2.3.5.2.2. Théorie
d'estime de soi
D'après la théorie de l'estime de soi, les buts
de réussite que l'élève se donne sont « le
reflet d'une lutte afin d'établir et maintenir l'estime de soi et le
sentiment d'appartenance dans une société qui valorise la
compétence et la réussite ». La manière dont les
élèves définissent le succès est un facteur capital
par lequel les mécanismes d'estime de soi agiront sur le niveau de
réussite. Pour certains, le succès est « une
démarche visant à devenir le meilleur possible, sans tenir
comptes des réalisations des autres ». Ces
élèves accordent de l'importance à l'acquisition
d'habilités mais en tant que moyen pour atteindre des objectifs
significatifs sur le plan personnel. Pour d'autres, la compétence
(succès) consiste à être meilleur que les autres sur le
plan scolaire, une fois engagés dans le processus d'apprentissage, ils
se voient forcés d'éviter l'échec et d'éviter ce
qu'il implique (l'incompétence). Ils accordent la valeur aux
habiletés en tant que statut.
2.3.5.2.3. Dynamiques de
développement
La théorie de motivation en tant que pulsion montre les
liens existants entre la façon d'élever les enfants et les
caractéristiques de modes de résolution de conflits en utilisant
le style d'approche/évitement. Les parents d'enfants orientés
vers le succès encouragent l'indépendance et l'exploration
d'options dans un contexte d'aide chaleureuse et orientant. Ces pratiques
parentales accélèrent chez l'enfant le développement des
habiletés requises pour assumer la responsabilité reliée
à ses choix et à l'essai de nouvelles idées. Ces parents
récompensent les réalisations de leur enfant et ignorent les
résultats décevants. Dans le cas des parents de jeunes
orientés vers l'évitement, l'attitude est inversée. Les
mauvais résultats des enfants sont perçus comme un outrage aux
attentes de l'adulte et sont punis sévèrement. La réponse
donnée aux succès se limite à une faible marque
d'appréciation voire à de l'indifférence.
Structures de la motivation de la classe
Toutes les classes ont des règles de
l'évaluation et des récompenses par l'intermédiaire de
félicitation ou des résultats obtenus. Cet arrangement
pédagogique est comparable à un jeu sérieux par lequel les
élèves essaient de gagner le plus de points possible. Dans le
cadre de l'analogie à un jeu, deux systèmes de motivation ont
été l'objet de recherche : jeux d'habilités et jeux
d'équité.
a. Les jeux d'habiletés :
Plusieurs classes adoptent des règles qui font de la
scolarisation un jeu d'habileté orienté vers l'échec,
c'est-à-dire des règles qui encouragent des buts de performance.
Ces buts rehaussent le statut d'habileté de l'élève s'il
s'avère meilleur que les autres, s'il évite l'échec ou
évite ce que l'échec implique, c'est-à-dire
l'incompétence personnelle. Ces buts négatifs sont le
résultat du manque de récompense (de bons résultats). Cet
arrangement se résume en un système à somme zéro.
Si un élève (joueur) gagne (des points), d'autres
élèves doivent perdre (des points). Les bonnes notes scolaires
prennent leur valeur non parce qu'elles indiquent que l'élève a
bien appris les notions à l'étude mais plutôt parce
qu'elles impliquent qu'il est capable. De faibles notes impliquent un manque
d'habiletés et mènent à une dévalorisation de soi.
Les élèves qui vivent des échecs
répétés en viennent à se percevoir comme de plus en
plus dépourvus d'habiletés qui leur apparaissent alors comme le
facteur le plus important dans la compétition pour le succès. Une
telle dynamique s'accompagne d'un niveau croissant d'anxiété.
Pour d'autres on constate, au contraire, un niveau plus faible
d'anxiété accompagné d'un sens accru d'incapacité
menant à un état de résignation et d'indifférence
croissante aux événements.
b. Les jeux d'équité : la
recherche s'inspirant de la théorie du but affirme que
« l'obstacle majeur de l'apprentissage dans une classe est la
restriction des renforçateurs pour motiver les
élèves », ce qui fait que la plupart des
élèves se batte pour éviter l'échec au
détriment de l'orientation vers le succès. Pour résoudre
ce problème, pour eux, il faut établir de nouvelles règles
reconnaissant l'effort de l'élève, son évolution
personnelle, son application à la tâche, ses progrès
réalisés et la correction faite de ses propres erreurs
d'apprentissage par lui-même, autant de marques de réussite
accessibles à tous, peu importe l'habileté, le statut ou les
expériences passées. La théorie du but cherche à
établir des conditions d'équité sur le plan de la
motivation. Pour cela, il faut fixer des standards absolus d'excellence pour
tous les élèves et rendre explicite la relation entre l'atteinte
du but et la conséquence positive. A cela s'ajoute : la
possibilité de choix de tâche, l'établissement de buts
individuels, l'autonomie à l'action des élèves. Les
avantages de ce paradigme d'équité sont, selon les
résultats de recherche : la fixation de buts individuels ; les
élèves du primaire par exemple amenés à
établir leurs propres buts d'apprentissage perçoivent les
expériences d'échecs comme temporaires, alors que des sujets
comparables ayant adoptés un but compétitif interprétaient
l'échec comme l'effet d'une incompétence personnelle. Les
élèves du collège se donnent aussi des buts
d'apprentissage si l'école encourage des bus individuels et leur permet
le choix des travaux.
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