WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enjeux géopolitiques de la "percée" chinoise au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Xavier Aurégan
Institut Français de Géopolitique - Master 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. L'Inde, les financements arabes et le Brésil

L'Inde, l'autre Asie qui monte...

L'Inde est elle un partenaire viable et conséquent du Sénégal ? Non et oui. Il n'est pas viable, dans le sens où il n'octroie pas d'aides et de financements, à l'instar de la France et de la Chine. Le Sénégal perçoit en revanche une manne non négligeable provenant des exportations. Géopolitiquement, le rôle indien est infime. Il n'en fut pas toujours ainsi (conférence de Bandung). L'Inde n'est donc qu'un partenaire économique.

127 Nettali du 5 mai 2007, http://www.nettali.net/spip.php?article3307

Globalement, elle importe pour 17,03 % des exportations totales sénégalaises mais n'exporte que pour 1,97 % seulement. Principal client devant la France, sur la période 2000-2005 (carte C, page 32), l'Inde importe des arachides, de la ferraille et surtout des acides phosphoriques et phosphates. Les produits exportés vers le Sénégal sont les tissus de coton, les médicaments et le riz. Ces exportations sont fortement concurrencées.

Le Sénégal a exporté en 2005 pour 98 milliards de FCFA d'acides phosphoriques, une progression de 4,2 % par rapport à 2004. Malgré une baisse en 2003 (80 milliards mais 119 en 2002)128, cet engrais naturel reste un des produits majeur à l'export, avec le phosphate. L'extraction est située à Matam (Nord-Est) et dans une moindre mesure à Namel (Sud-Est). L'annexe IIq, page 159, les représente. L'Inde investit aujourd'hui dans la région de Tambacounda : le fer y est en quantité importante (les réserves potentielles sont de 750 millions de tonnes) et représenteraient jusqu'à 2 milliard de dollars. Mittal Steel a remporté l'appel d'offre et attend les infrastructures devant être réalisées par l'État, afin de pouvoir commencer l'exploitation du gisement de la Falémé. Ces infrastructures sont les suivantes : le chemin de fer (750 km) en direction de la côte Ouest du Sénégal (Rufisque), la modernisation de ce dernier, une infrastructure sidérurgique et la mine en elle-même. Selon monsieur Diop, géologue à la MIFERSO (Société des Mines de Fer du Sénégal Oriental), l'extraction ne sera opérationnelle qu'en 2009 (l'exportation en 2011) mais pourrait s'étaler sur une trentaine d'années, soit autant d'années durant lesquelles le Sénégal percevra ces revenus (750 divisé par 25 millions de tonnes annuelles). Mittal Steel est le leader mondial de la sidérurgie, emploie 330 000 employés dans plus de 60 pays.

Voici la réaction de son président, Lakshmi Mittal : « Nous sommes ravis d'avoir signé hier à Dakar ces accords fermes avec l'État du Sénégal et nous avons hâte de faire avancer cet important projet. Une fois mené à terme, le projet de Falémé constituera une source importante et compétitive pour l'approvisionnement de minerai de fer à nos sites européens. Ce projet représente une étape importante dans notre stratégie visant à faire de l'Afrique Occidentale un pôle majeur d'approvisionnement en minerai de fer pour nos sites sidérurgiques dans le monde entier. Nous sommes convaincus que le Sénégal s'avérera être un emplacement stratégique pour étendre notre présence actuelle sur les marchés en essor de l'Afrique Occidentale. »129.

Il est clair que ces exportations phosphoriques permettent à l'Inde de soutenir ses révolutions verte et blanche, ainsi, ce partenariat ciblé possède encore une marge de manoeuvre satisfaisante, même si ces exportations (au niveau global) sont en baisse, de 1996 à 2005, de 7 à 3 %.

128 ANSD

129 Site Internet de la société, le 23 février 2007, http://www.arcelormittal.com/index.php?lang=en&page=49&tbPress=here&tb0=75

La révolution verte est une politique agricole permettant l'intensification des productions, notamment céréalières. Le Mexique, l'Inde et le Pakistan sont les principaux États à avoir pratiqué cette révolution. La révolution blanche est l'utilisation des ressources agricoles permettant l'essor de l'industrie laitière et de l'élevage (Iran et Inde).

Il est intéressant de voir cette complémentarité sénégalo-indienne dans ce secteur minier. Investissements indiens (ICS) et gains importants pour le Sénégal. Ce n'est pas tout, des transferts de technologie, dont manque cruellement le Sénégal, sont apportés par les firmes indiennes dont Tata.

