Etude sur le forum des marchés d'Adjamé( Télécharger le fichier original )par Anonyme Université de Cocody - 2009 |
II- 5- 5- Au niveau de l'état du bâtimentLes planchers qui n'ont pas reçu de revêtement fini se dégradent. La terrasse du rez- de- chaussée et des deux étages sont dans un état de dégradation avancée. III- LE PROMOTEUR, LES COMMERÇANTS ET LES CONSOMMATEURSIII- 1- Le promoteurLa SICG est la société promotrice qui a construit le forum des marchés. Elle a également construit le grand marché de Marcory où est situé son siège. Elle a à sa tête un directeur général, assisté de ses collaborateurs. Ses locaux sont dotés d'outils informatiques. Cependant, elle ne dispose pas de secrétaire, ni d'archives. La SICG dispose aussi des locaux annexes au forum des marchés d'Adjamé, mais dépourvu d'outils informatiques. III- 2- Les commerçants Les commerçants du forum des marchés sont issus de diverses communes du District d'Abidjan: Attécoubé, Adjamé, Abobo, Treichville, etc. Ils sont en majorité des dioula49(*), en général d'origine étrangère (Mali, Niger, Guinée Conakry). Ils sont majoritairement analphabètes, et vendent les tenues vestimentaires, les denrées alimentaires, les ustensiles de cuisine, les produits cosmétiques, etc. Ils sont présents aussi bien à l'intérieur du forum des marchés que sur les pourtours et les trottoirs du boulevard Nangui Abrogoua. Notons que les vendeurs des tenues vestimentaires sont plus nombreux au niveau des trottoirs et pourtours.
III- 3- Les consommateurs Les consommateurs du forum des marchés sont issus de toutes les communes du District d'Abidjan, tout comme les vendeurs. Ce sont des personnes à revenu moyen et faible en général. En effet, à cause du désordre et de l'insécurité qui règnent au sein de cette commune, les personnes à haut revenu ne le fréquentent pas. Elles s'approvisionnent plutôt dans les supermarchés. TROISIEME PARTIE: DESERTION DU FORUM DES MARCHES ET OCCUPATION ANARCHIQUE DES TROTTOIRS ET POURTOURS TROISIEME PARTIE: DESERTION DU FORUM DES MARCHES ET OCCUPATION ANARCHIQUE DES POURTOURS ET TROTTOIRS CHAPITRE I: LES AUTORITES ADMINISTRATIVES ET LE FORUM DES MARCHES D'ADJAME I- LE FOUM DES MARCHES: DE LA CONCEPTION A LA GESTIONI- 1- La conception du forum des marchés Le forum des marchés situé dans la commune d'Adjamé est construit en R + 2. Cette structure permet l'économie de l'espace en raison de la forte demande. Elle permet donc la satisfaction d'un grand nombre de demandeurs tout en exploitant une surface relativement restreinte. Celui- ci fait- il le bonheur des usagés? Malgré l'intérêt de cette architecture, elle semble ne pas répondre entièrement aux besoins des usagés. Deux sur dix des consommateurs enquêtés n'ont jamais monté les escaliers du forum des marchés, pourtant ils y vont faire des achats en tenue vestimentaire (lorsque le besoin se fait sentir, et qu'ils en ont les moyens). Un sur dix des consommateurs enquêtés (une dame) va seulement acheter des bagues qu'elle revend dans la commune de Yopougon où elle réside. Pour l'achat des autres articles, elle reste à l'extérieur du forum des marchés. Sept sur dix vont à l'intérieur du marché que lorsqu'ils ne trouvent pas ce qu'ils veulent à l'extérieur. Au niveau des vendeurs, le premier étages est occupé à environ soixante pour cent. Quant au deuxième étage, il est entièrement désert. On remarque une sous fréquentation du forum des marchés que se soit au niveau des vendeurs comme au niveau des consommateurs. Quels sont les défauts architecturaux qui repoussent les usagés du forum des marchés? Cette structure présente plusieurs défauts. A partir de l'entretien que nous avons eu avec des agents de la mairie et l'observation