CHAPITRE 3
Grandes théories de
l'apprentissage scolaire
La motivation, dans la perspective de notre étude, est
liée à l'apprentissage scolaire. Après avoir
rappelé les principales données de la littérature dans ce
domaine, nous allons tenter dans ce troisième chapitre de donner
quelques grandes théories sur l'apprentissage scolaire. Ce qui nous
permettra de mettre en relation la motivation et l'apprentissage dans le
quatrième chapitre.
La littérature sur l'apprentissage est très
vaste. Il ne s'agit pas dans notre travail de développer toutes les
théories, mais il s'agira de comprendre des théories qui ont
joué un grand rôle dans l'apprentissage en général
et dans l'apprentissage scolaire en particulier. Ainsi, nous retenons quatre
grandes théories à savoir : le béhaviorisme, le
constructivisme, le socioconstructivisme et les théories
interactionnistes. A chacune de ces théories, nous devons souligner
l'impact qu'elle peut avoir sur les pratiques de l'enseignement. L'insistance
est sur l'articulation entre l'acte d'enseignement et l'acte
d'apprentissage.
3.1. Approche
générale
L'apprentissage est définit comme « un
changement adaptatif observé dans le comportement de l'organisme. Il
résulte de l'interaction de celui-ci avec le milieu. Il est
indissociable de la maturation physiologique et de
l'éducation » (Dictionnaire de Psychologie, 1999).
L'apprentissage est toujours concerné dès qu'un enseignant doit
élaborer, construire, un plan dans lequel les formés ont
nécessairement quelque chose à apprendre.
La littérature sur l'apprentissage nous offre de
nombreux théories et modèles d'apprentissage. A
l'intérieur de chaque théorie ou modèle se distingue
l'importance accordée au sujet et aux situations lors du
« changement de comportement et la construction du nouveau
comportement ». Nous allons présenter ces théories en
mettant en évidence les différences et en soulignant les
simultitudes et les points de débat tout en étant attentif aux
conduites motivationnelles du sujet dans chaque théorie. Ce qui pourra
nous permettre de distinguer les différents théories et
modèles de l'apprentissage; c'est bien la place accordée
à la motivation, à l'assimilation, à l'acquisition des
compétences et à la réussite des apprentissages pour
confirmer le changement ou la modification du comportement.
3.2. Béhaviorisme
Le béhaviorisme est la première grande
théorie de l'apprentissage qui a fortement marqué les domaines de
l'enseignement, de l'éducation et de la formation. Ce courant
théorique exerce encore une forte influence dans les pays anglo-saxons.
Nous devons souligner que le terme « béhaviorisme »
est crée à partir du mot anglais « behavior »
qui signifie « comportement » marqué par une
manifestation observable de la maîtrise d'une connaissance qui permet de
s'assurer l'atteinte des objectifs visés.
Le béhaviorisme (ou comportementalisme) définit
l'apprentissage comme une modification durable du comportement résultant
de la conséquence d'un entraînement particulier. Le concept
« béhavioriste » fut utilisé pour la
première fois par John B. Watson en 1913 dans un article portant sur la
nécessité d'observer des comportements pour pouvoir les
étudier. Cependant, Skinner n'est pas d'accord avec les théories
de Watson et Pavlov qui prétendent que toute réponse
dépend d'un stimulus, même si ce dernier n'est pas identifiable.
Skinner dit que cela force les faits. Avec deux classes de réponses de
Skinner (les répondantes produites, suscitées par les stimuli
connus et les opérantes « événements
spontanés, liaisons innées,... »), Deux points
priment : le taux de réponses et la manière dont l'organisme
réagit au renforcement de l'environnement.
Burrhus .F. Skinner développa le concept de
« conditionnement opérant » (initié au
départ par Edward Thorndike, 1913), qu'il distingue du conditionnement
pavlovien ou classique (Pavlov, 1901). Skinner est le plus convainquant des
représentants que la méthodologie béhaviorale ait eu. Il
est le plus empiriste des théoriciens béhavioristes. Sa
thèse est que « le comportement peut être
structuré par l'utilisation appropriée des conditionnements
appropriés ». Skinner rejette toute explication mentale ou
cognitive. Il accorde l'importance à deux éléments :
le stimulus et la réponse mais en décrivant le lien qui les unit.
Il s'intéresse de façon particulière au
« réflexe » qui est une
« corrélation observée entre le stimulus et la
réponse ». Skinner veut faire du béhaviorisme une
méthode empiriste raffinée. Ses définitions
décrivent les phénomènes sur le plan expérimental.
L'opérationalisme est fondamental pour lui, car les comportements d'un
organisme se modifient en fonction de ses actions et des résultats
obtenus : « nous devons ce que nous faisons ». Pour
Skinner, toute hypothèse ou proposition doit être
vérifiée par l'observation afin de lui donner un sens.
L'opérationalisme pose les « comment » et non les
« pourquoi » des choses. Il préfère les
termes qui décrivent les opérations.
Skinner définit l'apprentissage comme une modification
du comportement provoqué par les stimuli venant de l'environnement.