L'Inde est présente dans les transports : les chemins de fer avec l'entreprise Rites et surtout les transports en commun que sont les autobus avec le groupe Tata et dans une moindre mesure les automobiles Mahindra. Iffco'3° et Oswald exercent dans le domaine de l'industrie chimique.

Les bus et « cars rapides » Tata sont en grande majorité ceux que l'on retrouve dans la capitale sénégalaise (cf photo). Il faut savoir que ces « cars rapides » ont été financés par la Banque Mondiale et par un prêt indien. De fait, l'exportation de véhicules indiens a fait un bond extraordinaire : de 1 million de dollars en 2004, elle atteint 24 million en 2005. Tata a crée une usine d'assemblage à Thiès pour environ 5 milliards de FCFA. Tata est le sixième constructeur mondial d'utilitaires. Son chiffre d'affaires pour 2006 est de 210 millions de dollars en Afrique (1,6 milliard de dollars au niveau international), dans des secteurs aussi variés que l'ingénierie, le cuir, les équipements informatiques, le métal et l'acier, les produits chimiques, le thé, etc....131 .

Un domaine où la concurrence franco-indienne est visible est la ferraille. Ce marché était auparavant contrôlé par la société Benex (française). Le prix d'achat était très faible (20 FCFA le kilo) mais a triplé à l'arrivée des Indiens (60 FCFA le kilo de fer, 2200 FCFA le cuivre et 600 FCFA pour l'aluminium et le laiton). Le Sénégal est aujourd'hui une plaque tournante, avec une activité en plein essor, expliquée par la main d'oeuvre disponible et de l'importante matière première disponible.

Les entreprises indiennes implantées au Sénégal sont, hormis celles citées : SAFINAGE (Société afro-indienne pour l'agriculture et l'élevage) ; Veli Sarl dans l'eau minérale et les jus de fruit ; Premier Agro Oils (« Huilerie Raffinée Transformation de Céréales Locales et Dérivés / Minoterie / Aliments volaille et bétail ») ; Indosen dans le secteur du textile et Senbus Industries dans l' « Assemblage véhicules / Montage de Cycles et Motocycles »132.

130 Indian Farmers Fertilizer Cooperative (IFFCO) détient 26 % du capital des ICS (Industries Chimiques Sénégalaises) l'unique industrie sénégalaise dans le domaine des acides phosphoriques et du phosphate.

131 Site Internet de la société, http://www.tata.com/index.htm

132 Informations obtenues à la mission économique française.

Alors quel est l'objectif du Sénégal quant aux relations entretenues avec l'Inde ? Simplement, diversifier ces partenariats trop ciblés. Ce partenaire modeste, peut, car il en a les capacités, devenir influent au Sénégal, surtout s'il continue à proposer des transferts de savoir-faire et, de fait, créer de la valeur ajoutée.

Enfin, l'Inde n'est pas exempte des aides, timides il est vrai133.

cars Tata stationnés devant le port de Dakar (le 1er mars 2007)

vue arrière d'un car Tata (1er mars 2007)

« car rapide » de marque indienne stationné devant la grande mosquée, avenue Malick Sy (le 15 février 2007)

Il me reste certains partenariats à décrypter. Les financements arabes sont les investissements des États du Maghreb, du Proche et Moyen Orient.

Les financements arabes

Tous ces pays, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Égypte, l'Arabie Saoudite ont un point en commun indéniable : leur religion, l'Islam. Ils sont géographiquement proches et ont pour certains (Maghreb) une histoire comparable, je parle ici de la colonisation française.

133 Annexe IIr, page 160.

Au regard de leur participation dérisoire dans les échanges extérieurs sénégalais, l'important est ailleurs : l'Algérie participe à 0,02 % des exportations et 0,10 % des importations sénégalaises ; le Maroc 0,39 % et 0,87 % ; la Tunisie 0,21 % et 0,53 %. Selon le classement de l'ANSD, l'Asie occidentale (comprenant le Liban, la Syrie, l'Irak, l'Iran, Israël, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Barhein, le Qatar, Dubaï, les Émirats Arabes Unis, Oman, le Yémen, et le Yémen démocratique) ne pèse que 0,25 % et 1,83 %. L'Afrique du Nord dans son ensemble (Canaries, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte et Soudan) représente elle, 1,38 % et 2,29 %, sur la période 2000-2005. Il est étonnant de voir figurer les îles espagnoles dans ce classement : elles n'y change rien mais tout de même !

