Section 2 : Le concept de la motivation et la
théorie de l'évaluation cognitive
La motivation humaine au travail est le coeur du champ de
comportement de l'organisation. Depuis longtemps, la littérature a
examiné les effets de divers efforts sur la motivation et le
comportement, en vue de l'obtention d'un gain ou d'une récompense. Le
résultat commun de ces recherches est que toute motivation et
comportement sont influencés par l'espérance d'un gain
[Meyer-Waarden et Benavent, 2006]. Cependant, selon la théorie de
l'évaluation cognitive, l'expectation d'une augmentation du salaire pour
la performance élevée réduira la motivation
intrinsèque, et donc l'effort des salariés au travail [Deci et
Ryan, 1985]. La recherche sur la motivation a fréquemment dessiné
une distinction entre la motivation intrinsèque et extrinsèque.
Dès lors, l'objectif de cette section est, d'abord, de présenter
la notion de ces deux types de motivation des employés au sein de la
firme, et ensuite d'étudier les interactions entre les incitations
monétaires et la motivation intrinsèque par la théorie de
l'évaluation cognitive.
1- Le concept de la motivation 1-1- La motivation
extrinsèque
Dans le modèle standard de la théorie du
principal-agent, l'introduction des incitations extrinsèques (les
incitations monétaire, en particulier) ne peut pas abaisser des niveaux
d'effort des salariés; sans incitation extrinsèque, l'effort des
salariés est nécessairement au
niveau le plus bas possible74. La théorie
des attentes suggère également que l'attache des incitations
monétaires à la performance augmente la motivation
extrinsèque des employés pour dépenser l'effort et par
conséquent, la performance augmente [Phillips et Lord, 1980]. La
motivation extrinsèque relève des incitations extérieures
qui peuvent amener l'individu à se motiver pour obtenir un
élément extérieur au travail lui-même
[Alexandre-Bailley et al., 2006; Meyer-Waarden et Benavent, 2006]. Ces
éléments relèvent soit de la carotte
(rémunération, délégation, promesses), soit du
bâton (surveillance, menace, sanction) [Bénabou et Tirole, 2003].
Par conséquent, les employés sont extrinsèquement
motivés s'ils peuvent satisfaire leurs besoins indirectement,
particulièrement par la compensation
monétaire75 [Osterloh et Frey, 1999; Orsterloh et al.,
2001]. L'argent est un but qui fournit la satisfaction indépendante de
l'activité lui-même [Calder et Staw, 1975]. Ainsi, la coordination
extrinsèquement motivée dans les firmes est
réalisée en liant les motifs monétaires des
employés aux buts de la firme; et le système incitatif
idéal est la rémunération à la performance.
En outre, selon Orsterloh et Frey [1999], ou Orsterloh et al.
[2001], la motivation extrinsèque est parfois nécessaire quand la
motivation intrinsèque peut avoir un contenu indésirable, comme
l'envie ou la vengeance. Les passions non contrôlées peuvent
être donc disciplinées par les récompenses
extrinsèques. Par conséquent, dans la situation où aucune
motivation intrinsèque n'existe en premier lieu, les récompenses
monétaires peuvent augmenter l'effort des employés et alors leur
performance sera élevée.
Cependant, dans la recherche sur la motivation
intrinsèque, Deci [1971; 1972] a trouvé l'évidence que les
récompenses monétaires rendues contingentes à la
performance de la tâche peuvent réduire la motivation
intrinsèque pour exécuter cette tâche, et alors l'effort
des employés sera également inférieur.
Dans ce qui suit, nous aborderons le deuxième type de
la motivation, à savoir la motivation intrinsèque qui est
considérée comme un facteur important de l'augmentation de
l'effort des salariés dans le travail.
74 Kreps, D. M. [1997], « Intrinsic Motivation
and Extrinsic Incentives », American Economics Review, vol. 87,
n° 2, p. 360.
