Fins et moyens : la générosité du
prince
Si nous trouvons, comme dans le discours de Sigurð le
Croisé, des éléments d'articulation, il n'est que logique
de les chercher non pas seulement dans les paroles, mais aussi dans les actes
et les systèmes touchant à notre sujet, à savoir au fait
guerrier ; et surtout de rechercher si ces articulations ne peuvent pas en
venir, d'engrenage en poulie, à refermer la coupure que semblent
supposer aussi bien Régis Boyer que Peter Foote et David Wilson entre le
roi de paix et de prospérité, et le roi viking, le roi de
guerre.
Laissons à nouveau Sigurð le Croisé nous
suggérer une voie de recherche : le prestige, et, surtout, le butin.
Dans le cas de Sigurð le Croisé, le butin est un
élément de jonction à plus d'un titre. D'une part, comme
on l'a dit déjà, il découle de l'expédition
guerrière, mais permet de la relier à un résultat
matériel. D'autre part, justement, nous pouvons dire, ou du moins poser
l'hypothèse, que c'est le butin qui fait le lien entre Jérusalem
et la Norvège. Sigurð commence son offensive contre Eystein en
disant : « c'est l'opinion des hommes [mál manna,
littéralement : « parole des hommes »] que l'expédition
au loin que j'ai entreprise a été assez digne d'un prince
[höfðingleg, « princière, noble »]. »
Cette « opinion » est un élément essentiel ; on la
trouvait déjà au sujet d'Ásmund Grankelsson, qui
était « selon l'opinion de beaucoup [...] le troisième homme
le plus exceptionnel de Norvège... » 3. Or, dans le cas
de Sigurð le Croisé, comment peut être apportée la
preuve de ses combats bien loin de la Norvège, sur le chemin de
Jérusalem ? Qu'est-ce qui peut les manifester aux yeux de ces «
hommes », sinon ces « nombreuses choses de valeur, comme l'on n'en a
jamais vu en nos contrées » ?
Mais peut-être Sigurð le Croisé est-il un cas
quelque peu particulier, et mes suppositions sur les fonctions de son riche
arroi, encore trop liées aux discours et aux symboles. Voyons, alors, si
nous pouvons trouver au butin de guerre d'autres usages. Snorri décrit
notamment la très impressionnante arrivée de Sigurð à
Constantinople, au cours de laquelle il manifeste son opulence 4 ; et à
plusieurs reprises, la mise d'un personnage est évoquée comme un
trait princier. Une autre anecdote le suggère bien : au début de
la Saga d'Óláf Tryggvason, Óláf, qui n'est pas
encore roi de Norvège et mène des expéditions vikings par
le monde, entend parler d'un ermite que l'on dit capable de prédire
l'avenir. Désireux de tester les capacités de ce dernier,
Óláf lui envoie un de ses hommes, « l'un de ses plus beaux
et de ses plus grands, l'habillant de façon splendide
»5, en disant à cet homme de se présenter comme
étant Óláf Tryggvason. Voici donc comment tenter de faire
passer quelqu'un pour un prince : le choisir beau, grand, et le bien habiller.
Ce n'est d'ailleurs guère surprenant. Mais ajoutons qu'au
1 SVERRE H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's
Heimskringla, cit., pp. 61-62.
2 D'ailleurs, l'idéal-type étant une
construction sociologique, et non un élément trouvé tel
quel, pourquoi ne pas imaginer que les locuteurs-acteurs eux-mêmes sont
capables d'un processus comparable à celui décrit par Max Weber :
« Un idéal-type est formé par l'accentuation
unidirectionnelle d'un ou plusieurs points de vue et par la synthèse de
très nombreux phénomènes individuels, diffus, discrets,
plus ou moins présents et parfois absents, qui sont arrangés en
fonction de ces points de vue accentués de manière
unidirectionnelle pour former un construit analystique. » MAX WEBER,
The Methodology of the Social Sciences, Free Press, New York, 1997, p.
88.
3 SNORRI STURLUSON, Heimskringla, cit., p. 364 (OH
ch.106).
