2.1.3 : Synthèse des études
antérieures.
· Facteurs liés aux services de
santé
Les facteurs liés aux services de santé sont
tous les éléments liés à l'organisation des
services et qui interviennent dans la lutte contre les IST. Des écrits y
relatifs sont légion. Ces écrits traitent essentiellement du
renforcement des connaissances et compétences des agents de
santé, de la mise en oeuvre des activités d'IEC ainsi que de la
disponibilité des ressources
La disponibilité des ressources a été
évoquée par certains auteurs. Il s'agit notamment de A.BARGO [17]
qui, dans son étude, avait incriminé l'insuffisance des services
de santé en ressources matérielles et avait en effet
trouvé que les matériels de travail étaient suffisants
seulement dans 42% des services de santé qui ont participé
à l'étude. Selon le même auteur, les MEG pour le traitement
des IST étaient suffisamment disponibles seulement dans 66,66% des
cas.
Il ya alors une insuffisance en ressources dans les services
de santé qui pourrait handicaper la lutte contre les IST. Le handicap
pourrait encore s'accentué si les services de santé ne
s'investissent pas d'avantage dans l'éducation des populations.
Ce volet d'éducation de la population a
été abordé par H. OUEDRAOGO[18] dans son étude sur
la qualité de la PEC des patients atteints d'IST en CPN. Dans
cette étude, elle a retrouvé que 77% des individus avait
déjà entendu parler des IST et que les services de santé
représentaient seulement 23% comme sources d'information des IST. Cette
étude montre que les efforts fournis par les services dans
l'éducation des communautés restent insuffisants au regard de
cette différence des proportions.
Aussi, pour une meilleure qualité de la PEC des IST,
les services de santé doivent s'investir également dans la
formation/recyclage et la supervision des agents. La formation/recyclage et la
supervision des agents sont des stratégies de renforcement des
connaissances et compétences et jouent un grand rôle dans la lutte
contre les IST.
E. Kabré [19] dans son mémoire a
démontré la contribution des formations/recyclage et les
supervisions dans l'amélioration des diagnostics et traitements
prescrits contre les IST. Il a trouvé en effet dans cette étude
que les diagnostics et traitements en accord avec les algorithmes nationaux est
à 76% dans les structures ou le personnel a été
formé et supervisé sur les IST contre 29% dans les structures
où il n'ya pas eu de formation ou recyclage sur la prise en charge des
IST
H. OUEDRAOGO[18], dans son étude avait formulé
parmi ces hypothèses une insuffisance dans le renforcement des
compétences des agents de santé dans la prise en charge des IST.
Les résultats de l'étude ont relevé qu'effectivement dans
les FS où l'enquête a été réalisée,
seulement 40% des prestataires ont été formés ou
recyclés et 5,9% des prestataires ont été
supervisés sur la prise en charge des IST.
Mais ces études se sont contentées uniquement de
comparer des proportions pour tirer des conclusions sans recourir à des
tests statistiques.
A. DAO [20] est allé plus loin dans son étude
sur la surveillance épidémiologique des IST. Cet auteur a
trouvé que la formation/recyclage et la supervision reçues sur
les IST ont concerné respectivement 52% et 49% des
enquêtés. Il a mentionné que la relation entre connaissance
des IST et la formation/recyclage est statistiquement significative au seuil de
5%.
· Facteurs liés aux
prestataires
Des facteurs liés aux prestataires ont un impact sur
l'incidence des infections sexuellement transmissibles dans la mesure
où la rupture de la chaine de transmission des germes responsables passe
d'abord par une bonne prise en charge des patients déjà atteints.
Beaucoup de facteurs ont été incriminés aux agents de
santé dans le cadre la lutte contre ces IST. Ces facteurs font
référence à leurs caractéristiques professionnelles
et leur connaissance sur les IST pour la plupart.
Parlant de caractéristiques professionnelles des
agents, M. KABORE [21], dans une étude sur les travailleuses de sexe
dans la ville de Ouagadougou, a estimé que l'ancienneté de
service joue un rôle important dans la qualité des prestations
des services de PEC des IST. Il estime aussi que les formations et les
supervisions sont des sources de motivation des agents et contribuent
grandement à accroitre le rendement. Les résultats de cette
étude montrent que le nombre d'années de service des agents en
charge de la PEC des IST dans les FS varie de 15 à 25 ans avec un nombre
médian de 21 ans. Tous les agents ayant participé à
l'enquête avaient reçu des formations et des supervisions au
moment de l'étude.
Pour ce qui est de la connaissance théorique des
agents, beaucoup d'auteurs pensent qu'elle joue également un grand
rôle dans la lutte contre les IST.
