Paragraphe 2 : Les stratégies de
réduction de la pauvreté au Bénin
La tradition est longue au Bénin en matière de
lutte contre la pauvreté. L'histoire commence en 1980 avec des mesures
concrètes qui ont été prises dans le cadre de
l'amélioration de l'accès des pauvres aux services sociaux de
base.
Nous ne mentionnerons pas les divers programmes arrimés au
PAS et qui consistaient à réduire les coûts sociaux de
l'ajustement structurel dont le plus important fut le Programme d'Actions
Sociales d'Urgence (PASU). Ce programme prévoyait, entre autres,
l'intégration au marché du travail d'anciens fonctionnaires
« déflatés » sous le PAS et de jeunes
diplômés. De grands travaux à haute intensité de
main d'oeuvre ont été lancés avec la création
d'agences spécialisées comme l'Agence de Gestion des Travaux
Urbains à haute intensité de main d'oeuvre (AGETUR), l'Agence de
Gestion de la Dimension Sociale du Développement (AGDSD)... Nous
évoquerons plutôt : le Programme National
de la Dimension Sociale du Développement, le
Programme National de Développement Communautaire, la
Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO), le Plan d'Orientation
Nationale, les Etudes Nationales de Perspectives à Long
Terme « ALAFIA 2025 » et les
Documents de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP).
? Deux ans après le PASU, en juin 1994, une
stratégie complémentaire a été
élaborée par le gouvernement et ses partenaires et concerne la
Dimension Sociale du Développement. Outre l'intégration de cette
dimension dans le renforcement des politiques macroéconomiques et
sectorielles, il a été retenu l'élaboration et la mise en
oeuvre d'un programme d'intervention ciblée en faveur des couches
vulnérables sur la base d'une approche participative des populations
concernées et la recherche et la maîtrise des causes de la
pauvreté à travers une observation dynamique des conditions de
vie des populations.
? Le Programme National de Développement Communautaire
(PNDC) adopté en 1998 visait à mettre en oeuvre une approche de
développement planifié à la base à partir des
besoins fondamentaux jugés prioritaires par les populations
elles-mêmes. Ce programme ambitieux comporte six composantes axées
sur des actions en faveur des communautés : éducation,
formation, renforcement des capacités institutionnelles, promotion de la
santé et de l'hygiène, gestion de l'environnement.
? Toujours dans le souci d'améliorer le bien-être
de l'ensemble de la population, le Bénin a adopté en 1996 une
Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO) révisée
en 2006. L'analyse faite sur la famille et le statut de la femme, la couverture
des besoins alimentaires et l'éducation a abouti à la
définition de 16 objectifs (Cf. Annexe 2) dont la
réalisation exige des investissements sociaux importants dans la
durée ainsi que l'augmentation de l'emploi en quantité. Mettant
l'accent sur le bien-être social, la DEPOLIPO est prévue pour
couvrir une période de 20 ans.
? Le Plan d'Orientation Nationale visait la transformation
à moyen et long termes de la structure de l'économie à
travers une plus large ouverture sur les marchés extérieurs et un
renforcement de la concurrence. Conçu dans un but de croissance
économique, il s'est également fixé, dès son
adoption en 1998, pour objectif de lutter contre la pauvreté au travers
d'une croissance du revenu par tête. Au nombre de ses objectifs
spécifiques, figurent : (i) l'augmentation progressive du PIB qui
devrait atteindre en 2002 6,7% ; (ii) l'accroissement de la contribution
du secteur secondaire à la formation du PIB.
? Divers foras, ateliers et séminaires, le tout
regroupé sus le vocable NLTPS (Etudes Nationales de Perspectives
à Long Terme du Bénin à l'horizon 2025) ont
contribué à l'adoption du schéma
« alafia » faisant du Bénin à l'horizon 2025
« un pays phare, un pays bien gouverné, uni et de paix,
à économie prospère et compétitive, de rayonnement
culturel et de bien-être social ». Ces orientations
intègrent, approfondissent ou réajustent certaines
stratégies passées ou en cours de mise en oeuvre, soit parce
qu'elles étaient mal appliquées, soit parce qu'elles sont
porteuses d'impacts favorables à la vision à long terme.
? Les DSRP ont été fortement inspirés par
le scénario « alafia », les objectifs de la
DEPOLIPO, le tout dans le cadre général des OMD. Le Bénin
s'est doté d'un Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) intérimaire en 2000. Il a fallu attendre
septembre 2002 pour que soit définie une stratégie triennale
(2003-2005) pour servir de cadre de référence, de programmation
et de budgétisation des actions du Gouvernement ainsi que de dialogue
avec les partenaires Techniques et Financiers (PTF). La première
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP) a ainsi
constitué le premier véritable exercice de planification
participatif et intersectoriel qui a servi de cadre unique de dialogue entre le
gouvernement tous les PTF. Cette SRP a mis l'accent sur les secteurs sociaux,
conscient qu'est le gouvernement que l'accélération de la
croissance constitue une condition nécessaire à la
réduction de la pauvreté. Quatre axes prioritaires ont
été retenus :
? le renforcement du cadre macroéconomique à
moyen terme ;
? le développement du capital humain et la gestion de
l'environnement ;
? le renforcement de la gouvernance et des capacités
institutionnelles ;
? la promotion de l'emploi durable et le renforcement des
capacités des pauvres à participer au processus de
décision.
Des avancées notables ont été
observées dans l'utilisation de l'approche participative,
l'appropriation des mécanismes d'élaboration et de mise en oeuvre
de stratégies multisectorielles et dans le domaine du
suivi-évaluation. Elle a, en outre, fait prospérer l'association
de la société civile et du secteur privé au processus
d'élaboration d'un document d'orientation de développement au
Bénin. La SRP 2003-2005 a permis d'atteindre des résultats
concrets en matière d'amélioration des conditions de vie des
populations. C'est de son évaluation qu'ont été
tirés des enseignements ayant inspiré le deuxième Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP 2).
La deuxième Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté (SCRP 2) a été
définie pour la période triennale 2007-2009. Elle se
démarque de la première par sa traduction termes de projets
à travers le Programme d'Actions Prioritaires qui précise les
actions à mettre en oeuvre au cours de la période 2006-2009. Cinq
axes principaux ont été retenus :
? axe 1 : Accélérer la croissance ;
? axe 2 : Développer les
infrastructures ;
? axe 3 : Renforcer le capital humain par la valorisation
des ressources humaines ;
? axe 4 : promouvoir la bonne gouvernance ;
? axe 5 : Développer de façon
équilibrée et durable l'espace national en vue corriger les
disparités régionales.
La SCRP 2 a identifié un certain nombre de secteurs
prioritaires que sont : l'éducation, la santé de base, les
infrastructures (hydraulique et assainissement, énergie et transports,
télécommunications), le développement rural, le
développement de la microfinance et des Petites et Moyennes Entreprises,
le renforcement de la protection sociale, la justice et la lutte contre
l'insécurité, l'environnement et l'amélioration du cadre
de vie, l'accélération des réformes administratives et la
décentralisation (Cf. Annexe 3).
Pour le Bénin, toute action dans ces secteurs devrait
permettre de lutter de manière significative, soit directement, soit
indirectement, contre la pauvreté. La priorité pour les
autorités béninoises est de parvenir en synergie avec les
Partenaires Techniques et Financiers à agir absolument sur la
pauvreté. Le bilan de la marche vers l'élimination, du moins la
réduction de la pauvreté doit donc s'apprécier à
travers les diverses contributions tendant à promouvoir les secteurs
ci-dessus ciblés. Ce sera donc l'impact de ces interventions qui nous
serviront d'indicateur pour apprécier le bilan de la réduction de
la pauvreté au Bénin.
DEUXIEME PARTIE :
LES BANQUES DE DEVELOPPEMENT ET LA LUTTE CONTRE LA
PAUVRETÉ : CAS DE BOAD
Dans les développements supra, nous avons abordé de
façon théorique la notion de pauvreté et avons abouti
à ce que fait le Bénin pour la réduire. Plusieurs
documents soutendent la stratégie béninoise dont entre autres, la
Déclaration du Millénaire (OMD), la Déclaration de Paris.
Mais il y a également le traité de l'UEMOA dont l'organe de
promotion économique, de financement et d'exécution des
politiques de développement est la BOAD. Depuis sa création par
accord signé le 14 Novembre 1973, la BOAD s'est engagée pour 451
projets de développement pour un montant cumulé de 1105,3
milliards F CFA.
Dans cette deuxième partie, il sera question s'examiner ce
qu'ont apporté les 171 ,4 milliards de concours de la Banque dans
la marche vers le développement et, par ricochet, la lutte contre la
pauvreté au Bénin.
|