2.1.2 : Généralités sur les IST
Les points suivants on fait l'objet de développement:
ü Epidémiologie des IST.
ü Aspects cliniques et para cliniques des IST
ü Prise en charge des IST au Burkina Faso.
2.1.2.1 : Épidémiologie des
IST
· Epidémiologie au plan mondial
[9]
Les infections sexuellement transmissibles (IST) forment un
groupe de plus de 25 entités.
Chlamydia trachomatis est le germe le plus fréquemment
retrouvé parmi les IST bactériennes dans les pays
industrialisés. Sa prévalence varie selon l'âge et le lieu
de recrutement. Elle est maximale entre 15-25 ans chez les femmes et entre
15-34 ans chez les hommes.
On estime la prévalence de 5 à 10% chez les
femmes de moins de 25 ans en France. Depuis 1996, une légère
recrudescence du nombre de détections positives de Chlamydia trachomatis
est rapportée par les laboratoires sans que l'on puisse
véritablement en identifier la cause.
L'estimation de l'incidence des gonococcies en 2003
était de 74 cas pour 100 000 hommes-années1 et de 14 cas pour 100
000 femmes-années. Ces taux sous-estiment vraisemblablement la
réalité, en particulier chez les femmes. Une augmentation du
nombre d'urétrites masculines de 200 à 370 pour 100 000
personnes-années a été observée entre 1995 et 1996
à Paris. L'augmentation importante de gonococcies ano-rectales laisse
supposer l'existence de comportements à risque chez les homo et
bisexuels.
Selon une enquête menée dans le Val de Marne en
1999, le sentiment de honte et de culpabilité généralement
associé à un diagnostic d'IST est un obstacle à
l'information et au dépistage des partenaires sexuels.
· Epidémiologie des IST au Burkina
Faso
Au plan national
Les données sur les IST sont fournies par l'annuaire
statistique de la direction des études et de la planification du
ministère de la santé.
L'incidence annuelle sur la base des diagnostics syndromiques
était de 50,27 cas pour dix mille habitants dans la population
générale en 2002 [10]. Ce taux est passé à 78,29
cas pour dix mille habitants en 2006 [11]. Les femmes sont les plus
touchées avec une proportion de 74,33% en 2002 et 82,25% en 2006. Parmi
les syndromes les plus courants, les écoulements vaginaux étaient
les plus rencontrés et représentaient 50,45% des cas en 2002 et
41,28% en 2006.
Dans le HOUET
Les données disponibles sur les IST sont insuffisantes
et très sélectives. Deux IST (gonococcie et syphilis)
étaient notifiées au niveau du système sanitaire national
afin de rendre compte de l'ampleur du problème. En 1992, 6885
consultants IST ont été notifiés, correspondant à
9,5 % des consultants de la tranche d'âge concernée de 15 à
49 ans. Les IST les plus fréquentes sur 8844 cas de consultation
étaient les suivantes [12]:
· Écoulement vaginal: 43,9 %
· Douleurs pelviennes: 33,1 %
· Écoulement urétral: 11,7 %
· Ulcérations génitales: 4,8 %
La prévalence de Chlamydia Trachomatis chez les
serveuses de bar de Bobo-Dioulasso en 1991 était de 10,4 %, et de 4,5 %
en 1994 (n=425) [13]
Dans le Kadiogo [14]
L'épidémiologie des IST dans la Province du
Kadiogo en général, et dans la ville de Ouagadougou en
particulier est connue à travers les travaux de recherche pour des
thèses de doctorat en Médecine de l'Université de
Ouagadougou, et à travers des enquêtes de prévalence
IST/VIH (enquête de prévalence IST/VIH, Ministère de la
Santé/Banque Mondiale). Cette étude avait
révélé que la prévalence des IST courantes à
Ouagadougou chez les prostituées et/ou serveuses de bar, n'est pas
différente de celle de Bobo Dioulasso. La prévalence de la
syphilis dans la population des prostituées et serveuses de bar des deux
villes était de 19,3 %.
Dans la Région du Centre Est.
§ A l'échelle régionale
Les données récentes sur la prévalence
des IST sont fournies par la notification périodique des formations
sanitaires. Selon le plan d'action 2008 de la DRS Centre-Est, la région
a enregistré en 2007 au total 4379 cas d'IST avec une forte proportion
pour le sexe féminin (77,78%), et la tranche d'âge de 15 à
29 ans représente 65,60% des cas [15]
§ Au district sanitaire de Koupéla
Graphique1: évolution des syndromes IST dans le
district sanitaire de Koupéla de 2002 à 2007. (Source: plan
d'action 2002 à 2007 du district sanitaire de
Koupéla).
On note une augmentation de l'incidence annuelle des IST de
2002 à 2007 dans le district sanitaire de Koupéla selon la
notification des FS.
