CONCLUSION
La définition du risque opérationnel faite dans
le cadre du premier chapitre doit être suivie par l'identification des
évènements à l'origine de ce type de risque et les choix
des outils nécessaires pour procéder à une telle
identification.
Le chapitre II a été consacré à
l'identification de tels risques et à la présentation des outils
nécessaires pour le faire puis aux diverses méthodes de mesure
comme définies par le Comité de Bâle.
L'identification des facteurs à l'origine des risques
suit une démarche structurée et s'effectue principalement soit
d'une manière relativement libre et ouverte (identification de type
bottom-up) soit d'une manière plus fermée (identification de type
top- down).
Elle est suivie de l'établissement d'une cartographie
qui définit d'une manière approfondie les impacts des risques,
les facteurs qui déclenchent la survenance de ces risques ainsi que les
facteurs qui déterminent l'envergure du dommage.
Le Comité de Bâle II a adopté une
classification précise des différents types de risques et des
lignes d'activité qui peuvent les générer. Cette
classification institue sept catégories d'évènements qui
forment les causes principales des pertes opérationnelles.
Ce Comité a aussi proposé trois approches de
mesure de l'impact de ces risques ( Approche Indicateur de Base, Approche
Standard, et Approche des Mesures Avancées) dont le degré de
sophistication est croissant et a recommandé d'aller de la plus simple
à la plus complexe à mesure qu'on développe des
systèmes et pratiques de mesure plus élaborés.
Compte tenu du lien étroit entre les risques et la
performance nous avons essayé d'examiner l'influence des sept
catégories de risques énumérées par le
Comité de Bâle sur la rentabilité des banques tunisiennes.
Une étude a été élaborée à cet effet
sur un échantillon de banques commerciales tunisiennes qui a permis
d'aboutir aux résultats développés dans le chapitre
suivant.
CHAPITRE III : ETUDE DE L'INFLUENCE DU RISQUE
OPERATIONNEL SUR LA RENTABILITE DES BANQUES COMMERCIALES
TUNISIENNES
INTRODUCTION
Etant donné le lien étroit entre les risques et
la performance, il a été vu nécessaire d'examiner
l'influence des sept catégories de risques définies par le
Comité de Bâle sur la rentabilité des banques
tunisiennes.
A cet, une étude a été
élaborée portant sur un échantillon des principales
banques commerciales en Tunisie.
Ce chapitre traitera de la démarche suivie pour
l'élaboration d'un questionnaire qui a été adressé
à l'attention des responsables de ces banques, du choix de
l'échantillon sélectionné, de la collecte des
données et de leur traitement.
SECTION I : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
EMPIRIQUE :
1-1 -Rappel de la
problématique :
La problématique que nous essayons
de traiter dans notre travail de recherche consiste à extrapoler les
différents types de risques opérationnels rencontrés par
une banque et l'examen de leur influence sur sa rentabilité.
L'importance de cette étude peut être
expliquée par la fréquence des risques de type
opérationnel que peut courir une banque; ces risques peuvent causer des
dommages considérables aux banques et ces dernières doivent se
couvrir suffisamment contre eux.
Les banques tunisiennes n'échappent pas à cette
règle et se trouvent de plus en plus exposées à ces
risques qui affectent lourdement leurs performances.
1-2- Objectifs et
hypothèses de la recherche :
1-2-1- Rappel des objectifs de la
recherche :
L'objectif central de ce travail est d'étudier
l'influence des risques opérationnels sur la rentabilité d'une
banque. Ceci revient à étudier l'influence de chacune des sept
variables, qui représentent les différents types de risques
opérationnels définis par le Comité de Bâle, sur la
rentabilité bancaire.
1-2-2- Hypothèses de la
recherche :
H : Les risques opérationnels
affectent négativement la rentabilité d'une banque.
H1 : Les fraudes internes affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
H2 : Les fraudes externes affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
H3 : Les pratiques en matière
d'emploi et de sécurité sur le lieu de travail affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
H4 : Clients, produits et pratiques
commerciales affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
H5 : Les dommages aux actifs corporels
affectent négativement la rentabilité d'une banque.
H6 : Le dysfonctionnement de
l'activité et des systèmes affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
H7 : Exécution, livraison et
gestion des processus affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
1-3- Choix des instruments de collecte de
données empiriques :
1-3-1- Le questionnaire
Le questionnaire est un outil d'investigation auquel nous
avons eu recours. Si nous voulons le classer parmi les différentes
classes de collecte d'information, il est dans la rubrique enquête qui
représente un intermédiaire entre l'observation et
l'expérimentation. L'enquête s'adapte bien à la recherche
causale étant donné que ce type de recherche sert à
déterminer des relations de cause à effet entre les variables.
1-3-1-1- Elaboration du
questionnaire
Pour élaborer notre questionnaire nous somme
passés par deux étapes :
Dans un premier lieu nous avons eu recours au rapport
théorique lié à notre problématique.
