5.1.2: les facteurs
liés aux prestataires.
Les prestataires des services de santé sont les plus
impliqués dans la lutte contre les IST. C'est pourquoi des facteurs qui
leur sont liés tels que leur connaissance, leur qualification
professionnelle, leur expérience professionnelle et leur motivation en
matière de lutte contre les IST comptent beaucoup dans la mission
à eux confiée.
Afin d'apprécier la connaissance des prestataires sur
la lutte contre les IST, nous avons arrêté qu'un prestataire
devrait pouvoir répondre favorablement à au moins 70% des
questions relatives aux items d'évaluation des connaissances.
Les résultats donnent 30% de connaissance
générale. En d'autres termes, 30% des agents
enquêtés ont répondu favorablement à au moins 70%
des questions. Ces résultats ne semblent pas corroborés avec ceux
obtenus par A. BARGO [17] dans son étude, elle qui avait trouvé
que 82 % des prestataires ont une bonne connaissance sur les IST. Cette
différence des résultats trouve certainement son explication dans
la différence méthodologique. Mais en dépit de cette
différence méthodologique, nous estimons que nos résultats
dénotent d'une insuffisance générale de connaissance chez
les agents de santé du DSKPL car nous attendions à ce que 70% des
agents enquêtés répondent favorablement à au moins
70% des questions. En particulier, les généralités (40%),
la PEC des partenaires (53,33%) et l'enregistrement/notification (30%), sont
des items sur les quels la plupart des enquêtés ont donné
des réponses insuffisantes.
Avec le niveau atteint, on est en droit de penser que la prise
en charge et la prévention des IST se trouveront affectés et que
les actes posés par certains prestataires sont inefficaces pour
réduire l'incidence des IST dans le DSKPL. Mais l'expérience
professionnelle et la motivation des agents sont aussi des facteurs qui
participent à la variation de l'incidence des IST.
L'ancienneté de service des agents
enquêtés varie entre 1 et 18 ans avec une ancienneté
médiane de 5 ans. Cela veut dire que 50% des agents ont une
expérience professionnelle comprise entre 1 an et 5 ans et 50% ont une
expérience professionnelle comprise entre 5 ans et 18 ans. Ces
résultats ne semblent pas corroborés par d'autres études.
M. KABORE [21] a trouvé un résultat fort différent du
notre. Dans son étude, les agents ayant participé à
l'enquête avaient une ancienneté médiane de 21 ans avec un
minimum de 15 ans et un maximum de 25 ans. La différence vient du fait
que dans l'étude de M. KABORE, l'enquête n'a concerné que
des agents de santé spécialisés dans le suivi
médical des travailleuses de sexe, en générale plus
expérimentés, donc avec plusieurs années
d'expérience. Cette étude montre que la qualité des
services de santé en matière de PEC des IST requiert une bonne
expérience professionnelle de la part des agents. De ce point de vue, le
résultat auquel nous sommes parvenus dénote d'une
expérience professionnelle insuffisante dans le DSKPL dans cette
étude. Toutefois, cette insuffisance ne saurait être imputable ni
aux agents de santé, ni aux autorités sanitaires dans la mesure
où il ya chaque année de recrutement de nouveaux personnels.
Néanmoins, cette insuffisance qui, du reste, peut être
comblée par la formation continue à travers les
formations/recyclage et les supervisions, contribue à expliqué
l'augmentation de l'incidence des IST dans la mesure où les relations
entre la connaissance et les variables «formation » et
« supervision » sont statistiquement significatives au
seuil de 5%.
La formation et la supervision des agents sont des sources de
motivation pour le personnel. Dans le cadre de la lutte contre les IST, chaque
personnel devrait avoir une formation spécifique et des supervisions sur
les IST. L'étude montre que 50% des enquêtés avaient
reçu au moins une formation et 36,70% au moins une supervision au moment
de l'enquête. Ces résultats ne sont pas corroborés par
l'étude de H. OUEDRAOGO [18] qui avait trouvé que 40% des agents
avaient été recyclés et 5,9% avaient été
supervisés sur la PEC des IST. M. KABORE a trouvé
également un résultat tout à fait différent. Dans
son étude, tout le personnel avait bénéficié de
formations et de supervision au moment de l'enquête. Cette grande
différence s'explique par le fait que la population d'étude de M.
KABORE était constituée de personnel de services
spécialisés dans la PEC des IST. Toutefois, les résultats
que nous avons trouvés montrent que la motivation des agents de
santé dans le cadre de la lutte contre les IST est insuffisante. Ce qui
n'est pas sans conséquence sur les aptitudes et le rendement du
personnel dans la lutte contre les IST. Cette influence est d'autant plus
certaine que le test de khi carré montre une relation significative
entre connaissance et formation/supervision (p< 0,05)
Au total, les connaissances des prestataires dans le DSKPL
sont insuffisantes (seulement 30% des agents ont une bonne connaissance sur les
IST). L'expérience professionnelle est insuffisante (l'ancienneté
médiane est de 5 ans avec de extrêmes allant de 1 à 18
ans). Le personnel est insuffisamment motivé (la formation et la
supervision ont touché respectivement seulement 50% et 36,7% des agents
enquêtés). La situation est encore moins satisfaisante dans la
mesure où formation/recyclage, supervision et expérience
professionnelle semblent avoir un lien significatif avec la connaissance des
IST.
Ces résultats confirment alors notre deuxième
hypothèse de recherche selon laquelle les facteurs liés aux
prestataires expliquent l'incidence des IST dans le DSKPL.
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