4 SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of
Norway, cit., pp. 697-698 (Msyn. ch.11-12).
5 Ibid, p. 170 (OT ch.31).
cours du mannjafnaðr entre Sigurð le
Croisé et Eystein, ce dernier invoque l'apparence, à la fois
physique et vestimentaire, comme qualité princière, voire comme
devoir : « il n'est pas moins caractéristique qu'un homme soit
beau. Et alors il est non moins facilement reconnu parmi la multitude. Cela
aussi me semble princier, car des vêtements de prix s'accordent mieux
avec un bel extérieur. » 1
Ce qui relie - très concrètement - cet
impératif d'opulence, ou du moins cet objectif, à la pratique de
la guerre, c'est la fréquence à laquelle nous voyons, dans la
Heimskringla, des princes, des rois jeunes mais aussi plus
âgés, et surtout des prétendants au trône partir en
expédition viking - notamment pour acquérir des richesses.
Óláf Tryggvason et Óláf le Gros, pour ne citer
qu'eux, sont dans ce dernier cas. Le lien entre expéditions
guerrières et train de vie princier est fait explicitement par Snorri,
non pas dans le cas d'un roi certes, mais à propos d'un de ces grands
princes que nous avons déjà cités nommément, Erling
Skjálgsson :
Il se déplaçait toujours avec une grande foule
[fjölmenni], tout à fait comme s'il s'agissait de la garde
d'un roi [konungshirð]. Pendant l'été, Erling menait
souvent des expéditions de pillage et amassait des biens, car il
conservait le magnifique train de vie auquel il était habitué,
quoiqu'il eût alors moins de sources de revenus, et de moindre
qualité, que du temps du roi Óláf [Tryggvason], son
beau-frère. 2
Mais, comme cet extrait le suggère justement, il ne
s'agit pas seulement de se bien habiller soi-même ; il faut aussi, et
peut-être surtout, entretenir sa hirð, corps à la
fonction nettement - quoique, là encore, non exclusivement -
guerrière. Óláf Tryggvason, alors qu'il est encore jeune
et réside dans le royaume de Hólmgarð (Novgorod), donne un
bon exemple de cette fonction du chef : « il entretenait lui-même
une compagnie de guerriers, à lui donnés par le roi, à ses
propres frais. Óláf était fort généreux avec
ses hommes, et ainsi devint populaire. » 3
Il y a mieux encore que d'entretenir sa hirð :
c'est de l'augmenter. Or, dans la Heimskringla, chaque fois qu'il y a
un symbole matériel, un rituel qui intervient lorsque quelqu'un devient
« l'homme » d'un roi, c'est d'un don qu'il s'agit 4. Il
peut s'agir d'un bijou, généralement en or, ce qui renvoie aux
nombreuses kenningar 5 qui désignent le roi comme
« le libéral donateur du feu-des rivières » 6 (c'est-
à-dire de l'or), ou « le jeune homme qui donne les anneaux d'or au
rouge brillant » 7, entre autres. Les rois, en titre ou futurs,
n'en ont d'ailleurs pas l'exclusivité : le jarl Eirí k
Hakonarson est désigné comme « le dispendeur de
trésors » 8 et comme « celui qui donne des bracelets »
9.
Surtout, il est important de noter que toutes les
kenningar cités ci-dessus interviennent dans des strophes qui
portent, exclusivement ou fortement, sur des activités
guerrières, expéditions ou batailles. Certes, c'est là un
des sujets majeurs de la poésie scaldique, ce qui doit nuancer la
portée de ce fait. Reste que, dans un des poèmes les plus longs
qui sont cités dans leur intégralité par Snorri,
l'Austrfaravísur (« Strophes sur un voyage vers l'est
») du scalde Sigvat, l'on ne trouve, sur vingt- quatre strophes, aucune
kenning similaire aux précédentes, et peu qui ont trait
à la guerre, à part pour Bjorn le Maréchal, ami de Sigvat,
qualifié de « rougisseur d'épées ». Mais dans ce
poème qui relate l'ambassade en Suède entreprise par Bjorn et
Sigvat sur ordre d'Óláf le Gros, ce dernier est
désigné
1 Ibid, p. 703 (Msyn ch.21).
2 Ibid, p. 260 (OH ch.22).
3 Ibid, p. 161 (OT ch.21).
4 Pour une analyse de cette forme d'allégeance, cf. SVERRE
H. BAGGE, Society and Politics in Snorri Sturluson's Heimskringla,
cit.