Dans un second lieu nous avons mené une étude
préliminaire auprès d'un échantillon réduit de la
population mère (2 banques). Le but étant de recueillir des
informations complémentaires ou des éléments
d'appréciation pour ajuster et adapter notre recherche théorique
au contexte des banques tunisiennes.
Cette étape nous permis de rectifier la formulation de
quelques questions et de réduire ainsi le biais qui pourrait en
résulter.
1-3-1-2- La forme du questionnaire
Notre questionnaire s'articule autour de deux principales
parties composées par un ensemble de questions
fermées :
La première partie intitulée
« Fréquence de survenance des risques opérationnels
dans une banque » porte sur le nombre de fois que la banque a
rencontré des incidents liés aux divers types de risque
opérationnel. Nous avons proposé trois intervalles possibles. Le
responsable interviewé est sollicité de choisir l'intervalle
qu'il juge le mieux adapté à la situation de sa banque.
La deuxième partie concerne « la
Rentabilité de la banque » et comprend des questions portant
sur le résultat net de l'année 2008, les fonds propres et le
total de l'actif du bilan afférent à l'exercice 2008.
1-3-1-3- Administration du
questionnaire :
Pour administrer le questionnaire, nous étions devant
quatre alternatives :
Questionnaire par e-mail.
Entretien personnel.
Interview par téléphone.
Questionnaire postal.
Pour le besoin de notre travail de recherche, nous avons
opté pour les deux premières alternatives qui sont l'entretien
personnel et le questionnaire par e-mail étant donné que le
questionnaire postal a des chances minimes de réussir et que dans le
cadre d'un entretien personnel les responsables ne sont pas toujours
disponibles.
1- 3-2- Les états financiers
Afin de compléter les informations manquées (sur
13 banques interviewés, 3 ont refusé de nous répondre et 3
ont répondu uniquement à la première partie du
questionnaire), nous avons recouru a quelques données secondaires
(états financiers) pour le calcul des ROE et ROA.
1-4- Echantillonnage :
1-4-1- Taille de
l'échantillon
Notre population mère se compose de l'ensemble des
banques commerciales tunisiennes qui sont au nombre de 20.
Etant donné les contraintes temporelles, logistiques et
matérielles sous-jacentes à ce travail de recherche, le
questionnaire a été soumis à 13 banques commerciales
installées au Grand Tunis.
BANQUES CHOISIES
|
CAPITAL SOCIAL
(en 1000 dinars)
|
Arab Tunisian Bank (ATB)
|
80 000
|
Banque Nationale Agricole (BNA)
|
100 000
|
Attijari Bank
|
150 000
|
Banque de Tunisie (BT)
|
75 000
|
Amen Bank
|
85 000
|
Banque Internationale Arabe de Tunis (BIAT)
|
170 000
|
Société Tunisienne de Banques (STB)
|
124 300
|
Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie (UBCI)
|
50 000
|
Union Internationale de Banques (UIB)
|
196 000
|
Banque de l'Habitat (BH)
|
90 000
|
BEST Bank
|
50 000
|
Banque Tuniso-Koweitienne (BTK)
|
100 000
|
Banque Franco-Tunisienne (BFT)
|
5 000
|
Il s'agit des 13 banques les plus importantes et les plus
connues qui détiennent plus de 95% de l'activité bancaire en
Tunisie. Les autres banques sont des petites banques qui effectuent des
opérations très limitées.
SECTION II : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS :
2-1- Analyses descriptives :
Notre échantillon est composé de dix banques
commerciales dont le nombre d'agences est compris entre 90 et 190 comme
l'indique la figure ci-dessous :
___________________________________________________________
Le capital social de chacune des banques se trouve compris
entre 50 000 000 dinars et 196 000 000 dinars comme
l'indique la figure suivante :
___________________________________________________________
En plus, les interviewés sont des chefs de services,
des directeurs adjoints, des fondés de pouvoirs, etc... comme
indiqué dans la figure ci-dessous :
___________________________________________________________
2-2-Analyse des résultats : Les risques
opérationnels affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
H1: Les fraudes internes affectent
négativement la rentabilité d'une banque. _______________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Ici le modèle est
significatif puisque la signification est égale à 0,041
inférieur à 0,05.
___________________________________________________________
On se base sur la valeur de R2 qui donne le
pourcentage de variance de la rentabilité d'une banque expliqué
par les fraudes internes.
R2 est égale à 0,426
c'est-à-dire que les fraudes internes expliquent faiblement la
rentabilité d'une banque.
___________________________________________________________
Le tableau ci-dessus donne les coefficients (dits B dans SPSS)
de la droite ainsi qu'une mesure de la signification de ces deux coefficients
(constante et coefficient de la variable explicative). Ils sont, ici,
significatifs, et donc l'hypothèse de nullité des coefficients
peut être rejetée pour l'un et l'autre.
Les deux coefficients sont significatifs, (on accepte 0.055
puisqu'il est très proche de 0,05), la variable constante a un impact
négatif sur la variable rentabilité d'une banque, l'impact est
relativement faible 2,2435.
Donc, en conclusion, les fraudes internes affectent
positivement la rentabilité d'une banque, l'impact est relativement
faible.
H2: Les fraudes externes affectent
négativement la rentabilité d'une banque
___________________________________________________________
Ce tableau permet de tester la significativité du
modèle obtenu. Ici le modèle n'est pas significatif puisque la
signification est égale à 0,490 supérieur à
0,05.
Il n'est pas nécessaire de continuer l'analyse des
résultats.
En conclusion les fraudes externes affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
H3: Les pratiques en matière d'emploi
et de sécurité sur le lieu de travail affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
___________________________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Le modèle n'est pas
significatif puisque la signification est égale à 0,635
supérieur à 0,05.
Il n'est pas nécessaire de continuer l'analyse des
résultats.
En conclusion, les pratiques en matière d'emploi et de
sécurité sur le lieu de travail affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
H4: Clients, produits et pratiques
commerciales affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
___________________________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Ici le modèle est
significatif puisque la signification est égale à 0,006
inférieur à 0,05.
_____________________________________________________
Ici R2 est égal à 0,627
c'est-à-dire que « clients, produits et pratiques
commerciales » expliquent convenablement la rentabilité d'une
banque. Il s'agit donc d'un bon modèle.
__________________________________________________________
Les coefficients sont significatifs, donc l'hypothèse
de nullité des coefficients peut être rejetée pour l'un et
l'autre.
Les deux coefficients sont significatifs, la variable
constante a un impact négatif sur la variable rentabilité d'une
banque, l'impact est relativement faible 3,3669.
En conclusion, Clients, produits et pratiques commerciales
affectent positivement la rentabilité d'une banque.
H5: Les dommages aux actifs corporels
affectent négativement la rentabilité d'une banque.
__________________________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Ici le modèle n'est pas
significatif puisque la signification est égale à 0,538
supérieur à 0,05.
Il n'est pas nécessaire de continuer l'analyse des
résultats.
En conclusion, les dommages aux actifs corporels affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
H6: Le dysfonctionnement de l'activité
et des systèmes affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
___________________________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Ici le modèle n'est pas
significatif puisque la signification est égale à 0,876
supérieur à 0,05.
Il n'est pas nécessaire de continuer l'analyse des
résultats.
En conclusion, le dysfonctionnement de l'activité et
des systèmes affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
H7: Exécution, livraison et gestion
des processus affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
__________________________________________________________
Le tableau ci-dessus permet de tester la
significativité du modèle obtenu. Ici le modèle n'est pas
significatif puisque la signification est égale à 0,862
supérieur à 0,05.
Il n'est pas nécessaire de continuer l'analyse des
résultats.
En conclusion, exécution, livraison et gestion des
processus affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
2-3- Récapitulation des
résultats :
Hypothèses
|
Signification d'ANOVA
|
Conclusions
|
H1 : les fraudes internes affectent
négativement la rentabilité d'une banque
|
0,041
|
les fraudes internes affectent positivement la
rentabilité d'une banque, l'impact est relativement faible.
|
H2 : les fraudes externes affectent
négativement la rentabilité d'une banque
|
0,490
|
les fraudes externes affectent négativement la
rentabilité d'une banque
|
H3 : les pratiques en matière
d'emploi et de sécurité sur le lieu de travail affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
|
0,635
|
les pratiques en matière d'emploi et de
sécurité sur le lieu de travail affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
|
H4 : Clients, produits et pratiques
commerciales affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
|
0,006
|
Clients, produits et pratiques commerciales affectent
positivement la rentabilité d'une banque.
|
H5 : Les dommages aux actifs corporels
affectent négativement la rentabilité d'une banque
|
0,538
|
les dommages aux actifs corporels affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
|
H6 : le dysfonctionnement de
l'activité et des systèmes affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
|
0,876
|
Le dysfonctionnement de l'activité et des
systèmes affectent négativement la rentabilité d'une
banque
|
H7 : exécution, livraison et gestion
des processus affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
|
0,862
|
Exécution, livraison et gestion des processus affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
|
CONCLUSION
L'étude menée auprès de 13 banques
commerciales tunisiennes, nous amène à conclure que :
· les fraudes internes affectent positivement la
rentabilité d'une banque, l'impact étant relativement faible.
· les fraudes externes affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
· les pratiques en matière d'emploi et de
sécurité sur le lieu de travail affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
· les risques liés aux clients, produits et
pratiques commerciales affectent positivement la rentabilité d'une
banque.
· les dommages aux actifs corporels affectent
négativement la rentabilité d'une banque.
· le dysfonctionnement de l'activité et des
systèmes affectent négativement la rentabilité d'une
banque.
· les risques liés à l'exécution,
livraison et gestion des processus affectent négativement la
rentabilité d'une banque.
|