C'est ainsi que A. BARGO [18] avait trouvé que 18% de
prestataires n'ont pas une bonne connaissance sur les IST et avait conclu
à une insuffisance de connaissance.
I.E. KAMBIRE [22] avait aboutit à une conclusion
semblable. Il a trouvé que les syndromes IST n'étaient pas connus
par 19% des agents ayant participé à son étude.
Ces études montrent que la connaissance des agents de
santé en charge de la lutte contre les IST est insuffisante. Bien que
ces études soient menées dans des contextes différents,
rendant ainsi difficile la comparaison des résultats entre eux, elles
nous indiquent quand même qu'il ya des lacunes à combler, car la
réussite de l'éducation des populations sur les IST en
dépend énormément.
· Facteurs liés à la
population
· Profil sociodémographique
Des facteurs liés à la population ont un impact
négatif sur l'incidence des IST. Certains facteurs liés au profil
socio démographique des individus constituent des facteurs de risques
pour la transmission des IST. Une étude prospective des Infections
sexuellement transmissibles menée par F.LY et col. [8] a montré
sur le plan sociodémographique, que l'âge moyen des personnes
atteintes d'IST était de 25 ans. Cette même étude a
relevé qu'une proportion de 52% des cas était des
célibataires. Le niveau d'éducation des personnes atteintes d'IST
relevé par l'étude était bas (études primaires dans
37% des cas et études secondaires chez 27%).
Une autre étude menée sur le plan nationale par
l'INSD [23] avait trouvé que la répartition des IST
n'était pas uniforme entre les deux sexes : Cette étude a en
effet indiqué que, d'après les déclarations des
enquêtés, une proportion de 4 % des femmes a eu une IST, contre 2%
des hommes au cours des 12 derniers mois précédent
l'enquête.
I.E. KAMBIRE [22] a trouvé dans son étude que
les cas se recrutaient chez 28% des femmes et chez 26% des hommes.
Mais toutes ces études s'en tiennent à la seule
différence des proportions pour montrer que la répartition des
IST est différente selon le sexe sans vérifier la relation
statistique qui permet de conclure avec une plus grande certitude. Les seules
différences des proportions, qui ne sont d'ailleurs pas suffisamment
grandes dans ce cas précis, ne sauraient permettre de se rentre compte
du rôle du sexe dans la survenue des IST. Toutefois, ces résultats
nous indiquent que le sexe pourrait être un facteur de risque dans la
survenue des IST et que le sexe est une variable importante que nous pouvons
intégrer dans notre étude.
· Connaissances et comportement
D'autres facteurs tels que les connaissances et les pratiques
ont un rôle prépondérant dans la survenue des IST.
Connaissances
Les connaissances ont été évoquées
par plusieurs auteurs pour expliquer leur rôle dans la survenue de
nouvelles infections. Selon l'INSD [23], ces connaissances subissent des
influences avec le profil sociodémographique tel l'âge, le sexe,
le niveau d'éducation et le comportement. En effet selon cette
étude, sur le plan national, 69 % des enquêtés n'avaient
pas une bonne connaissance des IST. Cette proportion était
particulièrement élevée parmi les jeunes de 15-19 ans (77
%) et parmi les non instruits (77 %).
Cette même étude a révélé
que les hommes connaissaient mieux les IST que les femmes : seulement 45 % des
hommes n'avaient pas de connaissance satisfaisante contre 69 % des femmes.
D'autres études rendent encore compte des connaissances
des IST dans les moindres détails.
C'est le cas de H. OUEDRAOGO [18] dans son étude sur la
qualité de la prise en charge des patients atteints d'IST, qui a
retrouvé que 77% des individus avaient déjà entendu
parler des IST au moment de l'étude et que les principales sources
d'information étaient la radio pour 42% des enquêtés et les
agents de santé pour 23% des cas. Selon cette étude, au total 40%
des individus connaissent bien le mode de transmission des IST. Concernant la
prévention, 17% des individus avaient une bonne connaissance au moment
de l'enquête.
Une autre étude sur la problématique de la PEC
des partenaires sexuels des patients atteints d'IST conduite par I.E. KAMBIRE
[22] a trouvé des résultats différents. Dans cette
étude, les modes de transmission étaient connus par 81% des
enquêtés. Concernant les moyens de prévention, 47% ont
répondu convenablement aux questions y relatives.
Comportement
Les comportements des individus peuvent influencer
négativement ou positivement l'incidence des IST au sein de la
communauté.
Dans l'étude de F. LY et col. [8], des
antécédents d'IST ont été retrouvés chez 37%
des participants.
Sur le plan comportemental, parmi les individus ayant eu des
antécédents d'IST, 34% avaient plus de 2 partenaires au moment de
l'étude.
Dans une étude sur les comportements sexuels à
risque, C. DIALLO [24] a relevé que 42% des enquêtés ayant
une vie sexuelle active avaient plus de deux partenaires sexuels les 12
derniers mois précédent l'étude. Selon le même
auteur, 9,8% des enquêtés utilisent systématiquement le
préservatif comme moyen de prévention contre les IST/VIH.
Ces études ont été
réalisées dans un contexte différent du notre. En
dépit de cette différence de contexte, cette étude nous
permet néanmoins de penser que le comportement sexuel joue un rôle
prépondérant dans la survenue des IST.
Mais pour mieux cerner le phénomène de la
propagation des IST, la connaissance de l'itinéraire
thérapeutique en cas d'infection revêt un grand
intérêt.
Les pratiques ou comportements des individus après leur
contamination par une IST sont déterminants pour la propagation des
germes dans la communauté. Cette situation contribue
inévitablement à l'augmentation de l'incidence globale. Au nombre
de ces pratiques ou comportements, l'itinéraire thérapeutique
des individus atteints d'IST a été relevé par plusieurs
études comme constituant un handicap majeur pour le contrôle des
IST.
Au cours de l'enquête de l'INSD [23], on a essayé
de décrire l'itinéraire thérapeutique des individus
atteints d'IST : les résultats étaient les
suivants :
Parmi les enquêtés ayant déclaré
avoir eu une IST et/ou des symptômes associés aux IST, 60 % se
sont adressées à un professionnel de la santé pour
être traitées. Dans 30 % des cas, les enquêtés sont
allées dans une boutique ou une pharmacie pour obtenir des
médicaments ou des conseils (automédication). Enfin, dans 10 %
des cas, les enquêtés ont consulté un guérisseur
traditionnel.
Dans une étude sur les facteurs favorisant la survenue
des conjonctivites du nouveau né, E. ZONGO [25] a trouvé que 90%
des mères avaient recours aux agents de santé en première
intention pour les soins de leur nouveau-nés et que les recours à
l'automédication et aux tradi-praticiens représentaient
respectivement 9% et 1% des enquêtés.
I.E. KAMBIRE [22] a trouvé que les
enquêtés, en première intention, avaient eu recours, soit
aux FS (71%), soit à l'automédication (11%), soit aux
tradi-praticiens (7%), ou n'ont pas du tout recherché un traitement
(11%).
Une autre étude sur l'utilisation des services de
santé moderne menée par J.C. YODA [26] avait trouvé que
59,04% des enquêtés ayant été malades ont
pratiqué l'automédication. Seulement 4,25% ont utilisé les
services de santé en 1ere intention. Il est également ressorti
que 28,72% des enquêtés n'ont rien fait pour se soigner et que
4,25% ont utilisé les services des guérisseurs traditionnels.
Ces résultats indiquent que la connaissance de
l'itinéraire thérapeutique des populations en cas de maladie
donne une idée sur l'utilisation des services de santé en
première intention. Pour une maladie donnée comme les IST, il
nous renseigne encore plus sur l'engouement des populations à se faire
soigner rapidement pour minimiser la contamination dans la population.
La notification au partenaire sexuel est une stratégie
de réduction de l'incidence des IST. Le comportement des personnes
atteintes d'IST devra être en faveur d'une large information au
partenaire sexuel afin que celui-ci se soigne le plus précocement pour
contribuer à la rupture de la chaine de transmission. C'est un
complément obligatoire de traitement des IST. Cette tache n'est souvent
pas chose aisée comme l'a montré I.E. KAMBIRE [22]. Cet auteur
avait trouvé en effet dans son étude, que parmi les patients qui
ont eu recours aux FS pour leur soin, 64% des patients ont informé leurs
partenaires de la nécessité de se présenter à la FS
pour leur soin. Ce qui sous entend que 36% des enquêtés n'ont pas
donné l'information à leurs partenaires sexuels. Cette
étude montre l'importance de la déperdition de cas d'IST dans la
communauté. Cependant, elle ne s'est pas préoccuper de
vérifier si les partenaires sexuels qui ont été
informés se sont rendu effectivement à la FS pour leur soin. Cela
permettrait d'apprécier les stratégies d'approche dans le
traitement des partenaires sexuels. En dépit de cette insuffisance,
l'étude est particulièrement féconde dans la mesure elle
nous indique que la notification au partenaire sexuel n'est pas
systématique chez les patients atteints d'IST.
Enfin, la perception des IST dans les communautés
influence la lutte contre les IST. I.E. KAMBIRE [22] a trouvé dans son
étude que 41% des individus qui ont participé à
l'enquête ont honte de se présenter devant un agent de
santé pour recevoir des soins. Cette étude montre que la
perception des IST peut constituer un obstacle à la lutte et favoriser
ainsi l'augmentation de l'incidence.
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