que nous avons faite, nous notons quelques problèmes, notamment les voies d'accès. Le marché qui s'étend sur une superficie d'un hectare et demi n'offre que huit voies d'accès; deux voies de chaque côté, situées de façon contiguë au niveau du premier étage, se prolongeant sur le deuxième étage. Cette situation rend certaines zones difficilement accessibles, du moins les box situés sur les angles. En outre, les escaliers sont pointus, donc très difficile à pratiquer. Les allées restreintes ne rendent pas les courses aisées à l'intérieur du forum des marchés et favorisent les bousculades. Tous ces défauts amènent les consommateurs à fréquenter moins le forum des marchés. Ce phénomène nous amène à poser une question fondamentale: l'élaboration de l'architecture est- elle le fait de l'ignorance ou le fait du manque de formation des acteurs? Parlant de la formation, si nous remontons à la colonisation, nous constatons que la culture occidentale s'est déversée dans celle des ivoiriens cela fait plus d'un siècle. Au départ, très peu d'enfants étaient scolarisés, et ceux qui l'étaient n'avaient pas une formation poussée. Après les indépendances, l'Etat ayant compris l'intérêt d'une population instruite a mis en place une politique de scolarisation afin d'augmenter le nombre d'enfants scolarisés. Il y a eu la création des établissements d'excellence et de formation professionnelle d'excellence tels l'INP-HB, le lycée scientifique de Yamoussoukro, etc. Notons aussi l'octroi de bourses qui permettent de bénéficier d'une formation plus qualifiante à l'étranger. Au vu de tout cela, on peut dire que ces dernières décennies ont été marquées par la formation accrue des cadres qualifiés en Côte d'Ivoire. Concernant l'expérience, elle ne peut être acquise sans ouverture sur l'extérieur. Pour ce faire, la Côte d'Ivoire a tissé de nombreux partenariats avec l'extérieur, à travers les communes et les régions. Ainsi, Guibéroua est en partenariat avec Takoradi (Ghana); Daloa est en partenariat avec Pau (France); Abidjan est en partenariat avec Marseille (France) et San Francisco (USA); Bouaké est en partenariat avec Mopti (Mali) et Bescia (Italie); etc. Ces coopérations sont des facteurs d'échange au niveau culturel, technique, politique et économique. Les grands marchés de Ouagadougou (Burkina Faso), de Cotonou (Benin), de Lomé (Togo), d'Accra (Ghana) et de Lagos (Nigeria) sont construits en R + 1, et sont très peu occupés par les vendeurs, excepté celui d'Accra50(*). Les expériences de ces marchés devaient guider les réalisateurs du forum des marchés et leur permettre d'élaborer une architecture qui pourrait connaître du succès. L'élaboration du plan n'a donc pas été guidée par le manque de formation, ni par l'ignorance des acteurs. Comment cela s'est-il déroulé? En d'autres termes quels sont les acteurs de ce plan? Le service du domaine et de la construction qui a pour rôle de s'occuper de tout ce qui concerne les constructions de la commune n'a pas été associé à l'élaboration de l'architecture. En effet, Dembélé Lacina, maire d'alors a proposé l'architecte, qui a conçu le plan. Ce plan a été modifié par le chef de la cellule construction. Les services mis en place doivent jouer leur rôle afin d'engager leur responsabilité et exploiter leurs compétences pour la réalisation des projets. Si la conception du plan avait été confiée à la cellule construction, elle tiendrait certainement compte des desiderata des vendeurs, car elle est plus proche d'eux. Elle s'attellerait également à mener à bien le travail pour ne pas subir de sanction. Mais au lieu de cela, elle a été en marge, et c'est elle qui corrige comme elle le peut les erreurs de l'expert (l'architecte).