Ces données reflètent donc le peu de liens commerciaux entre ces deux ensembles et le Sénégal : ajoutés, les importations et exportations n'atteignent pas 6 % (5,75 %).

Non, il faut chercher des informations auprès de la BID (Banque islamique de développement) par exemple. Créée en 1975 à Djeddah en Arabie Saoudite, elle finance des projets tels l'octroi de bourses pour les étudiants, l'assainissement de la ville sainte de Touba, la lutte contre le paludisme, la lutte contre la pauvreté, l'agriculture (coton), la micro-finance, le renforcement du secteur privé, les infrastructures routières et hydroélectriques, des projets pour l'accès à l'eau potable, l'enseignement bilingue, des salles de classes à Diourbel, Louga et Kaolack, deux lycées franco-arabes à Dakar et Kaolack, six collèges, trente écoles franco- arabes... De nombreuses et diverses aides donc134. Il faut noter l'implantation du siège de la BID pour l'Afrique, à Dakar. Cette proximité permettra de décupler les projets. La BID représente 56 États.

Il ne semble pas y avoir de conflits d'intérêts entre la France et la BID ici. Les deux parties et le Sénégal n'y trouveraient d'ailleurs aucun intérêt. Mais les sociétés françaises sont elles en concurrence avec celles provenant du Moyen-Orient. Dubaï ports World, le leader mondial, remporta les contrats du terminal à conteneurs et la construction du port du futur, pour un montant de 200 milliards de FCFA (environ 305 millions d'euros). L'appel d'offre obtenu était une priorité du groupe Bolloré. Les sociétés françaises, largement implantées dans ce secteur maritime sénégalais (pêche, transit) devront donc dorénavant composer avec celles du Moyen-Orient, ici des Émirats Arabes Unis.

Une autre source de financements est la BADEA (Banque arabe pour le développement économique en Afrique). Elle a attribué 29,5 millions de dollars en 2003 à cinq États : le Sénégal, l'île Maurice, le Kenya, la Gambie et le Zimbabwe. Le Sénégal profite également d'une enveloppe de 63,4 millions (répartie entre ce dernier, la Tanzanie, la Guinée, l'île Maurice, l'Ouganda,

134 Sources APS

au Zimbabwe et aux Seychelles). Quels sont les financements prévus ou effectués au Sénégal ? En 2005, l'assainissement des eaux de pluie de la ville de Pikine (11,4 millions de dollars), l'assainissement des eaux usées de la ville de Louga (4 millions) et le financement de micro crédits (enveloppe de 1 million de dollars). La banque administre une assistance technique : un « appui institutionnel en faveur des groupements féminins de la région de la Vallée du fleuve Sénégal », et des « services d'un expert dans le domaine de la micro-finance en appui au Fonds de Promotion Économique ». En 2004, l' « assainissement de la ville de Diourbel » et l' »alimentation en eau potable de l'axe Ndiosmone-Palmarin », une « étude de faisabilité du projet d'aménagement des casiers irrigués de la rive droite du Lampsar » et une autre « étude de faisabilité du projet de construction d'un nouvel aéroport à Dakar ». En 2003, la construction de la « route Linguère - Matam » et l' « assainissement des eaux pluviales de Grand Yoff »135.

Ces exemples démontrent une volonté affichée de financer des réalisations améliorant directement le quotidien des populations sénégalaises. Plutôt productif donc.

Lorsque le président Wade se rend dans ces pays, par exemple aux Émirats Arabes Unis (fin avril 2007), des propositions et perspectives économiques sont échangées, telles l'ouverture d'une ligne aérienne Dubaï-Dakar (en continuité vers l'Amérique du Sud), des investissements probables dans l'immobilier, le tourisme ou encore la prospection pétrolière136. Il en est de même à Téhéran en Iran où le chef d'État sénégalais signa un accord de 282,5 milliards de FCFA (plus de 430 millions d'euros) portant sur une raffinerie de cinq million de tonnes, la réalisation du réseau électrique de la ligne Touba-Tobène-Kaoloack et la création de deux usines, une de fabrication de lubrifiants et une autre de construction d'équipements et de composants électriques137.

