D. La théorie O.L.I
Dunning (1977, 1980, 1993 ...) a synthétisé les
éléments les plus importants dans l'explication des IDE. Il
propose ainsi trois conditions exigées pour que la firme fasse des
investissements à l'étranger. Ces conditions sont : les avantages
de possessions « Ownerships adavanatges »,
les avantages de localisation « Location advantages
» et les avantages d'internationalisation «
Internalisation advantages ». Dunning groupe ainsi
la plupart des théories sur les IDE en ce qu'il appelle la
théorie « OLI ».
- Les avantages de possession peuvent être un produit,
ou un processus de production que les autres firmes n'ont pas accès. Ils
peuvent aussi être des éléments dont la firme a la
possession et qu'elle gagnerait à les exploiter à
l'étranger. Des nouvelles technologies, des informations exclusives, des
expériences managériales, en sont l'illustration et l'exemple de
ces avantages. Les « ownership advantages » confèrent
des positions de forces sur le marché vis à vis de la demande
mais aussi de la concurrence interne. Ils donnent à la firme une marge
de manoeuvre importante sur le marché extérieur lui permettant de
surmonter les coûts d'installation et de localisation, d'écraser
la concurrence interne (si elle est existante) et de se comporter en leader.
Bien entendu, ces avantages sont spécifiques à la firme et sont
reliés directement à ses caractéristiques technologiques
et managériales.
- Les avantages de localisation n'incluent pas seulement les
dotations en ressources naturelles, mais aussi les facteurs économiques
et sociaux tel que la taille du marché, les infrastructures, le
degré de développement, la culture, les réglementations,
les institutions politiques et environnementales et le système politique
en générale (stabilité, démocratie, degré de
corruption...)
- Les avantages d'internalisation : selon cette
théorie, une firme ayant un avantage dans le processus de production ou
dans la propriété du produit, aurait éventuellement
intérêt à s'installer dans le pays hôte qu'à
exporter. Bien évidemment, elle peut procéder par franchise ou
vente de licence de production à une entreprise locale, mais dans ce cas
elle ne pourra pas maîtriser le marché ni l'exploiter
directement.
C'est ainsi que plus le pays hôte procure des avantages
répondant aux critères suscités, plus il attirera des IDE.
Cette vision des déterminants des IDE est une vision dynamique,
puisqu'elle évolue au fur et à mesure de l'évolution de
l'attractivité du pays et des avantages spécifiques de la firme
multinationale. Les implications de la théorie OLI sont très
importantes pour cette étude. En effet, on peut diviser les
déterminants des IDE en deux catégories : les facteurs d'offre
« supply-side factors » et dans lesquels on retrouve les
avantages de possessions et d'internalisation ; et les facteurs de demande
« demand side factors » relatifs aux avantages de
localisation.
1. Les facteurs d'offre
Sur le plan de l'offre le potentiel d'investissement des
entreprises est déterminé par la nature et le degré de
leurs avantages de possession, mais aussi par les incitations d'internalisation
de la production. Cependant, ceci est dépendant des
caractéristiques du pays hôte sur le plan technologique et des
capacités d'adaptation et d'innovation. C'est ainsi que selon les
caractéristiques du pays hôte, les avantages de possession vont
différer d'un pays à l'autre. Plus l'investissement est intensif
en technologie et en innovation plus les avantages de possession sont
importants. Par conséquent, il vaudrait mieux internaliser la production
et, ainsi, la mieux contrôler. Les firmes des pays
développés, ayant des capacités managériales et
technologiques très importantes, ont plus intérêt à
internaliser leurs activités que celles des pays en voies de
développement.
2. Les facteurs de demande
Sur le plan de la demande, l'attractivité du pays
hôte dépendra des caractéristiques géographiques. En
effet, étant donné, que les ressources ne sont pas les
mêmes pour tous les pays, que les facteurs économiques et sociaux
diffèrent et de même pour les politiques de gouvernance,
l'attractivité du pays hôte est aussi aléatoire. Cette
dernière est intimement liée à la valeur que donnent les
FMN aux pays. L'objectif est devenu, telles être présent sur la
« short list » des investisseurs, une sorte de classement et
de notes attribuée aux pays selon leurs attractivités. Les
avantages de localisation sont bien évidemment celles
reliés directement aux IDE orientés demande. En
essayant d'approfondir dans leur étude on aperçoit qu'on
distingue deux formes : les IDE orientés marché et les IDE
orientés export.
- Les IDE orientés marché ont pour but de
satisfaire la demande locale. Ils
sont présents à titre d'exploiter des
marchés existants ou de créer de nouveaux marché en
répondant à des besoins existants mais insatisfaits. Le plus
souvent ce sont les barrières douanières qui incitent les firmes
à s'installer et éviter ainsi d'être surtaxées.
Cependant, les études de Caves (1971, 1974) ont montré que les
IDE orientés marché sont caractérisés par une
importante différenciation, des coûts fixes élevés
(barrières à l'entrée), des économies
d'échelle importants et des exigences entrepreneuriales importantes. De
ce fait, la taille du marché, sa croissance et le degré de
développement du pays hôte sont des facteurs très
déterminants dans le choix d'investissement.
- Les IDE orientés export ont pour but d'utiliser des
ressources
particulières et/ou spécifiques (coûts) et
d'exporter le produit fini au pays d'origine ou vers le reste du monde. Les
dotations en ressources naturelles sont donc prépondérantes. En
général, l'explication de ce type d'IDE se trouve dans les
extensions des théories du commerce international. Selon ces
théories, le commerce est basé sur l'avantage comparatif,
lui-même basé sur les dotations en ressources. Néanmoins,
ces dotations ne doivent pas être considérées comme rigides
spécialement dans les pays en voie de développement. Plusieurs
études ont montré que l'avantage comparatif d'un pays change au
fur et à mesure de l'avancement de son processus économique de
développement, lui-même dépendant de ses performances en
terme de capital physique et humain (évolution de la main d'oeuvre
qualifiée...) par rapport aux autres pays, cette idée a
été développée surtout par Leamer (1984). Dans ce
sens plusieurs facteurs entrent en jeu. Certes, la productivité
élevée corrélée avec des salaires bas est un
facteur incitatif à l'investissement (cas des pays du sud-est asiatique
et plus précisément la
Chine). Mais, d'autres facteurs `naturels' ont aussi leurs
impacts sur l'investissement étranger, à titre d'exemple on peut
citer : la culture, la langue, l'éloignement par rapport au reste du
monde, la stabilité politique...
Enfin, on peut conclure que parmi toutes les théories
étudiées précédemment, la théorie OLI semble
être la plus complète, compréhensible et applicable
à la réalité. Elle englobe les différents modes
d'investissement et permet par conséquent de mieux appréhender le
sujet sur toutes ses facettes. La théorie OLI explique les
déterminants des IDE de façon à inclure les
différents motifs de délocalisation. En effet, puisque les IDE
ont plusieurs aspects et plusieurs objectifs, il convient de les analyser une
par une.
SECTION 2 : LES STRATE GIES DES INVESTISSEMENTS
DIRECTS ETRANGERS.
Les IDE ont plusieurs stratégies d'implantation, ce qui
se traduit, bien évidemment, par des déterminants de localisation
et de délocalisations différents. Ainsi, on peut distinguer trois
stratégies d'investissement des FMN :
· Une stratégie d'accès aux ressources
naturelles du sol et du sous sol ;
· Une stratégie de marché dite «
Horizontale »
· Une stratégie de minimisation des coûts ou
« Verticale »
Dans la section ci-après nous allons expliquer les
déterminants des IDE selon les stratégies adaptées.
|