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Contribution de l'audit interne à la performance financière des entreprises: cas des banques camerounaises

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par Diane Fanny KAGHO NANDA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Administration des Entreprises 2009
  

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2-2- Les procédures dans les théories des organisations

L'apport de Taylor dans la définition des normes et procédures dans l'entreprise fut de suggérer que si l'on est en mesure de maîtriser parfaitement un certain nombre de techniques et de règles sur l'administration du personnel (décomposition des tâches, définition du contenu d'un poste, capacité maximale de contrôle, etc.), alors les difficultés rencontrées dans la direction de larges groupes de travailleurs sont en grande partie résolues. Cela suppose une étude scientifique du travail, débouchant sur une organisation scientifique du travail.

3- Contrôle des opérations et maîtrise des risques

Le contrôle des opérations est un mécanisme qui permet à l'organisation de maitriser ses activités et donc les risques liés à ces activités. Taylor, à son époque a d'ailleurs énoncé des principes de contrôle permettant suivre l'activité des ouvriers.

3-1- Les principes de contrôle de Frederick Winslow Taylor

Taylor a énoncé en 1911 quatre principes de contrôle pour permettre aux entreprises industrielles de son époque de surveiller l'évolution du travail des ouvriers ;

- Substituer à l'empirisme traditionnel la connaissance scientifique des divers aspects du travail de chaque individu.

- Sélectionner, former, éduquer et perfectionner scientifiquement les ouvriers. (Auparavant, on les laissait choisir leur métier et ils se formaient seuls, du mieux qu'ils pouvaient.)

- Etablir une coopération franche avec les ouvriers, de manière à s'assurer que l'ensemble du travail soit effectué conformément aux principes scientifiques établis.

- Repartir le travail et les responsabilités de manière à peu près égale entre la direction et les ouvriers. La direction se chargera de toutes les tâches pour lesquelles elle se montrera plus compétente que les ouvriers. (Auparavant, la quasi-totalité du travail et la majorité des responsabilités incombaient à ces derniers.)

Ces principes énumérés par Taylor montrent clairement que le contrôle des opérations, visant d'une part à s'assurer que les règles sont respectées, et d'autre part à assurer une bonne circulation de l'information entre la direction et les opérationnels, permet de déceler les irrégularités dans l'accomplissement des tâches, et de procéder immédiatement à une régularisation, le souci majeur étant d'améliorer la performance de l'organisation. Il affirme d'ailleurs que « le respect de ces principes assurera la prospérité de tous : les employés seront mieux payés et les dirigeants verront leurs bénéfices augmenter».

Taylor parvient après l'énumération de ces principes à obtenir un gain de productivité de 200% et plus, tout en réaffirmant les fonctions de direction des managers et la nécessité pour les ouvriers d'obéir scrupuleusement aux instructions. Ceci est valable pour toutes les entreprises, y compris celles qui ont certaines particularités telles que les banques.

3-2- Le contrôle des opérations dans les banques

Les activités de contrôle font partie intégrante des activités quotidiennes de la banque. Les systèmes de contrôle nécessitent la mise en place d'une structure de contrôle appropriée, avec des activités de contrôle définies à chaque niveau opérationnel. L'audit interne, en collaboration avec le contrôle interne cherche à s'assurer que l'ensemble du personnel oeuvre avec efficience et intégrité à la réalisation des objectifs, sans occasionner des coûts imprévus ou excessifs ni

privilégier d'autres intérêts (tels que ceux d'un employé, d'un fournisseur ou d'un client) que ceux de l'entreprise. Les objectifs de performance sont liés à l'efficacité et à l'efficience de l'entreprise dans l'utilisation de ses actifs et autres ressources, ainsi que dans la protection de l'établissement vis-à vis de ses pertes.

Les activités de contrôle sont conçues et mises en oeuvre pour faire face aux risques décelés par la banque au moyen du processus d'évaluation des risques. Ces activités comportent deux étapes :

- L'établissement des politiques et procédures de contrôle

- La vérification du respect de la conformité à ces politiques et procédures.

Les activités de contrôle se situent à tous les niveaux du personnel de la banque, y compris la direction générale et le personnel directement en contact avec le marché, et revêtent les formes :

- des examens au plus haut niveau ;

- des contrôles d'activités ;

- des contrôles physiques ;

- de la conformité aux plafonds d'engagements

- des approbations et autorisations ;

- des vérifications et contrôles par rapprochement.

3-2-1- Examens au plus haut niveau

Le conseil d'administration et la direction générale demandent souvent des présentations et comptes rendus de performances leur permettant d'évaluer les progrès accomplis par la banque pour la réalisation des objectifs. Cela passe par la consultation des rapports indiquant les résultats financiers effectifs en cours d'exercice par rapport au budget. Les questions qu'elle est amenée à poser et les réponses des niveaux hiérarchiques inférieurs constituent une activité de contrôle qui peut mettre en évidence des problèmes tels que carences de contrôle, erreurs dans la communication financière ou fraudes.

3-2-2- Contrôles d'activités

La direction d'un département ou d'une unité reçoit et examine des comptes rendus classiques ou exceptionnels sur une base quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle. Les examens fonctionnels sont plus fréquents que ceux effectués au plus haut niveau et sont habituellement plus détaillés. Ainsi, le responsable du secteur de prêts commerciaux par exemple peut consulter des rapports sur les défauts de paiement, les paiements reçus... tandis que les responsable du crédit au sein de la direction générale a connaissance des documents similaires une fois par mois et sous une forme plus condensée couvrant toutes les catégories de prêts.

3-2-3- Contrôles physiques

Les contrôles physiques portent en général sur les limitations d'accès aux actifs tangibles, y compris les liquidités et les titres. Les activités de contrôle incluent les restrictions physiques, la double conservation et les inventaires périodiques.

3-2-4- conformité aux plafonds d'engagement

L'établissement de limites prudentes sur les engagements constitue un élément majeur de la gestion des risques. Par conséquent, un aspect important des contrôles internes réside dans un processus de vérification du respect de ces limites et un suivi en cas de non respect.

3-2-5- Approbations et autorisations

La nécessité de solliciter des approbations et des autorisations pour les transactions dépassant certaines limites garantit qu'un niveau de direction approprié a connaissance de la transaction ou de la situation, ce qui aide à rétablir les responsabilités.

3-2-6- vérifications et contrôles par rapprochement

Les vérifications des caractéristiques détaillées des transactions ainsi que des diverses activités et des résultats fournis par les modèles de gestion des risques utilisés par la banque constituent une activité de contrôle importante. Les rapprochements périodiques, par exemple entre les flux de trésorerie et les rapports et états financiers, peuvent mettre en évidence des activités et enregistrements comptables exigeant d'être amendés. Par conséquent, les conclusions de ces contrôles devraient être notifiées aux niveaux de direction appropriés chaque fois que des problèmes effectifs ou potentiels sont détectés.

A des degrés divers, le contrôle interne relève de la responsabilité de chacun. Presque tous les employés produisent des informations utilisées dans le système de contrôle interne ou effectuent d'autres actions indispensables à l'exercice du contrôle. Les activités de contrôle ont leur efficacité optimale lorsque la direction et l'ensemble du personnel les considèrent comme faisant intrinsèquement partie, non comme un complément, des activités quotidiennes de la banque. En outre, les contrôles véritablement intégrés aux activités quotidiennes permettent de réagir rapidement à des modifications des conditions et évitent des coûts inutiles. Dans le cadre visant à instaurer la culture de contrôle au sein d'une banque, la direction générale devrait s'assurer que les activités de contrôle adéquates font véritablement partie des fonctions quotidiennes de l'ensemble du personnel concerné.

3-3- Maîtrise des risques par l'audit interne

« Toutes les diligences d'audit entreprises dans l'organisation visent à la réduction des risques de perte et donc à leur maîtrise. L'objectif de ces contrôles a postériori des opérations, réalisés fréquemment de manière transversale et périodique est:

- d'évaluer l'opportunité des opérations

- de suivre les risques qui s'y attachent, comptes tenus des délégations de pouvoir accordés ;

- d'éclairer les organes dirigeants sur la réalisation des objectifs du contrôle interne.

Les constats effectués et les recommandations émises par les auditeurs après les missions d'audit effectuées visent généralement à corriger les manquements auxquels fait face l'entreprise. La prise en compte de ces recommandations par les opérationnels permettra également de réduire les risques potentiels susceptibles d'influencer la rentabilité de l'entreprise et donc de l'orienter vers la réalisation de ses objectifs.

L'audit doit reconnaitre et évaluer en permanence les risques importants qui pourraient compromettre la réalisation des objectifs de la banque. Cette évaluation devrait couvrir l'ensemble des risques encourus par l'établissement et l'organisation bancaire consolidée (c'est-à-dire risque de crédit, risque de marché, risque de taux d'intérêt, risque de liquidité, risque juridique, risque de réputation, risque pays et risque de transfert). Une révision des contrôles internes peut s'avérer indispensable pour traiter de manière appropriée tout risque nouveau ou précédemment incontrôlé.

C'est pour cette raison qu'il est nécessaire pour toute entreprise, quelque soit le domaine d'activité dans lequel elle se déploie, d'avoir des systèmes de contrôle interne23 efficaces. L'efficacité des systèmes de contrôle interne devient donc un facteur important dans l'amélioration de la performance de l'entreprise.

3-3-1- La maîtrise du risque de contrepartie

L'activité bancaire comporte une prise de risques. Il est donc impératif que ces risques soient reconnus et évalués en permanence. Nous nous appesantirons plus sur la maîtrise du risque de contrepartie. La maîtrise du risque de contrepartie requiert non seulement un diagnostic, mais aussi une mesure et un contrôle minutieux, ainsi qu'une gestion et une évaluation de celui-ci.

