Ce sont donc ces Chinois qui après leur fonction
professionnelle première, au Sénégal, décident de
rester afin d'y établir une activité différente. Pourquoi
ne pas la créer au pays, en Chine ? Les raisons sont simples, la
démographie (1 milliard 300 millions environ), le coût du
mètre carré, les pressions familiales et sociales (les parents et
le milieu social déterminent souvent l'avenir de l'homme) font qu'il est
difficile de créer selon ses aspirations. Le Sénégal offre
l'inverse : une industrie à développer ou tout simplement
à générer, un loyer abordable en comparaison des grandes
villes chinoises, pas de pressions occasionnées par le cercle familial
et social (car il n'est pas présent). Avec peu de moyens, on peut
facilement concevoir une société, un restaurant.
Pour démontrer et argumenter ce raisonnement, je
prendrai un cas concret, le couple Yin. Il travaille et vit au
Sénégal depuis 2002. Monsieur Yin, son contrat terminé
avec la société sénégalo-chinoise
Sénégal Pêche, il crée une société
d'export-import, puis de tourisme. Lorsque sa femme, ayant parachevé ses
études d'économie à Chicago, le rejoint, ils fondent ce
qui, selon eux, leur sert de réfrigérateur, le restaurant La Noix
d'Or. Cette étape franchie, ils peuvent à leur guise investir
dans les secteurs les plus prometteurs, j'ai nommé, le textile pour
Madame Yin et la construction pour son mari. Clairvoyants, entrepreneurs dans
l'âme, je ne doute pas un seul instant que ces projets professionnels
seront les derniers. Mme Yin est déjà en relation avec la
communauté libanaise pour fonder une société de textile en
Gambie (dans la capitale Banjul) où les salaires et taxes sont moins
élevés que dans l'État limitrophe, le
Sénégal. Tous les deux apportent à leur pays d'accueil une
valeur ajoutée, par le restaurant où les serveurs et gardiens
sont Sénégalais, par les sociétés crées
où les employés sont également autochtones. Un regret
cependant, est qu'ils ne soient que peu intégrés dans la vie
locale et en particulier, en contact avec les commerçants chinois.
Mais ils ne sont les seuls Chinois importants au
Sénégal. Les restaurateurs76 du Hanoï,
du X.Y, du Mandarin et du Saveurs d'Asie ont connu
un parcours semblable. Celui du X.Y aide les nouveaux arrivants
(commerçants) et accueille, du moins le soir où je m'y suis
rendu, une clientèle à cent pourcent chinoise (environ quinze
clients, dont des employés de Sénégal Pêche et des
commerçants). Une Chinoise, propriétaire de Les cheveux Jing
Ying est la représentante officieuse des détaillants
chinois. Malheureusement, elle avait quitté le Sénégal un
an auparavant mon arrivée. Un entretien avec un Chinois plus ou moins
retraité, car ils ne le sont jamais, louant une petite villa à
Gibraltar, m'apprend que les nouveaux migrants, arrivant sans moyens suffisants
pour importer le
76 Carte H , page 53
premier stock de marchandises, se font prêter la somme
nécessaire et remboursent au fur et à mesure : c'est ainsi qu'un
fleuriste sénégalais fait faillite, près du marché
Malien (Nord-Est du Plateau), provoquée par l'arrivée du
fleuriste asiatique, pratiquant des tarifs plus abordables.
Monsieur Yin, propriétaire de La Noix d'Or,
restaurant situé
rue Aimé Césaire angle E Fann
Résidence.
Le 3 février 2007.
Salon de coiffure Les cheveux
Jing Ying, propriété de l'ancienne représentante
officieuse
des commerçants chinois, boulevard du
général de Gaulle.
Le 14 février 2007.
Saveurs d'Asie, restaurant chinois, 21 rue de Thann,
Plateau, Dakar. Le 27 février 2007.
Restaurant X. Y., 97 rue de Bayeux angle Felix
Faure, Plateau, Dakar. Le 27 février 2007.
Restaurant Le Mandarin,
Place de l'Indépendance, Plateau, Dakar. Le 27 février
2007.
Certains commerces reflètent la réussite. Je
n'en localiserai que deux, le Lin Shi Store et le Prospere :
ces commerces n'ont aucun point commun avec les boutiques traditionnelles du
boulevard de Gaulle, de l' « allée Chinoise ». Ils proposent
des produits différents (literie, objets d'art, produits de
qualité moyenne et haute) et sont agencés à
l'occidentale.
Commerces Lin Shi Store (rue Mohammed V) et Prosp
ere placé sur l'avenue Faidherbe.
Le 27 février
2007.
Mais les commerces sont tous, mis à part ces deux
donc, de simples boutiques où les produits se chevauchent, où les
propriétaires représentent la majorité des Chinois
installés au Sénégal : les commerçants chinois.