12. Approche
réflexive
En tout état de cause, nous pouvons reconnaître
que le discours des Institutions sénégalaises en faveur de
l'environnement s'est considérablement modifié. En effet, d'une
politique environnementale autoritaire et imposée on est passé
à des pratiques incitant à préserver la nature. Aussi,
l'avènement des Associatifs a-t-il largement contribué à
la mise en place de démarches de proximité en vers la population.
Cependant, malgré ces efforts, la politique environnementale
sénégalaise ne suscite pas tant d'engagement. Les raisons d'une
insuffisance d'engagement s'expliquent entre autre par le recours au
modèle classique de communication.
12.1 La communication
classique : informer/sensibiliser
La communication est essentiellement centrée sur
l'information et la sensibilisation. Il s'agit, donc par là, de
véhiculer un message à travers des outils tels que la radio, la
télévision, les affiches, à travers des campagnes de
sensibilisation, des rencontres sportives, etc. Un tel modèle n'engendre
pas un réel engagement des destinataires. La raison c'est que dans ce
type de communication, l'action n'est pas la finalité. On vise
essentiellement à conscientiser et à amener chaque individu
à poser un discours favorable, en l'occurrence la protection de
l'environnement. Les expériences, conduites en 2005-2006, dans le sud de
la France, par l'ADEME et le CREPCOM résument bien les limites des
campagnes d'informations. « Ces campagnes sont certes
nécessaires. Elle servent au fil du temps à modifier les savoirs,
les idées, les attitudes et même, certainement, à provoquer
de réelles prise de consciences. Mais elles ne sont pas, en tant que
telles, suffisantes pour promouvoir de nouvelles habitudes ».
Souvent, ces discours ne prennent en compte les idées et les besoins de
la population. Or, l'engagement des destinataires nécessite
l'implication de ces derniers dans l'élaboration et l'application du
projet tel que le prône la communication engageante.
12.2 La communication
engageante : des idées aux actes
Pour optimiser davantage le degré d'engagement de la
population sénégalaise, il serait, peut-être,
intéressant de faire recours à la communication engageante. En
effet, l'idée serait de passer d'un état de conscience à
un état d'action. Les acteurs sociaux devraient penser la relation entre
le discours et l'action autrement dit comment emmener la population à
agir de façon libre, en s'identifiant à l'action (je fais
ça parce que je suis comme ça). Ce faisant, l'écart entre
les discours et la réalité pourrait considérablement
diminuer voire même disparaître. Les recherches sur la
communication engageante montrent « qu'il suffit de peu de chose pour
passer des idées aux actes » (Joule, R.V., 2004, Des
intentions aux actes citoyens. Cerveau & Psycho, 7, 12-17). Ce peu de chose
« passe notamment par l'obtention d'actes préalables peu
coûteux, et donc relativement facile à obtenir. »
(Joule, R.V., id). Ces actes dits « préparatoires »
ont un double intérêt :
1 / ils vont rendre les personnes qui les auront
réalisés plus sensibles au messages qui leur seront
communiqués par la suite,
2/ ils vont les préparer à se comporter
conformément à ces messages. (Joule, Py et Bernard, 2004, Qui dit
quoi, à qui, en lui faisant faire quoi ? Vers une communication
engageante, Paris : Dunod).
Les projets engageants se veulent alors d'intégrer tous
les acteurs, notamment la population qui devient
« acteur-partenaire » susceptible de contribuer aussi bien
par ses idées que par son action. Car l'on ne peut s'engager que
lorsqu'on est réellement impliqué. De cette implication et cet
engagement, découle la pérennisation de l'action,
élément fondamental de tout projet efficace.
En somme, le recours à la communication engageante
devrait permettre aux institutions, associations et ONG d'impliquer davantage
la population et de les engager durablement en vue de la pérennisation
de l'action.
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