système étatique est inhérente au système de domination politique; s'il est vrai qu'il faut penser l'hégémonie présidentielle en termes de « formation dirigeante », d'«alliance entre les dominants » et de « noblesse d'État »; l'étude du système actuel ne peut faire l'impasse sur l'anthropomorphisme étatique et la personnification du pouvoir.

En vérité, l'évocation des concepts « formation dirigeante », « réseau d'interdépendance », « président qui n'a pas les mains libres » participe d'une stratégie de déresponsabilisation présidentielle et de perpétuation du pouvoir. Les mécanismes de discrédit des collaborateurs, des opposants et des concurrents éventuels permettent de s'affirmer aux yeux de la nation comme le moins coupable : le moindre mal.

59 SINDJOUN Luc, op. cit., 1996, p. 2.

SECTION I LA TRANSITION CHAOTIQUE DE 1982 A 1984 OU LE DECENTRAGE PRESIDENTIEL

La transition de 1982 à 1984 a été déstabilisatrice pour le pouvoir présidentiel. Elle l'a surtout été parce que l'adversaire du président de la république n'était ni un rebelle, ni un maquisard. Au contraire, c'était le «père de la nation», celui à qui Paul BIYA doit toute sa carrière politique, jusqu'à son adoubement comme président de la République. Comment était-il possible d'expliquer à la nation que celui qui jusqu'alors fut le bâtisseur infatigable était devenu un subversif. Cette situation a été rendue particulièrement difficile parce que le président AHIDJO restait le président de l'Union Nationale Camerounaise, le parti-État, au sein duquel le président Paul BIYA n'était que le deuxième vice-président. La déstabilisation présidentielle se caractérise en premier lieu par la structure du pouvoir bicéphale. La tentative de coup d'État de 1984 est le deuxième moment de la déstabilisation présidentielle.

I- La structure du pouvoir bicéphale

Le bicéphalisme se caractérise au Cameroun par la présence de deux présidents : le président de la République et le président de l'UNC. Il constitue un moment privilégié du décentrage dans la mesure où il donne lieu à une mise en concurrence du président de la République et du président de l'UNC pour le contrôle des ressources de l'État. Cet épisode concurrentiel s'achève par la rupture entre les deux présidents le 22 août 1983.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore