3.4.2 Les conflits de
visions
Le principal problème selon Nzamujo, serait que les
conceptions du monde de la coopération internationale en matière
de développement reposent encore sur les théories
keynésiennes du financement du secteur économique, pour favoriser
le décollage économique ; or, cela serait une erreur dans la
mesure où le développement ne repose pas sur l'apport du capital,
ni sur l'aide internationale. Il ajoute que les institutions de la
coopération internationale sont en crise ; au Nord, les populations
ne croient plus en leur travail, car on n'en voit pas les résultats. De
plus, les institutions du Nord ne se remettraient pas en question, car elles
seraient aux services des gouvernements.
En fait, Songhaï propose un modèle de
développement holistique qui englobe l'environnement, les ressources
humaines, la gestion politique, la technologie et le capital financier. Pour ce
qui est des bailleurs de fonds, ils ont une approche plutôt sectorielle
selon Songhaï. Il faut ajouter que le plus important pour Songhaï,
c'est de commencer à réaliser le projet avant de demander des
fonds, afin de faire valoir la détermination de ses acteurs, et aussi
pour que ces derniers soient motivés et prêts à continuer
le financement. L'auteur ajoute :
Les bailleurs de fonds cherchent à utiliser
leur argent sans se soucier de la préparation du milieu
récepteur. Ils n'accordent trop souvent leur aide que sur la
présentation de budgets prévisionnels économiques
sans consistance réelle (idem, 107).
Songhaï rencontre des difficultés qui ne viennent
pas juste de l'extérieur (bailleurs de fonds). Songhaï
dénonce un autre problème touchant le financement des O.N.G. en
Afrique, la difficulté à mobiliser les fonds publics nationaux,
car ils sont souvent destinés aux campagnes électorales. La
coopération avec le secteur public national peut devenir risquée
si on ne sait pas imposer sa vision dès le début, selon Nzamujo.
Le milieu du développement local, où les O.N.G. usent des
« relations » pour obtenir le maximum d'argent des
bailleurs de fonds, quitte à se travestir, est un milieu où
Songhaï heurte les habitudes, non seulement celles des O.N.G., mais aussi
celles de la population locale. Un article dans Le Matinal, quotidien
béninois, du 30 octobre 2003 faisait état de vive tension entre
les stagiaires et l'administration de Songhaï qui s'est soldée par
le renvoi des stagiaires contestataires. Cette structure riche en idées
et en action rencontre aussi certains écueils et le processus de
changement des « mentalités » peut rencontrer des
obstacles de la part des étudiants. De plus, Nzamujo racontait :
Quand j'ai commencé à installer ce projet de
développement au Bénin, j'ai rencontré une
« mentalité de projet » (l'argent vient de
l'extérieur, il faut se le partager); c'est l'expression d'une perte de
foi et de confiance en soi, une incapacité à
dire : « nous pouvons le faire ». En Afrique
francophone plus qu'ailleurs, on considère qu'on n'est rien et que c'est
l'Occidental (le Blanc) qui peut tout. Alors, on attend tout de lui (idem,
p.33).
Que ce soit au niveau national ou au niveau international il y
a différentes façons de concevoir le développement et le
Fondateur de Songhaï croit que le dialogue est la base d'un partenariat
entre le Nord et le Sud et que la mondialisation n'est qu'un nouveau
défi à relever, un défi qui permettra peut-être de
renouveler le rapport entre les sociétés du Nord et celles du
Sud.
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