L'Inde, l'autre Asie qui monte...
L'Inde est elle un partenaire viable et conséquent du
Sénégal ? Non et oui. Il n'est pas viable, dans le sens où
il n'octroie pas d'aides et de financements, à l'instar de la France et
de la Chine. Le Sénégal perçoit en revanche une manne non
négligeable provenant des exportations. Géopolitiquement, le
rôle indien est infime. Il n'en fut pas toujours ainsi (conférence
de Bandung). L'Inde n'est donc qu'un partenaire économique.
127 Nettali du 5 mai 2007,
http://www.nettali.net/spip.php?article3307
Globalement, elle importe pour 17,03 % des exportations
totales sénégalaises mais n'exporte que pour 1,97 % seulement.
Principal client devant la France, sur la période 2000-2005 (carte C,
page 32), l'Inde importe des arachides, de la ferraille et surtout des
acides phosphoriques et phosphates. Les produits exportés vers le
Sénégal sont les tissus de coton, les médicaments et le
riz. Ces exportations sont fortement concurrencées.
Le Sénégal a exporté en 2005 pour 98
milliards de FCFA d'acides phosphoriques, une progression de 4,2 % par rapport
à 2004. Malgré une baisse en 2003 (80 milliards mais 119 en
2002)128, cet engrais naturel reste un des produits majeur à
l'export, avec le phosphate. L'extraction est située à Matam
(Nord-Est) et dans une moindre mesure à Namel (Sud-Est). L'annexe
IIq, page 159, les représente. L'Inde investit aujourd'hui dans la
région de Tambacounda : le fer y est en quantité importante (les
réserves potentielles sont de 750 millions de tonnes) et
représenteraient jusqu'à 2 milliard de dollars. Mittal
Steel a remporté l'appel d'offre et attend les infrastructures
devant être réalisées par l'État, afin de pouvoir
commencer l'exploitation du gisement de la Falémé. Ces
infrastructures sont les suivantes : le chemin de fer (750 km) en direction de
la côte Ouest du Sénégal (Rufisque), la modernisation de ce
dernier, une infrastructure sidérurgique et la mine en elle-même.
Selon monsieur Diop, géologue à la MIFERSO (Société
des Mines de Fer du Sénégal Oriental), l'extraction ne sera
opérationnelle qu'en 2009 (l'exportation en 2011) mais pourrait
s'étaler sur une trentaine d'années, soit autant d'années
durant lesquelles le Sénégal percevra ces revenus (750
divisé par 25 millions de tonnes annuelles). Mittal Steel est le leader
mondial de la sidérurgie, emploie 330 000 employés dans plus de
60 pays.
Voici la réaction de son président, Lakshmi
Mittal : « Nous sommes ravis d'avoir signé hier à Dakar ces
accords fermes avec l'État du Sénégal et nous avons
hâte de faire avancer cet important projet. Une fois mené à
terme, le projet de Falémé constituera une source importante et
compétitive pour l'approvisionnement de minerai de fer à nos
sites européens. Ce projet représente une étape importante
dans notre stratégie visant à faire de l'Afrique Occidentale un
pôle majeur d'approvisionnement en minerai de fer pour nos sites
sidérurgiques dans le monde entier. Nous sommes convaincus que le
Sénégal s'avérera être un emplacement
stratégique pour étendre notre présence actuelle sur les
marchés en essor de l'Afrique Occidentale. »129.
Il est clair que ces exportations phosphoriques permettent
à l'Inde de soutenir ses révolutions verte et blanche, ainsi, ce
partenariat ciblé possède encore une marge de manoeuvre
satisfaisante, même si ces exportations (au niveau global) sont en
baisse, de 1996 à 2005, de 7 à 3 %.
128 ANSD
129 Site Internet de la société, le 23
février 2007,
http://www.arcelormittal.com/index.php?lang=en&page=49&tbPress=here&tb0=75
La révolution verte est une politique agricole
permettant l'intensification des productions, notamment
céréalières. Le Mexique, l'Inde et le Pakistan sont les
principaux États à avoir pratiqué cette révolution.