Skinner développant une théorie de modèle empiriste et en
a tiré une pratique pédagogique. Il affirme que l'apprentissage
peut être obtenu par l'utilisation de récompenses appelées
« renforcements positifs » (ex. : des bonnes notes
chez les élèves) et de punitions appelées
« renforcements négatifs » (ex. : des mauvaises
notes chez l'élève.
C'est dans ce sens que l'individu adopte un comportement lui
permettant d'éviter les renforcements négatifs et d'augmenter la
chance d'obtenir les renforcements positifs. Cette procédure est
appelée « conditionnement opérant ».
Skinner(1971) a critiqué sérieusement l'enseignement traditionnel
fondé essentiellement sur des renforcements négatifs et a
proposé de remplacer ceux-ci par des renforcements positifs. Les travaux
de Skinner sont adaptés aux situations d'apprentissage et le
modèle qui en résulte est celui de l'enseignement
programmé. Ce modèle se base sur les principes suivants :
· la matière à enseigner est
découpée en une série d'éléments courts pour
permettre un renforcement le plus rapide possible,
· le contenu part du niveau le plus simple et le niveau
de difficulté augmente de manière graduelle afin de favoriser un
apprentissage sans erreur,
· le contenu est présenté sous forme d'une
séquence linéaire mais chacun peut la faire à son propre
rythme ce qui va dans le sens d'une individualisation de l'enseignement,
· les renforcements positifs (à travers des
encouragements, etc.) sont favorisés et doivent être donnés
le plus rapidement possible. Des études expérimentales ont
démontré que plus le délai entre la réponse fournie
et le renforcement est bref, meilleure est la performance finale.
Dans le domaine de l'enseignement, soulignons aussi que la
pédagogie de maîtrise et l'évaluation
formative sont également en partie basées sur le
béhaviorisme. L'objectif de ces systèmes d'enseignement consiste
à mettre en place un programme d'apprentissage qui s'assure l'atteinte
des objectifs d'apprentissage par tous les élèves. Toutes les
formes d'enseignement basées sur le béhaviorisme partent de
l'idée que l'apprentissage se fait par le biais d'un enseignement qui
peut être dispensé par un enseignant ou une machine (O'Shea &
Self, 1983) ce qui est différent de la théorie
constructiviste.
Nous devons souligner enfin que la force du
béhaviorisme est de proposer une théorie complète de
l'apprentissage. Il définit l'apprentissage en ce terme :
« apprendre c'est devenir capable de donner la réponse
adéquate, c'est encore construire un comportement adapté à
un environnement ». Cette théorie propose aussi une
méthode d'enseignement - apprentissage : opérationnaliser
des objectifs d'apprentissage, conditionner, apprendre par essais-erreurs,
provoquer des renforcements positifs en cas de formes réponses, et des
renforcements négatifs pour rectifier les erreurs.
Les éléments essentiels d'un enseignement de
type béhavioriste sont les suivants :
- les structures mentales sont constituées par la
boîte noire à laquelle on n'a pas accès. Pour être
plus réaliste et efficace, l'enseignement béhavioriste
s'intéresse aux entrées et aux sorties qu'aux processus
eux-mêmes.
- l'enseignant s'attache à définir les
connaissances à acquérir en termes de comportements observables,
qui sont mis en oeuvre en fin d'apprentissage.
- le comportement attendu au niveau de l'élève
est formulé comme suit : l'élève devra être
capable de....... + verbe d'action (identifier, distinguer, nommer,
reconnaître, classer,...). Il faut éviter les verbes mentalistes
(comprendre, savoir, réfléchir, ...)
- des observations permettent à l'élève
d'identifier ses erreurs et de travailler à les rectifier.
L'enseignement de type béhaviorisme a des aspects
positifs que nous voulons énumérer sans faire de
commentaire :
- le dogmatisme verbal est limité chez l'enseignant.
- L'enseignant est centré sur l'élève et
sur la tâche intellectuelle pour permettre l'élève à
réussir ses apprentissages scolaires.
- Echanger entre enseignants sur leurs gestes
professionnels.
- Efficacité dans les apprentissages techniques et
professionnels.
- Contribution au renouvellement des pratiques en
matières d'évaluation. Une question correspond à
l'objectif fixé au départ.
Quelques remarques critiques sont adressées
à l'enseignement de type béhaviorisme à
savoir :
- L'opérationalisation des objectifs à atteindre
fait que l'enseignement se trouve rapidement face à un grand nombre
d'objectifs à viser au même moment. Ce qui limite ce genre de
pratique chez les enseignants.
- Réduire un apprentissage complexe en une succession
d'apprentissages plus simples, peut avoir comme effet que même si
l'élève est satisfait à toutes les étapes
intermédiaires d'apprentissage, il peut ne pas maîtriser
l'apprentissage complexe visé initialement.
- Vouloir les difficultés inhérentes à un
apprentissage peut finir par les contourner et amener les élèves
à réaliser les tâches au cours desquelles ils n'apprennent
plus suffisamment.
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