2-1- VARIABLES ET OUTILS D'ANALYSE
2-1-1-
VARIABLES
Pour faire notre analyse, nous avons besoin des variables
ci-après :
- les prix unitaires de chaque type d'intrants agricoles
jusqu'au lieu de livraison;
- les coûts moyens de transport des intrants du lieu de
livraison jusqu'au bord des champs ;
- les quantités moyennes d'intrants utilisées
sur un hectare et par paysan ;
- les rendements moyens à l'hectare pour le
coton ;
- les coûts moyens de la main d'oeuvre par paysan et par
méthode de culture ;
- les quantités moyennes produites de coton graine par
paysan ;
- les niveaux d'utilisation des revenus issus de la production
du coton graine .
2-1-2- OUTILS
Les hypothèses de notre travail seront testées
par :
- l'élaboration des comptes d'exploitation du
producteur pour évaluer la rentabilité financière de la
culture du coton,
- le calcul du taux de rentabilité du capital
investi.
2-2- CHOIX DE L'ECHANTILLON ET PRESENTATION DE LA
ZONE D'ETUDE
2-2-1- PROCEDURE D'ENQUETE ET CHOIX
DE L'ECHANTILLON
2-2-1-1- CHOIX DE LA ZONE
D'ENQUETE
D'après les statistiques relatives à la culture
du coton , il apparaît que les régions les plus productrices sont
les deux départements du nord et celui du Zou (annexe n°12). Compte
tenu de l'insuffisance des moyens disponibles pour l'enquête et de son
délai de réalisation très court, il est raisonnable de
choisir un échantillon et l'échantillon le plus
représentatif ne saurait prendre en compte les trois grandes
régions : Borgou, Atacora, Zou.
2-2-1-2- ECHANTILLONNAGE
Il s'agit d'un choix raisonné qui respecte la
démarche suivante : dans un premier temps, nous avons retenu les
sous-préfectures d'enquête. Au second degré, nous avons
choisi les groupements villageois et enfin les exploitations agricoles de
concert avec les responsables du développement rural.
- Unités de collecte : exploitations agricoles
portant la culture du coton ;
- Taille de l'échantillon : 185 exploitations
agricoles ;
- Secteurs concernés par l'enquête :
Borgou (zone 1) : Parakou, Bemberèkê,
Banikoara ;
Atacora (zone 2) : Djougou, kouandé,
Toukountouna ;
Zou (zone 3) : Savè ,Djidja, Zogbodomey.
(Annexe14)
Pour les deux dernières campagnes cotonnières,
en terme de volume de production, le département du Borgou occupe la
première place, vient ensuite le département de l'Atacora et
enfin le département du Zou pour les trois zones d'étude
choisies. Aussi , les groupements villageois ont été choisis en
tenant compte de leur population respective et de leur position
géographique stratégique .Sur cette base, voici la
répartition des 185 exploitations.
Tableau n°1 : Répartition des
exploitations dans les sous-préfectures d'enquête
|
Sous-préfectures
|
Groupements villageois
|
Nombre d'exploitations
|
Zone 1
|
Parakou
|
Guinma
|
10
|
Worè
|
11
|
Bembèrèkè
|
Gbekou/A
|
10
|
Gbekou/B
|
10
|
Banikoara
|
Banikoara/A
|
12
|
Tokey
|
12
|
Zone 2
|
Djougou
|
Donga
|
10
|
Patargo
|
10
|
Kouandé
|
Mary
|
10
|
Orou-kayo
|
10
|
Toucoutouna
|
Wabou
|
10
|
Tchaklakou
|
10
|
Zone 3
|
Savè
|
Plateau
|
10
|
Diho
|
10
|
Djidja
|
Madjavi
|
10
|
Agblomè
|
10
|
Zogbodomey
|
Kotokpa
|
10
|
Koui
|
10
|
2-2-2- PRESENTATION DE LA ZONE
D'ENQUETE
L'étude porte sur les deux (02) départements
du Nord et le seul département du Centre.
2-2-2-1-PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET
ADMINISTRATIVE
Le Nord et le Centre du Bénin sur le plan administratif
et du découpage territorial, englobent trois (03) départements.
Du sud au nord on traverse le département du Zou ; les
départements du Borgou et de l'Atacora. La région du Nord et du
Centre comporte actuellement trente six (36) sous-préfectures et six
circonscriptions urbaines. Elle couvre une superficie de 101993 Km2
soit environ 90% du territoire national. Le Nord et le Centre du
Bénin sont limités au nord par la République du Niger, au
nord-ouest par la République du Burkina-Faso, au sud par les
départements du Mono, de l'Atlantique, de l'Ouémé,
à l'ouest par la République du Togo et à l'est par la
République Fédérale du Nigeria.
2-2-2-2- MILIEU PHYSIQUE
Le relief de la région du Nord et du Centre du
Bénin est globalement peu accidenté et est fait de plusieurs
unités morphologiques que sont les plateaux du Zou de 200 à 300
mètres d'altitude, les collines granitiques, les plaines mollement
ondulées de l'Atacora de 150 à 200 mètres d'altitude et la
chaîne de l'Atacora etc.
Les caractéristiques spécifiques de ces
unités morphologiques influencent fortement les sols de cette
région. On y distingue des sols ferrugineux tropicaux , des sols
minéraux bruts, des sols hydromorphes, des sols de la vallée du
Niger, des sols indurés et des terres de barre. Ces différents
types de sols sont liés aux types de climats que sont le climat tropical
humide (subdivisé en climat soudano-guinéen et climat
soudano-sahélien) et le climat sub-équatorial. Une grande partie
de ces sols présente une bonne potentialité agricole surtout dans
le Borgou et le Zou .
Le Nord de la région d'étude a un climat
caractérisé par une alternance d'une saison pluvieuse allant du
mois d'avril au mois d'octobre et d'une saison sèche (octobre-avril)
marquée par l'harmattan. Le Sud de cette même région a un
climat caractérisé par deux saisons pluvieuses et deux saisons
sèches dont la petite tend à disparaître. Le Nord et le
Centre du Bénin sont une région bien arrosée par des cours
d'eau avec une pluviométrie annuelle moyenne se situant entre 900
à 1.300 mm .
2-2-2-3- MILIEU HUMAIN
Cette région concentre environ 40% de la population
nationale selon les estimations des CARDERS de ces différents
départements en 1997, avec une densité moyenne se situant entre
20 et 44 habitants par Km2. La plus grande partie de la population,
environ 87%, s'investit dans le secteur primaire surtout dans l'agriculture
avec 1.289.821 personnes comme effectif des actifs agricoles sur une population
totale de 2.947.710 habitants. Ces actifs exploitent un grand nombre de
parcelles sur lesquelles ils cultivent bien des produits vivriers que des
produits de rente dont le principal est le coton avec une production de 382866
tonnes pour la campagne 2001-2002.Ceci explique l'existence d'un
nombre important d'usines d'égrenage (environ 12 sur les 16 existantes
sur le territoire national) dans les régions du Nord et du Centre. La
production du coton procure aux producteurs un revenu assez important
comparativement à la culture des autres spéculations. Les
pratiques culturales sont encore traditionnelles dans cette région, mais
une légère nuance apparaît car le département du
Borgou s'en démarque en adoptant l'attelage, la mécanisation et
la motorisation mais avec un faible niveau d'utilisation. L'agriculture n'est
pas la seule activité des populations. On y rencontre aussi des
commerçants, des éleveurs, des pêcheurs, des transporteurs
et bien d'autres.