75 Nous soulignons.
1-2- La motivation intrinsèque
Les chercheurs ont commencé la première fois
à explorer le concept de la motivation intrinsèque dans les
années 1970 [Deci et Ryan, 2000]. Dans le cadre de la motivation
intrinsèque, les comportements sont uniquement motivés en vertu
de l'intérêt, la curiosité et le plaisir que
l'employé éprouve dans la pratique de l'activité, sans
attendre de récompense extrinsèque, notamment les
récompenses monétaires à l'activité,
c'est-à-dire qu'une fois intrinsèquement motivée, une
personne est poussée à agir pour l'amusement ou le défi
plutôt qu'en raison des poussées, des pressions ou des
récompenses externes [Ryan et Deci, 2000b; Meyer-Waarden et Benavent,
2006]. Deci et Ryan [1985] suggèrent que la motivation est
intrinsèque si une activité est entreprise pour sa propre
satisfaction immédiate du besoin. Alors, la motivation
intrinsèque est évaluée quand le comportement est
effectué pour son propre amour plutôt que pour obtenir les
renforcements matériels [Calder et Staw, 1975; Kunz et Pfaff, 2002]. Par
conséquent, la motivation intrinsèque, dérivant à
l'intérieur de la personne ou de l'activité elle-même,
affecte positivement le comportement, la performance et le bien- être.
L'incitation idéale, dans ce cas, est dans le contenu de travail
lui-même, qui doit être satisfaisant et accomplissant pour les
employés. De nombreuses expériences prouvent que la
motivation intrinsèque renforce des efforts76 [Weibel et
al., 2007]. De plus, ce type de motivation améliore l'exécution
des tâches simples quand ces tâches exigent l'effort soutenu et le
discipline [Koestner et Losier, 2002].
En bref, dans un sens, la motivation intrinsèque existe
à l'intérieur des individus, et dans un autre sens, la motivation
intrinsèque existe dans la relation entre les individus et les
activités. Puisque la motivation intrinsèque existe dans la
connexion entre une personne et une tâche, certains auteurs ont
défini d'intéressante la motivation intrinsèque
liée à la tâche, c'està-dire que les employés
exécutent la tâche sans exiger opérationnellement des
conséquences séparables parce que l'exécution d'une
activité intéressante elle-même récompense
intrinsèquement, alors que d'autres auteurs l'ont définie en
termes de satisfactions, c'est-àdire que des employés profitent
de l'engagement d'une tâche intrinsèquement
motivée77. Selon Deci and Ryan [1985; 2000], la motivation
intrinsèque est basée dans les besoins de personnes d'être
compétent et autodéterminant. Cela correspond bien à la
théorie de l'évaluation cognitive.
76 Nous soulignons.
77 Ryan, R. M. et Deci, E. L. [2000b], «
Intrinsic and Extrinsic Motivations: Classic Definitions and New Directions
», Contemporary Educational Psychology, vol. 25, n° 1, p.
56.
Par ailleurs, Osterloh et Frey [1999] ont cité certains
avantages de la motivation intrinsèque qui est supérieure
à la motivation extrinsèque dans la firme. Premièrement,
la motivation intrinsèque est nécessaire pour les tâches
qui exigent la créativité. Par contre, les personnes
extrinsèquement motivées tendent à produire la
répétition stéréotypée de ce qui fonctionne
déjà. Deuxièmement, la motivation intrinsèque aide
également à surmonter le problème multi-tâches
où les contrats ne peuvent pas complètement indiquer tous les
aspects appropriés du comportement des employés et de ses
résultats désirés. Dans ce cas, en se basant sur les
incitations monétaires, les agents se concentrent seulement sur les
aspects du travail pour lesquels des récompenses sont prévues et
négligent le travail sans récompense. L'évidence empirique
suggère que les résultats des contrats incomplets (les
problèmes multitâches) ne sont pas normalement
évalués par la rémunération variable à la
performance. En fait, les firmes comptent considérablement sur la
motivation intrinsèque. Enfin, la motivation intrinsèque permet
la génération et le transfert de la connaissance tacite dans les
conditions où la motivation extrinsèque échoue.
