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Ecotourisme et développement durable: cas de l'aire marine protégée de Keur Bamboung

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par Papa Ibrahima Kassé
Institut Supérieur de Management - licence en management 2009
  

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Chapitre Premier : Cadre Général

INTRODUCTION

L'activité touristique a augmenté à un rythme accéléré au cours des dernières décennies et les prévisions indiquent un taux de croissance plus rapide dans le nouveau millénaire. Rien qu'en 2008, le nombre d'arrivées est selon les chiffres du baromètre de l'OMT de 924 millions, soit 16 millions de plus qu'en 2007. Malgré un ralentissement dû à la hausse du prix du pétrole et à l'aggravation de la situation économique mondiale ainsi qu'à la détérioration de la confiance des consommateurs, l'Afrique a connu une croissance de 4% sur la même période. Mais aujourd'hui, de nombreux sites touristiques bénéficient d'afflux massif de visiteurs, en particulier dans les périodes de pointe, ce qui, du fait de la concentration des visiteurs autour de certains sites et de la surexploitation des ressources, provoque de graves difficultés de gestion, la détérioration de l'expérience des visiteurs, ainsi que l'ensemble des sites et environnements. Cette situation a poussé les principaux acteurs du secteur à revoir la méthode de gestion des sites touristiques, les modèles d'aménagement et aussi à essayer de réduire au maximum les impacts néfastes que les actions de l'homme pourraient avoir sur les milieux ; donc nous avons assisté à un nouveau type d'approche de la part des organismes touristiques en étroite collaboration avec les états qui consiste à parvenir à plus ou moins terme à créer les bases d'un tourisme durable. Selon la charte EVEIL1(*) : « Le tourisme durable désigne toute forme de développement, d'aménagement ou d'activité touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales et contribue de manière positive et équitable au développement et à l'épanouissement des individus qui vivent, travaillent et séjournent dans ces espaces C'est une activité de tourisme ou de loisir qui met en place des pratiques respectueuses de l'environnement naturel et culturel et qui participe de manière éthique au développement économique local. Elle favorise ainsi la prise de conscience du touriste vis-à-vis des impacts qu'il peut avoir sur le territoire et le rend acteur de sa consommation. ».Donc le tourisme durable décrit les différentes formes de tourisme alternatif qui se voudraient respectueuses de l'environnement ou qui auraient pour but la préservation des ressources locales ; mais il regroupe en son sein une multitude de notions ou de modes d'actions qui, loin de s'exclure mutuellement, sont toutes complémentaires, tels que l'Ecotourisme, le Tourisme d'aventure, Le Tourisme équitable, le Tourisme solidaire, etc. Et dans le cadre de notre analyse, nous nous intéresserons plus précisément aux réalisations faites dans le cadre des activités éco touristiques au Sénégal.

Ainsi, nous allons la focaliser sur l'activité écotouristique au niveau des Aires Marines Protégées. Nous allons donc, dans un premier temps faire une présentation de l'aire marine protégée des iles du Saloum et du campement touristique qui y a été créé, voir les raisons qui ont mené à leur création et nous analyserons le système de management qui a été mis en place pour la gestion de ce site et des ressources locales

. Puis nous analyserons les mesures prises pour protéger et restaurer la biodiversité et les installations qui ont été mises en place pour éviter que l'activité touristique ne devienne source de pollution pour ce milieu.

Ensuite nous allons voir les effets que l'implantation de ce site touristique engendre au niveau des populations, les opportunités que cela représente pour la localité en termes d'emploi, de retombées économiques et de valorisation des cultures, tout en soulignant les inconvénients pouvant résulter de la création de ces sites et les bouleversements que cela occasionne. Tout en analysant les perceptions et appréciations que les autochtones ont sur le site qui a été créé.

Aussi, nous allons analyser la situation actuelle du site et la comparer aux objectifs qui étaient visés lors de sa création pour voir s'ils sont atteints ou sont en voie de réalisation, voir les méthodes de promotion de l'écotourisme dans cette localité et de Keur Bamboung en particulier. Et enfin nous verrons les conditions nécessaires pour la durabilité de ce site et les modifications qu'il faudrait apporter afin que ce projet ait des impacts durables et bénéfiques à tous les acteurs impliqués.

Problématique

Première aire marine protégée du Sénégal, l'AMP de Keur Bamboung est fonctionnelle depuis 2003. Toutefois, afin de faire en sorte que cette structure puisse fonctionner avec des ressources qui lui soient propres, l'OCEANIUM, qui a encadré le projet de création, a fait construire un gîte écotouristique afin que les recettes soient réutilisables par leur comité de gestion. Mais au vu des effets qui sont généralement engendrés par le tourisme, un scepticisme a longtemps plané sur la faisabilité et la viabilité d'un pareil projet.

En effet, considérée comme la première activité de service au niveau mondial, en termes de devises, le tourisme n'en demeure pas moins une activité qui engendre plusieurs impacts néfastes sur les milieux d'accueil, mais aussi sur les individus résidant dans ces milieux. D'abord, sur le plan socioculturel, le tourisme provoque une érosion culturelle des autochtones, surtout pour les jeunes qui s'adonnent à des pratiques qui ne sont guère acceptées par les moeurs locales. Aussi le tourisme change parfois les rites religieux, les rituels culturels, les activités sociales, les manifestations et coutumes qui en deviennent réduits à des folklores. Les riverains des sites touristiques font malgré eux l'objet d'une marchandisation, ce qui, dans certaines zones mondiales est la cause de plusieurs dérives : le Sri Lanka, le Cambodge, Madagascar, Haïti, etc. autant de destinations qui sont connues pour le tourisme sexuel qui s'y est développé ces dernières décennies. Ces faits entrainent une recrudescence de la prostitution dans les zones rurales. L'activité touristique provoque aussi souvent des chocs de culture car elle crée une rencontre entre deux champs socioculturels très éloignés et opposés. Et les déséquilibres économiques n'en sont que plus visibles car les touristes résident dans de luxueux hôtels, consomment énormément en énergie et en nourriture et dépensent des sommes colossales (300 milliards de recettes pour le Sénégal en 2005), alors que les autochtones n'ont pas les mêmes capacités financières, engendrant des frustrations profondes souvent sources de tensions sociales. Et aussi certains objets artisanaux, qui pourtant avaient une signification pour les populations locales, ont tendance à disparaitre au profit d'autres produits et babioles achetés par les touristes pour des souvenirs. Concernant l'activité professionnelle dans le milieu du tourisme nous constatons aussi facilement des discriminations aboutissant à des postes généralement peu qualifiés et peu rémunérés pour les locaux (gardiens, jardiniers, personnel d'entretien) et les postes les plus importants et mieux rémunérés sont attribués à des étrangers. Et ce phénomène se voit surtout en Afrique où de grandes chaînes hôtelières s'installent et embauchent un personnel occidental pour occuper la majorité des postes de direction.

Sur le plan écologique aussi le tourisme est à l'origine de plusieurs effets négatifs. Des aéroports internationaux sont installés sur de toutes petites îles, de grandes constructions sont réalisées sans tenir compte de la fragilité des milieux. D'après le rapport de l'OMT sur les impacts environnementaux du tourisme de 2004, l'activité touristique représente 60% du trafic aérien mondial, ce qui est une source d'émission d'une grande quantité de gaz à effet de serre et de pollution sonore. La pollution engendrée par le tourisme est beaucoup plus importante quand on prend en considération tous les déchets physiques et liquides résultant de la grande consommation énergétique due au tourisme.

Toutefois, avec l'avènement de nouvelles politiques économiques et environnementales au niveau mondial telles que la promotion du développement durable, de nouvelles mesures ont vu le jour afin de faire que le tourisme soit une activité plus responsable. En 1987, le rapport Brundtland publié par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement affirmait que deux concepts étaient inhérents au développement durable :

- Le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis à qui il convient d'accorder la plus grande priorité,

- Et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

En résumé, le développement durable est un mode de « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. ». Ainsi, le tourisme durable doit donc être un mode de tourisme qui permette de conserver toutes les espèces vivant dans les sites d'accueil, de même que faire en sorte que les autochtones puissent conserver leurs valeurs culturelles afin que les générations futures puissent bénéficier des mêmes acquis. Et en 2002, la déclaration du Québec fut publiée lors du World Ecotourism Summit, afin qu'une attention particulière soit accordée au tourisme durable lors du Sommet Mondial sur le Développement Durable de Johannesburg. En effet, le tourisme est une activité transversale car il touche quasiment tous les secteurs de l'économie et donc serait un bon moyen de lutte contre la pauvreté. Ce sommet mondial de l'écotourisme avait était organisé sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'Environnement et de l'OMT et réunissait plus d'un millier de personnes venant de 132 pays. Cette déclaration reconnaissait « que l'écotourisme englobe les principes du tourisme durable en ce qui concerne les impacts de cette activité sur l'économie, la société et l'environnement et qu'en outre il comprend les principes particuliers suivants qui le distinguent de la notion plus large de tourisme durable :

§ Il contribue activement à la protection du patrimoine naturel et culturel,

§ Il inclut les populations locales et indigènes dans sa planification, son développement et son exploitation et contribue à leur bien être,

§ Il propose aux visiteurs une interprétation du patrimoine naturel et culturel, et

§ Il se prête mieux du voyage en individuel ainsi qu'aux voyages organisés pour de petits groupes. »

Ceci faisant, certains pays créent des zones réservées où les espèces sont protégées afin que l'écotourisme puisse se développer de manière conséquente, tel a été le cas avec les Aires Marines Protégées au Sénégal.

L'activité touristique a très tôt connu une forte promotion au Sénégal avec la station balnéaire de Saly Portudal, seule station aménagée en Afrique subsaharienne. Composée de 15 hôtels de 2 à 5 étoiles et 23 résidences et de nombreuses autres structures touristiques, cette station détient 26% de la capacité d'hébergement du Sénégal alors que Dakar et la basse Casamance détiennent respectivement 55 % et 22 % des structures d'accueil. Chaque année, le tourisme rapporte pas moins ce 600 millions de dollar au Sénégal, ce qui en fait le deuxième pourvoyeur de devises avec une part directe de plus de 2,5% du PNB en 2003 ; il fournit aussi 12000 emplois directs et 18000 indirects selon le ministère du tourisme. Mais l'activité touristique est de manière générale mal répartie au Sénégal, seul Dakar et Saly à elles seules représentent plus de 80% des structures d'accueil. Et le tourisme ne repose que sur des produits destinés au tourisme balnéaire au détriment de toutes les facettes culturelles et naturelles qui sont très peu mises en valeur. L'aménagement de la station de Saly a conduit à de profondes mutations des coutumes et moeurs locales. Les jeunes hommes et femmes à la recherche d'argent facile se tournent facilement vers la prostitution.

Constatant toutes les conséquences et dérives qui accompagnent le tourisme de masse tant sur le plan économique, social, culturel qu'environnemental, de plus en plus d'acteurs et organismes militent pour la promotion et le développement de l'écotourisme. L'écotourisme est un volet du tourisme durable qui s'oriente le plus sur l'environnement et sur l'écologie. Il tend à réduire l'impact qu'ont les hommes sur l'environnement naturel afin de permettre sa préservation sur une longue durée. Mais il ne se limite pas seulement à une forme d'écologie passive (utilisation d'énergies renouvelables, économie d'énergie, traitement des rejets...) cela s'étend aussi à une implication active des populations locales et des touristes à des actions de préservation et de sauvegarde de la biodiversité (réintroduire certaines espèces menacées, reforestation, protection de la faune et de la flore.)

Le leitmotiv de l'écotourisme est axé principalement sur ces trois aspects : la préservation des milieux et la protection de l'environnement, la génération de ressources financières allant au bénéfice direct des populations locales et la valorisation des cultures locales.

Les premières décisions ayant permis de lancer une politique ayant une portée sur le volet écotouristique ont été la création des Aires marines protégées.

En effet l'Etat du Sénégal selon le rapport du décret de création des aires marines protégées, a décidé, à la suite de la tenue du Congrès des Parcs Nationaux du réseau AFRIMAB de l'Unesco en 2003, de se conformer à la recommandation stipulant que les Etats doivent mettre l'accent sur la protection d'au moins 5% de leur espace littoral et marin. Ainsi, le 30 avril 2004, la décret N° 2004-607 projetait la création, sur une superficie totale de 1030 Km2, de 5 AMPs à Saint-Louis, Kayar, Abené, Joal fadiouth et Bamboung.

L'écotourisme est une forme de tourisme dont les effets sur l'environnement sont supposés être positifs, mais c'est une notion qui ne compte que quelques décennies d'existence et dont tous les impacts ne sont pas encore totalement maîtrisés et il arrive d'ailleurs qu'il contraigne les populations environnantes à changer plusieurs éléments de leur mode de vie et cela a aussi plusieurs impacts sur leurs activités professionnelles en ce sens que les populations établies aux alentours des AMPs sont des pêcheurs ou ont des activités liées à l'exploitation des ressources dont elles disposent et la privation de ces ressources peut parfois être source de bouleversements sociaux.

A Keur Bamboung aussi les villages qui sont impliqués dans la gestion de l'aire protégee sont ceux qui comptent des pêcheurs parmi leurs habitants, mais beaucoup de liberté leur a été laissée sur le choix de la mise en place ou non d'une zone réservée et de sa situation. Il y a au total une quatorzaine de villages qui sont impliqués à ce projet et les autochtones occupent même les postes importants du comité de gestion, avec bien entendu l'O.N.G OCEANIUM et certaines autorités locales. Dans ce localité, il y a une très forte variété d'espèces que les populations ont décidé de préserver. Et nous allons voir si l'écotourisme à Keur Bamboung est réellement vecteur de développement durable et s'il y a des ratés dans l'organisation qui a été mise en place.

Objectif général

L'écotourisme est présenté comme un mode de tourisme bénéfique aussi bien pour l'environnement qu'aux individus.

Nous voulons analyser la situation actuelle de l'écotourisme à Bamboung,voir l'état actuel de l'écotourisme à Keur Bamboung , afin de pouvoir déterminer si tous les objectifs fixés lors de la création de ce site ont été atteints.

OBJECTIFS SPECIFIQUES

o Analyser le système de management de l'AMP

o Identifier les mécanismes de génération de revenu et la distribution de ces revenus

o Identifier les impacts engendrés par l'aménagment ainsi que le systeme de management mis en place en vue de les mitiger

o Analyser le mode de distributions des recettes touristiques et l'usage qui en est fait afin de voir si ces recettes sont réinvesties par les collectivités pour la construction d'infrastructures pour les autochtones

o Mieux comprendre le mécanisme de participation et d'implicationde la population locales dans le projet,

o Voir si les mesures prises permettent de réduire l'impact des touristes sur l'environnement et aussi voir si elles permettent de restaurer la biodiversité,

o Nous verrons si les cultures locales n'ont pas été altérées à cause des contacts multiples avec des touristes ayant des attitudes différentes des leurs,

o Et enfin nous verrons si la création de ce site et l'activité touristique en découlant n'ont pas été à l'origine de tensions sociales et si les populations apprécient la transformation de leur environnement direct en site touristique.

Hypothèses

Le tourisme durable est une finalité et les différents types tourismes développés ces dernières années tels que le tourisme alternatif, le tourisme équitable ou l'écotourisme sont des moyens pour y parvenir.

Pour la réalisation de notre étude, notre hypothèse de départ est que, comparé au tourisme balnéaire généralement pratiqué au Sénégal, l'écotourisme offre plus d'avantages aux populations et aux collectivités.

Aussi nous trouvons que, vu l'intérêt que suscitent les zones naturelles pour les touristes, l'écotourisme permettrait plus facilement d'atteindre l'objectif de l'Etat sénégalais qui est d'accueillir d'1500000 visiteurs à l'horizon 2010.

Et enfin, une autre hypothèse que nous vérifierons durant notre analyse est que l'écotourisme, du fait de la proximité directe entre les autochtones et les visiteurs, permet des échanges culturels beaucoup plus poussés entre le touriste et l'habitant.

Pertinence du sujet

Le concept d'écotourisme est un mode tourisme qui est né vers la deuxième moitié des années soixante et beaucoup de destinations touristiques s'y intéressent de plus en plus car elle apporte des solutions aux inquiétudes que pourraient avoir certains acteurs du tourisme, en l'occurrence en matière de pérennité des ressources disponibles et d'attractivité. La gestion des aires marines protégées est aussi un aspect très important en ce sens que cela s'exécute sous la forme d'une collaboration entre l'Etat, à travers la Direction des parcs nationaux, des Organisations Non Gouvernementales et d'un comité de gestion. C'est un modèle de gestion concertée qui est très rare dans les modèles de management.

Aussi le développement durable est un concept qui intègre tous les secteurs d'activités et par ce thème, nous pourrons voir dans quelles mesures les théories managériales actuelles peuvent être appliquées afin de faire du tourisme une activité durable.

Et ce thème est d'autant plus intéressant qu'en terme de promotion et d'aménagement touristique, la création des AMPs respecte beaucoup plus les normes et mesures préconisées en ce qui concerne les consultations publiques et aussi le respect de l'environnement.

