11. Analyse des
résultats
Les résultats obtenus à travers ces
questionnaires ont unanimement décrit un état déplorable
de l'environnement au Sénégal. En effet, les remarques qui
reviennent sont souvent celles de la pollution maritime et aérienne, la
désertification et la déforestation, l'insalubrité
liée au mauvais traitement des eaux usées, des ordures
ménagères et aux canaux à ciel ouvert. Pour
préserver l'environnement, Institutions et Associatifs ont souvent des
visées différentes. Là où les Institutions
développent une politique sectorielle (service assainissement, service
forestier,...) les Associatifs optent pour une politique globale à
savoir une intervention axée sur toutes les composantes de
l'environnement. Cela pour deux bonnes raisons :
- la première c'est que les Institutions
sénégalaises ont beaucoup tardé à prendre en
considération la question de l'environnement comme étant centrale
pour le développement durable,
- la deuxième c'est que, selon les Associatifs, le
développement durable ne peut être possible et efficace que
lorsque la question de l'environnement est traitée dans sa
globalité.
D'une manière générale, la
démarche utilisée par les acteurs politiques et associatifs est
celle de la communication classique basée sur l'information et la
sensibilisation. Cependant, les stratégies divergent. Celle des
Institutions est centrée sur la communication de masse à travers
la télévision, la radio, les campagnes d'affichages et les
ouvrages destinés aux scolaires.
Les Associatifs adoptent une stratégie de communication
de proximité voire de communication participative. En effet, dans la
démarche des Associatifs, les populations sont beaucoup plus
impliquées. Car leur processus consiste à cibler et
responsabiliser l'ensemble des acteurs à travers des projections de
films, des animations, des sketchs, des séances de palabre, des
assemblées villageoises, etc.
Les appréciations concernant l'engagement des citoyens
sont mitigées. Du point de vue des Institutions, il y'a un réel
engagement de la population évalué à travers des
enquêtes de satisfaction, des sondages, etc. Cependant, le corpus citoyen
affirme le contraire. Selon eux, il n'y a pas d'engagement ou du moins
« l'engagement existe à condition qu'il y ait un
gain ». Cela nous amène à revoir la position du
gouvernement. Ne faut-il voir, à travers ce positionnement, une
stratégie de voiler les échecs de la politique environnementale,
dont l'une des cases principales est l'absence d'inclusion des populations dans
la prise de décision des projets gouvernementaux ?
Quant aux associatifs, l'engagement existe surtout dans les
milieux ruraux. Car ces populations ont beaucoup plus conscience de leur
environnement naturel que les citadins. Néanmoins, les associatifs
reconnaissent que cet engagement est loin d'être suffisant.
Concernant la politique d'éducation à
l'écocitoyenneté, les avis diffèrent surtout entre
Institution et Associatif. Le premier affirme l'existence d'une
éducation à l'écocitoyenneté à travers
l'élaboration de manuel sur l'environnement, des discussions avec les
usagers. Le second, quant à lui, pense le contraire. La réponse
des Citoyens tranche en faveur des Institutions. Selon eux, cette politique
d'éducation à l'écocitoyenneté s'effectue à
travers des modules d'enseignement dans les écoles, des campagnes de
sensibilisation, etc. En résumé cette politique peut-être
qualifiée de « pédagogie environnementale »
car elle est typiquement axée sur l'enseignement de l'environnement dans
ses composantes naturelles et humaines, sur la prise de conscience du danger
inhérent à l'activité humaine...Seulement, cette
pédagogie n'est qu'une composante de l'éducation
environnementale, plus précisément un outil au service d'une
finalité : l'action. Sans l'action, l'éducation à
l'environnement devient inefficace. Car à quoi cela sert de
connaître si on n'agit pas. Ainsi, comme le notent Institutions,
Associatifs et une bonne partie des Citoyens, il est impératif
d'impliquer tous les acteurs pour préserver l'environnement au
Sénégal.
Pour optimiser l'effet de la prise de conscience et du respect
à l'environnement, on retrouve les deux composantes de
l'éducation environnementale : pédagogie et action. En
effet, selon les Institutions, la tendance forte est de sensibiliser davantage
et d'accentuer la communication de masse. Tandis que les Associatifs optent une
synergie des actions, une responsabilisation de la population.
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