CHAPITRE V: DISCUSSION
ET SYNTHESE DES RESULTATS
5.1 : Discussion des
résultats.
L'objectif de notre recherche est d'étudier les
déterminants de l'augmentation de l'incidence des IST dans le district
sanitaire de Koupéla. Cela nous a amené à émettre
des hypothèses relatives à cette augmentation. Les
résultats que nous avons obtenus à l'issue de l'enquête
nous ont servit à vérifier ces hypothèses. La discussion
des résultats à consisté à confronter les
résultats de l'étude aux normes et exigences en vigueur en
matière de lutte contre les IST. Nous pourrions aussi confronter nos
résultats à ceux d'études antérieures.
5.1.1: Les facteurs
liés aux services de santé.
· L'accessibilité géographique des
services de santé.
Une des conditions d'utilisation des services de santé
est la proximité des FS sanitaires périphériques aux
populations. Au BF toutes les populations vivant à moins de 10 km d'une
FS ont accès aux services de soins curatif.
Notre étude a trouvé que 89,8% des populations
enquêtées vivent à moins de 10 km d'une FS. Cette
proportion dépasse largement la proportion nationale qui était de
72,48% en 2007 [29]. A ce titre, on pourrait dire que les populations sont plus
proches des FS en matière de soins curatifs. Mais dans le cadre de la
lutte contre les IST, les 10,2% des populations qui n'ont pas accès aux
services de santé représentent une proportion non
négligeable si l'on admet que même un cas d'IST non traité
peut être une source de contamination pour beaucoup d'autres personnes.
En effet dans le contexte de sous développement que vit notre pays,
l'éloignement des FS crée des dépenses
supplémentaires en santé pour nos populations démunies.
Cela a comme conséquence le recours à d'autres moyens de soins
tels la pharmacopée traditionnelle non encore structurée, et
l'automédication dont la consommation des médicaments de la
rue.
· Mise en oeuvre des activités
d'IEC
L'amélioration de l'état de santé de la
population passe avant tout par une éducation sanitaire. Cette tache est
dévolue aux services de santé. Dans la lutte contre les IST,
l'IEC est avant et à la fin de tout processus de soins. L'état de
mise en oeuvre de cette activité peut être vérifié
auprès des populations.
Ainsi, notre étude a trouvé que 90,6% des
populations enquêtées ont déclaré avoir entendu
parler des IST par les services santé. Des conclusions
différentes de celles-ci ont été abouties par H. OUEDRAOGO
[18] qui avait trouvé dans son étude que seulement 23% des
enquêtés avaient entendu parler des IST auprès des services
de santé.
Cette proportion de 90,6% montre que beaucoup d'efforts sont
abattus par les agents de santé du DSKPL dans l'éducation des
populations en matière d'IST. Toutefois, en matière d'IST, le
renforcement des acquis doit être de rigueur.
· Disponibilité des ressources
La disponibilité des ressources en quantité et
en qualité est l'une des conditions de réussite des missions des
services de santé. Les résultats obtenus à l'issu de
l'enquête dans les services de santé donnent une idée sur
la disponibilité des ressources.
ü Les ressources humaines.
Au Burkina Faso, la norme en personnel dans les FS publiques
du 1er échelon est d'au moins 3 agents de santé.
Les FS qui ont au moins 3 agents de santé
représentent 83,3%. Cette proportion pourrait être acceptable
lorsqu'on la compare à la proportion nationale qui était de
75,95% en 2007 [29]. Mais en santé publique, la recherche de
l'efficience doit être une préoccupation constante pour les
services de santé.
ü Le matériel medico technique et
d'IEC
La disponibilité du matériel medico technique et
d'IEC est indispensable pour une bonne PEC des IST et la mise en oeuvre des
activités d'IEC. Parmi tous les matériels que nous avons
cités, chaque matériel a une fonction qui ne saurait être
remplie par un autre dans la lutte contre les IST. C'est dire que chaque FS
devrait disposer de tous ces matériels pour assurer une PEC de
qualité à la population. Mais les résultats de
l'étude montrent qu'aucune FS ne dispose de tous les 14 matériels
requis. Ce n'est pas le cas de A. BARGO [17] qui avait trouvé dans son
étude que les matériels de travail étaient tous
disponibles dans 42% des FS. Nous estimons alors qu'il ya une insuffisance en
matériel médico-technique et d'IEC dans le DSKPL. Cela pourrait
dénoter d'une mauvaise organisation des services qui a sans doute des
conséquences dans la lutte contre les IST. Cette affirmation tient du
fait que les matériels tels que les affiches IST, les GDT IST, les
lampes d'examen (ou simple torches), le pénis en bois et les
préservatifs masculins, où l'insuffisance a été le
plus constatée, sont des matériels d'acquisition aisée
pour toute FS à notre avis.
ü Les MEG et consommables IST
Les MEG et consommables sont indispensables pour la PEC et la
prévention des IST. Dans toutes les FS, trois molécules
étaient disponibles. Cependant, tous les 10 types de molécules
ou consommables requis dans une FS en matière de lutte contre les IST
n'étaient disponibles dans aucune FS. A. BARGO [17], a trouvé un
résultat fort différent du notre dans son étude. Elle a
trouvé en effet que dans 66,66% des FS, la disponibilité en MEG
était suffisante. Cette divergence des résultats est due aux
différences des critères utilisés pour apprécier la
disponibilité en MEG et consommables. Pour notre part, nous estimons
que tous les MEG et consommables dont nous avons apprécié la
disponibilité ont chacun des fonctions spécifiques et
complémentaires dans la lutte contre les IST. Cette situation
dénote d'une insuffisance de gestion des MEG dans les FS qui pourrait
affecter durement la lutte contre les IST. En effet, les conséquences de
cette situation pourraient être les traitements insuffisants,
l'insatisfaction des bénéficiaires et partant de là,
l'augmentation de l'incidence des IST.
ü Le renforcement des connaissances et
compétences
Le renforcement des connaissances et des compétences
des agents de santé est une activité continue des services de
santé. Cela se fait lors des séminaires de formation/recyclage et
les supervisions. Pour la lutte contre les IST qui est l'affaire de tout
prestataire, tout agent de santé devrait bénéficier d'une
formation en dehors de celle reçue à l'école et d'une
supervision sur la PEC et la prévention. Les résultats
d'enquête réalisée auprès des prestataires font
état d'une proportion de 50% des agents de santé ayant
reçu une formation et d'une proportion de 36,7% des agents ayant
reçu une supervision sur la lutte contre les IST. Ces résultats
dépassent ce qu'avait trouvé H. OUEDRAOGO. [18]. Elle avait en
effet trouvé que seulement 40% des prestataires ont été
formés ou recyclés et 5,9% des prestataires ont été
supervisés sur la prise en charge des IST.
Les différentes proportions que nous avons
trouvées, bien que meilleures par rapport à celles de H.
OUEDRAOGO. [18] pourraient être en deçà des attentes
compte tenue de l'impact combien important de la formation et de la supervision
sur les connaissances et la qualité des pratiques des prestataires dans
la lutte contre les IST. En effet la formation et la supervision semble avoir
une influence sur la connaissance des agents enquêtés. Le test de
khi2 est statistiquement significatif pour chacune de ces variables
(P< 0,05). En d'autres termes, la probabilité d'avoir une bonne
connaissance sur les IST quand on a été formé ou
supervisé est suffisamment plus grande que quand on n'a pas
été formé ou supervisé pour qu'on puisse dire que
la formation et supervision ont une influence sur la connaissance des IST. Ces
résultats sont corroborés par l'étude de A. DAO [20], lui
qui avait trouvé une relation significative entre la formation/recyclage
et la connaissance des IST.
Ces informations montrent que la formation et la supervision
des agents sont des déterminants significatifs dans la connaissance des
prestataires sur les IST, donc dans le renforcement de la qualité de la
lute contre les IST.
En résumé, on note une insuffisance en
matériel médico-technique et d'IEC (aucune FS ne disposait de
tous les matériels indispensables dans la lutte contre les IST), une
insuffisance en MEG et consommable (aucune FS ne disposait de tous les produits
indispensables dans les dépôts MEG) et une insuffisance dans le
renforcement des compétences et connaissance des agents (seulement 50%
des agents ont reçu une formation et 36,7% la supervision).
On arrive donc à la confirmation de notre
première hypothèse de recherche selon la quelle les facteurs
liés aux services de santé expliquent l'augmentation de
l'incidence des IST.
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