2.5.1.2. Modèle neuromusculaire
Dans ce modèle, la diminution de la capacité de
production de force maximale n'est pas due à l'incapacité des
processus énergétiques de fournir l'énergie
nécessaire à l'effort au niveau de l'organe
périphérique, y compris les muscles squelettiques. Elle est
plutôt d'ordre neuromusculaire, c'est-à-dire au niveau du
recrutement des unités motrices par le système nerveux
central.
La fatigue est associée à des perturbations au
niveau de la commande nerveuse et aussi à des modifications au niveau
musculaire. Les principales causes de la fatigue peuvent être la
réduction de la conduction nerveuse ou la réduction de la
réponse musculaire au stimulus transmis par le système nerveux.
Le modèle neuromusculaire explique la fatigue, à un niveau
périphérique, par la détérioration de
l'efficacité des composantes intramusculaires [14].
2.5.1.3. Modèle biomécanique
Le sprint est l'expression d'une puissance de travail
importante qui permet de produire et maintenir un haut niveau de vitesse. Cette
puissance est le résultat d'une dépense
énergétique. L'efficacité technique dépend alors de
la disponibilité des réserves énergétiques.
La fatigue correspond à la diminution de
l'efficacité technique. Selon cette théorie, l'optimisation de
l'efficacité du mouvement résulte d'une déplétion
moins rapide des réserves énergétiques, et d'une
élévation de la température du corps
atténuée. Seulement 25 % de l'énergie produite par
l'organisme est utilisé pour la contraction musculaire et le reste
assure la régulation des échanges thermiques [3].
2.5.1.4. Modèle complexe
La fatigue est une expression physique d'une sensation. Lors
de la course, l'effort est régulé en boucle, à un niveau
central dans le système nerveux et dans les muscles à un niveau
périphérique. Gibson et al. (2004) suggère que la
réalisation d'un exercice physique est gouvernée par une commande
centrale qui intègre et calcule tous les signaux sensoriels afin de
maintenir une homéostasie et permettre une « sensation de fatigue
acceptable par l'athlète ». Ce processus est un exemple de
système dynamique non-linéaire dans lequel les processus
physiologiques interagissent comme une partie du système global en
régulant l'effort avant, pendant et après l'exercice.
La fatigue provoque un changement inconscient de la
foulée qui sera véhiculé vers le système nerveux
central (SNC) qui contrôle le recrutement des unités motrices
(afférences) [26]. Lors du sprint en particulier, l'effort est à
la fois court et intense. Cela ne laisse pas de délais aux commandes
centrales pour varier les degrés de sollicitation musculaire. La
manifestation de la fatigue est dans ce cas là inconsciente. Elle est en
effet la résultante d'un ensemble de feedbacks physiologiques,
biochimiques et sensoriels qui ne sont pas forcément associés
à la variation de la production de force musculaire et qui sont
ressentis lors de la récupération.
2.5.2. Effet de la fatigue sur la performance
La fatigue diminue la performance globale au 100m sprint [23].
Elle se manifeste par l'incapacité d'endurer la vitesse maximale
atteinte lors des premières secondes du sprint. La
décélération de fin de course est une conséquence
directe de la fatigue musculaire qui est expliquée par
l'épuisement des réserves de glycogènes vers la fin de la
deuxième phase du sprint [28]. En effet, Zouhal et al. (2002) ont
démontré que la glycolyse anaérobie jouait un rôle
non négligeable dans la production de l'énergie indispensable
à la réalisation de sprint de durée inférieure
à 6 secondes.
Morin et al. (2006) ont démontré que la
performance au 100m sprint diminue avec la fatigue induite par la
répétition d'un effort maximal. En effet, la vitesse moyenne du
quatrième 100m, mesurée chez des novices, correspond à
92.7 % de leur première répétition.
Nous nous intéressons à l'étude de la
fatigue sur la performance au 100m par la mise en relief de la relation entre
la déplétion des réserves énergétiques et la
variation des paramètres mécaniques, principalement la raideur
des membres inférieurs, au cours de la répétition de
sprint.
Hypothèses :
Fort de ces connaissances théoriques, nous émettons
les hypothèses suivantes :
(1) La raideur mécanique permet de conserver la vitesse
maximale de course au cours du 100m sprint.
(2) La raideur des membres inférieurs est
corrélée avec la diminution de la vitesse de course lors de la
répétition de 100m sprint.
(3) La diminution de la vitesse avec la fatigue est liée
à l'augmentation des taux de lactates sanguins.
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