5 Une kenning est une métaphore fixée, une
paraphrase poétique, élément essentiel de la poésie
scaldique.
6 Pour le roi Harald à la Pelisse Grise (Gráfeldar)
; SNORRI STURLUSON, Heimskringla. History of the Kings of Norway,
cit., p. 153 (OT ch.14).
7 Pour le jeune Harald le Sévère ; Ibid,
p. 581 (HHarð ch.5).
8 Ibid, p. 160 (OT ch.20).
9 Ibid, p. 262 (OH ch.25).
comme « le gardien du peuple », « fléau
des brigands », « détenteur du pouvoir de la Norvège
»1... Par contre, lorsqu'il s'agit de relater la bataille de
Stiklestad, Sigvat désigne les guerriers comme « les
dépenseurs du trésor du dragon » 2. La
règle n'est certes pas absolue, ce qui n'est d'ailleurs guère
étonnant : dans une strophe qui sonne comme un éloge
funèbre, Sigvat dit d'Óláf le Gros : « Quel plus
grand donneur d'anneaux a / gouverné les terres du peuple du nord ?
» 3
La corrélation n'est donc pas totale, mais elle existe.
Rattachons-y un autre élément qui permet en quelque sorte de
boucler la boucle, du fait guerrier au don et du don au fait guerrier : la
Heimskringla évoque souvent des dons d'épées de
la part des princes. Il s'agit le plus souvent, là encore, soit d'un don
signifiant l'entrée de quelqu'un dans la hirð d'un prince,
soit de récompenser les services rendus par un membre de la
hirð.
Nous pouvons donc ajouter aux traits qui composent le portrait
du prince idéal, à ces pièces à partir desquelles
différents puzzles peuvent être constitués, celles du
prince pourvoyeur d'épées 4 et surtout du prince
pourvoyeur d'or. Parler d'un « idéal princier du pillage »
serait sans doute excessif, mais l'idéal du prince libéral
distributeur de richesses est bien présent, et nous avons bien vu, avec
le cas d'Erling Skjálgsson, que l'expédition guerrière est
un moyen - point l'unique, certes - de permettre au prince d'exercer cette
générosité. Ce moyen semble, sinon légitime, du
moins tout à fait courant, même pour les rois en titre ; par
exemple, il est dit des rois Harald et Guðröð, deux des fils
d'Eirík à la Hache Sanglante, que « lorsque le printemps fut
venu, [ils] firent savoir qu'ils comptaient partir en expédition viking
à l'été, soit vers l'ouest soit vers l'est, comme ils en
avaient l'habitude » 5. Nous voyons aussi très souvent
le pillage pratiqué au cours d'opérations qui ne semblaient point
l'avoir comme but premier. En voici un exemple éloquent, concernant
Harald à la Belle Chevelure, parti en expédition dans les «
Îles Occidentales » pour les purger des vikings qui les utilisent
comme bases :
À partir [des Orcades] il fit voile jusqu'aux
Hébrides et y mena des raids. Il tua nombre de
vikings qui auparavant avait avec eux hommes et vaisseux. Il
livra là bien des batailles. Mais lorsqu'il
arriva à l'île de Man, à l'ouest [au sud],
la population qui s'y trouvait avait entendu parler des
déprédations qu'il avait faites dans ces
contrées [des Orcades], et tout le peuple fuit en Écosse, de
telle sorte que le pays tout entier fut vidé de ses
habitants, et tout le bétail en avait été
évacué
également. De telle sorte que lorsque Harald et ses
hommes allèrent à terre, ils ne trouvèrent nul
butin. 6
Le glissement d'un objectif à l'autre, ou plutôt
leur entremêlement, est remarquable. Pourtant, si l'on raisonne en termes
binaires, faire la chasse aux vikings est l'acte d'un roi d'ordre, sinon de
paix ; mais l'on ne peut guère en dire autant du fait de piller et de
dérober le bétail de la population. Cela montre bien, à
mon sens, la difficulté qu'il y a à raisonner en termes
essentialistes, même lorsque l'on traite des buts que se donne et surtout
devrait se donner un prince scandinave. Certes, Snorri y invite en quelque
sorte, car il explique bien souvent le comportement et les politiques des
souverains en termes de tempérament. L'on se souvient
d'Óláf le Calme, « enclin à la tranquillité
» 7 ; à l'opposé, les paroles suivantes sont mises dans la
bouche d'un certain Halldór, qui compare les caractères
d'Óláf le Gros et de Harald le Sévère : « Tous
deux étaient particulièrement sagaces et adroits aux armes,
avides de richesses et de pouvoir, de comportement impérieux, pas
très affables, jaloux de leur autorité, et portés à
infliger des peines sévères » 8 . Suivent les illustrations
de cette affirmation : Óláf a converti le
1 Ibid, pp. 303-304 et 335-341 (OH ch.71 et 91).
2 Ibid, p. 512 (OH ch.226).
3 Ibid, p. 533 (OH ch.246).
4 La seconde n'est pas aussi bien attestée que la
première ; cependant, à défaut de kenningar
correspondantes, nous pouvons y rattacher le récit assez étonnant
selon lequel, durant la bataille de Svolð, Óláf Tryggvason
sortit du compartiment situé sous son trône des
épées neuves qu'il distribua à ses hommes pour remplacer
les leurs, émoussées par le combat ; Ibid, p. 238 (OT
ch.109).
5 Ibid, p. 137 (HGráf ch.9).
6 Ibid, p. 77 (Hhárf. ch.22).
7 Ibid, p. 664 (OK ch.1).
8 Ibid, p. 662 (Hharð. ch.100).
pays par la force, Harald a mené de lointaines
expéditions pour acquérir richesses et pouvoir. Si l'on
considère cette explication par les tempéraments, alors la
coupure opérée par certains auteurs modernes entre « roi de
guerre » et « roi de paix » se justifie ; elle correspondrait
assez, en apparence du moins, à la logique de Snorri...
Mais par ailleurs, lorsque Snorri sort de ces portraits, et
même si nous demeurons dans le domaine des propositions d'idéaux -
ou de contre-idéaux - princiers, il semble que la séparation, la
cristallisation des éléments qui les composent est
opérée par des locuteurs placés dans une situation bien
particulière, grâce à une alchimie du discours, comme nous
l'avons vu déjà avec le mannjafnaðr de Sigurð le
Croisé et d'Eystein. Autre bel exemple, le discours prononcé
contre Óláf le Gros par l'évêque Sigurð avant la
bataille de Stiklestad : « Déjà dans sa jeunesse, il
s'habitua à voler et tuer des hommes, et en faisant ainsi voyagea loin
et longtemps » 1, déclare-t-il avant de poursuivre par
une description des déprédations commises en Norvège
même. Nous avons pourtant bien vu que nombre de futurs rois ou fils de
grands cités dans la Heimskringla passent leur jeunesse de
cette exacte façon, sans que cela semble choquer, ou dévier de ce
que l'on attend d'eux ; au contraire, si nous avons des traces de jugements
portés sur ces actions, ils sont plutôt positifs. Mais qu'il
s'agisse de jeter l'opprobre sur un adversaire, et tout soudain l'argument est
retourné, la jeunesse guerrière et aventureuse, de preuve
d'excellence, devient la marque d'un brigand et d'un scélérat.
Je ne crois pas qu'il faille invoquer ici, plus que dans la
France de l'an mil 2, l'idée d'un idéal
clérical qui se heurterait à un idéal aristocratique.
Globalement, si une chose telle qu'une « idéologie cléricale
» existe, elle est fort peu représentée dans la
Heimskringla ; et l'évêque Sigurð, en particulier,
n'y a rien d'un homme de paix, d'une figure exemplaire représentant un
quelconque idéal de « paix de Dieu » ; n'oublions pas qu'il
s'oppose ici à un futur saint, et que, dans son discours, il fait
référence à Knút le Puissant, mais jamais à
Dieu. D'ailleurs le mannjafnaðr de Sigurð et d'Eystein nous a
bien montré qu'un roi pouvait très bien faire lui-même une
critique de l'aventurisme, si cela peut lui permettre de damer le pion à
son adversaire. S'agirait-il, là encore, d'un effet dû à
l'écriture de Snorri, membre de premier rang de l'oligarchie islandaise,
et sans doute, au vu de sa biographie, rompu aux manoeuvres politiques et
surtout à l'argumentation dans le cadre du complexe système
légal islandais ? La question est encore et toujours insoluble et doit
certainement jeter un doute sur nos conclusions. Mais là encore,
pourquoi croire que Snorri est exceptionnel, et que ces magnats et gens de
pouvoir qu'il dépeint dans la Heimskringla étaient,
« en réalité », parfaitement obtus et incapables de
brandir, si besoin, l'argumentum ad personam ? Pour ne citer que lui,
le mannjafnaðr, dont Snorri nous donne un si bel exemple, et qui
implique l'usage de ce type de rhétorique, n'a rien de spécifique
à Snorri, ni à l'Islande, ni même, si on la replace dans la
perspective plus vaste de la pratique du flyting ou joute verbale,
à la Scandinavie 3. Il est probable que, « en
réalité », les mots cités par la
Heimskringla n'ont pas été prononcés tels quels,
et même que les personnes que l'on y voit jouter verbalement entre elles
n'étaient pas aussi habiles - ou aussi malhabiles, selon les cas -
à cet exercice.
Mais tout cela ne nous permet aucunement de balayer la
constatation de fond, à savoir celle de la présence d'un enjeu
discursif, d'un enjeu social, qui pèse au moins sur les membres d'une
élite relativement large, et qui les fait concourir, par ce que nous
appellerions aujourd'hui la « communication », pour la
première place au classement de l'excellence. Cela implique de forger,
fondre, et reforger les idéaux, et la guerre, dans ce processus, n'est
finalement ni essentiellement un idéal, ni essentiellement un
élément secondaire ou négatif ; elle peut être
utilisée comme argument ou contre-argument, dépeinte comme
quantité négligeable ou comme preuve fondamentale, aussi bien,
d'ailleurs, de l'excellence que de la scélératesse... Ce
mécanisme démonstratif ne concerne pas
1 Ibid, p. 505 (OH ch.218).
2 Cf. les travaux de Dominique Barthélémy sur la
paix de Dieu, notamment DOMINIQUE BARTHÉLEMY, L'an mil et la paix de
Dieu : la France chrétienne et féodale, 980-1060, Fayard,
Paris, 1999.
3 ERIC CHRISTIANSEN, article « Senna-Mannjafnaðr »,
in PHILLIP PULSIANO (ED.), Medieval Scandinavia : an encyclopedia,
cit., pp. 567-569.
uniquement les aspects ayant à voir, de près ou
de loin, avec la guerre. Si l'on reprend les traits saillants de l'idéal
aristocratique, l'on voit bien qu'ils permettent tous une démonstration
de l'excellence : la beauté physique, les beaux atours, la
générosité... Le lien est d'ailleurs directement fait par
Sigurð et Eystein au cours de leur mannjafnaðr 1.
Ce qui distingue peut-être la pratique guerrière, ou du moins la
pratique de la violence en général, c'est que cet argument semble
particulièrement propre à être retourné, tordu,
recomposé, comme le suggèrent bien les divers discours
cités ci-dessus - ceux de Sigurð et Eystein, de
l'évêque Sigurð, et ceux qui interviennent dans les portraits
de rois et de fils de rois. En ce sens, l'on pourrait dire que l'image du
prince guerrier est le pivot de la joute, l'endroit stratégique,
potentiellement décisif mais également dangereux à tenir ;
une arme puissante, mais périlleuse à manier...
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