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Etude sur le forum des marchés d'Adjamé

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par Anonyme
Université de Cocody -  2009
  

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II- DE LA CONCEPTION A LA REALISATION: LES VENDEURS

II- 1- La participation des vendeurs

La SICG a demandé à chaque personne désireuse de disposer d'une place de verser la somme de 350000 F CFA pour les places de légumes, 450000 F CFA pour les box, et 1000000 de F CFA pour les magasins.

Les vendeurs n'ont pas été consultés pour l'élaboration du plan du marché. Il est évident qu'ils ne s'y connaissent pas en matière d'architecture, cependant, ils pourraient dire comment ils souhaiteraient que le marché soit présenté, en fonction de leurs besoins et des exigences des consommateurs qu'ils sont mieux placés pour identifier. Ainsi, un vendeur parmi les vingt enquêtés a connaissance du marché aménagé de Divo ( Côte d'Ivoire) et celui de Ouagadougou (Burkina Faso). Selon lui, ces marchés construits en R + 2 offrent un accès très facile quel que soit le niveau où l'on veut se rendre.

La répartition des places entre les différentes catégories de vendeurs s'est réalisée sans aucune participation de ceux- ci. La gestion était assurée entièrement par le promoteur, ensuite par la mairie. La participation des vendeurs n'ayant été que financière, ils n'ont que des intérêts économiques à poursuivre.

Depuis la conception jusqu'à la gestion, les bénéficiaires du marché n'ont pas participé aux décisions. Les experts du développement ont pourtant découvert que la réussite d'un projet de développement dépend du degré de participation des bénéficiaires.

Par ailleurs, les conditions d'attribution des places ont muté. Ce n'est plus les vendeurs de l'ancien marché qui en sont les principaux bénéficiaires, mais les plus offrants, peu importe leur statut. Ainsi des fonctionnaires ont acquis de nombreuses places afin de les louer ou les revendre, et cela revient aux vendeurs environ deux fois plus qu'ils ne devaient payer56(*). D'autres en ont achetées plusieurs pour les faire exploiter par d'autres personnes à leur profit57(*).

La mutation des conditions de bénéfice des projets favorise également leur échec. En effet, après l'entière participation des destinataires d'un projet à moyen terme, ceux- ci doivent pouvoir en bénéficier comme convenu. Autrement, les seconds qui viennent n'ont pas un véritable engagement pour celui- ci.

II- 2- La perception des vendeurs

Tous les vendeurs interrogés, à l'intérieur comme à l'extérieur du forum des marchés sont musulmans58(*). A l'intérieur du marché, sur cinq vendeurs interrogés, il y a trois maliens, un guinéen, un ivoirien (originaire d'Odienné). Nous notons donc quatre sur cinq enquêtés étrangers à l'intérieur du forum des marchés. A l'extérieur du forum, c'est- à- dire sur les pourtours et les trottoirs du forum des marchés, sur quinze vendeurs interrogés, nous notons sept nigériens, deux guinéens; deux maliens et quatre ivoiriens. Onze sur quinze vendeurs enquêtés des trottoirs et pourtours sont donc des étrangers.

Les différents pays dont ces derniers sont issus sont, à l'instar de la Côte d'Ivoire, classés parmi les pays pauvres du globe terrestre. En outre, ces populations, notamment les maliens et les nigériens ont un style de vie précaire semblable à celui des burkinabè. En effet, selon Djédjé, les immigrés à Abidjan, en l'occurrence les burkinabè, vivent dans des conditions précaires, car c'est le mode de vie qu'ils adoptent chez eux, et aussi parce qu'ils doivent économiser pour rapporter de l'argent à leurs parents restés au pays.59(*) Pourtant, à la question de savoir s'ils aimeraient vendre à l'intérieur du marché, tous les vendeurs installés sur les trottoirs et pourtours ont répondu «oui, si j'ai de l'argent et que je trouve une bonne place». Tous les vendeurs aspirent donc à vendre à l'intérieur du forum des marchés quel que soient leurs origines; parce qu'il offre une garantie foncière. Mais ils n'acceptent pas n'importe quelle place. Leurs places doivent être situées à des lieux très fréquentés par les acheteurs afin de leur permettre de réaliser leur objectif, celui de l'acquisition d'une marge bénéficiaire satisfaisante. Les moyens financiers constituent donc une des conditions de leur installation à l'intérieur du forum des marchés, mais la conquête de la clientèle en est le facteur déterminant.

Par ailleurs, quatorze sur quinze vendeurs enquêtés sur les trottoirs et les pourtours du forum des marchés font leurs approvisionnements en Côte- d'Ivoire. Certains le font auprès des grossistes du forum des marchés.60(*) D'autres s'approvisionnent auprès des libanais (pour les chaussures en plastique), ou auprès des couturiers (pour les tenues traditionnelles ivoiriennes). Parmi ceux qui s'approvisionnent auprès des grossistes du forum des marchés, il y en a deux qui prennent la marchandise à crédit pour reverser la somme après la vente. Un sur quinze des vendeurs enquêtés, ivoirien, s'approvisionne tantôt à Lomé, tantôt auprès des grossistes du forum des marchés. Ce mode d'approvisionnement révèle que même si ces vendeurs résistent aux tracasseries financières dont ils sont victimes61(*), ils sont des personnes modestes, bien qu'étant commerçants depuis au moins une dizaine d'année sur les pourtours et les trottoirs du forum des marchés.

En outre, les vendeurs ne se sentent pas impliqués dans le processus de construction et de gestion du forum des marchés. Ils ne pensent donc pas à son bon fonctionnement. Au fait, le marché n'a jamais pu être lavé parce que les vendeurs refusent de respecter l'heure de fermeture prévue. Lorsque les agents de la mairie ont voulu les contraindre à se retirer des lieux pour le nettoyage, ils n'ont pas hésiter à les lyncher. Leur participation étant essentiellement financière, ils n'ont que des intérêts économiques à poursuivre. Ainsi, le marché construit en deux étages ne correspond pas à leurs besoins, parce que les consommateurs ne s'y rendent pas.

A la question de savoir s'ils étaient d'accord pour la construction du forum des marchés, sur cinq vendeurs enquêtés à l'intérieur du forum des marchés, deux affirment : «on n'était pas d'accord pour la construction du marché, mais comment on va faire, c'est pour eux et ils sont les seuls à décider». Un encore dit «oui on était d'accord, comment on va faire?». Deux étaient d'accord pour la construction. Comme raison, l'un a dit qu'il est important qu'un marché soit aménagé. L'autre a révélé les incendies à répétition qui survenaient dans l'ancien marché. Ces vendeurs ne voient aucun problème au niveau de la structure architecturale du marché. Ils ignorent également les problèmes d'insécurité auxquels ils sont exposés. Cependant, ils voient le forum des marchés comme une infrastructure que la mairie leur impose, à cause des charges que cela les obligent à supporter (le coût d'acquisition des places).

A la question de savoir s'ils font des installations sur le trottoir et pourtour, l'un des deux (installés à l'intérieur du marché) qui avaient approuvé la construction du forum des marchés a répondu par l'affirmative, sous prétexte qu'il ne réalise pas un chiffre d'affaire satisfaisant là où il est installé. Lorsque nous lui avons posé la question de savoir à quelle condition il ne ferait plus d'installation sur le trottoir, il nous a répondu: «si après la guerre, les acheteurs de l'intérieur reviennent faire des achats et que les choses recommencent à marcher». L'autre ne fait pas d'installation sur le trottoir parce qu'il n'a pas assez de moyens financiers. Cela montre que même s'ils étaient d'accord pour la construction du forum des marchés, ils doivent pouvoir y réaliser un chiffre d'affaire satisfaisant, sinon ils ne peuvent s'y installer. Ceux qui n'étaient pas consentants, mais qui ont souscrit aux places l'ont fait par contrainte, par peur des tracasseries des agents de la mairie.

