2.1.1. La phase d'accélération
initiale
L'accélération initiale requiert principalement
la dégradation des phosphagènes qui sont disponibles
immédiatement mais en très faibles réserves, et
secondairement la phosphocréatine pour régénérer
rapidement de l'ATP. Les glycogènes sont aussi sollicités
dès les premières secondes du sprint [16, 28].
D'un point de vue technique, le sprinter
accélère après avoir quitté le bloc de
départ, en augmentant la longueur et la fréquence de ses
foulées. Le centre de gravité du corps de l'athlète se
situe en avant par rapport au point de contact avec le sol pendant les deux
premiers appuis, et passe derrière le point de contact à partir
du troisième contact au sol (bassin en rétroversion). Le sprinter
attaque, appuie et pousse sur l'avant- pied uniquement et ainsi, les pressions
se concentrent au niveau des articulations métatarsiennes. Au cours de
cette phase, la fréquence de la foulée (SF) et le temps d'envol
(tf) augmentent alors que le temps de contact (tc) diminue [23].
Par ailleurs, Mero et al. (1981) ont constaté une forte
corrélation entre la vitesse de course (v) et les forces propulsives (F)
précisément lors du premier contact au sol témoignant
ainsi du caractère propulsif du départ et de
l'accélération de début de course. Selon Chelly et al.
(2001), l'accélération initiale de début de course est
l'expression de la puissance mécanique et la production de forces
propulsives des membres inférieurs. La puissance mécanique
détermine l'accélération initiale au début du 100m
et permet aussi de soutenir la vitesse maximale au cours de la deuxième
phase du sprint [9, 10, 20].
2.1.2. La phase de course à vitesse maximale
Cette phase représente la période au cours de
laquelle l'athlète peut atteindre sa vitesse maximale de course. Cette
dernière correspond à un effort supramaximal qui
épuise la glycolyse anaérobie [3]. Cette
dernière se déroule en manque d'oxygène et extrait des
glycogènes les protons (H+) et leur électron. Au cours
d'un effort intense et court tel que le 100m, les protons s'accumulent dans la
cellule musculaire en entraînant une acidose (acidité du milieu).
La présence des lactates dans le sang ([La]) témoigne ainsi de
l'état d'oxydation du milieu lors de l'effort. En effet, Hirvonen et al.
(1987) ont constaté une augmentation de la concentration sanguine en
lactate (4.5 mmol.l-1) après 40m sprint chez des
athlètes de haut niveau. Les concentrations moyennes en lactates
enregistrées après le 100m chez 12 athlètes (1 0.7s), en
compétition nationale officielle, ont été proches de
8.51mmol.l-1 [15].
Au cours de cette phase, la raideur mécanique du
système musculosquelettique permet, selon une étude menée
par Chelly et al. (2001) chez une population de handballeurs confirmés,
de maintenir le plus haut niveau de vitesse par l'optimisation du rapport
amplitude-fréquence de la foulée. D'après Mero et al.
(1992), l'amplitude de la foulée stagne au cours de la deuxième
phase du sprint alors que l'athlète tente d'augmenter la
fréquence de sa foulée (estimée à 5 Hz à
vitesse maximale) afin de courir le plus vite possible.
Par ailleurs, Bret et al. (2002) ont démontré,
que la raideur des membres inférieurs (kleg) prédit
l'accélération lors de cette phase chez des sprinters de niveau
régional à national. McMahon et al. (1987) ont
précédemment constaté que kleg restait
constante quelque soit la vitesse de course. Cela n'est pas le cas pour Chelly
et al. (2001), qui considèrent qu'une raideur très importante des
membres inférieurs constitue un facteur limitant de la vitesse. Cela se
traduit par une diminution des oscillations verticales du centre de
gravité du corps à vitesse maximale quasi-constante. La raideur
mécanique pourrait ainsi être un facteur déterminant de la
performance dans cette zone du 100m sprint [7, 9, 20, 21]. C'est dans cette
optique que les membres inférieurs peuvent être
modélisés par un ressort (R) portant une charge (M)
représentant le poids et l'inertie du reste du corps (tronc + membres
supérieurs), constituant ainsi le modèle masse-ressort de la
course (ou « spring mass model », SMM) [17, 22, 23]. Ce modèle
sera discuté ultérieurement.
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