3.4.3 Questions de
recherches
Comme nous venons de le voir, les contradictions entre
l'approche large (développement intégré) de Songhaï
et l'approche plus pointue (développement sectoriel et par programme)
des bailleurs de fonds au Nord, sont omniprésentes. Après cette
constatation, ce qui nous intéresse principalement chez
Songhaï est le rapport qu'il entretient avec ses bailleurs de
fonds sur le plan du financement. Le
financement d'un organisme comme Songhaï doit se faire sur des bases
communes ; c'est-à-dire que la vision et la mission de l'O.N.G.
doivent être partagées de part et d'autre.
Le Projet Songhaï met l'accent sur les processus et non
les résultats ; c'est le trajet suivi et les potentialités
éveillées qui sont les vrais fruits du travail. C'est le
développement des capacités à faire face aux
problèmes et à les résoudre qui est
privilégié afin de relever des défis. Alors,
comment le projet Songhaï, projet qui ambitionne d'être un moteur de
développement national, arrive à se financer et à se
déployer sur le territoire du Bénin, par le biais de
l'« aide internationale », sans transformer sa mission pour
être en accord avec les critères de ses bailleurs de fonds qui ne
favorisent pas systématiquement les processus, mais plutôt les
résultats ?
D'une part, nous voulons savoir quels sont les critères
d'octroi de l'« aide internationale », c'est-à-dire
des bailleurs de fonds spécifiques à Songhaï. À quels
besoins répondent-ils ? Quelle sorte de développement
favorisent-ils ? D'autre part, nous voulons savoir quelles sont les
stratégies de Songhaï pour obtenir ce financement sans transformer
sa mission.
L'expérience Songhaï est donc riche en
réussites, mais aussi en obstacles et les vrais partenariats où
chaque membre se respecte sont très rares selon le fondateur du projet,
car beaucoup de bailleurs de fonds ont tendance à l'ingérence.
C'est à cet effet qu'il est intéressant de comprendre la
dynamique entre les bailleurs de fonds et le modèle de
développement de Songhaï, d'abord pour voir les différences
de visions ou dans les façons de concevoir le développement,
ensuite pour observer dans quelle mesure ces conflits de visions peuvent
être surmontés, et enfin pour proposer des pistes de
renouvellement des pratiques sociales.
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