III. PROBLEME SPECIFIQUE N°3 :
La densité du réseau bancaire est
influencée par des facteurs identifiés dans l'analyse
multidimensionnelle. Il s'agit de :
- la prédominance du secteur informel ;
- la précarité des infrastructures de bases
nécessaires au fonctionnement des guichets de banque ;
- la forte concentration à Cotonou de SICA ;
- le fort taux de couverture et la proximité des IMF.
Une fois que nous avons associé à chaque
problème spécifique les facteurs déterminants, nous
pouvons à présent procéder à la validation des
hypothèses.
Paragraphe2 : Etablissement du diagnostic des
problèmes spécifiques et validations des hypothèses
associées.
I. DIAGNOSTIC DU PROBLEME SPECIFIQUE N°1 ET
VALIDATION DE L'HYPOTHESE ASSOCIEE
L'analyse multidimensionnelle et l'étude
économétrique révèlent que l'ouverture de compte(s)
bancaire(s) est influencée par plusieurs facteurs,
caractéristiques de l'environnement économique, du cadre
juridique, du niveau des
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infrastructures de base, de l'alphabétisation, du secteur
bancaire et du secteur de la Microfinance.
En effet, quand le niveau du revenu est faible, les
coûts des opérations financières exprimés en terme
de revenu sont élevés. Lorsqu'un salaire de faible montant est
viré par la banque, il devient davantage faible après
prélèvement des commissions et autres frais dus par le
salarié ayant domicilié son compte à la banque. Le faible
niveau du revenu fait également que les agents économiques ne
disposent pas d'une épargne substantielle qu'ils chercheront à
placer à la banque. Mais les banques ne mènent pas que
l'activité de collecte des dépôts. Une autre
activité importante de l'institution bancaire est l'octroi de
crédit. Quant à ce volet de l'activité bancaire, nous
avons trouvé à travers l'étude économétrique
que la hausse du taux de crédit à la clientèle
entraîne une baisse du nombre de détenteurs de compte(s)
bancaire(s).
En outre, les entreprises du secteur informel ne tiennent pas
de comptabilité et ne se font pas enregistrer au Registre de Commerce et
de Crédit Mobilier. Elles n'arrivent donc pas à
bénéficier des offres bancaires car elles ne remplissent pas les
conditions élémentaires pour y accéder. De plus, les
entreprises qui désirent se formaliser sont confrontées à
des difficultés liées à la lourdeur administrative et
à l'inefficacité de la justice.
Par ailleurs, il est difficile pour des personnes
illettrées d'entamer et surtout d'entretenir des relations avec une
banque.
Les conséquences psychologiques de la crise bancaire
des années 1980 et les difficultés d'application des textes du
cadre règlementaire des nouveaux moyens et systèmes de paiement
ne sont pas aussi favorables à l'ouverture de compte(s) bancaire(s).
Toutefois, d'après les résultats de l'étude
économétrique la couverture démographique des IMF et la
croissance soutenue des clients des IMF ont un effet positif sur le nombre de
détenteurs de compte(s) bancaire(s).
De façon récapitulative, le nombre restreint de
détenteurs de compte(s) bancaire(s) n'est pas seulement dû aux
conditions de banque, il existe d'autres facteurs déterminant
l'ouverture et la détention de compte(s) bancaire(s).
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Il résulte de cela que l'hypothèse
N°1 n'est que partiellement
vérifiée.
II. DIAGNOSTIC DU PROBLEME SPECIFIQUE N°2 ET
VALIDATION DE
L'HYPOTHESE ASSOCIEE
L'analyse multidimensionnelle montre que le refus d'utiliser
des instruments de paiement scripturaux est dû à certaines
caractéristiques de l'environnement global et du secteur bancaire que
nous rappelons succinctement pour valider notre hypothèse N°2.
Lorsque des personnes titulaires de compte(s) en banque ont un
salaire peu élevé, il leur est difficile d'utiliser des produits
bancaires en l'occurrence des instruments de paiement scripturaux. En effet,
bien que l'utilisation du chèque soit quasiment gratuite, la
délivrance du chéquier a un coût que le banquier facture
à son client tout en prélevant sa marge. Il faut ajouter à
cela le manque d'économie d'échelle qui empêche les banques
de diminuer considérablement le coût de ces opérations.
En outre, la prédominance du secteur informel fait que
la plupart des personnes (physiques ou morales) préfèrent garder
l'anonymat lors des règlements pour ne pas tomber sous le coup des
juridictions. Elles refusent l'utilisation des instruments scripturaux de
paiement qui permettent, au fait, d'établir la traçabilité
de tout règlement effectué.
L'alphabétisation est également un facteur
explicatif de l'utilisation des instruments scripturaux de paiement. Il faut
évidemment savoir lire et écrire avant de remplir une formule de
chèque.
Par ailleurs, la recrudescence des incidents de paiement et
les conséquences psychologiques des faillites bancaires des
années 1980 constituent des freins à l'utilisation des
instruments scripturaux de paiement.
En outre, les résistances à l'application des
textes régissant les moyens et systèmes de paiement ne facilitent
pas l'utilisation des moyens scripturaux de paiement. Il en est de même
pour la forte concentration à Cotonou de SICA qui ne favorise pas
l'amélioration des délais d'encaissement des chèques et
effets de
commerce (lettres de change et billets à ordre) dont le
compte du bénéficiaire et du tireur ou l'un d'entre eux est
domicilié dans d'autres villes.
De ce qui précède, certes
l'alphabétisation détermine l'utilisation des instruments de
paiements scripturaux mais d'autres facteurs non moins pertinents expliquent
l'utilisation des instruments de paiement scripturaux.
Il s'en suit que l'hypothèse N°2
n'est que partiellement
vérifiée.
III. DIAGNOSTIC DU PROBLEME SPECIFIQUE N°3 ET
VALIDATION DE
L'HYPOTHESE ASSOCIEE
Bien qu'il existe une demande latente de services bancaires en
milieux ruraux, les banques implantent leurs points de services seulement dans
les grandes villes en raison de la nécessité d'un minimum
d'infrastructures primordiales au fonctionnement desdits points de services.
De plus, la forte concentration à Cotonou de SICA n'est
pas de nature à favoriser la prolifération des guichets de banque
parce qu'elle engendre des coûts supplémentaires aux banques
disposant d'agences dans d'autres villes.
Toutefois, la forte couverture des IMF est favorable à
la résolution du problème en étude parce que
l'étude économétrique révèle un lien de
causalité positif entre la pénétration
démographique des IMF et le taux de bancarisation.
En résumé, la densité du réseau
bancaire ne s'explique pas seulement par la précarité des
infrastructures causée par le faible niveau de développement, il
existe d'autres facteurs explicatifs cités ci-dessus.
Il en résulte que nous n'acceptons que
partiellement l'hypothèse N°3.
Une fois le diagnostic établi, nous aborderons en seconde
section du présent chapitre les approches de solutions et les conditions
de leur mise en oeuvre.
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SECTION 2 : APPROCHES DE SOLUTIONS ET CONDITIONS DE MISE
EN OEUVRE.
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