2- La théorie de l'évaluation
cognitive
« C'est étrange, dit Marie, j'ai commencé
à travailler dans cette association de protection des animaux comme
volontaire. Je consacrais 15 heures par semaine à faire adopter des
animaux. Et j'adorais cela. Puis, il y a 3 mois, j'ai été
engagée à temps plein, pour 9 euros de l'heure. Je fais le
même travail qu'auparavant, mais je n'y trouve plus autant de plaisir
»78.
Selon la théorie de l'évaluation cognitive,
l'introduction de récompenses extérieures, notamment les
incitations monétaires, dans le travail qui était jusqu'à
présent gratifiant pour le seul plaisir, tend à amoindrir la
motivation.
Historiquement, surtout dans la théorie bi-factorielle,
il était admis que les facteurs de motivation intrinsèque, tels
que la réalisation de soi, les responsabilités et la
compétence étaient indépendantes des mobiles
extrinsèques comme une forte rémunération, les
avancements, de bonnes relations avec les supérieurs et de bonnes
conditions de travail. Mais, la théorie de l'évaluation
cognitive, due aux travaux de Deci et Ryan depuis des années 1970, dit
autre chose. Elle prétend que le recours à une récompense
extérieure, comme le salaire contre une performance accrue, dans les
entreprises, réduit les récompenses intrinsèques, qui
découlent simplement de ce que l'employé aime faire ce qu'il
fait. Autrement dit, accorder
78 C'est un exemple de Robbins et al. [2006],
Comportements organisationnels, 12e édition, Pearson
Education France, Paris, p. 206.
une incitation monétaire à un employé qui
aime son travail fait diminuer l'intérêt intrinsèque qu'il
porte à la tâche [Robbins et al., 2006], et donc son effort au
travail diminue.
La théorie de l'évaluation cognitive argumente
que la motivation intrinsèque est suscitée par des besoins que
chaque individu développe plus ou moins, ceux de se sentir
compétent et autodéterminé [Reeve et Deci, 1996; Roussel,
2000; Ryan et Deci, 2000a; 2000b; Deci et Ryan, 2000; Gagné et Deci,
2005; Cameron et al., 2005].
La motivation intrinsèque est affectée par des
changements des sentiments de la compétence et de
l'autodétermination (l'autonomie). On assume que des
événements qui augmentent des perceptions de la compétence
et de l'autodétermination augmentent la motivation intrinsèque.
En revanche, les événements qui diminuent des perceptions de la
compétence et de l'autodétermination diminueront la motivation
intrinsèque79.
2-1- La motivation intrinsèque et
l'autonomie
Le besoin d'autonomie concerne le fait d'éprouver le
choix et de se sentir comme l'initiateur de ses propres actions [Baar et al.,
2004]. Les expériences initiales ont prouvé que les
récompenses monétaires ont miné la motivation
intrinsèque des personnes [Deci, 1971; 1972]. Ces expériences ont
soutenu la vue qu'une compréhension de motivation humaine exige une
considération des processus de motivation autre que juste le
renforcement matériel. En discutant de la signification psychologique de
la motivation intrinsèque et son sapement par les récompenses
extrinsèques, Deci a suggéré que les comportements
intrinsèquement motivés représentent le prototype des
activités autodéterminées. Les activités
autodéterminées sont les tâches que les employés
exécutent naturellement et spontanément quand ils se sentent
libres pour suivre leurs intérêts intérieurs. Ces
activités sont rapportées à un locus perçu interne
de la causalité [Ryan et Deci, 2000a; 2000b].
Comme les études par Deci l'ont suggéré,
les récompenses qui sont étroitement attachées aux normes
de performance, dans l'activité intrinsèquement
intéressante, seraient perçues comme un moyen de contrôle
(controlling). L'offre des récompenses pour atteindre des
normes de performance mènera des individus à se sentir sous
pression et provoquera un changement dans le locus perçu de la
causalité pour le comportement d'interne à externe. Ces
récompenses saperont donc des perceptions d'autodétermination, ce
qui mène à une réduction
79 Eisenberger, R. et Cameron, J. [1996], «
Detrimental Effects of Reward: Reality or Myth? », American
Psychologist, vol. 51, n° 11, p. 1155.
de la motivation intrinsèque et également
à abaisser leur effort80 dans les
activités81. Ce résultat est conforme également
à la proposition de Frey [1994]. Une méta-analyse récente
de 128 études, enjambant 3 décennies, a confirmé que non
seulement les incitations monétaires, mais également toutes les
récompenses tangibles contingentes ont miné de manière
significative la motivation intrinsèque [Deci et al., 1 999a].
Par conséquent, les stratégies de motivation
telles que les incitations monétaires sapent le sentiment de l'autonomie
des employés et mènent ainsi aux résultats non optimaux
tels que la diminution de la motivation intrinsèque, la baisse de la
créativité et une faiblesse de la résolution des
problèmes [Deci et Ryan, 1985]. En revanche, fournir des choix et des
sentiments de reconnaissance peut augmenter le sens de l'auto-initiation, et
donc ceci fournit la satisfaction au niveau du besoin de l'autonomie et produit
des résultats plus positifs.
Les études sur le terrain dans des organisations du
travail [Deci et al., 1989] ont complété les expériences
de laboratoire en prouvant, dans les arrangements du monde réel, que
fournir l'autonomie a été associé à des
résultats plus positifs, dont notamment une plus grande motivation
intrinsèque, la satisfaction accrue et un bien-être
élevé.
2-2- La motivation intrinsèque et la
compétence
La motivation intrinsèque dans les besoins des
individus est d'être compétent et autodéterminant. La
recherche s'est penchée jusqu'ici sur les manipulations
expérimentales impliquées qui affectent
l'autodétermination des individus avec un changement résultant
dans un locus perçu de la causalité et dans la motivation
intrinsèque. Nous nous tournons maintenant vers des études
liées à la compétence.
Chaque individu, à des degrés divers, cherche
à satisfaire des besoins de compétence, c'est-à-dire,
à développer ses capacités à interagir efficacement
avec son environnement (de travail, relationnel, etc.) [Roussel, 2000]. Cette
capacité se développe par l'accumulation de connaissances et
d'expérimentations lors des interactions avec son environnement mais
aussi par la force de ce besoin qui l'incite à chercher à le
maîtriser. Le besoin de compétence concerne, en fait, le fait de
réussir aux tâches de challenge de façon optimale et le
fait de pouvoir atteindre des résultats désirés [Baard et
al., 2004].
80 Nous soulignons.
81 Cameron et al. [2005], « Achievement-Based
Rewards and Intrinsic Motivation: A Test of Cognitive Mediators »,
Journal of Educational Psychology, vol. 97, n° 4, p. 642.
La relation entre la compétence perçue et la
motivation intrinsèque nécessite deux conditions82.
Premièrement, l'activité doit être parfaitement stimulante.
On ne peut pas s'attendre à ce que les activités qui sont
insignifiantes ou simples et ne fournissent donc aucun défi soient
intrinsèquement intéressantes même si l'individu se
percevait extrêmement compétent. Frey [1994] propose que «
plus une tâche est intéressante pour les agents, plus leur
motivation intrinsèque à bien exécuter la tâche est
élevée, et plus une intervention externe diminue
l'autodétermination et l'auto-évaluation perçues »
[p. 342]. Deuxièmement, pour que la compétence perçue
affecte la motivation intrinsèque, la compétence perçue
doit sortir dans le contexte d'une certaine autodétermination
perçue.
