A/ L'ECOTOURISME A KEUR BAMBOUNG
Pour la mise création de L'Aire Marine
Protégée de Keur Bamboung, les Fonds Français pour
l'Environnement Mondial ont versé près de 900 000 euros sur
cinq ans, soit un peu moins de 590 000 000 de francs Cfa .Durant la
première année, l'Océanium prenait en charge les frais
liés à leurs déplacements, le carburant des pirogues, leur
ravitaillement, etc. Mais afin que le comité de gestion puisse
être indépendant, l'Océanium a aidé les villageois
à mettre sur pieds un campement écotouristique. L'objectif
visé par la création de ce campement était de créer
de nouveaux emplois, de valoriser les ressources locales et aussi de donner
plus de possibilités financières aux autochtones dans la gestion
du site.
L'aire marine protégée de Keur Bamboung est
ainsi devenue la première AMP communautaire fonctionnelle d'Afrique de
l'ouest, au-delà de la protection de l'environnement, il y avait une
réelle volonté de mettre en place un mécanisme de
développement durable. Les villageois, à travers
l'activité touristique, ont pu bénéficier d'emplois
stables avec des revenus constants. Les ressources artisanales et culturelles
des autochtones peuvent plus facilement être valorisées et
commercialisées car les touristes sur place sont une clientèle
directe. C'est le cas pour le village de Sipo où il existe même un
marché artisanal qui vend des produits locaux des tissus et des objets
d'art. Certains artisans des 14 autres villages viennent même parfois
pendant la journée dans ce marché car il est le plus proche du
gîte écotouristique. D'autres commercialisent les noix d'acajou,
un produit très prisé par les touristes et disponible en grande
quantité, mais les anacardes proviennent des autres villages car la
commercialisation des ressources aux alentours du campement est interdite. Il
s'agit alors d'une activité de transformation puis de revente. Le pain
de singe aussi est un produit qui s'écoule facilement est une partie de
la production est même rachetée par le restaurant du campement qui
va en faire un jus pour les touristes. Et tout ceci se fait sans surexploiter
les ressources locales, afin que les générations futures puissent
jouir de toutes ces ressources sans que le tourisme soit une source de
problèmes, mais que ce soit une activité qui se développe
dans le respect mutuel des individus et des civilisations.
De plus, dans un esprit de solidarité et de
responsabilité, les touristes eux aussi cherchent à respecter
tous les dispositifs de protection de la nature et cherchent à
s'intégrer à ce milieu et à s'adapter, de sorte que tous
les villages ont gardé leur identité culturelle, avec des cases,
des fours traditionnels pour les pains, rares sont les villages qui sont
totalement électrifiés, et là encore c'est grâce
à des panneaux solaires. Tout ceci fait que Keur Bamboung a une
réelle économie et il y a un échange constant entre les
villages, certaines ressources ou produits sont transportés lorsqu'ils
sont nécessaires quotidiennement mais indisponibles localement. Et
là encore les villages environnants sont prioritaires, ce qui
crée un dynamisme commercial et économique, et chaque partie y
gagne. Contrairement à Saly ou d'autres sites touristiques, les
populations bénéficient directement de l'activité
touristique et sont même au coeur de ce dispositif car le campement est
une propriété collective des 14 villages.
Le Comité de Gestion de l'Aire Marine
Protégée communautaire est la structure qui est chargée de
gérer les recettes du campement. Des prestataires ont eu à
intervenir dans la construction du campement et sont tous des habitants des
localités environnantes ou des artisans locaux : maçons,
menuisiers, charpentiers, pailleurs, etc. Les bénéfices
générés par l'activité du campement doivent
permettre de couvrir les frais de fonctionnement de l'Aire Marine
Protégée communautaire : salaires des surveillants, entretien du
matériel, essence... et de soutenir la Communauté Rurale de
Toubacouta dans ses attributions de développement local.
Le campement écotouristique de Bamboung a
été construit sur les principes du tourisme durable. Il compte 8
cases, pouvant accueillir 28 touristes, bâties avec de la terre cuite et
de la paille. Toutes les cases sont éclairées grâce
à de l'électricité produites par des panneaux solaires
tandis que l'eau provient d'un puits et est aussi acheminée vers les
cases grâces à de l'énergie solaire. Et les déchets
qui sont issus du fonctionnement du campement sont triés, certains sont
réutilisés comme compost pour les plantes, et d'autres
redonnés aux villageois qui vont les utiliser à d'autres fins. Ce
campement n'utilise principalement que des énergies renouvelables ;
le restaurant sur place aussi utilise majoritairement des produits qui sont
cultivés par les villageois, plus particulièrement Sipoh. Ceci a
l'avantage de fournir plusieurs emplois, seize emplois directs répartis
comme suit :
- 2 (deux) employés pour le service et la
plonge,
- 2 (deux) employés affectés à
la cuisine,
- 2 (deux) guides écotouristiques,
- 2 (deux) employés pour l'entretien et la
réparation des cases
- 1 (un) agent chargé de la
sécurité
- 5 (cinq) employées pour le nettoyage des
cases
- 1 (un) piroguier
- et 2 (deux) gérants
En période de forte fréquentation, le campement
peut compter 6 emplois supplémentaires, mais juste pour une durée
limitée. Et aussi il y a les autres emplois indirects comme la
fourniture de denrées, et de bois.
A la création du campement, les salaires étaient
de 1500 francs par individu et par jour, puis depuis 2006, les salaires varient
entre 2000 et 3000 francs journalièrement par employé.
Pour les touristes, les tarifs sont de 17 000 francs en
demi-pension, de 22 000 en pension complète et la moitié
pour les enfants de moins de douze ans. Ce tarif comprend les frais de
transfert de Soucouta à l'ile, et permet des activités telles que
la découverte du sentier écologique, des promenades en
canoë-kayaks, baignades, randonnées pédestres, collecte de
coquillages avec les femmes. La visite de l'écomusée de
Diorom boumak, la visite de l'Aire Marine Protégée et du mirador,
promenade en pirogue pour visiter l'ile aux oiseaux et une initiation à
l'ornithologie sont aussi des activités proposées aux touristes
mais elles sont payantes.
Dans l'Aire Marine protégée, l'exploitation des
ressources halieutiques est formellement interdite afin que les espèces
puissent se reproduire et l'IRD a été en chargé du
recensement et du suivi des espèces qui se reproduisaient ou passaient
une partie de leur existence dans la zone protégée. Mais depuis
quelques mois, un nouvel accord a été mis en place entre l'AMP
Keur Bamboung et Biotop afin que celui-ci soit chargé du suivi des
espèces végétales, et propose un plan de gestion et
d'exploitation de certaines ressources.
Concernant la promotion du tourisme durable, les principales
activités réalisées par l'Océanium sont :
v Economiser les ressources fossiles et maîtriser les
ressources renouvelables,
v Limiter et maîtriser les déchets en favorisant
l'utilisation de produits biodégradables, en pratiquant la
récupération et la transformation des déchets, etc.,
v Privilégier les produits locaux (Brique en Terre
Cuite par exemple),
v Sensibiliser les acteurs (visités et visiteurs)
à la protection de l'environnement et au respect des
biodiversités,
v Maîtriser le flux des visiteurs pour optimiser la
qualité d'accueil,
v Développer des activités permettant des
échanges culturels par l'information, la formation et la participation
de tous les acteurs,
v Adapter les technologies de pointe aux savoirs faire
traditionnels. Par exemple, le campement a été construit avec des
Briques en Terre Cuite (BTC),
v Coupler l'économie touristique ainsi
créée à l'économie locale pour en optimiser les
retombées.
B/ Management de l'AMP et Redistribution des recettes
Pour que ce site puisse se développer dans les
meilleures conditions et que cela puisse se pérenniser,
l'Océanium a fait en sorte que les autochtones s'approprient cette
réalisation. Cette localité compte en tout 52 villages et
à la suite d'une concertation entre l'Océanium, les élus
locaux et les populations locales, il avait été unanimement
décidé que seuls 14 villages feraient partie du comité de
gestion, il s'agissait de ceux où la pêche est l'activité
principale.
Le projet de création de cette AMP remonte à
bien avant 2001, année durant laquelle l'Océanium a
commencé à sensibiliser les populations locales et cette aire
protégée a été fonctionnelle un peu plus de 24 mois
plus tard, mais le décret de création des aires marines
protégées au Sénégal ne sera publié que le
30 Avril 2004. A la publication de ce décret, les aire marines
protégées étaient sous la juridiction du ministère
de l'environnement qui avait de ce fait affecté des agents des eaux et
forêts qui étaient chargés, avec quelques villageois, de la
surveillance du site. Il y avait aussi un conservateur pour l'AMP, mais depuis
le mois de Mars 2009, un nouveau décret place toutes les AMPs du
Sénégal sous la tutelle du ministère de la pêche.
Depuis lors, tout le personnel qui était affecté sur place par le
ministère de l'environnement avait été relevé, puis
depuis peu ils ont été remplacés par des agents de la
Marine Nationale et des agents de la Direction de la pêche et
surveillance de la pêche.
Et ainsi, après le balisage de a zone à
protéger, les habitants des 14 villages impliqués dans gestion du
site ont mis en place un comité de gestion composé de 9 membres.
Ce bureau a été mis en place dès la création de
l'Aire Marine Protégée et il est chargé de la gestion, de
la protection et de la supervision du site. Et il y a aussi un comité de
surveillance qui a été mis en place aussi composé de 10
volontaires. Ces volontaires surveillent continuellement l'AMP à partir
d'un mirador et disposent d'une pirogue pour des patrouilles et
éventuellement intercepter des pêcheurs qui violeraient la mise en
défens du site, ce qui peut être sanctionné par une peine
d'emprisonnement.
Chaque trimestre une réunion est organisée par
le comité de gestion afin de comptabiliser et de redistribuer les
recettes obtenues, et aussi pour fixer un plan de gestion pour les 3 prochains
mois. L'organigramme du bureau de ce comité s'établit comme
suit :
PRESIDENT
IBRAHIMA DIAME
(SOUCOUTA)
Vice- PRESIDENT
SIDIYA DIOUF
(BOSSINKANG)
SECRETAIRE GENERAL
EL HADJ AMADOU NDAW
(SOUCOUTA)
TRESORIER GENERAL
DOUDOU DIAME
(MEDINA SANGAKE)
SECRETAIRE GENERAL
ADJOINT
SARATA SEÏDY
(DASSILAME SERERE)
TRESORIER-ADJOINT
DIATOU DOUMBOUYA
(SIPOH)
COMMISSAIRE AUX COMPTES
MAMADOU DEMBA
(BETINTI)
COMMISSAIRE AUX COMPTES
MARIAMA SARR
(SANGAKO)
COMMISSAIRE AUX COMPTES
BASSINE MANE
(MISSIRA)
Chacun des autres villages faisant impliqués dans la
gestion de l'aire protégée et n'ayant pas de membre dans le
bureau compte aussi un représentant dans le comité de gestion.
Les autres personnes présentes à ces réunions
trimestrielles sont :
Ø Des agents de la direction de la pêche et
surveillance de la pêche,
Ø Des agents de la direction des Parcs Nationaux,
Ø Des membres du conseil rural de Toubacouta,
Ø Le chef du C.E.R. (Centre d'Extension Rurale)
Ø Les usagers : ce sont de nouveaux membres du
comité de gestion, il s'agit d'autochtones qui sont concernés par
l'utilisation directe des ressources
Ø Le comité de surveillance
Ø Et les gérants du campement
écotouristique
Avant la tenue de cette réunion, les gérants du
campement sont chargés d'effectuer le versement mensuel des salaires de
tous les employés du campement. Puis c'est durant cette réunion
que la répartition des recettes provenant du campement se fait et elle
est effectuée de la manière suivante : 1/3 des recettes va
être donnée à la communauté rurale de Toubacouta, le
second tiers sera utilisé pour les besoins de l'Aire Marine ; alors
que le dernier tiers va être affecté au campement.
RECETTES ECOTOURISTIQUE
AIRE MARINE PROTEGEE
COLLECTIVITES LOCALES
CAMPEMENT ECOTOURISTIQUE KEUR
BAMBOUNG
La partie reversée à l'aire marine
protégée est destinée à assurer l'entretien des
pirogues de patrouille, à l'achat de carburant pour le
déplacement des surveillants, à leur nourriture et aux autres
besoins liés à la surveillance de la zone
protégée.
Le second tiers qui est destiné à la
communauté rurale est destiné à être utilisé
pour la construction des infrastructures locales comme par exemple des
écoles, des centres de santé ...
La dernière partie des recettes sera
réaffecté au campement et va servir de fonds de roulement, pour
l'achat de denrées de consommation destinées au restaurant, et
éventuellement pour effectuer des réparations, changer la paille
des cases chaque 2 à 3 mois et de désherbants.
III/ PRESENTATION DE L'OCEANIUM ET DU PROJET
« NAROU HEULEUK »
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