La révolution blanche est l'utilisation des ressources agricoles
permettant l'essor de l'industrie laitière et de l'élevage (Iran
et Inde).
Il est intéressant de voir cette
complémentarité sénégalo-indienne dans ce secteur
minier. Investissements indiens (ICS) et gains importants pour le
Sénégal. Ce n'est pas tout, des transferts de technologie, dont
manque cruellement le Sénégal, sont apportés par les
firmes indiennes dont Tata.
L'Inde est présente dans les transports : les chemins
de fer avec l'entreprise Rites et surtout les transports en commun que
sont les autobus avec le groupe Tata et dans une moindre mesure les
automobiles Mahindra. Iffco'3° et
Oswald exercent dans le domaine de l'industrie chimique.
Les bus et « cars rapides » Tata sont en
grande majorité ceux que l'on retrouve dans la capitale
sénégalaise (cf photo). Il faut savoir que ces « cars
rapides » ont été financés par la Banque Mondiale et
par un prêt indien. De fait, l'exportation de véhicules indiens a
fait un bond extraordinaire : de 1 million de dollars en 2004, elle atteint 24
million en 2005. Tata a crée une usine d'assemblage à
Thiès pour environ 5 milliards de FCFA. Tata est le sixième
constructeur mondial d'utilitaires. Son chiffre d'affaires pour 2006 est de 210
millions de dollars en Afrique (1,6 milliard de dollars au niveau
international), dans des secteurs aussi variés que l'ingénierie,
le cuir, les équipements informatiques, le métal et l'acier, les
produits chimiques, le thé, etc....131 .
Un domaine où la concurrence franco-indienne est
visible est la ferraille. Ce marché était auparavant
contrôlé par la société Benex (française). Le
prix d'achat était très faible (20 FCFA le kilo) mais a
triplé à l'arrivée des Indiens (60 FCFA le kilo de fer,
2200 FCFA le cuivre et 600 FCFA pour l'aluminium et le laiton). Le
Sénégal est aujourd'hui une plaque tournante, avec une
activité en plein essor, expliquée par la main d'oeuvre
disponible et de l'importante matière première disponible.
Les entreprises indiennes implantées au
Sénégal sont, hormis celles citées : SAFINAGE
(Société afro-indienne pour l'agriculture et l'élevage) ;
Veli Sarl dans l'eau minérale et les jus de fruit ; Premier Agro Oils
(« Huilerie Raffinée Transformation de Céréales
Locales et Dérivés / Minoterie / Aliments volaille et
bétail ») ; Indosen dans le secteur du textile et Senbus Industries
dans l' « Assemblage véhicules / Montage de Cycles et Motocycles
»132.
130 Indian Farmers Fertilizer Cooperative (IFFCO)
détient 26 % du capital des ICS (Industries Chimiques
Sénégalaises) l'unique industrie sénégalaise dans
le domaine des acides phosphoriques et du phosphate.
131 Site Internet de la société,
http://www.tata.com/index.htm
132 Informations obtenues à la mission économique
française.
Alors quel est l'objectif du Sénégal quant aux
relations entretenues avec l'Inde ? Simplement, diversifier ces partenariats
trop ciblés. Ce partenaire modeste, peut, car il en a les
capacités, devenir influent au Sénégal, surtout s'il
continue à proposer des transferts de savoir-faire et, de fait,
créer de la valeur ajoutée.
Enfin, l'Inde n'est pas exempte des aides, timides il est
vrai133.
cars Tata stationnés devant le port de Dakar
(le 1er mars 2007)
vue arrière d'un car Tata (1er
mars 2007)
« car rapide » de marque indienne
stationné devant la grande mosquée, avenue Malick Sy (le 15
février 2007)
Il me reste certains partenariats à décrypter. Les
financements arabes sont les investissements des États du Maghreb, du
Proche et Moyen Orient.