Revue Critique de la Littérature

Le tourisme offre la possibilité de voyager, de rencontre d'autres peuples et de connaître d'autres cultures, il peut aussi être un élément de développement social, économique et politique pour de nombreux pays. Mais la nature ambivalente du tourisme fait que le tourisme provoque aussi la détérioration de la nature et de la perte d'identité culturelle. Pis, Isabel BABOU et Philippe CALLOT, dans leur ouvrage Les Dilemmes du Tourisme réfutent la théorie de l'Unesco affirmant que « le tourisme est un véhicule de la paix » et trouvent plutôt que  « plus le temps passe, plus le tourisme accentue les clivages. Pourquoi ? Quand va-t-on s'interroger sur les conséquences de l'indécence avec laquelle les touristes occidentaux circulent dans les pays pauvres ?sur l'inconscience avec laquelle ces sacs de billets sur pattes viennent étaler leur opulence ? Quand va-t-on comprendre que cette attitude nourrit le terrorisme ? On a compté un millier d'attentats terroristes en Egypte entre 1997 et 2007 : une centaine par an. Nous faisons le terreau des mouvements terroristes au lieu de diffuser la démocratie. ». Ces auteurs pensent que les touristes blancs, en affichant une certaine richesse et une quasi indifférence face à la misère des populations locales nourrissent une hostilité de ces derniers à leur égard. Cette assertion n'est pas sans fondements, surtout quand on fait le lien avec les dernières vagues d'attentats en Egypte et en Inde, on se rend compte que les touristes et les somptueux palaces qui les accueillent sont de plus en plus les cibles des attentats. Ils renchérissent en affirmant : « Globalement, la part qui revient à l'autochtone ne dépasse jamais 20% de la dépense totale. C'est un système qui va jusqu'à pervertir l'économie locale de ces pays, des promoteurs sont venus acheter des terres à vils prix pour y construire des hôtels, des complexes touristiques... ». Et c'est le même son de cloche du côté de Mayer HILLMAN, dans son article intitulé Impacts Environnementaux du Tourisme paru en 1996 dans Town & Country Planning Magazine qui dénonce le fait que l'eau douce « est consommée avec abondance par les hôtels pour les piscines, les terrains de golf et l'usage des populations. La consommation peut monter jusqu'à 440 litres par jour dans les régions méditerranéennes. »Et cela se fait alors qu'à quelques kilomètres de ces sites, des gens meurent par manque d'eau potable. Les structures d'accueil pour les touristes consomment énormément en énergie, notamment en électricité, pour la climatisation, en eau et aussi en aliments qui finissent dans les poubelles. Il continue en affirmant que « le tourisme pollue autant que n'importe quelle industrie : pollution de l'air, de l'eau, bruit, déchets solides, liquides, produits pétroliers, déchets chimiques. [...] par exemple, un seul bateau de croisière rejette 7000 tonnes de déchets solides chaque année. » Et au Sénégal, tous ces types de pollution sont visibles, et en plus, il y a aussi une pollution esthétique, notamment au niveau des plages, et c'est plus visible à Saly où les hôtels empiètent totalement sur le domaine public maritime faisant que les populations n'ont plus accès aux plages. Encore dans cette même zone, un des effets les plus négatifs découlant de l'activité touristique est le tourisme sexuel. Abandonnant de plus en plus leurs activités traditionnelles, les jeunes hommes et filles se prostituent en espérant contracter un mariage avec une blanche ou un blanc pour sortir de la pauvreté. Ces faits sont aussi décriés par Franck MICHEL dans Planète Sexe Tourismes Sexuels, Marchandisation et Déshumanisation des Corps qui nous parle du fait que « Partout le fléau du tourisme sexuel gagne en importance et répond à une demande de plus en plus forte en provenance d'Europe, d'Amérique, d'Australie et du Japon essentiellement. [...] le drame de nos jours réside dans l'augmentation du trafic humain et du développement de la prostitution enfantine à des fins touristiques. ». Et au Sénégal, ce phénomène s'accompagne d'une déculturation des jeunes qui abandonnent totalement nos moeurs pour s'adonner à des activités non conformes aux cultures locales. Mais les Etats et les multiples acteurs du tourisme sont tout à fait conscients de toutes ces facettes négatives du tourisme et tentent de rectifier le tir en développant des modes de tourisme qui réduisent la pollution et les traces des hommes et aussi respectent les réalités locales, en faisant que les autochtones en bénéficient autant que le touriste. C'est d'ailleurs en ces termes que s'affirme la Charte du Tourisme Durable, résultant de la Conférence Mondiale du Tourisme Durable de 1995 à Lanzarote, stipulant que « le développement touristique doit reposer sur des critères de durabilité ; il doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales. ». Cette charte décrit tous les éléments nécessaires au tourisme pour réduire au maximum les impacts négatifs dont tous les auteurs précédemment cités ont parlé. Toutefois, certains de ces impacts restent intrinsèquement liés au tourisme de masse, donc cette charte souligne la nécessité pour le tourisme de subir plusieurs modifications qui vont en faire un instrument de développement durable. Et cette charte, déjà en 1995, traite de certains éléments du tourisme durable qui sont toujours d'actualité sur lesquels nous revenons plus en détail dans notre étude, notamment en ce qui concerne la protection de la nature. En effet, elle déclare que le tourisme « doit respecter les équilibres fragiles qui caractérisent de nombreuses destinations touristiques en particulier les petites îles et les zones écologiquement fragiles. ». Donc face à cela, c'est l'essor du tourisme durable qui semble être la solution appropriée, et plus précisément dans le cadre de notre étude il s'agit de l'écotourisme. Et c'est à cette même conclusion qu'aboutit le rapport conjoint de l'OMT, du PNUE et de l'OMM publié en juin 2008 sur le tourisme et les changements climatiques, en affirmant que, le tourisme est un des secteurs d'activités qui polluent le plus et donc doit plus que tout autre domaine se réadapter car il est l'un des secteurs les plus sensibles au climat. Ce qui est même une litote car le tourisme est quasiment dépendant du climat. Ce même rapport cite Francesco FRANGIALLI, secrétaire général de l'OMT qui affirmait en 2007 « il est vital pour les destinations touristiques [...] d'anticiper les évolutions et d'en tirer, dès maintenant les conséquences. [Adaptation] est une oeuvre de longue haleine, qui doit être soigneusement appréhendée et préparée à l'avance ; elle n'est pas aisée à mener à bien, car il convient à la fois de modifier les circuits économiques, d'introduire de nouvelles technologies, de conduire un effort intense de formation, d'investir pour créer de nouveaux produits [...] et de faire évoluer les esprits des autorités publiques, des entrepreneurs, des communautés d'accueil et des touristes ». Mais la définition même de l'écotourisme est un point de divergence, juste par quelques recherches, on trouve une multitude de définitions parmi lesquelles « un tourisme dans des espaces peu perturbés par l'homme qui doit contribuer à la protection de la nature et au bien être des populations locales » selon The Ecotourism Society, tandis que BOO, en 1990 le définit comme « la visite des parcs nationaux et d'autres régions naturelles, dans le but d'observer et d'apprécier les plantes et animaux ainsi que toute la culture indigène » et CATER ET LOWMAN le considèrent comme étant « une expérience de voyage nature qui contribue à la conservation de l'écosystème tout en respectant l'intégrité des communautés locales » ; ceci conduit Marie Françoise GODART, dans Problématique de l'Ecotourisme à conclure que « l'écotourisme est un concept mal fixé, qui peut se définir comme une activité, une philosophie ou une stratégie de développement ». Et au Sénégal la mise en place des mesures pour le développement de l'écotourisme a été accompagnée par la création d'aires marines protégées qui sont des réserves faites pour protéger les espèces animales vivant dans certains plans d'eau et, dans le cas précis de celui des îles du Saloum, pour protéger certaines espèces végétales, telle la mangrove et autres plantes aquatiques. Mais chez plusieurs penseurs, le fait consistant à déplacer des populations pour protéger la nature ou réserver une zone en interdisant l'exploitation des ressources de cette zone, au détriment des habitants qui doivent se tourner à d'autres activités pour subvenir à leurs besoins. C'est le cas du Dr Marcus COLCHESTER, directeur de Forest People's Program qui, dans  « le courrier, Unesco », souligne par une multitude d'exemples que les autochtones se disent « ici, c'est notre garde-manger, on connaissait tout des plantes et des animaux, quand cueillir, où chasser. » Il retrace l'expulsion des bochiman au Kalahari, des Twa, un peuple pygmée au Congo « qui ont spoliés de leurs territoires, sans aucune perspective d'avenir, ils souffrent de malnutrition aigüe », puis en 1970 l'Unesco permettait la création de zones tampons au-delà des zones centrales pour faire en sorte que les populations déplacées ne soient pas trop dépaysés. « Mais en 1991, l'Union Mondiale de la nature l'une des principales organisations de la nature, jugeait, en conclusion d'une étude, les zones tampons généralement décevantes. Les habitants, souvent à juste titre, considèrent, souvent à juste titre, que la législation sur les parcs naturels restreint leurs droits naturels. Les patrouilles de surveillance, les démarcations territoriales ou les aménagements touristiques ne les dissuadent pas d'empiéter sur les parcs où ils continuent leurs activités agricoles. ». Donc la seule solution est de travailler en collaboration avec les autochtones selon Marcus COLCHESTER.

* 1 EVEIL-Tourisme a été crée en 2004 par l'association Citoyens de la Terre qui mène des actions liées à la préservation des ressources biologiques et à la solidarité internationale.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand