2.4.3. La raideur mécanique prédit-elle
la vitesse de course ?
Morin et al. (2005) ont montré que la performance au
100m sprint était proportionnelle à la raideur verticale et que
la raideur des membres inférieurs restait inchangée
(kleg =19,6 kN.m-1, environ) quelque soit la valeur
maximale de la vitesse. Cette étude confirme les résultats
observés par Chelly et al. (2001) qui ont mis en évidence une
corrélation significative entre la raideur des membres inférieurs
au cours de sauts verticaux et la vitesse maximale atteinte au cours d'un 40m
sprint.
Par ailleurs, Bret et al. (2002) ont constaté que la
raideur des membres inférieurs prédit les changements de vitesse
entre les différentes phases du sprint chez les experts. Ainsi, la
valeur la plus élevée de la raideur détermine la
capacité du sprinter d'atteindre sa vitesse maximale au cours de la
deuxième phase du 100m. Par ailleurs, Chelly et al. (2001) ont
suggéré une limitation probable de kleg à une
valeur optimale même à des vitesses élevées,
étant donné que le cycle étirement-raccourcissement des
muscles des membres inférieurs nécessite un minimum de flexion
des genoux et des chevilles. La vitesse dépend, selon ces chercheurs, de
deux paramètres : la puissance musculaire, qui est nécessaire
pour l'accélération initiale au cours de la première phase
de la course, et la raideur des membres inférieurs, qui permet
d'atteindre la vitesse maximale au cours de la deuxième phase du sprint
[9].
Dans la littérature, la raideur mécanique semble
affecter directement la performance au 100m sprint et constitue ainsi un
facteur mécanique important pour la compréhension de la
régulation des facteurs biomécaniques au cours de la course ainsi
que la variation de l'effort au cours de chaque phase du 100m.
2.5. La fatigue musculaire 2.5.1. Modèles de la
fatigue
2.5.1.1. Modèle
énergétique/déplétion des réserves
énergétiques
Le corps a besoin de sources énergétiques
indispensables à la réalisation du mouvement. Le
métabolisme s'adapte à chaque type d'effort en approvisionnant
les muscles. Les réserves énergétiques sont susceptibles
d'être épuisées. La déplétion des
réserves provoque l'atténuation de l'activité musculaire.
Selon le modèle énergétique, la
fatigue est donc provoquée par deux mécanismes
principaux : un approvisionnement insuffisant des muscles actifs en ATP, et une
déplétion des substrats énergétiques.
La fatigue se manifeste par « la réduction de la
capacité de performance lors d'un travail intense ». « La
fatigue musculaire ou physique relève de modification dans le muscle
squelettique (chutes des réserves, accumulation d'acide lactique) »
[27]. D'après Cerretelli (2002), les mécanismes oxydatifs
impliqués dans une épreuve de courte durée ne sont pas en
mesure, une fois épuisées les réserves de
phosphocréatine, de fournir l'énergie nécessaire pour
soutenir (avec l'énergie venant de la glycolyse anaérobie) les
charges imposées.
La fatigue peut être expliquée par l'augmentation
de la concentration de sang en lactate ([La]). Il provient de la transformation
des pyruvates en lactates sous l'influence de la
lacticodéshydrogénase (LDH), en présence d'un co-facteur
le NAD+. Le lactate peut être formé à partir d'acides
aminés, en particulier dans les états de catabolisme
protéique intense (effort bref et/ou intense) [24].
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