8. Le Cas du
Sénégal
Traditionnellement les populations africaines ont un
rapport de proximité avec l'environnement. Par proximité on
entend respect, protection et adoration. À l'image des peuples Bushmen,
en Afrique du Sud, l'exploitation de l'environnement ne se fait que selon les
besoins quotidiens. En effet, seule la quantité nécessaire est
prise. On peut remarquer, dès lors, que ces peuples ont toujours eu le
souci de protéger l'environnement. De plus, l'environnement est
considéré comme quelque chose de vivant, possédant une
âme ou encore comme une divinité. C'est la raison la plupart des
peuples africains, développent un certain nombre de rites avant, pendant
et après l'exploitation de l'environnement. Les Bushmen, par exemple, se
penchent pour demander pardon à leur gibier.
Cependant, modernité oblige, ce privilège
de l'environnement disparaît aussi vite que la modernité gagne du
terrain en Afrique. Aujourd'hui, le cumul des catastrophes naturelles et celles
occasionnées par l'homme, font de l'environnement africain l'un des
milieux les plus alarmants.
8.1. Politique environnementale:
un héritage colonial
Jusqu'à une date récente, les
législations environnementales du Sénégal sont issues du
décret colonial de 1935. Celles-ci reposaient sur une conception
étatique et centralisée de l'environnement et de sa gestion dont
les principales caractéristiques sont :
-l'environnement est un patrimoine d'intérêt
public appartenant de ce fait à l'Etat car il est bien vaquant sans
maîtres.
-une partie de ce domaine a fait l'objet d'un classement comme
donnée environnementale permanent de l'Etat ; il s'y applique une
règlementation de protection par les services des eaux et
forêts.11.
On remarque dès lors l'exclusion de la
population dans la gestion de l'environnement. Ces législations
vigoureuses protectionnistes ne tenaient pas en compte les besoins et les
aspirations des usagers. Alors la population avait le sentiment que
c'était contre elle que l'environnement était
protégé. Cette politique ne tardera pas à échouer
car les campagnes de reboisement effectuées sous la direction de l'Etat
n'avaient pas connu les résultats attendus malgré les importants
moyens financiers utilisés.
Par ailleurs, des réformes ont
été établies modifiant petit à petit le
comportement de l'Etat vis-à-vis de la population, notamment la
réforme de 1964 et de 1993.
Cependant, le véritable changement interviendra
dans les années 1990 avec la mise place de projets environnementaux
communicants impliquant la participation de la population.
11. I. Diallo, Le droit de l'environnement au
Sénégal, Mémoire de D.E.A, Juin 1998
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