I- 2- La réalisation du forum des marchés La construction du marché fut confiée à un promoteur. Le contrat stipule que celui- ci doit financer entièrement les travaux de construction. Quant à la mairie, elle a offert l'espace et devait suivre régulièrement le déroulement des travaux. Pour être plus efficace dans le suivi des travaux de construction, la mairie y a associé le ministère de la construction. Cependant, lors de notre enquête, il nous a été signalé des défaillances au moment de la réalisation des travaux, notamment l'exploitation abusive de l'espace. En effet, selon les données du plan d'architecture, des espaces vierges étaient réservés au premier et au deuxième étage pour faciliter la circulation des sapeurs pompiers en cas d'incendie. Mais ces espaces ont été utilisés pour la construction des box. Un poste de police et une infirmerie avaient été prévus, cependant ils n'existent que de nom. La longueur prévue pour un box (trois mètres) a été divisée par deux (un mètre et demi). Cela a permis de répondre certes aux besoins accrus des demandeurs, mais ces actions vont accentuer le problème que posait déjà l'accès. En effet, les vendeurs sont désormais dans l'obligation de payer deux fois plus que prévu pour obtenir une place satisfaisante. Les plus nantis y sont parvenus tandis que ceux dont le capital économique est faible se trouvent dans l'obligation de se contenter du peu d'espace d'un mètre et demi de longueur, ou ils quittent le champ économique pour se replier sur les trottoirs et pourtours. Quelques fois, ils deviennent des vendeurs ambulants51(*). Au niveau des consommateurs, cette exploitation abusive de l'espace rend le marché peu aéré, et la circulation difficile à l'intérieur du marché en plus des escaliers pointus. Il y a encore des défauts tels que la présence de câbles non fixés correctement, l'absence d'éclairage du marché et d'éclairage de sécurité, l'absence de canalisation d'évacuation des eaux usées, l'absence de bloc autonome de sécurité52(*). Tout ceci constituent autant de dangers auxquels les usagés du forum des marchés sont exposés. Les failles constatées au niveau de la construction suscitent une question fondamentale. La mairie et le ministère de la construction ont- ils réellement suivi le déroulement des travaux? Si oui, dans quelle limite? Au regard de ce qui précède, nous affirmons que si la mairie et le ministère de la construction ont suivi le déroulement des travaux, leur participation a été un simulacre; car ces failles ont une conséquence grave sur le marché et sur la vie des usagés. Les consommateurs sont exposés à des risques sanitaires à cause du manque de chambres froides. Cela est à l'origine d'une mauvaise conservation des produits de pêche, ainsi que d'autres problèmes sanitaires53(*). Désormais, en cas d'incendie, l'on ne pourra rien sauver du marché parce que l'encombrement des voies par les vendeurs limite l'accès des sapeurs pompiers au rez- de- chaussée. Cependant, très peu de vendeurs sont conscients de ce danger54(*). Par ailleurs, l'entretien avec des agents de la mairie nous a révélé que la construction du forum des marchés n'a fait l'objet d'aucun appel d'offre. Ici également, Amondji Pierre, alors maire a signé le contrat de gré à gré avec la SICG. Cela signifie que le côté financier devait prévaloir. Cet acte a donné beaucoup de pouvoir au promoteur sur l'infrastructure puisqu'il a acheté le contrat. Il se donne le droit d'en disposer comme bon lui semble; ce qui explique toutes les failles constatées au moment de la construction. Le maire qui a signé le contrat de construction avec le promoteur est devenu impuissant face aux lacunes de ce dernier, puisqu'il a écarté la participation du service compétent lors de la conclusion du contrat. L'action de la SICG ne reposerait- elle pas sur un intérêt économique? En effet, la mairie ne s'est limitée qu'à l'offre de l'espace pour la construction du forum des marchés. La recherche du financement incombait le promoteur. En exploitant les espaces vierges prévus et en divisant la