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Les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul

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par El Hadji Ibrahima THIAM
Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) Dakar - Maîtrise 2004
  

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Chapitre III : DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE ET CAPACITE

DES POPULATIONS A GERER LES ACTIVITES

Les O.C.B présentent dans la zone peuvent être classées en trois types : les associations de jeunes, les groupements d'intérêts économiques et les groupements de promotion féminine. Ces organisations regroupent différentes catégories socioprofessionnelles et s'activent autour des activités économiques existantes dans la zone.

I/ LA TYPOLOGIE DES O.C B

Dans cette partie, il s'agit de déceler les forces et les faiblesses des O.C.B. Nous allons successivement voir les atouts de toutes les O.C.B par leur dynamisme, l'importance des adhérents... et les contraintes liées au manque d'organisation, l'insuffisance de revenus...

1.1 Les atouts des O.C.B.

Les O.C.B présentent beaucoup d'atouts liés à leur reconnaissance juridique, à leur dynamisme, l'importance des adhérents et des revenus, à une bonne assise financière, à une bonne organisation, à un bon niveau d'étude...

1.1.1 Les associations de jeunes

Les associations de jeunes ne sont pas nombreuses dans la zone. Elles existent seulement dans les gros villages comme Ndiakher, Leybar et Ngaye-Ngaye. Ces associations disposent de récépissés délivrés par le ministère de l'intérieur. Le nombre d'adhérents de ces associations de jeunes dépasse les cent (100) personnes. Ce sont des jeunes instruits qui ont des niveaux d'étude de l'élémentaire à l'universitaire. Il existe aussi des jeunes qui n'ont pas fait l'école française mais qui ont suivi des cours d'alphabétisation. Ces associations sont assez dynamiques et s'activent dans plusieurs activités telles que le reboisement, l'agriculture sous pluie (culture de pastèques) et dans la pêche. Les revus tirés de ces activités font l'objet d'une bonne gestion. En plus de ces activités économiques, ces associations organisent des séances de lutte traditionnelle et des soirées dansantes pour augmenter leurs revenus.

1.1.2 Les groupements d'intérêts économiques

Les G.I.E font partie des O.C.B les moins représentées dans la zone. Ils sont seulement au nombre de quatre (4). Ce sont les G.I.E Book Diom de Ndiakher, Same Sa Ngor de Leybar Boye, celui des éco gardes de la réserve et le grand G.I.E de la réserve, Liguéyeul Gueumbeul, qui regroupe plusieurs groupements de promotion féminine des villages environnants et le G.I.E des éco gardes. Ces G.I.E disposent de reconnaissance juridique au niveau du Tribunal Régional de Saint-louis au niveau de la Sous-préfecture de Rao. Les adhérents varient de cinq (G.I.E des éco gardes) à plus de cinquante (Liguéyeul Gueumbeul). Ce sont des hommes et des femmes d'âges différents qui composent ces organisations (de 15 à plus de 70 ans) avec des niveaux d'instruction parfois élevés. La plupart des membres ont fait des cours alphabétisation mais les dirigeants ont des niveaux d'étude du secondaire et universitaire. Les secteurs d'activités dans lesquels s'activent ces G.I.E sont nombreux et diversifiés. Il s'agit l'élevage (embouche bovine, l'aviculture), dans l'agriculture sous pluie (culture de pastèque), dans le maraîchage, dans les activités de gestion de la biodiversité (reboisement, pépinière), dans le commerce (quincaillerie, boutiques), dans la gestion de cabine téléphonique et dans d'autres A.G.R comme la réhabilitation des îlots de reproduction, le montage du grillage de clôture de la réserve... Ce sont des associations très dynamiques qui disposent de comptes bancaires au niveau de la C.N.C.A.S et dans des mutuelles d'épargne et de crédit comme ceux de Rao ou de Richard Toll. Des crédits leurs sont alloués par ces structures financières et par des projets et O.N.G intervenant dans la zone. Les crédits les plus importants ont été alloués par la Mutuelle d'épargne et de crédit de Richard Toll au G.I.E Same Sa Ngor de Leybar Boye (3.000.000 de francs) et par le F.E.M au G.I.E Liguéyal Gueumbeul de la réserve (1.300.000 de francs). Les autres financements ont été assurés par les structures comme RODAR International (200.000 francs au G.I.E de Leybar Boye), Wethland, l'U.N.C.A.S, Plan International. La plupart aussi des ces G.I.E (G.I.E de Ndiakher et celui de la réserve) ont noué des partenariats avec les O.N.G qui leur ont assuré des formations dans différents domaines. Ce sont des formations de gestion de la biodiversité (Reboisement, création et entretien de pépinières), de technique culturale (technique de maraîchage, gestion des cultures irriguées) d'élevage de faune, de gestion de micro crédits.


1.1.3 Les Groupements de Promotion Féminine

Les G.P.F sont les organisations les plus nombreuses et existent dans quasiment tous les villages. Ils sont juridiquement reconnus par la Sous-préfecture de Rao. Le nombre de personnes composant les G.P.F varie de trente (30) à soixante dix (70) femmes, avec des âges allant de
quinze (15) à soixante (60) ans. Certaines d'entre elles sont instruites jusqu'au niveau du secondaire ; les autres, non instruites, ont suivi des cours d'alphabétisation. Les G.P.F sont des O.C.B très dynamiques et s'activent dans plusieurs secteurs d'activités. Les femmes font du commerce, du maraîchage, du reboisement, l'aviculture... Dans les gros villages ce sont les G.P.F qui gèrent les dépôts de bouteilles de gaz, les boutiques et des cabines téléphoniques. Des micros crédits, s'élevant entre cent cinquante mille (150.000) et deux cents quinze mile (215000) francs, leurs sont alloués par les O.N.G ou par les organismes. Ce sont généralement le F.E.M, Plan International, Wethlands et les mutuelles d'épargne et de crédit qui sont leurs principaux bailleurs de fond.

Ces organisations sont habituées à travailler avec les projets et O.N.G qui leurs assurent des formations. Celles-ci tournent autour d'A.G.R comme la teinture, la couture, la transformation de déchets plastiques en produits vendables (sacs, chapeaux...). D'autres formations leurs sont aussi assurées comme la conservation des fruits et légumes, la culture sur table, la fabrication de savon, création et l'entretien de pépinière. Les structures d'encadrement sont l'A.N.C.A.R, le Corps de la Paix, l'ASPRODEP, le CARITAS...

Ces O.C.B, bien qu'ayant beaucoup d'atouts présentent aussi des faiblesses qui empêchent leur bon épanouissement.

1.2 Les contraintes des O.C.B

Les contraintes que renferment les O.C.B sont surtout les manques d'organisation, l'irrégularité des réunions, les mauvaises gestions financières, la faiblesse des revenus et des financements, les contraintes sur les A.G.R et à l'inactivité de la plupart des adhérents...

1.2.1 Les associations de jeunes

Les associations de jeunes souffrent de beaucoup de contraintes. La première est liée à l'inactivité de la majeure partie de certains membres. La zone étant un point de départ pour l'émigration, beaucoup de jeunes ne font partie des ces organisations que de nom. Ils ne participent pas aux réunions encore moins aux activités. Les élèves et les étudiants, faisant aussi partie de ces associations, ne sont actifs que pendant l'hivernage période où ils prennent leurs vacances. Ceci a conduit à un manque d'organisation causée par l'irrégularité des réunions pour la planification des activités et pour désigner les membres des bureaux. Ce sont pratiquement les mêmes dirigeants qui président aux destinées de ces organisations et pendant plusieurs années. L'autre problème, dont souffrent les associations de jeunes, est relatif à des contraintes sur les A.G.R. Car les secteurs d'activités dans lesquels s'activent ces organisations, à savoir la culture de pastèque et la pêche, souffrent de beaucoup de contraintes. Il s'agit de la salinisation, l'exéguïté des terres ainsi que le manque de poisson. Leurs activités sont limitées à la saison des pluies pour la disponibilité des membres. Les revenus tirés de ces activités des ces organisations ne sont pas importants et sont quasiment financés dans la préparation des Nationales Populaires (Nawétanes) qui se déroulent au niveau de la communauté rurale (Gandon) et même à l'échelle de l'arrondissement (Rao).

Ces associations de jeunes ne disposent pas de revenus importants et n'ont pas des comptes bancaires. Les revenus tirés des activités sont gardés par les trésoriers ou confiés à des boutiquiers. Enfin ce sont des associations dépourvues de financement et d'encadrement. Les structures, intervenant dans la zone, ne ciblent pas les jeunes dans le cadre de leurs activités. Ce qui fait que les jeunes n'ont reçu aucune formation.

1.2.2 Les groupements d'intérêts économiques (G.I.E)

L'une des contraintes de ces O.C.B est leur faible représentativité. Dans les dix huit (18) villages qui composent la zone il n'y a que quatre (4) G.I.E. Les G.I.E souffrent de la faiblesse des revenus tirés de leurs activités. C'est pourquoi les comptes qu'ils disposent dans les banques et dans les mutuelles d'épargne et de crédit ne sont pas assez fournis. La plupart des demandes de crédits dans les structures financières, ne sont pas acceptées. Ceci conduit à un ralentissement de leurs activités dû à un manque de crédit de départ. D'autres G.I.E, par contre, n'ont jamais reçu de financements. Seuls le G.I.E de Ndiakher et ceux de la réserve ont travaillé avec des projets et O.N.G intervenant dans la zone. Ce qui n'est pas le cas pour les autres G.I.E qui n'ont jusqu'à présent compté que sur leurs propres ressources c'est à dire la cotisation des membres. En plus la majeure partie des membres de ces G.I.E (exceptés ceux de la réserve) n'ont jamais fait de formation que ce soit en gestion financière, en gestion des ressources naturelles ou d'en d'autres A.G.R.

1.2.3 Les groupements de promotion féminine (G.P.F)

Les G.P.F de la zone rencontrent de nombreux problèmes pour les A.G.R, bien qu'ils soient des structures très dynamiques. Ils reçoivent dés fois des crédits allant de cent cinquante mille (150.000) à deux cents mille (215000) francs, alors qu'ils sont composés de plus de cinquante (50) femmes parfois. Les financements aussi ne sont pas réguliers et les intervalles peuvent faire deux à trois ans. Le maraîchage qui était leur principale source de revenus est de plus en plus délaissé par manque de terres et d'eau potable pour l'arrosage. L'exiguïté des terres est due à l'érection de la R.S.F.G et à l'avancée de la salinisation. Actuellement leurs activités sont plus tournées vers la gestion de cabines téléphoniques ou de dépôt de gaz, tandis que dans les petits villages les femmes s'activent dans le petit commerce. Les multiples formations en teinture, couture, transformation et conservation des fruits et légumes ne peuvent pas être appliquées à cause du manque de financement de leurs activités. Les financements qu'ils reçoivent ne sont pas très importants et ne sont pas rapidement renouvelables. Les G.P.F ne disposent pas de comptes dans les mutuelles d'épargne et de crédit encore moins dans les banques.

Photo 6 et 7 ;G.P.F de Mbambara et G.I.E des éco gardes de la R.S.F.G Clichés I.THIAM mai 2004

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