Les financements arabes
Tous ces pays, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la
Libye, l'Égypte, l'Arabie Saoudite ont un point en commun
indéniable : leur religion, l'Islam. Ils sont géographiquement
proches et ont pour certains (Maghreb) une histoire comparable, je parle ici de
la colonisation française.
133 Annexe IIr, page 160.
Au regard de leur participation dérisoire dans les
échanges extérieurs sénégalais, l'important est
ailleurs : l'Algérie participe à 0,02 % des exportations et 0,10
% des importations sénégalaises ; le Maroc 0,39 % et 0,87 % ; la
Tunisie 0,21 % et 0,53 %. Selon le classement de l'ANSD, l'Asie occidentale
(comprenant le Liban, la Syrie, l'Irak, l'Iran, Israël, la Jordanie,
l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Barhein, le Qatar, Dubaï, les
Émirats Arabes Unis, Oman, le Yémen, et le Yémen
démocratique) ne pèse que 0,25 % et 1,83 %. L'Afrique du Nord
dans son ensemble (Canaries, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye,
Égypte et Soudan) représente elle, 1,38 % et 2,29 %, sur la
période 2000-2005. Il est étonnant de voir figurer les îles
espagnoles dans ce classement : elles n'y change rien mais tout de même
!
Ces données reflètent donc le peu de liens
commerciaux entre ces deux ensembles et le Sénégal :
ajoutés, les importations et exportations n'atteignent pas 6 % (5,75
%).
Non, il faut chercher des informations auprès de la
BID (Banque islamique de développement) par exemple. Créée
en 1975 à Djeddah en Arabie Saoudite, elle finance des projets tels
l'octroi de bourses pour les étudiants, l'assainissement de la ville
sainte de Touba, la lutte contre le paludisme, la lutte contre la
pauvreté, l'agriculture (coton), la micro-finance, le renforcement du
secteur privé, les infrastructures routières et
hydroélectriques, des projets pour l'accès à l'eau
potable, l'enseignement bilingue, des salles de classes à Diourbel,
Louga et Kaolack, deux lycées franco-arabes à Dakar et Kaolack,
six collèges, trente écoles franco- arabes... De nombreuses et
diverses aides donc134. Il faut noter l'implantation du siège
de la BID pour l'Afrique, à Dakar. Cette proximité permettra de
décupler les projets. La BID représente 56 États.
Il ne semble pas y avoir de conflits d'intérêts
entre la France et la BID ici. Les deux parties et le Sénégal n'y
trouveraient d'ailleurs aucun intérêt. Mais les
sociétés françaises sont elles en concurrence avec celles
provenant du Moyen-Orient. Dubaï ports World, le leader mondial, remporta
les contrats du terminal à conteneurs et la construction du port du
futur, pour un montant de 200 milliards de FCFA (environ 305 millions d'euros).
L'appel d'offre obtenu était une priorité du groupe
Bolloré. Les sociétés françaises, largement
implantées dans ce secteur maritime sénégalais
(pêche, transit) devront donc dorénavant composer avec celles du
Moyen-Orient, ici des Émirats Arabes Unis.
