SECTION II. APPROCHE
METHODOLOGIQUE
Après avoir passé en revue la théorie de
la politique monétaire de la banques centrales sur les taux
d'intérêt directeurs, nous présentons dans la
présente section, la méthodologie retenue en vue d'identifier les
déterminants de la politique monétaire de la BCC qui influent le
taux d'inflation et croissance économique après les trois
pénultièmes reformes monétaires en République
Démocratique du Congo.
Nous présentons, dans la première partie, la
spécification du modèle et dans la deuxième partie les
variables retenues dans les modèles.
II.1. SPECIFICATION DU MODELE
Dans le souci de compléter les études qui ont
précédé à ce sujet et effectuer une
évaluation globale de l'impact de la variation des taux
d'intérêt directeurs sur l'inflation et l'activité
économique, le modèle de KAHN et KNIGHT (1991) a
été adapté ; les résultats seront
présentés et discutés dans le chapitre III.
II .1.1. Le modèle
théorique
L'impact des variations des taux d'intérêt
directeurs sur le taux d'inflation et le taux de croissance économique,
sera évalué grâce aux deux équations d'inflation et
de croissance ci-après :
II.1.2. l'équation de l'inflation
Les principaux déterminants de l'inflation en Afrique
ont fait l'objet de nombreuses études, notamment celles de DOEL et
DIALLO (1997), SAMBA MAMABOU (1998, a) pour l'UMEOA, MOSER (1995) pour le
Nigeria et Sowa (1996) pour le Ghana et celle de KAKO encore pour L'UEMOA
où nous nous sommes plus inspirée.
L'équation de l'inflation retenue dans la
présente étude est issue du modèle de KAHN et KNIGHT,
développé par MOSER (1995). En effet, cet auteur dérive
une équation d'inflation qui constitue la forme réduite d'un
modèle structurel appliqué au cas du Nigeria.
Le modèle exposé par la suite ne retient pas
parmi les variables explicatives, les variations du taux de change nominal
(ICH), dans la mesure où les données utilisées sont soit
en ratio ou en dollar Américain où la cour parait stable. Par
ailleurs il explicite beaucoup plus que le modèle de KAHN et KNIGHT et
celui de MOSER, les déterminants de l'offre de monnaie, en faisant
dépendre celle-ci des variations (D) des taux d'intérêt
directeurs de la Banque Centrale (taux du marché monétaire (IM)
et taux de prise en pension (IPS)) et PIB réel.
Le désire d'évaluer de manière
simultanée, les impacts respectifs des deux taux directeurs de la Banque
Centrale du Congo sur l'inflation et la croissance en RDC, expliquent la
présence, au sein des mêmes équations, de ces deux taux. En
effet, dans la mesure où la banque centrale a la possibilité
d'utiliser conjointement ces deux instruments pour réguler la
liquidité et l'activité bancaire. Il a paru légitime
d'intégrer ces variables dans les mêmes équations.
Cependant, il faut garder à l'esprit le fait qu'il
existe une hiérarchie entre les taux en ce sens que le taux de pension
devrait logiquement être fixé à celui du marché
monétaire. Ceci suggère la possibilité de l'existence
d'une forte complémentarité entre les deux taux
d'intérêt directeurs.
Le prix à la consommation (IPC), écrit sous
forme log-linéaire, est supposé dépendre du coût des
biens domestiques (IPD) et de celui des biens importés (IPM)
exprimés en Dollars Américain :
Le prix domestique dépend des tensions existant sur le
marché de la monnaie et celui des biens et services. Par
conséquent, il sera fonction d'une part, de l'offre de monnaie (M) et de la demande (M) et, d'autres part, du gap de production (différance entre la
production effective (PIBR)) et la production potentielle (PIBR*)) :
L'offre de monnaie dépend à son tour, des taux
d'intérêt directeurs de la Banque Centrale, à savoir le
taux du marché monétaire (IM) et le taux de prise en pension
(IPS) et du PIB réel :
La demande de monnaie dépend du revenu réel des
agents économiques :
En substituant les équations (4) et (6) dans
l'équation (2), il vient
L'équation (7) peut être intégrée
dans l'équation (1) pour avoir :
En différenciant l'équation (8'),
l'évolution du taux d'inflation suivra la fonction suivante :
En résumé, les taux d'intérêt
directeurs retenus (le taux d'intérêt en call money et le taux de
réescompte) sont supposés être négativement
reliés à l'évolution du niveau général des
prix, suivant en cela les résultats standard des théories
Keynésienne et monétaire.
La production potentielle, en tant qu'offre globale, est
également supposée négativement reliée à
l'inflation (MOSER, 1995 cité par NABUPKO 2003). En effet la part
non négligeable de la production agricole dans la composition de l'offre
globale dans les pays en voie de développement et l'impact
déflationniste sur les biens alimentaires généralement
exercé par une bonne compagne agricole, justifient l'hypothèse de
l'existence d'une relation inverse entre l'offre globale et l'inflation.
Cependant, l'absence de séries statistiques annuelles
sur la production potentielle dans les archives de la banque centrale à
Goma et surtout, la faible pertinence économique inévitablement
lié à l'annualisation de telles données ont conduit
à enlever cette variable (PIB potentiel) des estimations.
Le PIB réel est susceptible de traduire un
« effet de demande » au sein de l'équation. Le signe
attendu de cette variable est indéterminé, dans la mesure
où la valeur de son paramètre dépend des évolutions
relatives de l'offre de monnaie, de la demande de monnaie et du choc
d'offre.
La part importée de l'inflation est également
une variable explicative potentielle dans la mesure où une hausse du
prix des produits importés se répercute sur les prix domestiques,
du fait notamment d'un comportement de marge de la part des importateurs.
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