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Les enjeux géopolitiques de la "percée" chinoise au Sénégal

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par Xavier Aurégan
Institut Français de Géopolitique - Master 2007
  

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3. Les conflits d'intérêts ou le rejet des responsabilités

Il existe bien des conflits d'intérêts portant sur la présence des commerçants chinois. Plus économiques que politiques ou idéologiques, ils scindent néanmoins deux camps, deux groupes et en font ressortir deux représentations. Le patronat et les petits entrepreneurs d'un côté, conservateurs et désirant garder leur influence sur la vie économique, en refusant la concurrence chinoise, et, les consommateurs et leurs représentants de l'autre côté, progressistes, libéraux, qui accueillent avec complaisance cette concurrence positive pour les portefeuilles des plus démunis, soit la majorité de la population dakaroise. Le gouvernement quant à lui se positionne dans ce second groupe, appliquant des mesures ponctuelles pour feindre le plaidoyer (envers le

99 Senghor, socialiste, refusa tout amalgame (et projets) avec les idéologies marxistes. Proche de la social-démocratie française actuelle donc (ne remettant pas en cause le capitalisme mondial, mais en l'adaptant aux besoins nationaux).

premier cercle d'individus et syndicats). Ce faisant, il ne cherche pas le règlement des conflits, ne jouant pas son rôle, mais y trouve une occasion d'arborer ses sentiments auprès de la RPC : c'est le rejet des responsabilités.

Rejet des responsabilités également car c'est une nouvelle preuve de leur incapacité à contrôler et tenir l'économie locale. Ces organisations puissantes ne peuvent rivaliser avec le lobbying français. C'est là une frustration. Ensuite, les Libanais s'accaparant le secteur commercial, ils intègrent ces derniers, par la force des choses si je puis dire. Enfin, l'arrivée des Chinois déstabilise de fond en comble ce monopole commercial, des prix notamment. Mauvaise stratégie, manque de clairvoyance, d'objectivité et de spontanéité économique, frustration, voici comment je résumerai la situation qui en devient une représentation.

Il est significatif de voir comment moins de 200 commerçants peuvent en l'espace d'une dizaine d'années, imposer une « révolution » économique (à l'échelle du marché dakarois) et sociale. Politiquement, l'enjeu est plus emprunt de symbolique et de volonté de ne pas contrarier son nouveau partenaire que dogmatique, philosophique, idéologique. Ceci pose une question fondamentale : quelle doit être la politique d'accueil, migratoire, du Sénégal ? L'État doit il affiner les conditions d'entrées, la législation, encadrer leurs activités commerciales ? Actuellement, la réponse est non. Non seulement le gouvernement ne s'y emploie d'aucune manière, mais serai t'il intelligent politiquement, socialement, diplomatiquement, de fermer les frontières à des commerciaux qui de surcroît, profitent à la majorité ? L'État est incohérent, contradictoire et donc dans la confusion.

Je change d'échelle pour revenir au niveau économique national. La coopération entre le pays asiatique et de l'Afrique de l'Ouest reste marginale. Pourtant, en l'espace de cinq années (entre 2000 et 2005 où les deux États n'étaient pas encore liés diplomatiquement) la Chine devint incontournable : elle est la quinzième importatrice et septième exportatrice ; mille milliard de FCFA ont été injectés dans quarante projets et réalisations ; je constate une évolution négative des exportations sénégalaises mais positives à l'inverse et, surtout, la dette (balance commerciale) a augmenté de 36 % en seulement une demie décennie ! Les IDE (Investissements directs à l'étranger) chinois restent confinés à des secteurs restreints et choisis (les ressources halieutiques, le textile, le BTP). Mais ces secteurs étant primordiaux au Sénégal, ce dernier doit enrichir les liens commerciaux existants. Les grands travaux100 et les entreprises chinoises sont autant de possibilités pour le Sénégal de gagner son pari : un partenariat positif avec la Chine. Il faut d'ores et déjà comprendre que le Sénégal n'est pas en position de force pour négocier. Il ne peut que proposer de

100 Spatialisés en annexe IIn, page 158.

nouvelles associations (encore que ce soit la Chine qui le fasse, en général), les multiplier et les étayer.

Géopolitiquement, l'État de la teranga, qui donc ne doit pas toujours être perçu comme tel par les commerçants chinois, a un rôle à joué et a les cartes en main. Économiquement, le système très libéral imposé par A. Wade démontre ses limites. Le gouvernement ne contrôle que les sociétés d'État. L'économie est maîtrisée et assujetti par les Français, les Libanais et dans une moindre mesure, les Indiens et les anciens PVD, aujourd'hui NPI (Nouveaux pays industrialisés, le Brésil notamment) qui rattrapent les vieilles économies européennes issues de la révolution industrielle britannique.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe