I.1.f Benoît XVI : Encyclique « Deus caritas
est » sur le Dieu amour (2005)
Durant sa première année de pontificat,
Benoît XVI publie sa première encyclique, Deus caritas
est, le 25 décembre 2005. Cette encyclique n'est pas à
proprement parler une encyclique sociale. Le pape n'y traite pas explicitement
des questions inhérentes au travail et à l'organisation des
ressources humaines. Il véhicule toutefois des recommandations qui
peuvent éclairer les patrons d'entreprise dans leurs démarches
qu'ils souhaiteraient chrétiennes. Benoît XVI parle de «
manifestation de l'amour » dans la communauté à
travers la charité. Luc avait bien dit que « tous ceux qui
étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en
commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en
partager le prix entre tous selon les besoins de chacun.» (Ac 2,
44-45) Les pauvres ont besoin de charité, mais aussi d'une justice qui
puisse leur donner les chances d'investir leurs dons et leur bonne
volonté pour faire sortir leurs familles de la misère. Ainsi, la
charité du patron doit aller au-delà de l'entreprise, en
investissant une partie de ses profits dans des activités sociales
utiles aux pauvres, activités qui ont besoin de financement, et
même parfois d'un simple soutien moral et humain de la part des
fortunés, qui sont souvent les dirigeants et les porte- paroles de la
communauté.
I.2 Quelques interventions (lettres et allocutions) des
papes dans le monde des ouvriers et des dirigeants
I.2. a PIE XII : Allocution aux
représentants des organisations patronales et ouvrières de
l'industrie électrique italienne (Rome, 25 janvier 1946)
Dans cette allocution du 25 janvier 1946, Pie XII s'adresse
simultanément aux patrons et aux ouvriers. Il prône leur
participation à l'élaboration de l'ordre et de la paix sociale en
les invitant à collaborer à la production et en les appelant
à préserver la cohésion interne de la
société de travail et son unité. Il dénonce toute
doctrine légitimant à tout prix, et quelles que soient les
conséquences, des rapports de force et une lutte perpétuelle
entre capital et travail. Pie XII parle de « pacification sociale »,
qui ne peut être obtenue par simple affaiblissement ou élimination
de l'une des parties prenantes, à savoir les travailleurs, car ils sont
le principal moteur de la dynamique d'entreprise, le levier de la demande du
marché et le premier acteur pour vitaliser l'économie nationale.
La lutte des classes ne doit point être perçue comme une
fatalité absolue. Bien qu'il puisse toujours y avoir des contestations
en termes de répartition des gains, tant au sein de la
micro-communauté qui est l'entreprise qu'au niveau national, travail et
capital sont invités à coopérer avec harmonie. Pie XII les
unit autour des mêmes orientations afin de participer ensemble au bien
commun, fruit de leurs labeurs conjoints. « Cette unité doit
être le fondement de l'ordre social futur », dit Sa
Sainteté. La disjonction du syndicat et du patronat n'est
qu'organisationnelle. Du point de vue de leurs missions, les deux partenaires
devraient solidairement regarder dans la même direction afin de pouvoir
assurer à la communauté un bien commun mis en oeuvre par
l'interaction de leurs rapports économiques, collaborant en harmonie et
« communiquant un souffle de vie spirituelle » et de bonne
volonté.
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