Une autre source de financements est la BADEA (Banque arabe
pour le développement économique en Afrique). Elle a
attribué 29,5 millions de dollars en 2003 à cinq États :
le Sénégal, l'île Maurice, le Kenya, la Gambie et le
Zimbabwe. Le Sénégal profite également d'une enveloppe de
63,4 millions (répartie entre ce dernier, la Tanzanie, la Guinée,
l'île Maurice, l'Ouganda,
134 Sources APS
au Zimbabwe et aux Seychelles). Quels sont les financements
prévus ou effectués au Sénégal ? En 2005,
l'assainissement des eaux de pluie de la ville de Pikine (11,4 millions de
dollars), l'assainissement des eaux usées de la ville de Louga (4
millions) et le financement de micro crédits (enveloppe de 1 million de
dollars). La banque administre une assistance technique : un « appui
institutionnel en faveur des groupements féminins de la région de
la Vallée du fleuve Sénégal », et des « services
d'un expert dans le domaine de la micro-finance en appui au Fonds de Promotion
Économique ». En 2004, l' « assainissement de la ville de
Diourbel » et l' »alimentation en eau potable de l'axe
Ndiosmone-Palmarin », une « étude de faisabilité du
projet d'aménagement des casiers irrigués de la rive droite du
Lampsar » et une autre « étude de faisabilité du projet
de construction d'un nouvel aéroport à Dakar ». En 2003, la
construction de la « route Linguère - Matam » et l' «
assainissement des eaux pluviales de Grand Yoff »135.
Ces exemples démontrent une volonté
affichée de financer des réalisations améliorant
directement le quotidien des populations sénégalaises.
Plutôt productif donc.
Lorsque le président Wade se rend dans ces pays, par
exemple aux Émirats Arabes Unis (fin avril 2007), des propositions et
perspectives économiques sont échangées, telles
l'ouverture d'une ligne aérienne Dubaï-Dakar (en continuité
vers l'Amérique du Sud), des investissements probables dans
l'immobilier, le tourisme ou encore la prospection
pétrolière136. Il en est de même à
Téhéran en Iran où le chef d'État
sénégalais signa un accord de 282,5 milliards de FCFA (plus de
430 millions d'euros) portant sur une raffinerie de cinq million de tonnes, la
réalisation du réseau électrique de la ligne
Touba-Tobène-Kaoloack et la création de deux usines, une de
fabrication de lubrifiants et une autre de construction d'équipements et
de composants électriques137.
Une source de financements, différente, est la Banque
Africaine de Développement138 (BAD). Gestion du bétail
ruminant, aménagements de voies de communication (85 millions de dollars
pour l'aménagement de la route Labé - Sériba -
Médina Gounass --Tambacounda ou encore 94 millions de dollars pour l'axe
routier Mali-Sénégal), accès à
l'électricité et aux ressources halieutiques dans les zones
rurales sont quelques exemples. Cette banque n'est pas islamique à
proprement parler. Elle est soutenue par une vingtaine de pays tiers et
regroupe tous les pays africains (53). Crée en 1963, elle vit
apparaître le FAD (Fonds africain pour le développement) en 1972,
finançant les opérations citées. Une dernière
information nécessaire, son 42e sommet (ainsi que la
33e assemblée annuelle du conseil des gouverneurs du Fonds
africain de développement)
135
http://www.badea.org/fr/map.html
136 L'hebdomadaire du 22 avril 2007,
http://www.lhebdomadaire.info/Senegal-Le-president-Wade-soumet,3190
137 APS du 29 juin 2006.
138
http://www.afdb.org/portal/page?
pageid=473,1& dad=portal& schema=PORTAL
se tint ni plus ni moins à Shanghai, dont l'ouverture
fut présidée par le premier ministre Wen Jiabao. C'était
la seconde fois que ce sommet était délocalisé (comprendre
hors du continent africain), la première étant en Espagne en
2001.
Autant il existe une géopolitique de la langue, ici
arabe, autant il existe celle des religions, musulmane dans notre cas. Les
soutiens techniques et financiers proviennent pour l'essentiel de la rente
pétrolière du Proche et Moyen Orient, ils sont
intéressants car dirigés vers et en faveur de la population. Ceci
permet aussi de faire passer certains messages : les pays
industrialisés, de confession autre, ne sont pas les seuls à
pourvoir en aides diverses le Sénégal, et, renforcer les
relations entre États dits arabes. Une parenthèse, je dois
préciser qu'à l'échelle africaine, et ce depuis les
années 1970, peu de gouvernements comptent sur l'aide du « monde
arabe ». Malgré leur soutien univoque lors des conflits
israëlo-arabes (guerre des Six jours de 1967 et du kippour en 1973
notamment), ils ne reçurent que peu de financements (les
pétrodollars).
