5. Les impacts de l'entrée en résidence sur le
sujet âgé
5.1 Les relations familiales
· Du point de vue du sujet âgé
La référence du sujet en institution, c'est son
enfant. Un des liens qu'il peut préserver avec l'extérieur de
l'établissement, c'est effectivement son lien familial, coordination
entre le passé (histoire de vie, naissance, histoire de la famille), le
présent (place de l'enfant dans le choix de l'entrée en
résidence, importance de l'enfant dans l'aménagement
matériel) et le futur (descendance, notion de continuité dans la
famille même après la mort de la personne).
L'analyse de contenu du groupe de parole (Travail clinique 1,
2 et 3) réalisé à la Résidence
Midi-Pyrénées montre que les enfants sont un des sujets
abordés régulièrement par la personne âgée.
Selon les participants de ce groupe, les réactions des enfants lors de
la prise de décision d'entrée peuvent être très
variées. Elles peuvent passer par la surprise voire
l'incompréhension, ce qui peut traduire la déception de l'enfant
et la non-acceptation de l'image vieillie de son parent ou par son approbation
(voire son soutien).
· Du point de vue de l'enfant
Pour l'enfant, l'entrée en institution est souvent
associée au risque de perdre son parent. Il entame la perte de soi,
puisque l'enfant-adulte se perd comme enfant et devient le parent de son
parent. Lorsque l'enfant ne trouve pas d'autres solutions que celle de mettre
à distance son parent, il protège son soi, soi qui est par
opposition moins âgé et donc plus fort, indépendant.
L'enfant oscille souvent entre deux sentiments. Le premier est
celui de désir inconscient de tuer le parent
détérioré, qui représenterait le propre futur de
l'enfant, vieillissant également. Ce sentiment est opposé
à une tendance émotionnelle de le sauvegarder en le confiant
à la résidence, chargée de le garder en
« état ». L'enfant cherche à le conserver car
son souvenir permet de réaliser sa propre identification. L'enfant est
donc en ambivalence par rapport à ses affects.
L'entrée en résidence peut correspondre à
une forme de « mise à mort » pour la famille selon
T. Darnaud (2008) [8]. Certains mécanismes de défense peuvent
être mis en place par l'entourage du sujet âgé, comme le
déplacement de la faute sur l'institution (ce que nous mettrons en
évidence lors de la nécessité de départ de la
personne), refoulement, fuite ou indifférence (l'enfant se rend moins
souvent à la résidence), sollicitation exagérée.
L'ensemble de ces mécanismes de défense permettent à
l'enfant de déculpabiliser, par exemple par rapport au fait de ne pas
avoir pu prendre son parent chez lui.
Pour les participants du groupe de parole (Travail clinique 1,
2 et 3), l'entrée en résidence a permis une amélioration
des relations entre le sujet âgé et ses enfants. Deux personnes
mettent en évidence l'impact positif de l'installation sur leurs liens
avec leurs filles respectives. En effet, Mme D. explique que « nos
relations ont changé, on s'est énormément
rapproché, dans le sens positif ». Lorsque la personne
âgée a vécu chez son enfant, l'entrée en
résidence semble être vécue comme un soulagement pour
chacun, retrouvant son espace propre. Les rencontres ne sont plus source
d'angoisse comme l'était devenu le quotidien, mais source de plaisir et
de retrouvailles.
Dans tous les cas, l'entourage est confronté à
une restructuration des relations familiales, qu'elle soit positive ou
négative. Effectivement, un nouvel acteur entre en jeu et la relation
devient triangulaire : d'une relation parents-enfants on passe à
une relation parents-enfants-institution. Enfin, les contraintes
financières qu'un tel changement représente peuvent rendre les
relations familiales conflictuelles. En effet, la vie en institution peut
être une charge financière plus importante que la famille doit
alors prendre en charge. Celle-ci peut être à l'origine de
tensions entre les membres de la famille.
En conclusion, un nouvel équilibre au sein du
système familial se créé progressivement après
l'entrée en résidence.
|