Une source de financements, différente, est la Banque Africaine de Développement138 (BAD). Gestion du bétail ruminant, aménagements de voies de communication (85 millions de dollars pour l'aménagement de la route Labé - Sériba - Médina Gounass --Tambacounda ou encore 94 millions de dollars pour l'axe routier Mali-Sénégal), accès à l'électricité et aux ressources halieutiques dans les zones rurales sont quelques exemples. Cette banque n'est pas islamique à proprement parler. Elle est soutenue par une vingtaine de pays tiers et regroupe tous les pays africains (53). Crée en 1963, elle vit apparaître le FAD (Fonds africain pour le développement) en 1972, finançant les opérations citées. Une dernière information nécessaire, son 42e sommet (ainsi que la 33e assemblée annuelle du conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement)

135 http://www.badea.org/fr/map.html

136 L'hebdomadaire du 22 avril 2007, http://www.lhebdomadaire.info/Senegal-Le-president-Wade-soumet,3190

137 APS du 29 juin 2006.

138 http://www.afdb.org/portal/page? pageid=473,1& dad=portal& schema=PORTAL

se tint ni plus ni moins à Shanghai, dont l'ouverture fut présidée par le premier ministre Wen Jiabao. C'était la seconde fois que ce sommet était délocalisé (comprendre hors du continent africain), la première étant en Espagne en 2001.

Autant il existe une géopolitique de la langue, ici arabe, autant il existe celle des religions, musulmane dans notre cas. Les soutiens techniques et financiers proviennent pour l'essentiel de la rente pétrolière du Proche et Moyen Orient, ils sont intéressants car dirigés vers et en faveur de la population. Ceci permet aussi de faire passer certains messages : les pays industrialisés, de confession autre, ne sont pas les seuls à pourvoir en aides diverses le Sénégal, et, renforcer les relations entre États dits arabes. Une parenthèse, je dois préciser qu'à l'échelle africaine, et ce depuis les années 1970, peu de gouvernements comptent sur l'aide du « monde arabe ». Malgré leur soutien univoque lors des conflits israëlo-arabes (guerre des Six jours de 1967 et du kippour en 1973 notamment), ils ne reçurent que peu de financements (les pétrodollars).

Le Sénégal possède tout de même une particularité, celle du couple présidentiel, où A. Wade est musulman et son épouse, Viviane Wade, qui possède la double nationalité franco-sénégalaise, est chrétienne.

Je rappelle également que le Sénégal ne fait pas partie de la Ligue des États arabes.

Enfin, selon une expression populaire, je pourrai dire que le gouvernement « mange à tous les râteliers » : tentant en 2000 de s'éloigner de la France, le président se tourne vers l'Atlantique Ouest mais également vers l'Iran, le Maghreb, le Moyen-Orient et donc l'Asie. Pragmatisme et opportunisme sont évidemment deux adjectifs qualifiant la politique extérieure du Sénégal. Simplement, et personne ne peut blâmer Wade, il se tourne vers toutes les puissances en devenir, dont le Brésil fait partie.

Le Brésil

Que représente le Brésil économiquement au Sénégal ? 0,05 % des exportations totales sénégalaises et 3,08 % des importations. Là encore, le partenariat est modeste. Pour l'ensemble du continent américain ? 5,99 % aux exportations sénégalaises et 31,33 % aux importations. Il est en concurrence avec l'autre grand État américain, les États-unis : 0,54 % des exportations totales du Sénégal et 4,21 % des importations. Sur le continent, ils représentent par contre 64,13 et 42,32 %. Je rappelle que le continent américain est la quatrième région partenaire du Sénégal, après l'Europe, l'Afrique et l'Asie (devant l'Océanie).

A l'export, entre 2000 et 2005 (cartes C et D, pages 32 et 33), le Brésil ne représente que 0,3 % mais à l'import, il devient le quatrième partenaire avec 7,35 % derrière la France, les États-unis

et la RPC. Pour développer ces échanges les deux gouvernements, celui de Luiz Inâcio Lula da Silva et de A. Wade, améliorent les routes aériennes et maritimes entre les deux pays. L'ouverture de la ligne Dakar-Fortaleza en est un exemple (état de Ceará dans le Nord-Est).

Le Brésil est reconnu pour son activité agricole et agro-alimentaire. La puissance Sud- américaine a notamment développé le biocarburant (éthanol) en défrichant les territoires Nord (Norte et Centro-Oeste) et précisément dans l'état du Mato Grosso, aggravant la déforestation de la forêt amazonienne. Le Sénégal est dépendant de matières premières. Il est donc logique que le Brésil, possédant ce savoir-faire, signe des accords (biodiesel et éthanol) de coopération technique avec l'État africain. Ces carburants alternatifs au pétrole seront indispensables, pour la substitution au pétrole mais par la même occasion producteurs d'emplois et évidemment, dans le cadre du développement durable (agricole surtout). Transfert de technologie donc mais formation de ressources humaines aussi. Cet accord intervint lors de la visite officielle de A. Wade au Brésil, en mai 2007, lors de la célébration de l'anniversaire de l'indépendance brésilienne (l'ex-métropole étant le Portugal).