D'après Ryan and Deci [2000a; 2000b], la théorie
de l'évaluation cognitive argue que les événements et les
structures interpersonnels (par exemple, les récompenses, la
communication, le feed-back), qui induisent vers des sentiments de la
compétence pendant l'action, peuvent augmenter la motivation
intrinsèque pour cette action parce qu'ils permettent la satisfaction du
besoin psychologique de base de compétence. En conséquence, des
défis optimaux, le lancement de feed-back, et l'absence des
évaluations avilies se sont tous avérés faciliter la
motivation intrinsèque. Les études initiales ont également
prouvé que le feed-back positif de la performance a augmenté la
motivation intrinsèque [Deci, 1971], tandis que le feed-back
négatif de la performance qui implique l'incompétence l'a
diminuée [Deci et Ryan, 1985].
De même, en soulignant sur des incitations
monétaires, selon Deci et al. [1 999a], les récompenses
contingentes à la performance peuvent également transmettre aux
employés l'information positive substantielle de compétence dans
les cas où les gens exécutent bien pour obtenir un niveau de la
récompense qui signifie la performance excellente. Quand les
employés réussissent à atteindre une norme de la
performance, les récompenses monétaires donnent des informations
sur la performance qui est positivement évaluée par l'individu.
Cette évaluation mène à une plus grande compétence
perçue et peut compenser une partie d'effet négatif de la
perception du contrôle, menant de ce fait à augmenter la
motivation intrinsèque.
Ainsi, pour la théorie de l'évaluation
cognitive, les incitations monétaires réduisent l'autonomie mais
augmentent la compétence perçue. Selon cette théorie, une
plus grande compétence perçue mènera à une
motivation intrinsèque plus élevée quand les
récompenses monétaires sont perçues comme
informationnelles. En revanche, les perceptions diminuées de
82 Deci, E. L. et Ryan, R. M. [1985], Intrinsic
Motivation and Self-Determination in Human Behavior, Plenum Press, New
York, p. 58-59.
l'autonomie conduiront à abaisser la motivation
intrinsèque quand les récompenses monétaires sont
perçues comme un moyen de contrôle (controlling). Ainsi,
ce sont les perceptions de la compétence ou de contrôle des
incitations monétaires qui déterminent leurs effets sur la
motivation intrinsèque et l'effort des salariés.
D'après Ryan and Deci [2000a; 2000b], le sentiment
de la compétence n'augmentera pas la motivation intrinsèque
à moins qu'il ne soit accompagné par un sens d'autonomie ou un
locus perçu interne de la causalité83. Ainsi, la
théorie de l'évaluation cognitive indique que les employés
doivent non seulement éprouver la compétence ou
l'efficacité, mais ils doivent également éprouver leur
comportement comme autodéterminé pour que la motivation
intrinsèque soit en vue. Par cet argument, les incitations
monétaires peuvent augmenter la motivation intrinsèque par la
compétence perçue à condition qu'elles ne soient pas
perçues comme un moyen de contrôle. A l'inverse de la
théorie du principal-agent, le principal peut être moins
avantageux en fournissant un contrat incitatif à son agent que le cas
sans tel contrat [Grepperud et Pedersen, 2001; Kunz et Pfaff, 2002].
En résumé, la motivation intrinsèque fait
participer des personnes s'engageant librement dans les activités
qu'elles trouvent intéressantes, ce qui fournit la nouveauté et
le défi optimal. La recherche sur la motivation intrinsèque pour
des activités initialement intéressantes a montré
sérieusement que :
- Les événements tels que les récompenses
monétaires qui stimulent un locus perçu externe de la
causalité tendent à miner la motivation intrinsèque,
tandis que les événements tels que le choix qui stimulent un
locus perçu interne de la causalité tendent à augmenter la
motivation intrinsèque.
- Les événements tels que le feed-back
négatif qui stimulent l'incompétence perçue tendent
à miner la motivation intrinsèque, tandis que des
événements tels que le feed- back positif qui poussent la
compétence perçue tendent à augmenter la motivation
intrinsèque.
