III. APERÇU SUR LA
COMMERCIALISATION DE CERTAINS PRODUITS VIVRIERS (MAÏS ET RIZ) AU TOGO
La commercialisation est une série de fonctions
séquentielles accomplies, assurant le transfert d'un produit depuis la
production jusqu'à la consommation. Elle joue un triple rôle dans
le développement d'un pays : assurer une redistribution des biens
alimentaires entre les régions excédentaires et les
régions déficitaires, permettre une répartition du revenu
entre les divers agents de la commercialisation, stimuler la production, la
transformation et la commercialisation (DESA, 1991 cité par Koffi-tessio
et al,2000). De ce fait, elle à besoin d'être organisée et
le Togo n'a jamais cessé d'élaborer des stratégies pour
une meilleure organisation de la commercialisation de la production
vivrière.
En effet en 1971, a été créée la
société Togo grain avec pour objectif l'achat du maïs par
l'Etat à des prix rémunérateurs aux producteurs tout en
garantissant un prix social aux consommateurs, l'approvisionnement des
marchés de produits vivriers à partir de son stock et toujours
à un prix relativement bas pendant les années de mauvaise
récolte. Pour constituer son stock, la société a adopter
tour à tour trois (3) stratégies de collecte du produit qui, ont
toutes échouées dans leurs applications .Ces stratégies
sont : 1-Collecte directe du produit par les agents de
Togo grain sur les marchés ruraux. Ces agents se sont très vite
affrontés à la concurrence des commerçantes proposant des
prix plus rémunérateurs aux producteurs ;
2-l'achat auprès des commerçantes ; 3-l'achat
par l'intermédiaire des autorités
traditionnelles locales. Face à ces échecs, des
mesures ont été prises sous l'impulsion de la banque mondiale en
vue de libéraliser le secteur agricole et d'ouvrir le canal
d'exportation des céréales au secteur privé ce qui
permettait d'élever les prix aux producteurs (Ministère du
développement rural et al, 1984).
Cette libéralisation a permis à certaines
structures non étatiques d'intervenir dans la commercialisation. Leur
politique d'intervention ne différait pas de trop de celle des
structures étatiques et se résumait en deux points .Il
s'agissait: 1- de garantir des prix rémunérateurs aux
producteurs par un écoulement rationnel des produits agricoles
afin d'élever le niveau de leur revenu monétaire, 2-
Protéger le consommateur contre les hausses abusives des prix pendant la
pénurie (KLUTSE, 1990).
Le cas du riz est récent et a connu une organisation
semblable à celle du maïs avec l'intervention des structures
étatiques et non étatiques. Dans les mêmes optiques que
Togograin, l'Etat togolais a mis sur pied l'OSAT (Observatoire de la
Sécurité Alimentaire au Togo): structure de stockage et de
régulation du prix des produits vivriers sur nos marchés et
relevant du département en charge de l'agriculture. Afin de permettre
aux riziculteurs Togolais de mieux valoriser leur production à des prix
rémunérateurs, l' OSAT a initié l'opération joint-
venture qui consiste à assurer aux producteurs des services
financiers(octroi de crédit) en début de campagne pour
s'approvisionner en intrants agricoles(semences, engrais, produits
phytosanitaires...)et à leur racheter le riz après
usinage .Cette stratégie n'est pas nouvelle car elle est celle
pratiquée par les femmes "usurières «commerçantes
intervenant dans la zone mais à la seule différence que le taux
d'intérêt de l'OSAT est plus bas que celui des femmes. Cette
opération a échoué parce qu'il n'y avait pas de suivi
auprès des producteurs pour savoir si réellement les fonds ont
été bien utilisés puisqu'il y avait beaucoup de
producteurs qui utilisaient les fonds à autres choses ou n'investissait
pas la totalité du crédit dans la production. Ceci a amené
L'OSAT à suspendre son intervention dans le milieu.
Elle a doté le milieu de décortiqueuses qui,
assurent la transformation du riz et donc accroît la valeur
ajoutée du produit ; ce qui est un acquis important pour la promotion du
riz dans la zone (Djelé, 2006).
D'autres structures telles que PADIV/COOPEC ont
élaboré des stratégies calquées sur la
méthode de l'OSAT en préfinançant les riziculteurs et en
se faisant rembourser par du riz décortiqué sur un (1) prix fixe
prédéfini. Ce qui a le plus joué a leur avantage est
qu'elles ont pris conscience de l'importance du suivi.
Toutes ces structures en bout de chaîne, livrent le
produit aux femmes commerçantes grossistes intervenant dans la zone.
En bref, pour les produits vivriers au Togo, l'organisation de
la commercialisation est de plus en plus dominée par le secteur
privé informel ou formel(ONG) suite à la démission des
sociétés de l'Etat ou de l'inefficacité de sa politique
d'intervention et d'organisation. Dans le secteur informel, les règles
qui régissent les acteurs sont dès fois assez souples permettant
aux acteurs de s'engager les uns vis-à-vis des autres. Tandis que dans
le secteur privé formel, les structures apportent des services
financiers (octroi de crédit à des taux très bas),
techniques aux producteurs : Ils jouent dès fois des rôles
importants dans l'accès au marché. Mais ces actions ne
conduisent toujours pas à des résultats positifs et durables par
manque d'acteurs professionnels dans la chaîne de
commercialisation.
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