2.1.2.2 : Aspects cliniques et para cliniques des
IST courants
Tableau I : Agent pathogènes et
manifestations cliniques des IST.
Agents pathogènes
|
Manifestations cliniques et autres maladies
associées
|
Infections bactériennes
Neisseria gonorrhoeae
|
GONORRHEE
Hommes : écoulement urétral
(urétrite), épididymite, orchite, stérilité
Femmes : cervicite, endométrite,
salpingite, infection génitale haute, stérilité,
rupture
prématurée des membranes,
périhépatite
Deux sexes : rectite, pharyngite, gonococcie
disséminée
Nouveau-nés : conjonctivite,
cicatrices cornéennes et cécité
|
Chlamydia trachomatis
|
CHLAMYDIOSE
Hommes : écoulement urétral
(urétrite), épididymite, orchite, stérilité
Femmes : cervicite, endométrite,
salpingite, infection génitale haute, stérilité,
rupture
prématurée des membranes,
périhépatite ; souvent asymptomatique
Deux sexes : rectite, pharyngite, syndrome de
Reiter
Nouveau-nés : conjonctivite,
pneumonie
|
Chlamydia trachomatis
(souches L1-L3)
|
LYMPHOGRANULOME VENERIEN
Deux sexes : ulcère, oedème
inguinal (bubon), rectite
|
Treponema pallidum
|
SYPHILIS
Deux sexes : ulcération primaire
(chancre) associée à une adénopathie locale,
éruption
cutanée, condylomatose ; atteintes osseuses,
cardio-vasculaires et neurologiques
Femmes : grossesses improductives
(avortement, mortinaissance), accouchement avant terme
Nouveau-nés : mortinaissance, syphilis
congénitale
|
Haemophilus ducreyi
|
CHANCRE MOU
Deux sexes : ulcères génitaux
douloureux parfois associés à un bubon
|
Klebsiella (Calymmatobacterium)
granulomatis
|
GRANULOME INGUINAL (DONOVANOSE)
Deux sexes : nodules et ulcérations
dans la sphère inguinale et anogénitale
Mycoplasma genitalium Hommes :
écoulement urétral (urétrite non gonococcique)
Femmes : vaginose bactérienne,
probablement infection génitale haute
Ureaplasma urealyticum Hommes :
écoulement urétral (urétrite non gonococcique)
Femmes : vaginose bactérienne,
probablement infection génitale haute
|
Infections virales
Virus de l'Herpes simplex (HSV) type 2
Virus de l'Herpes simplex type 1 (plus rarement)
|
HERPES GENITAL
Deux sexes : lésions
vésiculaires et ulcérations anogénitales
Nouveau-nés : herpès
néonatal (souvent mortel)
|
Papillomavirus humain (HPV)
|
CONDYLOMES ACUMINES
Hommes : condylomes péniens et anaux ;
cancer du pénis
Femmes : condylomes de la vulve, de l'anus et
du col de l'utérus, cancer du col, cancer de la ulve, cancer
anal
Nouveau-nés : papillome
laryngé
Virus de l'hépatite B (HBV) HEPATITE VIRALE
Deux sexes : hépatite aiguë,
cirrhose du foie, cancer du foie
|
Cytomégalovirus
|
INFECTION A CYTOMEGALOVIRUS
Deux sexes : fièvre infraclinique ou
non spécifique, gonflement diffus des ganglions
Lymphatiques, hépatopathie, etc.
|
Virus molluscum contagiosum
|
MOLLUSCUM CONTAGIOSUM
Deux sexes : nodules cutanés
ombiliqués et indurés généralisés ou
siégeant sur les parties génitales
|
Proto zooses
Trichomonas vaginalis
|
TRICHOMONASE
Hommes : écoulement urétral
(urétrite non gonococcique) ; souvent asymptomatique
Femmes : vaginose avec pertes vaginales
abondantes et bulleuses ; accouchement avant
terme, faible poids de naissance
Nouveau-nés : faible poids de
naissance
|
Mycoses
Candida albicans
|
CANDIDOSE
Hommes : balanite
Femmes : vulvo-vaginite avec pertes vaginales
caillebottées, démangeaisons ou brûlures vulvaires
|
Parasitoses
Phthirus pubis
Sarcoptes scabiei
|
PHTIRIASE DU PUBIS
GALE
|
Source : OMS [4]
Relation entre IST et VIH
L'apparition du VIH et du SIDA a focalisé l'attention
sur la lutte contre les IST. Il existe une forte corrélation entre la
propagation des IST classiques et la transmission du VIH, et l'on observe que
les IST qui causent ou non des ulcérations augmentent le risque de
transmission sexuelle du VIH [16].
IST
DIMINUTION
L'IMMUNITÉ
VIH
COMPORTEMENT
SEXUEL A RISQUE
Favorise la transmission
Favorise la progression
Vers la maladie
Modifie la fréquence,
l'histoire naturelle et
La susceptibilité
Source: Module 1 de formation des
agents/es de santé sur la prise en charge syndromique des IST [3]
2.1.2.3 : Prise en charge des IST au Burkina
Faso
L'OMS [4] préconise une approche globale de prise en
charge des IST comprenant :
-L'identification du syndrome ;
-Un traitement antimicrobien adapté au syndrome ;
-L'éducation et le conseil concernant les moyens de se
prémunir contre les agents pathogènes sexuellement
transmissibles, y compris le VIH, ou de réduire les risques de
contamination ;
-La promotion d'un usage correct et régulier du
préservatif ;
-La notification aux partenaires
Le Burkina Faso a adopté cette approche de l'OMS.
· Les principaux syndromes IST.
Ecoulement urétral
C'est la présence de pus dans l'urètre
antérieur, accompagné souvent de dysurie (douleur de la mixtion)
et brûlure à la mixtion (chaude pisse).
Ecoulement vaginal
Ce sont des pertes vaginales anormales par leur couleur et/ou
leur abondance accompagnée de prurit, oedème, dysurie et/ou
douleurs abdominales ou lombaires.
Ulcération génitale
C'est une perte de substance tégumentaire des organes
génitaux. Elle peut être douloureuse ou indolore et s'accompagner
de lympho-adénopathie inguinale.
Gonflement scrotal
C'est une tuméfaction du scrotum qui peut être
due à un traumatisme, une tumeur, une torsion testiculaire ou une
épididymite. L'épididymite s'accompagne
généralement de douleur, d'oedème,
d'érythème et parfois d'écoulement urétral, dysurie
et/ou pollakiurie. Le testicule est souvent enflammé (orchite).
Douleurs abdominales basses
Ce sont des douleurs qui se manifestent au bas ventre lorsque
les infections se propagent à partir du vagin et du col pour affecter
l'utérus, les trompes de Fallope, les ovaires et la paroi du pelvis.
Bubon inguinal
C'est une hypertrophie des ganglions lymphatiques de l'aine.
Elle est généralement associée à une
ulcération génitale. Elle peut aussi survenir en dehors de
toute ulcération
Balanite et balanopostite
Inflammation de la glande (balanite) et du prépuce
(posthite) accompagné d'un exsudat superficiel à distinguer d'un
écoulement urétral.
Conjonctivite du nouveau-né
Conjonctivite purulente aigue survenant au cours du premier
mois de la vie. Elle se manifeste par des paupières rouges et
gonflées ou "yeux collées" ou écoulement oculaire.
· Diagnostic et traitement.
Le diagnostic des IST dans les formations sanitaires
périphériques repose sur l'identification du syndrome. Cette
identification se fait en s'aidant des différents algorithmes de prise
en charge des IST
Le traitement des IST consiste en l'administration
d'antibiotiques aux patients atteints d'IST et à leurs partenaires
sexuels ainsi que leur éducation. Le choix du traitement se fait sur la
base des indications des algorithmes de prise en charge des IST.
L'antibiothérapie tient compte de l'étiologie
identifiée ou suspectée.
Prise en charge des partenaires sexuels
Le but est de rompre la chaîne de transmission et
d'éviter la propagation des IST et une éventuelle
réinfection. Les stratégies sont:
- Convaincre le patient initial de la nécessité
de traiter son ou ses partenaires
- Aider le patient initial à aborder son ou ses
partenaires;
- Rechercher et/ou accompagner les partenaires pour se faire
traiter;
- Traiter identiquement les partenaire(s) que le patient vu en
consultation même s'il est asymptomatique;
Education des patients et leurs partenaires
- Eduquer les patients et les inciter à modifier leur
comportement sexuel
· Prévention des IST
La prévention de toutes ces infections repose sur:
L'utilisation correcte du préservatif qui est un moyen
simple et efficace pour éviter la contamination et l'infection par des
agents infectieux responsables des IST.
En cas d'infection, prévenir le, la ou les partenaires
pour qu'ils se fassent examiner et éventuellement se faire traiter le
plus tôt possible. La chaîne de la transmission sera ainsi
interrompue.
Suivre intégralement le traitement prescrit par le
médecin.
En cas de rapports sexuels pendant le traitement, toujours
utiliser le préservatif.
Une personne qui a été atteinte par une IST
n'est cependant pas immunisée contre cette maladie. On peut être
atteint(e) plusieurs fois de suite par une même maladie sexuellement
transmissible, surtout si son, sa ou ses partenaires n'ont pas
été examinés ni traités.
dépistage systématique du VIH.
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