Le Sénégal possède tout de même une
particularité, celle du couple présidentiel, où A. Wade
est musulman et son épouse, Viviane Wade, qui possède la double
nationalité franco-sénégalaise, est chrétienne.
Je rappelle également que le Sénégal ne
fait pas partie de la Ligue des États arabes.
Enfin, selon une expression populaire, je pourrai dire que le
gouvernement « mange à tous les râteliers » : tentant en
2000 de s'éloigner de la France, le président se tourne vers
l'Atlantique Ouest mais également vers l'Iran, le Maghreb, le
Moyen-Orient et donc l'Asie. Pragmatisme et opportunisme sont évidemment
deux adjectifs qualifiant la politique extérieure du
Sénégal. Simplement, et personne ne peut blâmer Wade, il se
tourne vers toutes les puissances en devenir, dont le Brésil fait
partie.
Le Brésil
Que représente le Brésil économiquement
au Sénégal ? 0,05 % des exportations totales
sénégalaises et 3,08 % des importations. Là encore, le
partenariat est modeste. Pour l'ensemble du continent américain ? 5,99 %
aux exportations sénégalaises et 31,33 % aux importations. Il est
en concurrence avec l'autre grand État américain, les
États-unis : 0,54 % des exportations totales du Sénégal et
4,21 % des importations. Sur le continent, ils représentent par contre
64,13 et 42,32 %. Je rappelle que le continent américain est la
quatrième région partenaire du Sénégal,
après l'Europe, l'Afrique et l'Asie (devant l'Océanie).
A l'export, entre 2000 et 2005 (cartes C et D, pages
32 et 33), le Brésil ne représente que 0,3 % mais à
l'import, il devient le quatrième partenaire avec 7,35 % derrière
la France, les États-unis
et la RPC. Pour développer ces échanges les
deux gouvernements, celui de Luiz Inâcio Lula da Silva et de A. Wade,
améliorent les routes aériennes et maritimes entre les deux pays.
L'ouverture de la ligne Dakar-Fortaleza en est un exemple (état de
Ceará dans le Nord-Est).
Le Brésil est reconnu pour son activité
agricole et agro-alimentaire. La puissance Sud- américaine a notamment
développé le biocarburant (éthanol) en défrichant
les territoires Nord (Norte et Centro-Oeste) et
précisément dans l'état du Mato Grosso, aggravant
la déforestation de la forêt amazonienne. Le Sénégal
est dépendant de matières premières. Il est donc logique
que le Brésil, possédant ce savoir-faire, signe des accords
(biodiesel et éthanol) de coopération technique avec
l'État africain. Ces carburants alternatifs au pétrole seront
indispensables, pour la substitution au pétrole mais par la même
occasion producteurs d'emplois et évidemment, dans le cadre du
développement durable (agricole surtout). Transfert de technologie donc
mais formation de ressources humaines aussi. Cet accord intervint lors de la
visite officielle de A. Wade au Brésil, en mai 2007, lors de la
célébration de l'anniversaire de l'indépendance
brésilienne (l'ex-métropole étant le Portugal).
Le plus vaste pays de l'Amérique du Sud (8 514 877
km2) apporte par ailleurs ses compétences en matière
de lutte antiacridienne (criquets). Ce fléau qui dévaste
régulièrement les cultures sahéliennes est combattu, ici,
avec les connaissances brésiliennes.
À l'avenant, la République
fédérative du Brésil forme techniquement les producteurs
laitiers (et croise ses vaches laitières (102 bovins) avec celles de
Dahra, dans le centre-Nord), de viande et de l'horticulture.
Un défi extrêmement important est la lutte
contre le VIH/SIDA. Brasilia collabore avec Dakar à la fabrication de
médicaments antirétroviraux génériques. Deux
missions techniques ont d'ores et déjà été
effectuées. Sur les quelques 250 ressortissants brésiliens (au
Sénégal) 12 sont médecins139.
Au niveau culturel, le Brésil soutient la restauration
des sites historiques sénégalais, par exemple, l'île de
Gorée et, participe activement aux côtés du
Sénégal au festival mondial des arts nègres.
Le sport étant fortement ancré dans la vie
quotidienne des deux pays, le football, particulièrement, est l'enjeu
d'innombrables échanges techniques.
Un programme de travail sur les droits de l'Homme est aussi
à l'étude entre les deux gouvernements.
Enfin, il s'est tenu au mois de novembre 2006 (du 26 au 30) le
premier sommet Afrique- Amérique du Sud. Lors de cette rencontre
internationale à Abuja (Nigéria), les chefs d'État et
de
139 APS
gouvernement ont crée le Forum de Coopération
Afrique-Amérique du Sud (qui se réunira tous les deux ans), ont
adopté la Déclaration d'Abuja et son plan d'action (principes et
domaines de coopération). Cette coopération politique et
économique renforcée entre les deux parties doit faire face aux
nombreux défis du développement et de la mondialisation. La
création d'une banque Sud- Sud, la lutte contre le VIH/SIDA, le
défi des biocarburants sont quelques sujets abordés lors du
sommet. 57 États furent représentés, dont le
Sénégal et le Brésil avec leurs présidents
respectifs (45 africains et douze Sud-américains). Il faut
également savoir que le nombre des Ambassades brésiliennes a plus
que doublé en cinq ans : en 2002, lors de l'arrivée au pouvoir de
Lula (réélu en 2006), il existait 13 ambassades sur le continent
africain ; en 2007, il y en a 30.
Les Chinois ne sont donc pas seuls à investir au
Sénégal.
Les grands perdants, ces prochaines années, seront
sans aucun doute les Libanais. Déjà concurrencés par les
sociétés françaises, ils le seront par celles provenant
d'Asie et dans une moindre mesure, d'Amérique Latine. Les trois
puissances de demain, de ces prochaines décennies, la RPC, l'Inde et le
Brésil, possèdent les atouts et similarités pour devenir
les futures partenaires politiques et économiques des États
africains et notamment subsahariens. Un passé « commun » de
territoires colonisés par les puissances européennes
(respectivement le Royaume-Uni (Hong Kong et l'Inde) et le Portugal), une forte
volonté de développement alternatif au modèle
étasunien et un enjeu démographique considérable (plus de
3 milliards d'êtres humains cumulés soit la moitié de la
population mondiale environ). Depuis la prise de conscience de leur force
sociale, politique, idéologique, démographique et donc à
terme économique, les pays du Sud (expression largement usitée
par les organisations mondiales contrôlées par les pays
occidentaux : ONU, Banque Mondiale et FMI) tout en se développant sur le
système capitaliste mondial, apportent des notions d'entraides, de
solidarités à ce mode de développement. Il est
intéressant de voir la vague sociale démocrate en Amérique
du Sud, de comprendre les acquis et expériences communistes dans les
sociétés et économies asiatiques, africaines. Concernant
la France, elle n'est plus en mesure d'imposer sa politique. Le relais
privé à depuis la fin de la Traite et surtout après les
indépendances repris le flambeau tricolore. Il s'agit donc d'assurer les
relations diplomatiques et politiques avant tout. Des relations qui pourraient
prendre la forme d'une toile d'araignée, avec une multitude d'acteurs
sociaux et économiques représentant les fils fins et les acteurs
diplomatiques au centre.
Il s'agit à présent de comprendre l'histoire de la
Chine-Afrique. Revenir à une échelle plus petite pour
appréhender la situation de la République du
Sénégal dans ce contexte sino-africain.