A l'extérieur du forum des marchés, pour la même question de savoir s'ils étaient d'accord pour la construction du marché, dix sur quinze vendeurs enquêtés ont répondu par l'affirmative. Ils ont donné des raisons telles que les incendies à répétition que connaissait l'ancien marché; le nombre de places limitées qui ne pouvaient satisfaire beaucoup de demandeurs. Le problème d'insalubrité a même été soulevé. Cinq sur quinze n'étaient pas d'accord, parce que selon eux, ils n'avaient pas d'argent pour acheter les places. Mais seulement six sur quinze ont fait la demande de places, sans pouvoir les obtenir. Parmi eux, un vendeur a même versé la somme demandée, et il est resté perdant: ni place, ni restitution de la somme versée.

Malgré les promesses alléchantes faites par la mairie aux vendeurs, ils ont été réticents face à la souscription aux places. Cela leur à éviter de connaître l'infortune qu'ont connu ceux qui ont voulu se hasarder dans cette aventure. Ces derniers également avaient pour préoccupation majeure les moyens financiers. Ils n'ont aucune connaissance des dangers auxquels ils seraient exposés à l'intérieur du marché. Néanmoins, un vendeur ayant une connaissance du marché de Ouagadougou (Burkina Faso) et de celui de Divo (Côte d'Ivoire), construits en R+ 2, mais très accessibles a affirmé que le forum des marchés était mal construit à cause de l'accès difficile.

Que les vendeurs soient consentants ou pas pour la construction du forum des marchés, ils ont la même réaction face à la conquête de la clientèle. Se rapprocher du client est le moyen idéal pour le conquérir. L'architecture du forum des marchés ne leur convient donc pas.

En outre, au regard de l'accord qui avait été signé entre la mairie et les vendeurs de l'ancien marché pour faire accepter la construction du marché à l'unanimité, les vendeurs se sentent trahis par celle- ci, parce qu'elle n'a pas honoré ses engagements. Les rapports sont alors de type conflictuels. Cependant, la mairie étant l'instance dominante, les vendeurs sont obligés de négocier avec elle62(*) malgré les griefs qu'ils ont contre elle.

Avec le promoteur, c'est également des rapports conflictuels. Il y a une résistance au niveau des vendeurs, car après avoir constaté la trahison63(*), certains vendeurs des magasins refusent de payer la somme supplémentaire que le promoteur demande. Ils font même une résistance au promoteur pour le paiement du loyer64(*).

* 56 A la cellule construction, il nous a été révélé qu'un box coûte entre 700000 et 800000 F CFA.

* 57 Pendant notre entretien avec les vendeurs, nous en avons rencontré un qui, installé à l'entrée nous a révélé vendre pour quelqu'un. Tous les box du lieu appartiennent à la même personne.

* 58 Nous avons interrogé une vendeuse qui est chrétienne catholique pendant la pré- enquête, mais nous n'avons pas eu l'occasion de l'interroger pendant l'enquête. Nous avons également rencontré un chrétien évangélique, mais il n'a que deux ans d'expérience. Il a donc été exclu de notre champ social.

* 59 Daniel N'Guessan Djédjé (2002), Op cit.

* 60 Les grossistes du forum des marchés s'approvisionnent en Chine ou à Dubai.

* 61 Tous les vendeurs des pourtours et trottoirs interrogés paient au minimum 300 F CFA comme taxe journalière avec les tickets de la mairie, et la plupart paient chaque jour 500 F CFA au moins sans ticket. Après notre entretien avec les différents services de la mairie, nous avons compris que ceux qui paient plus qu'ils ne devaient sont ceux qui n'ont pas obtenu l'autorisation du maire.

* 62 Les vendeurs des trottoirs et pourtours qui veulent avoir une place stable font une demande d'autorisation qu'ils adressent au maire. Ceux qui n'ont pas les capitaux sociaux et économiques pour la demande d'autorisation négocient en acceptant de donner chaque jour une somme forfaitaire pour conserver leurs places.

* 63 Le promoteur a divisé la longueur prévue pour chaque type de place par deux, et il a augmenté les différents prix.

* 64 Le temps du jeudi 23 Avril 2009.

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