La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale( Télécharger le fichier original )par Barnabé Milala Lungala Katshiela Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009 |
B. La société et le sens« La vie sociale repose sur des significations communes. »325(*) Pour Peter Berger et Luckmann le substrat constructif de la réalité sociale est l'univers commun de sens. Ainsi « sous l'influence de Durkheim et de Weber, la religion n'est pas un domaine particulier, mais se place au coeur de la réalité sociale ».326(*) Pour les deux auteurs, « il s'agit de prolonger l'intuition majeure des auteurs classiques pour qui la religion est une matrice de sens dans une société et prendre acte du fait que dans une société sécularisée et plurielle il existe une crise des significations et des mécanismes de légitimation, ce qui accentue l'interrogation de l'homme sur le sens ».327(*) Ainsi, « la confrontation des univers symboliques est une donnée structurelle des sociétés modernes ».328(*) La centralité de la signification est bien relevante ici : « la vie sociale est toujours déjà là, et elle est toujours appréhendée comme une réalité ordonnée et significative. L'individu ne peut pas ne pas rencontrer cette réalité objectivité, déployé à travers une série d'objectivations qu'il véhicule, qui constituent ainsi à proprement parler l'univers symbolique dans lequel se déroule sa vie ».329(*) Autrement dit, la vie sociale repose sur le partage d'un ensemble commun des connaissances, quotidiennes, renouvelées, assurant tout autant la continuité de l'ordre social que celle des identités personnelles. En cas de crise, « cette même société « invente » aussi de nouvelles institutions de production et de transmission de sens. (...) Les institutions de sens opérant dans un marché ouvert et d'autres orientées vers des communautés spirituelles plus restreintes et souvent fermées (sectes, cultes divers et styles de vie très définis) ».330(*) Par exemple, « la modernité est le théâtre d'une série d'enclaves de sens qui coexistent plus ou moins pacifiquement entre elles, apaisant la crise ici ou là au niveau individuel, mais ne parvenant plus à asseoir la société sur un univers symbolique commun. »331(*) Toutefois, « la crise de sens spécifique à la modernité est amortie par un ensemble d'institutions intermédiaires- à mi-chemin entre l'individu (et le besoin de sens) et les anciens grands principes d'action sociétale. »332(*) Ainsi, « les individus ne sont nullement assaillis par l'angoisse ou le vide existentiel ; au contraire même, ils sont largement capables de gérer le pluralisme structurel auquel elle les confronte ».333(*) Sur la question de la valeur, « l'individu opère dans un monde dans lequel il n'existe plus de valeurs communes orientant l'action dans toutes les sphères - autrement dit, il n'existe plus de réalité unique identique pour tous ».334(*) Ainsi,poursuivent-ils « la société s'organise autour de principes abstraits, à vocation avant tout instrumentale, auxquels tous les acteurs sont censés se plier, et ne générant que des normes visant à résoudre des problèmes éthiques spécifiques propres à certaines sphères d'activité (l' « éthique médicale », l' « éthique commerciale », etc.). Ces règles permettent aux individus d'organiser leur vie commune en faisant l'économie d'une morale globale partagée ».335(*) * 325 Peter BERGER et Thomas LUCKMANN, Avant -propos de Danilo Martuccelli ,op.cit ., p.22. * 326 Ibidem, p.8. * 327 Ibidem, p.9. * 328 Ibidem, p.22. * 329 Ibidem, p.24. * 330 Ibidem, p.38. * 331 Ibidem, p.36. * 332 Ibidem. * 333 Ibidem. * 334 Ibidem. * 335 Ibidem, p.37. |
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