23 Contrôle de premier niveau (contrôle interne) et de second niveau (audit interne).

a- Le diagnostic du risque de contrepartie

L'analyste financier rencontre des difficultés dans l'appréciation de ce risque car les bilans bancaires indiquent des valeurs nettes, et la définition des crédits compromis ainsi que le jeu de provisionnements rendent les comparaisons malaisées. De plus, la concrétisation du risque de contrepartie peut être étalée sur plusieurs années ce qui introduit un effet d'inertie dans les bilans. Les établissements de crédit ayant sensiblement amélioré la qualité de leur information en matière de risque de contrepartie, plusieurs éléments méritent une étude détaillée.

Au delà du respect des ratios de division des risques, l'analyste va apprécier la répartition des risques de contrepartie selon les critères adéquats : catégorie de clientèle, secteur d'activité, zone géographique, notamment pour l'appréciation du risque pays. L'amélioration de l'information comptable des banques en la matière facilite la tâche de l'analyste car de nombreuses banques communiquent sur la répartition de leurs encours sains et de leurs encours compromis24.

b- La mesure et le contrôle du risque de contrepartie

A l'invitation des autorités de tutelle et dans la lignée des recommandations du comité de Bâle, les banques communiquent de façon plus qualitative sur les outils qu'elles mettent en oeuvre pour mesurer le risque de contrepartie (credit scoring25, modèles internes), pour le contrôler et pour le gérer par une allocation des fonds propres adéquate, par les techniques comme la titrisation ou les dérivés de crédit. Le développement des dérivés de crédit incite d'ailleurs les banques à fournir des indicateurs plus détaillés sur les montants des contrats et leur utilisation. Enfin, il est bien certain que l'entrée en vigueur du nouveau ratio de solvabilité homogénéise les systèmes de mesure du risque de contrepartie.

24 A travers la centrale des risques.

25 C'est une technique qui s'efforce de synthétiser le risque de contrepartie au moyen d'une note (score) en affectant à chaque information représentative de la solvabilité de l'emprunteur une pondération. Le total des pondérations, comparé à une note limite préalablement établie, permet de prendre immédiatement une décision d'accord ou de refus de la demande de crédit.

c- Evaluation du risque de contrepartie

L'évaluation du risque de contrepartie se fait de deux façons selon qu'on se situe du côté des particuliers ou des entreprises.

> L'évaluation du risque des particuliers

Il est question ici d'évaluer les crédits à la consommation26, ainsi que les crédits immobiliers27. En premier lieu il convient de collecter toutes les informations nécessaires sur l'emprunteur et sur ses antécédents en matière d'endettement et de solvabilité ; en second lieu, s'assurer que les revenus de l'emprunteur peuvent couvrir le remboursement du crédit. (Coussergues, 2007)

Le risque des particuliers peut également être évalué par la méthode du credit scoring.

> L'évaluation du risque des entreprises

L'évaluation du risque des entreprises passe par une collecte au préalable d'informations sur l'emprunteur, puis une analyse minutieuse de sa situation financière.

Par ailleurs, de nouvelles méthodes d'évaluation du risque de contrepartie ont été mises en place. Il s'agit des notations externes et internes. Le premier pilier des établissements de crédit les invite à se doter de systèmes d'évaluation du risque de contrepartie fondée sur l'une des trois méthodes proposées par le comité de Bâle : la méthode standard, la méthode IRB de base et la méthode IRB avancée. Ces méthodes évaluent selon des approches différentes, la probabilité de défaillance d'une contrepartie prise isolément ou d'un portefeuille de crédits, ainsi que les pertes, avec comme objectif que les fonds propres soient suffisants pour couvrir les pertes inattendues, les pertes attendues étant couvertes par une tarification suffisante de crédit et par des provisions. (Coussergues, 2007).

26 Généralement à court terme, ils sont demandés pour financer l'achat d'un bien d'équipement, ou pour financer un besoin que l'emprunteur ne précise pas.

27 A plus long terme que les crédits à la consommation, ils ont aussi un montant plus élevé.

Le schéma ci-dessous est un modèle résumé d'amélioration de la performance financière de l'entreprise grâce à la pratique de l'audit interne.

Schéma : Modèle d'amélioration de la performance financière par la pratique de l'audit interne.

Analyse des processus de traitement des opérations

Définition des
procédures

Mécanismes de
contrôle : Audit
interne

Indicateurs de

performance :

- Indicateurs du CDG - ratios prudentiels de la COBAC

Augmentation
des fonds
propres

Réduction des
risques

Réduction des
coûts

Augmentation
du résultat

Amélioration
de la
performance
financière

Contrôle des opérations et maitrise des risques

Sources : Auteur

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote