D. Le faible niveau d'une alphabétisation
inadaptée.
L'alphabétisation constitue l'un des défis
majeurs à relever par les pays en voie de développement et
particulièrement ceux de l'U.E.M.O.A. Au Bénin, le taux
d'alphabétisation se situait à 22,8% en 1979, 24,4% en 1992 et
32,6% en 2002 (d'après les recensements de la population). Ce même
taux s'établit au Bénin à 38,59% à fin 2005 alors
que le plus fort taux enregistré dans l'Union est celui du Togo, 58,41%
(WDI 2005). Comparativement au Japon (92%) et l'Algérie (70,2%), ce taux
demeure insuffisant. Ce problème est d'autant plus préoccupant
quand on s'intéresse à la langue dans laquelle cette
alphabétisation est faite.
L'alphabétisation est souvent faite dans les langues
locales alors que les contrats notamment celui d'ouverture de compte sont
rédigés en français (et en portugais pour la Guinée
Bissau). De plus, les personnes sachant lire et écrire le
français ne sont pas souvent outillées pour comprendre la notion
de débit/crédit. C'est de cela qu'est née l'expression :
`'illettrisme financier». Une chose est de savoir lire et
écrire dans une langue, une autre est d'avoir des notions
élémentaires en finances et/ou en gestion.
53
APPROCHE ANALYTIQUE DE LA FAIBLE BANCARISATION DANS LES PAYS DE
L'U.E.M.O.A : CAS DU BENIN
II. LE SYSTEME BANCAIRE ET FINANCIER DEPUIS LA CRISE DES
ANNEES 1980
Le système bancaire et financier béninois
après la crise des années 1980 qui l'a profondément
secoué comme ceux des autres pays membres de l'UEMOA a, au début
de 1990 opéré une réforme lui permettant d'une part,
d'améliorer les textes de sa réglementation et d'autre part, de
reconstituer progressivement son environnement interne et externe. Nous allons
aborder dans les lignes suivantes la présentation aussi bien des
faillites bancaires avec leurs inconvénients que celle des nouvelles
surveillance et orthodoxie.
A. Les faillites bancaires et leurs
inconvénients.
Selon Powo (2000), la crise est due à des politiques
macro-économiques, la réglementation bancaire et le cadre
comptable inefficaces, à la mauvaise gestion des établissements
de crédit et l'interventionnisme des Etats.
La crise généralisée s'est
manifestée par les faillites entre 1980 et 1996 de 27 banques (04) dans
l'Union (au Bénin) dont 15 (03) étaient des entreprises publiques
(BCEAO, 1996).
Avec une dégradation du portefeuille de crédit
bancaire de 80% et une disparition complète de toutes les banques de la
place, le Bénin était le pays le plus touché des pays de
l'Union par la faillite, en considérant ces critères (Caprio et
Klingebiel, 1996).
En ce qui concerne les établissements financiers, 25
faillites ont été enregistrées dans l'Union entre 1980 et
1993 (BCEAO, 1996).
Les inconvénients de la crise sont néfastes sur
les plans macro-économique et micro-économique. L'Etat
béninois a enregistré une perte financière de 95
milliards, soit 17% de son PIB d'alors. Les ménages se sont faits
déposséder du jour au lendemain de leur épargne et ont, du
coup, perdu confiance en l'institution bancaire. Powo (2000) parle de `'fuite
devant les institutions financières» pour expliquer l'impact de
cette crise sur le développement remarquable de la finance informelle et
sur le faible taux de bancarisation dans l'Union.
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