CHAPITRE 3 : PRESENTATION, ANALYSE DES
RESULTATS ET SUGGESTIONS
3-1- EVOLUTION DES SUPERFICIES ET DES
RENDEMENTS
Dans toute la zone d'enquête, les exploitations
agricoles sont composées de trois types de cultures : cultures de
rente (coton), cultures vivrières (mais, niébé, arachide,
manioc ...) et cultures pérennes ( anacarde). Pour toutes les
sous-préfectures, l'enquête a porté sur 1.253,83 hectares
emblavés pour la campagne 2000-2001 pour toutes les cultures ; le
coton occupe 580,52 hectares soit 46,30% du total. Pour la campagne 2001-2002,
la superficie totale de l'ensemble des cultures est de 1.326,07 hectares et le
coton occupe 624,50 hectares soit 47,13 % du total. Pour la campagne 2002-2003,
ce pourcentage est de 39,06. On remarque alors que le coton perd
progressivement sa place dans les emblavures pour la période 2000-2003
et que malgré ce désintéressement, il occupe la plus
grande partie des superficies dans les exploitations agricoles des producteurs
enquêtés.
Ainsi à Parakou, le coton est la culture la plus
pratiquée sauf pendant la campagne 2002-2003 où le maïs
vient en tête avec 3,85 hectares en moyenne par exploitation contre 2,35
hectares pour le coton. En général dans cette zone, pendant les
trois dernières campagnes, les paysans se sont plus
intéressés aux cultures vivrières en défaveur du
coton avec l'augmentation croissante des superficies et ceci à cause
des problèmes liés à sa production et à sa
commercialisation. La même tendance demeure malgré
l'évolution des rendements moyens à l'hectare pour la
période 1998-2002 passant de 531kg/ha à 1292 kg/ha (annexe
n°1).
Dans la sous-préfecture de Bembèrekè,
pour les cinq années d'étude, le coton est la spéculation
la plus cultivée dans les exploitations. Il a occupé
43,06% ; 48,78% ; 44,13% ; 49,09% et 38,64% de l'exploitation
moyenne respectivement pour les campagnes 1998-1999 ; 1999-2000 ; 2000-2001 ;
2001-2002 et 2002-2003. De plus, le rendement à l'hectare a
régulièrement évolué pendant la période
1999-2002 passant de 1166kg /ha à 1516kg/ha (annexe n°1).
A Banikoara, le coton occupe, pour toutes les campagnes, plus
de la moitié des superficies totales de l'exploitation ; ce qui
signifie que les populations se consacrent plus à la culture du coton
qu'aux autres spéculations. Aussi, faudrait-il noter que les
superficies cotonnières moyennes par exploitation agricole ont
toujours augmenté passant de 5,38 ha pendant la campagne 1998-1999
à 6,71ha pour la campagne 2002-2003. Comme pour venir combler l'attente
des populations, le rendement à l'hectare est en évolution
remarquable allant de1281kg /ha pendant la campagne1998-1999 à 1506kg/ha
pour la campagne 2001-2002 (annexe n°1).
La situation des exploitations de Djougou est remarquablement
semblable à celle des exploitations de Bembèrekè.
Seulement, dans cette localité, la proportion des superficies
emblavées pour le compte du coton est moindre malgré son premier
rang hormis la campagne 1998-1999 où les cultures autres que le
maïs et le niébé (arachide, manioc, igname, piment ...etc.)
ont occupé la première place dans l'exploitation (1,75ha contre
1,64ha pour le coton ).
Néanmoins ici, les rendements ont chuté pendant
les quatre dernières campagnes écoulées de 1509kg /ha
à 1223kg par hectare (annexe n°1).
Dans la sous-préfecture de Kouandé, le coton
n'occupe environ que le tiers des superficies des exploitations (30% ; 38%
et 31% respectivement pour les campagnes 2000-2001 ; 2001-2002 et
2002-2003) ce qui justifie le fait que dans cette aire géographique, le
coton ne constitue pas la principale spéculation des populations
paysannes. Aussi cette part a-t-elle baissé pendant la campagne
2002-2003 par rapport à son niveau de la campagne
précédente. Quant au rendement, il a régulièrement
évolué de la campagne 1998-1999 à la campagne 2000-2001
passant de1388 kg/ha à 1572 kg/ha et a connu une baisse vertigineuse en
2001-2002 (1322 kg/ha ) (annexe n°1).
A Toucountouna, la situation n'est guère encourageante
en ce qui concerne l'évolution des superficies occupées par le
coton dans l'exploitation. Il occupe environ le quart ou le tiers de la
superficie totale de l'exploitation selon les années et cette part a
graduellement baissé pendant la campagne 2001-2002 par rapport à
son niveau de la campagne antérieure (25% pour la campagne
2002-2003 contre 33% pour la campagne 2001-2002). En général
dans cette zone, il faut noter que les rendements n'ont pas
évolué de manière régulière. Pendant la
dernière campagne il a baissé par rapport à son niveau de
la campagne précédente (campagne 2001-2002) qui avait
enregistré une augmentation significative du rendement relativement
à son niveau de la campagne 2000-2001. Il faut aussi remarquer
qu'à Toucountouna, les exploitations agricoles ont une taille moyenne
qui ne dépasse guère 1,5 hectares pour toutes les campagnes
considérées (annexe n°1).
Dans la sous-préfecture de Savè, le coton occupe
environ 35% des superficies totales de l'exploitation pour les trois campagnes
(1998-1999 ; 1999-2000 ; 2000-2001) et 25% pour la campagne 2002-2003 ;
les rendements ont régulièrement baissé au cours des cinq
dernières campagnes passant de 1251 kg/ha pour la campagne 1998-1999
à 849 kg/ha pour la campagne 2001-2002. On comprend donc si les
producteurs de cette zone s'intéressent de moins en moins à la
culture du coton. Cette baisse des rendements pourrait aussi s'expliquer par la
mauvaise utilisation des intrants agricoles ou l'insuffisance d'entretien des
superficies cotonnières au fil des années. Il convient aussi de
remarquer que les exploitations ont en moyenne une taille comprise entre 3,98
et 4,34 hectares (annexe n°1).
A Djidja, la part de la superficie emblavée en coton
dans la superficie totale de l'exploitation s'est accrue pendant la
période allant de la campagne 1998-1999 à la campagne 2001-2002
évoluant ainsi donc de 35,89% à 40 ,40% ; mais pendant
la campagne 2002-2003 cette part a baissé jusqu'à 38,98%. Quant
au rendement, il a fluctué entre 1190kg/ha et 1370kg/ha avec un
écart favorable de 81kg/ha pendant la campagne 2001-2002 sur son niveau
qui était de 1143kg/ha pour la campagne 2000-2001. Retenons qu'en
général, en dehors de la campagne 2002-2003, les exploitants
agricoles de Djidja se sont toujours intéressés de manière
croissante à la culture du coton (annexe n°1) .
Enfin, dans la sous-préfecture de Zogbodomey pour les
deux dernières campagnes, le poids de la superficie cotonnière
dans la superficie totale de l'exploitation a baissé par rapport
à son niveau des campagnes antérieures. Cette baisse s'est
surtout accentuée pendant la campagne 2001-2002 où seulement 35%
des emblavures sont en coton alors que pendant la campagne 2000-2001 ce
pourcentage était de 37,37 et de 38,19 en 1999-2000. Quant au rendement,
il a chuté de façon exponentielle pendant la campagne 2001-2002
(935kg/ha) relativement à son niveau de la campagne
précédente (1164kg /ha) mettant le coton au second rang pendant
la campagne suivante (2002-2003) après le maïs (4,02ha de coton
pour une exploitation moyenne contre 4,28 ha de maïs) (annexe
n°1).
En conclusion, nous pouvons noter que pour toute la zone
d'enquête, le poids des superficies cotonnières dans les
superficies totales emblavées par un exploitant moyen a baissé
pour la campagne en cours (2002-2003) par rapport à son niveau de la
campagne écoulée et que dans certaines zones comme Zogbodomey,
Savè, Toucountouna, Kouandé, Djidja ... les rendements sont en
baisse.
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