longueur de chaque box par deux, cela lui a permis de multiplier son gain par environ trois, et lui permettant ainsi la réalisation du marché. Car le promoteur a demandé aux souscripteurs de lui verser l'argent pendant la réalisation des travaux. La somme initialement fixée était de 350000 F CFA par box. Par la suite, la SICG a réclamé 100000 F FCA de plus aux souscripteurs. Au regard d'un tel changement au cours de la réalisation du marché, on peut dire que le promoteur était confronté à un problème de financement. I- 3- L'attribution des places Après la construction, le promoteur a procédé à la répartition et à l'attribution des places. Un nouveau marché s'imposait vu la dégradation avancée qu'avait subie l'ancien marché. Cependant, les vendeurs les moins nantis avaient une inquiétude, celle de l'acquisition des places dans le nouveau marché. La mairie leur a donc promis qu'ils seraient prioritaires dans le nouveau marché, et qu'elle leur accorderait une facilité de paiement. Mais cette promesse ne fut pas tenue. Car, comme nous l'avons déjà souligné, un box est passé de 350000 F CFA à 450000 F CFA. En outre, les souscripteurs devaient verser l'argent pendant les travaux de construction. Pour être sûr d'obtenir une place, et bien localisée, il fallait mobiliser encore plus de moyens financiers à défaut du capital social, selon des enquêtés. Ainsi, parmi vingt vendeurs enquêtés six vendeurs de l'ancien marché ont souscrit aux places du forum, mais ils ne les ont pas obtenues. Un vendeur a même versé la somme demandée, et il s'en est sorti perdant. Pour finir, ce sont les plus offrants qui obtenaient les places. Cela a favorisé l'entrée sur le marché de plusieurs fonctionnaires qui ont souscrit pour certains jusqu'à cent ou cent cinquante box pour les mettre en location ou les revendre, ce qui revient plus coûteux aux vendeurs. Ceux de l'ancien marché qui sont moins nantis se sont retrouvés sur les trottoirs et les pourtours pour certains. D'autres n'ayant pas obtenu de places à ces endroits ou n'ayant pas assez de moyens financiers pour s'y installer deviennent vendeurs ambulants. Là également, le promoteur a tiré profit de la situation. Conscient du problème d'accès que pose la structure, il a fait régner un désordre qu'il exploite à ses propres fins. Les vendeurs se retrouvent à deux, voire à quatre sur une place. Par conséquent, chacun d'eux est obligé de corrompre les responsables d'attribution pour obtenir gain de cause. Le capital économique est donc mis en compétition. Certains se rendant compte de leur échec se replient sur les trottoirs et pourtours qui offrent aussi d'autres types de compétitions. Finalement, quel que soit le champ où l'on se situe, personne n'échappe au principe qui est institutionnalisé. Les acteurs qui perdent la compétition ne peuvent se plaindre nulle part, car tout le système est impliqué. En outre, toute velléité de plainte leur fera davantage dépenser. Les opérations depuis la conception jusqu'à la réalisation devaient aboutir inévitablement à la non occupation de certaines places du marché, puisque les erreurs du départ n'étaient pas corrigées. I- 4- La gestion * 49 Nous appelons ici dioula les commerçants musulmans, originaires du Nord de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, du Niger et de la Guinée Conakry. * 50 Propos recueilli auprès du Directeur Technique de la mairie d'Adjamé. * 51 Lors de notre pré- enquête, nous avons interrogé un vendeur que nous pensions être installé sur le pourtour. Il nous a révélé qu'il vendait dans l'ancien marché, mais pour des raisons économiques, après la construction du forum des marchés, il s'est retrouvé comme vendeur ambulant. * 52 Voir annexe II. * 53 Voir annexe II. * 54 Deux sur vingt des enquêtés seulement ont révélé les défaillances au niveau de l'architecture. Un vendeur à l'intérieur du marché et un vendeur sur le trottoir. Ce dernier pratique le commerce à Abidjan depuis 1990, mais il a la connaissance des marchés des autres communes. |
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