Le plus vaste pays de l'Amérique du Sud (8 514 877 km2) apporte par ailleurs ses compétences en matière de lutte antiacridienne (criquets). Ce fléau qui dévaste régulièrement les cultures sahéliennes est combattu, ici, avec les connaissances brésiliennes.

À l'avenant, la République fédérative du Brésil forme techniquement les producteurs laitiers (et croise ses vaches laitières (102 bovins) avec celles de Dahra, dans le centre-Nord), de viande et de l'horticulture.

Un défi extrêmement important est la lutte contre le VIH/SIDA. Brasilia collabore avec Dakar à la fabrication de médicaments antirétroviraux génériques. Deux missions techniques ont d'ores et déjà été effectuées. Sur les quelques 250 ressortissants brésiliens (au Sénégal) 12 sont médecins139.

Au niveau culturel, le Brésil soutient la restauration des sites historiques sénégalais, par exemple, l'île de Gorée et, participe activement aux côtés du Sénégal au festival mondial des arts nègres.

Le sport étant fortement ancré dans la vie quotidienne des deux pays, le football, particulièrement, est l'enjeu d'innombrables échanges techniques.

Un programme de travail sur les droits de l'Homme est aussi à l'étude entre les deux gouvernements.

Enfin, il s'est tenu au mois de novembre 2006 (du 26 au 30) le premier sommet Afrique- Amérique du Sud. Lors de cette rencontre internationale à Abuja (Nigéria), les chefs d'État et de

139 APS

gouvernement ont crée le Forum de Coopération Afrique-Amérique du Sud (qui se réunira tous les deux ans), ont adopté la Déclaration d'Abuja et son plan d'action (principes et domaines de coopération). Cette coopération politique et économique renforcée entre les deux parties doit faire face aux nombreux défis du développement et de la mondialisation. La création d'une banque Sud- Sud, la lutte contre le VIH/SIDA, le défi des biocarburants sont quelques sujets abordés lors du sommet. 57 États furent représentés, dont le Sénégal et le Brésil avec leurs présidents respectifs (45 africains et douze Sud-américains). Il faut également savoir que le nombre des Ambassades brésiliennes a plus que doublé en cinq ans : en 2002, lors de l'arrivée au pouvoir de Lula (réélu en 2006), il existait 13 ambassades sur le continent africain ; en 2007, il y en a 30.

Les Chinois ne sont donc pas seuls à investir au Sénégal.

Les grands perdants, ces prochaines années, seront sans aucun doute les Libanais. Déjà concurrencés par les sociétés françaises, ils le seront par celles provenant d'Asie et dans une moindre mesure, d'Amérique Latine. Les trois puissances de demain, de ces prochaines décennies, la RPC, l'Inde et le Brésil, possèdent les atouts et similarités pour devenir les futures partenaires politiques et économiques des États africains et notamment subsahariens. Un passé « commun » de territoires colonisés par les puissances européennes (respectivement le Royaume-Uni (Hong Kong et l'Inde) et le Portugal), une forte volonté de développement alternatif au modèle étasunien et un enjeu démographique considérable (plus de 3 milliards d'êtres humains cumulés soit la moitié de la population mondiale environ). Depuis la prise de conscience de leur force sociale, politique, idéologique, démographique et donc à terme économique, les pays du Sud (expression largement usitée par les organisations mondiales contrôlées par les pays occidentaux : ONU, Banque Mondiale et FMI) tout en se développant sur le système capitaliste mondial, apportent des notions d'entraides, de solidarités à ce mode de développement. Il est intéressant de voir la vague sociale démocrate en Amérique du Sud, de comprendre les acquis et expériences communistes dans les sociétés et économies asiatiques, africaines. Concernant la France, elle n'est plus en mesure d'imposer sa politique. Le relais privé à depuis la fin de la Traite et surtout après les indépendances repris le flambeau tricolore. Il s'agit donc d'assurer les relations diplomatiques et politiques avant tout. Des relations qui pourraient prendre la forme d'une toile d'araignée, avec une multitude d'acteurs sociaux et économiques représentant les fils fins et les acteurs diplomatiques au centre.

Il s'agit à présent de comprendre l'histoire de la Chine-Afrique. Revenir à une échelle plus petite pour appréhender la situation de la République du Sénégal dans ce contexte sino-africain.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry