CHAPITRE II : Cadre Méthodologique
Cadre de L'étude
Le thème autour duquel est celui du tourisme durable.
Ce concept connaît une grande impulsion suite à
l'intérêt qu'il suscite pour beaucoup de pays et certaines
Organisations environnementales. Et l'écotourisme est jugé comme
le mode de tourisme qui permet le plus de réduire les effets
néfastes liés à l'activité touristique. Au
Sénégal, trois principaux acteurs agissent dans le domaine de la
protection de la biodiversité dans le sens du développement
durable et il s'agit de l'Etat, à travers la direction des parcs
nationaux, et de deux organisations non gouvernementales, le World Wild Fund et
l'Océanium. En collaboration avec ces acteurs, l'Etat du
Sénégal, a identifié 13 zones ayant des
potentialités écotouristiques mais n'a pour l'instant
établi des projets écotouristiques que pour 4 zones jugées
prioritaires à savoir : le Delta du Fleuve Sénégal au
Nord, la région de Tambacounda, le Delta du Saloum, la zone
Mbour-Joal-Fadiouth-Palmarin. Et depuis 2004, après la publication du
décret N° 2004-607, les grandes mesures prises pour promouvoir
l'écotourisme ont été orientées vers la
création d'Aires Marines Protégées. Une Aire marine
protégée est définie par l'Union Internationale pour la
Conservation de la Nature comme étant : « tout
espace intertidal ou infratidal ainsi que ses eaux sus-jacentes, sa flore, sa
faune et ses ressources historiques et culturelles que la loi ou d'autres
moyens efficaces ont mis en réserve pour protéger en tout ou en
partie le milieu ainsi délimité. »
Donc notre but sera de voir les progrès qui ont
réalisés par le Sénégal pour promouvoir et
développer les AMPs et aussi de voir si, à l'état actuel
de ces structures, l'écotourisme atteint les objectifs visés par
le tourisme durable.
Délimitation du champ d'étude
L'aire marine sur laquelle notre analyse portera est celle qui
se situe dans les iles du Saloum, à savoir l'AMP communautaire de Keur
Bamboung. Malgré le fait que celle-ci soit la plus petite des AMPs
créées au Sénégal (7200 hectares), elle
possède une très grande biodiversité avec plusieurs
espèces animales et aussi végétales avec notamment une
très grande mangrove. Ce site, qui ne compte que quelques années
d'existence, est d'ores et déjà devenu une destination phare pour
les éco touristes. Le choix de Keur Bamboung représenter
l'écotourisme au Sénégal se justifie par le fait que, en
plus de l'activité de protection des espèces et le respect des
principes de base du développement durable, il dispose d'un campement
qui a été créé et est développé en
collaboration avec les autochtones, construit par eux et le campement leur
appartient entièrement ainsi que les recettes en provenant. Ce qui fait
que le tourisme est devenu une des principales activités de la
localité, et le développement de cette activité a permis
de créer une micro-économie tr-s solide. Tous ces
éléments nous permettront donc de voir réellement les
effets qui sont conséquents de l'écotourisme. De même
nous nous intéressons aux aspects positifs et inconvénients
découlant de l'activité touristique et tous les impacts que cela
implique pour les habitants des villages impliques dans ce projet de même
que tous les villages se trouvant aux alentours du bolong de Bamboung. Donc en
sus de l'analyse que nous faisons sur l'écotourisme a Keur Bamboung,
Nous nous intéressons aux principes de développement durable
appliques sur place ainsi que les mesures de compensation appliquées sur
place.
Instruments de collecte
Afin de pouvoir recueillir les avis et impressions que portent
les populations directement concernées par l'activité
touristique, en l'occurrence ceux des 14 villages impliqués dans la
gestion dans la gestion de l'aire protégée et du gîte
écotouristique de Keur Bamboung, nous avons utilisé un
questionnaire et notre échantillon était de 100 personnes,
résidents dans les différents villages. Nous avons
interrogé des individus de tous les secteurs d'activité et
âges différents pour avoir une vision globale de ce que pensent
les habitants de tous les villages concernés. Aussi nous avons fait de
la recherche documentaire au niveau de l'Océanium, nous avons aussi
interviewé certains responsables locaux pour pouvoir accéder aux
informations relatives à la création du site. Et l'observation
participative, c'est-à-dire le fait d'aller sur le site nous a permis
d'avoir une impression plus juste grâce à une totale immersion
ECHANTILLONNAGE
Statut
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Rapport avec AMP
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Rapport avec le
thème
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Président du comité de Gestion de l'AMP
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Il dirige le comité de gestion et est chargé du
contrôle des objectifs fixés lors des rencontres trimestrielles du
comité de gestion.
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Il a participé à la création de l'AMP de
keur Bamboung et est un des notables de Soukouta. Il a un rôle actif dans
la gestion du site et du campement depuis leur création.
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Membres du comité de gestion
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Ils se retrouvent avec certaines autorités locales
chaque trimestre pour évaluer les recettes du campement et
définissent tous ensemble les objectifs à atteindre et les
services touristiques offerts au niveau du campement.
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Ils représentent respectivement les villages de :
Soukouta, Médina Sangaké, Dassilamé sérére,
Sipoh, Bétinti Sangako et Missirah. Ils sont chargés de
représenter les intérêts de leurs villages respectifs pour
que la zone de mise en défens soit bien préservée et aussi
afin que tous les villages disposent des même prérogatives.
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Coordonnateur du projet Narou- Heuleuk
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Agronome et conseiller, il est chargé de la supervision
des AMP à Océanium
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Il est à l'origine du projet de création de
l'Aire marine et il encadre la gestion du site afin qu'il y ait une
réelle politique éco touristique à keur Bamboung. Et
participe à la recherche de nouveaux partenaires
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Il sera aussi nécessaire de consulter les
représentants des autres villages faisant partie du comité de
gestion mais n'ayant pas de membre dans le bureau à
savoir :Sandicoli, Katior, Souroubani, Néma Bah, Bossinkang,
Diogaye et Toubacouta qui envoient un représentant durant chaque
réunion. Et c'est l'ensemble de ces représentants qui forment le
comité de gestion et sont chargés de prendre les décisions
adéquates pour la bonne marche de l'aire marine mais aussi du campement
dans le respect des normes éco touristiques et du développement
durable. Aussi il y a les agents de la direction de la pêche et de
surveillance de la pêche ainsi que le comité de surveillance. Ils
sont chargés de la protection du site et de faire en sorte que ceux qui
enfreignent les règles de pêche et d'exploitation des ressources
du site soient punis. S'agissant des membres du comité de gestion, ils
sont des acteurs incontournables de l'Aire marine et sont eux aussi issus des
différents villages membres du projet éco touristique de Keur
Bamboung. La direction de la pêche encadre les surveillants et leur
prête main forte en cas de nécessité et met un canoë
à leur disposition. Ensuite nous enquêterons au niveau des
gérants du campement pour connaître les mesures écologiques
mises en place et les activités proposés aux touristes et
visiteurs pour leur divertissement mais aussi pour les sensibiliser à
une démarche plus respectueuse concernant le tourisme. Et enfin nous
nous intéresserons aux principaux concernés à savoir les
habitants des villages qui pour certains ont du changer de profession à
cause des mesures de restriction ou face à de nouvelles
opportunités offertes par le tourisme ; il y a aussi parmi eux ceux
dont l'activité est directement liée au campement ou au tourisme
comme les artisans et ceux qui ravitaillent le campement en denrées de
première nécessité.
Difficultés rencontrées
L'aire marine protégée de Keur Bamboung se
trouve à Kilomètres de Dakar dans la communauté rurale de
Toubacouta. L'accès à ce site est relativement difficile car
l'état des routes entre Kaolack et Toubacouta est de très
mauvaise qualité. Aussi, arrivé sur place, la réalisation
des enquêtes n'a pas été facile car les autochtones ne
parlent pas français et certains ne parlent d'ailleurs même pas
Wolof.
L'écotourisme au Sénégal étant une
activité encore peu développée, il y a très peu de
données officielles et précises sur ce secteur et aussi il n'y a
quasiment pas d'ouvrages traitant de ce type de tourisme dans notre pays.
Et enfin recueillir des informations au niveau de
l'Océanium aussi car Jean GOEPP, qui est le coordinateur du projet
« Narou Heuleuk » qui prend en charge la création et
le suivi d'Aires Marines Protégées est constamment en voyage et
il passe très peu de temps au siège de l'Océanium.
CHAPITRE DEUX : CADRE CONCEPTUEL ET
ORGANISATIONNEL
Présentation de Keur Bamboung
I/ HISTORIQUE ET DESCRIPTION
Malgré le fait que le décret de création
des AMPs au Sénégal ait été publié en 2004,
l'AMP de Keur Bamboung, la première Aire Marine Protégée
du Sénégal, est fonctionnelle depuis le 15 Avril 2004. Cette
dernière a été créée dans la réserve
de biosphère du Delta du Saloum au niveau du bolong de Bamboung sur une
superficie de près de 7 000 hectares. Au départ, c'est
grâce à une initiative de l'Océanium, dans le cadre de son
projet « Narou Euleuk », mais aussi sur une volonté
ferme des communautés locales que cette réalisation a
été possible. Durant deux ans, de 2001 à 2003, cet
organisme va sillonner tous les villages pêcheurs de la localité
afin de les sensibiliser sur la nécessité de protéger
leurs ressources locales. Et ce message a été très bien
accueilli par les autochtones car ils s'étaient eux-mêmes rendus
compte que leurs prises étaient de moins en moins conséquentes.
Et ceci s'inscrit dans un contexte général de baisse des
ressources halieutiques au Sénégal : malgré le fait
que la pêche maritime soit passée de 50 000 tonnes en 1965
à 453 000 tonnes en 1997, les prises de la pêche continentale
elles sont passées de 30 000 en 1970 à 13 000 tonnes en
1999. Et de plus en plus les pêcheurs sont obligés de se rendre
de plus en plus loin en mer pour trouver du poisson en quantité
suffisante. Notons que selon le ministère de la pêche, la
pêche artisanale compte 400 000 travailleurs sur les 600 000
individus pratiquant cette activité.
L'Océanium a donc cherché à faire en
sorte que les autochtones soient conscients de la nécessité de
permettre aux espèces maritimes de se reproduire et que ces
espèces disposent de zones protégées. Deux ans durant, des
séances de vidéos projection et de débats ont
organisés par les équipes de l'Océanium. Et finalement, la
décision de créer une AMP a été unanimement
adoptée par l'ensemble des villages pêcheurs et le choix de
l'emplacement de la zone protégée ainsi que les modes de gestion
ont été laissés au choix des communautés locales
qui ont choisi de réserver le bolong de Bamboung qui est un lieu de
passage de plusieurs espèces et aussi de reproduction et se situant
près du village de Sipo. La localité de Toubacouta compte au
total 52 villages mais seuls les villages qui pratiquent la pêche ont
intégré le comité de gestion ils sont au nombre de 14 et
il s'agit de : Sandicoli, Médina Sangaké, Katior, Sangako,
Soucouta, Souroubani, Dassilamé Sérère, Néma Ba,
Missirah, Sipoh, Bétenti, Bossinkang, Diogaye et Toubacouta.
Les habitants de ces villages ont décidé d'un
commun accord de mettre en défens cette zone, c'est-à-dire de
fermer cette zone à toute exploitation, que ce soient des espèces
marines ou végétales. Et dès le 15 avril 2003, datte
officielle à laquelle l'Aire marine est jugée fonctionnelle, les
chercheurs de l'Institut de Recherche pour le Développement, à la
suite d'un accord avec l'Océanium, ont commencé à recenser
les différentes espèces marines qui vivaient dans la zone. Et
après les deux premières années, en Juillet 2005, le
rapport de l'IRD indiquait que la richesse globale était passée
de 51 à 74 espèces, dont 30 qui s'y reproduisent et 35 qui
fréquentent la zone pendant la croissance.
Ces nouvelles espèces sont pour la plupart des grandes
espèces recherchées par les pêcheurs telles que :
l'Epinephelus aenus, le lutjanus dentalus, la sphyraena afra... En plus de ces
nouvelles espèces, la structure démographique des peuplements des
poissons ont aussi subi de grandes modifications :
- Les dauphins ont colonisé la zone
- Forte augmentation des grands individus et des grandes
espèces
- Une forte augmentation des ichtyophages
spécialisés (prédateurs finaux) c'est-à-dire des
individus ou des animaux dont le régime alimentaire est essentiellement
composé de poissons
- Augmentation de l'activité de reproduction dans l'AMP
communautaire : 15 nouvelles espèces s'y reproduisent
- Diminution des prédateurs mixtes
- Forte action de dissémination de l'AMP : deux
tiers des espèces présentes dans l'aire protégée
sont amphibiotiques, c'est-à-dire des organismes dont le cycle de vie se
déroule dans deux milieux différents, en partie en eau marine et
en partie en eau douce.
- Augmentation de la population des mollusques tels que les
huitres, les arches, le murex, le cymbium.
Aux abords de l'Aire Marine, il y a aussi une grande zone de
mangrove principalement composée par des palétuviers
arborés, des zones vasières et des oiseaux : les
hérons Goliath, les Pélicans gris, les Flamants roses, les
martins pêcheurs, et aussi des animaux : le guib harnaché,
l'hyène tachetée, le serval, le singe vert, le
phacochère.
Le site a été choisi pour sa vue panoramique sur
le bolong du Bamboung, sa beauté, sa biodiversité, son
accès à l'eau douce par une source souterraine, sa situation au
coeur de l'Aire Marine Protégée communautaire. Mis en place pour
pérenniser l'Aire Marine Protégée communautaire, le
campement du Bamboung a été construit avec, par et pour les
populations locales.
II/ L'ACTIVITE ECOTOURISTIQUE DE KEUR
BAMBOUNG
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