Selon la théorie de l'évaluation cognitive,
l'introduction des incitations monétaires diminuera la
motivation intrinsèque, et par conséquent, l'effort des
employés dans les activités intéressantes. En effet, elles
augmentent le sentiment de compétence mais elles détruisent le
sentiment d'autodétermination des salariés au sein de la firme.
Par ailleurs, lorsque les employés se voient promettre une
récompense matérielle (ou récompense monétaire),
ils en viennent à compter dessus et à davantage se concentrer sur
la récompense
83 Nous soulignons.
que sur la tâche ou la mission à accomplir
[Robbins et al., 2006]. Une telle diminution de l'attention à la
tâche, avec le désir d'obtenir la récompense
monétaire avec le moindre effort, réduira la
spontanéité et la flexibilité de la performance
[Eisenberger et Armeli, 1997].
Conclusion du chapitre III
En conclusion, ce chapitre rassemble certaines grandes
théories de la motivation, comme la théorie des besoins de
Maslow, la théorie bi-factorielle et aussi une grande littérature
psychologique de théorie de l'évaluation cognitive, qui cherchent
à comprendre ce qui motive les individus à travailler en
précisant notamment les effets des incitations monétaires sur
l'effort des salariés au sein de la firme. La théorie des besoins
de Maslow expliquent qu'il y a cinq besoins étant les facteurs de la
motivation au travail, ils sont à l'origine du déclenchement des
comportements des salariés. Selon la hiérarchie des besoins de
Maslow, les incitations monétaires se situent dans les besoins de niveau
inférieur. Elles ne constituent plus un facteur de motivation quand
elles sont satisfaites, et les salariés vont passer aux besoins de
niveau supérieur. Alors, chez Maslow, la motivation, par moyen des
incitations monétaires, qui pousse les salariés à l'effort
s'éteindra dès qu'elle est assouvie. Ensuite, les besoins de
niveau supérieur comme les besoins d'estime et de réalisation de
soi sont à leur tour un facteur de motivation qui pousse les
travailleurs à faire des efforts au travail.
Quant à Herzberg, les incitations monétaires ne
sont pas un facteur de motivation, mais elles ne sont qu'un facteur
extrinsèque dont le manque ou le dysfonctionnement rendent les
salariés insatisfaits, donc poussent les salariés à
réclamer en leur faveur. Par contre, leur présence apaise sans
vraiment stimuler. Les incitations monétaires sont donc utilisées
pour seulement éliminer l'insatisfaction des salariés, pas pour
les inciter à offrir un effort élevé au travail.
Dans le cadre de la théorie de l'évaluation
cognitive, elle met en évidence la responsabilité des directions
des ressources humaines, par l'orientation de leurs décisions et les
pratiques qu'elles instaurent. Le déterminant essentiel est la
configuration des emplois. Les emplois qui laissent une autonomie de
décisions, des possibilités de choisir, d'exercer ses
compétences, de les développer, qui offrent des
possibilités de feed-back sur les compétences, sur l'origine du
comportement de l'employé détiendraient les plus forts potentiels
de motivation. Dans cette théorie, les incitations monétaires ne
sont pas un facteur qui pousse les
salariés à l'effort puisqu'elles nuisent
à leur motivation intrinsèque, notamment dans les
activités intrinsèquement intéressantes. En effet, les
incitations offertes renforcent le sentiment de compétence mais minent
le sentiment d'autonomie des salariés. Dans ce cadre, les incitations
monétaires sont non seulement un facteur qui n'incite pas les
salariés à l'effort au travail, mais également un facteur
extrinsèque qui réduit le niveau d'effort des
salariés.
Dans le chapitre suivant, nous allons donc aborder les effets
négatifs des incitations monétaires sur l'effort des
employés, en étudiant la question de l'effet d'éviction de
la motivation intrinsèque par les incitations monétaires
supportée par les évidences expérimentales et empiriques
des psychologues et des économistes, et en étudiant aussi la
nouvelle perspective de l'interaction entre les récompenses
monétaires et la motivation intrinsèque des salariés.
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