Dette publique et epargne des menages en republique democratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Joachim MORISHO Ntaganda Université Catholique de Bukavu - Licence en sciences de gestion 2008 |
Section 2. REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUECette revue permet d'explorer quelques travaux empiriques déjà réalisés sur la problématique sous analyse. Elle se subdivise en deux types des travaux : les travaux appliqués aux les pays développés, d'une part, et ceux appliqués aux les pays sous développés, d'autre part. I.2.1. Travaux appliquées les pays développés et en transitionDalamagas (1993) analyse l'hypothèse d'équivalence ricardienne pour le cas de 49 pays, combinant données chronologiques et en coupes instantanées. Le théorème d'équivalence est confronté à la conception traditionnelle qui considère qu'à niveau de dépense publique donné, les impôts et l'endettement de l'Etat ont une incidence totalement différente sur la consommation. Les résultats montrent que la substitution de l'endettement aux impôts accroît la consommation dans le pays solvable tandis que l'effet inverse est observé dans le pays fortement endettés. Autrement dit, l'hypothèse d'équivalence ricardienne s'est vérifiée dans les pays fortement endettés étant donné que les agents économiques préfèrent épargner en vue remboursement de la dette dont ils sont devenus dorénavant sensibles. Aprahamian et Paraponaris (1997) ont mené une étude sur la manière dont les ménages réagissent dans leur plan de consommation aux variations de la dette publique et du niveau des impôts auxquels ils sont soumis. Les résultats obtenus à partir des données trimestrielles des sept plus grands pays industriels du monde5(*) au cours de la décennie 1980 montre, à l'instar de Dalamagas (1993), que plus le ratio dette/PIB est important moins l'illusion de la dette et l'illusion fiscale sont fortes. Ceci signifie que lorsque l'endettement de l'Etat augmente, les ménages sont beaucoup plus sensibles aux implications de l'émission supplémentaire de la dette publique et n'ignore pas qu'ils seront sollicités, sous formes d'une progression des impôts lorsqu'il s'agira de rembourser cette dette. Ainsi au Canada et en Italie, une hausse de la dette publique provoque le recul de la consommation privée et une baisse des impôts ne stimule pas la consommation mais la décourage. Plutôt, l'une et l'autre politique conduisent à l'accroissement du niveau d'épargne dans les ménages. Drakos (2001) cherche à tester l'équivalence ricardienne en Grèce. L'auteur part d'un modèle VAR et avec des données en séries chronologiques pour la période 1981 - 1996. Les résultats empiriques ainsi obtenus valident les prédictions de l'hypothèse d'équivalence ricardienne en Grèce. En effet, l'accroissement des dépenses publiques en Grèce financé par l'emprunt a entraîné un accroissement de l'épargne des ménages. Ainsi, pour paraphraser l'auteur: « The empirical findings were that increases in government debt are associated with household increased saving ». Akbontanci et Tunc (2002) testent, quant à eux, l'équivalence ricardienne pour le cas de la Turquie. L'auteur part d'un modèle à correction d'erreur et avec des données en séries chronologiques pour la période 1987 - 2001. Leurs résultats montrent qu'aussi bien à long qu'à court terme, l'équivalence ricardienne n'est pas valide pour le cas de la Turquie; autrement dit, l'accroissement de l'endettement public a entraîné une hausse de la consommation et baisse sensible de l'épargne privée en Turquie. Aussi, la dette publique exerce-t-elle un effet de richesse dans ce pays. Enders et Lee (1990) analysent au moyen d'un modèle VAR l'hypothèse de l'équivalence ricardienne pour le cas des USA. Sur fond des séries chronologiques relatives à la période 1947-1987, les auteurs trouvent que des chocs sur la dette publique sont associés à une diminution de l'épargne privée et à une augmentation de la consommation et du déficit du compte courant. Manifestement, ce résultat est contraire aux prédictions théoriques de l'équivalence ricardienne. Pour sa part, Nicolleti (1998), dans son étude portant sur huit grands pays de l'OCDE6(*), montre au moyen de l'analyse de la covariance que tant que l'Etat financera ses dépenses publiques par l'emprunt, le secteur privé constituera une épargne compensatrice en prévision d'un relèvement futur des impôts en vue du remboursement de la dette publique contractée. Les conclusions de l'auteur consacrent la non neutralité de la dette publique et soulignent que la consommation de la dette incite à l'épargne de précaution dans les pays fortement endettement. Ces résultats corroborent les prédictions de l'équivalence ricardienne car la dette publique a provoqué dans l'espace OCDE un accroissement de l'épargne privée. En revanche, l'auteur trouve que l'endettement public exerce effectivement un effet de richesse dans les pays moins endettés. Au total, l'hypothèse d'équivalence ricardienne s'est vérifiée dans les pays fortement endettés étant donné que les ménages préfèrent épargner en vue du remboursement de la dette dont ils sont devenus sensibles. * 5On parle ainsi du G7 ; il s'agit des E-U, de la France, de la Grande Brétagne , de l'Allemegne, de l'Italie, du Canada et du Japon * 6 Les pays membres de l'organisation de coopération de développement économique (OCDE) sont : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, les Etats-Unis, le Finlande, le Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, le Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la République Tchèque, le Suède, La Suisse et la Turquie. |
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