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La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale

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par Barnabé Milala Lungala Katshiela
Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009
  

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1.2.0.2. Les limites institutionnelles actuelles et la mondialisation

La question de manque de prise avec la « réalité sociale » devient une question centrale. La mondialisation est un processus complexe qui se manifeste par « l'extension croissante et l'intensification au-delà des frontières nationales à la fois des transports, des communications et des échanges ».22(*) Autant dire que ce processus aboutit à la montée de la sphère économique souvent non régulée au détriment du politique (contre le respect des frontières Etatiques). En effet, « l'éviction de la politique par le marché se traduit donc par le fait que l'Etat national faible perd progressivement sa capacité de protéger ses frontières, à recouvrer des impôts, à stimuler la croissance et à assurer par là la base de sa légitimité. Car on sait que, lorsque les Etats « sont abandonnés à la régulation par le marché, de nombreuses infrastructures de la vie publique et privée sont menacées de destruction et de dépravation ».23(*)

Un tel processus affecte plusieurs secteurs de la vie, notamment l'Etat. Ce phénomène est planétaire ; des centres, il se répercute aux régions périphériques. « Il va de soi que cela ne concerne pas seulement le noyau central de l'Etat social, à savoir la politique de redistribution, bien qu'elle soit de première importance pour la vie des citoyens. De la politique en matière de l'emploi et de celle qui est menée en faveur de la jeunesse jusqu'à la protection de la nature et à l'urbanisme, en passant par les politiques en matière de santé, de famille et de l'éducation, la « politique sociale » au sens large s'étend à tout l'éventail des prestations fournies par les organisations et les services qui apportent des biens collectifs et contribuent à la mise en oeuvre de conditions de vie d'ordre social, naturel et culturel ;il s'agit de ce point de vue de préserver du déclin l'urbanité et, d'une façon générale ,l'espace public d'une société civilisée ».24(*)

Finalement, « la cohésion des communautés nationales est mise à l'épreuve par la mondialisation. Les marchés mondiaux et la consommation de masse, les médias et le tourisme de masse assurent la diffusion mondiale - ou du moins la connaissance - des produits standardisés d'une culture de masse qui porte majoritairement l'empreinte des Etats -Unis ».25(*) Pour Habermas, «  dans les sociétés complexes, ni la productivité d'une économie organisée en fonction du marché, ni la capacité de régulation de l'administration publique ne sont les ressources les plus rares. Les ressources qui demandent à être traitées avec ménagement sont avant tout celles de la nature, aujourd'hui au bord de l'épuisement, et de la solidarité sociale, en voie de désagrégation ». 26(*) La question de régulation est plus remédiable que celle des ressources naturelles et de la solidarité internationale. Les droits fondamentaux, civiques et politiques, autorisent les citoyens démocratiquement unis à modifier par voie de législation leur propre statut. A longue échéance, seul un processus démocratique qui munit les citoyens de droits à la fois appropriés et équitablement répartis pourra être considéré comme légitime et engendrer la solidarité.

Produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes, l'Etat-Nation apparaît aujourd'hui bien mal adapté à l'intégration économique mondiale. Le contenu contrefactuel de l'autonomie républicaine, n'a pu s'affirmé que parce qu'il a trouvé son « assise » dans les sociétés ayant la structure d'Etat-Nation.27(*) Avec la tendance évolutive sous le nom de « mondialisation », les principes centraux de la démocratie libérale -l'autonomie politique, le demos, la condition de « commun accord », la représentation et la souveraineté populaire deviennent incontestablement problématiques.28(*) Au regard plus précisément de l'alternative « souverainisme/fédéralisme ».

Toutefois, pris positivement, il y a donc :

1° Le changement structurel de la nature du travail dû à l'émergence du secteur d'activité fondé sur la science. Il faut déplorer l'oubli total de cet important secteur des ressources en RD Congo. Ce qui caractérise aujourd'hui les sociétés post -industrielles, c'est la naissance d'un quatrième secteur d'activité fondée sur la science, hormis les trois secteurs traditionnels.29(*) Ce secteur dépend des flux d'informations nouvelles et, en dernière instance, de la recherche et de l'innovation. L'innovation dépend à son tour d'une « révolution de l'éducation », qui non seulement supprime l'analphabétisme, mais conduit à une extension drastique du système d'éducation secondaire et universitaire. A partir de cela, un pays comme la Corée a réussi à passer, en l'espace d'une génération, de la société préindustrielle à la société postindustrielle. Un tel processus a accéléré en général, la migration de la campagne, dépeuplée par la maigre productivité d'une agriculture mécanisée, à la ville. C'est une véritable rupture avec le passé.

2° Le développement démographique ou une croissance de la population, notamment grâce aux progrès de la médecine.

3° Finalement, l'appropriation du progrès scientifique et technique. « Les nouvelles matières plastiques et les nouvelles formes d'énergie, les nouvelles technologies industrielles, militaires et médicales, les nouveaux moyens de transport et de communication qui, au cours du XXe siècle, ont révolutionné à la fois l'économie, les rapports sociaux et les formes de vie, sont fondées sur les connaissances scientifiques et les développements techniques du passé ».30(*)

* 22 Jürgen HABERMAS, Après l'Etat-nation, p.54.

* 23 Ibidem, p.72.

* 24 bidem.

* 25 Ibidem, p.68.

* 26.Jürgen HABERMAS, Droit et démocratie, p.10.

* 27 Ibidem ,p.46.

* 28 Ibidem .

* 29 Jürgen HABERMAS, Après l'Etat-nation, p.14.

* 30 Marc MAESSCHALCK, Normes et contextes, p.17.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille