Chapitre III : DYNAMIQUE ORGANISATIONNELLE
ET CAPACITE
DES POPULATIONS A GERER LES ACTIVITES
Les O.C.B présentent dans la zone peuvent être
classées en trois types : les associations de jeunes, les
groupements d'intérêts économiques et les groupements de
promotion féminine. Ces organisations regroupent différentes
catégories socioprofessionnelles et s'activent autour des
activités économiques existantes dans la zone.
I/ LA TYPOLOGIE DES O.C B
Dans cette partie, il s'agit de déceler les forces et
les faiblesses des O.C.B. Nous allons successivement voir les atouts de toutes
les O.C.B par leur dynamisme, l'importance des adhérents... et les
contraintes liées au manque d'organisation, l'insuffisance de
revenus...
1.1 Les atouts des
O.C.B.
Les O.C.B présentent beaucoup d'atouts liés
à leur reconnaissance juridique, à leur dynamisme, l'importance
des adhérents et des revenus, à une bonne assise
financière, à une bonne organisation, à un bon niveau
d'étude...
1.1.1 Les
associations de jeunes
Les associations de jeunes ne sont pas nombreuses dans la
zone. Elles existent seulement dans les gros villages comme Ndiakher, Leybar et
Ngaye-Ngaye. Ces associations disposent de récépissés
délivrés par le ministère de l'intérieur. Le nombre
d'adhérents de ces associations de jeunes dépasse les cent (100)
personnes. Ce sont des jeunes instruits qui ont des niveaux d'étude de
l'élémentaire à l'universitaire. Il existe aussi des
jeunes qui n'ont pas fait l'école française mais qui ont suivi
des cours d'alphabétisation. Ces associations sont assez dynamiques et
s'activent dans plusieurs activités telles que le reboisement,
l'agriculture sous pluie (culture de pastèques) et dans la pêche.
Les revus tirés de ces activités font l'objet d'une bonne
gestion. En plus de ces activités économiques, ces associations
organisent des séances de lutte traditionnelle et des soirées
dansantes pour augmenter leurs revenus.
1.1.2 Les groupements
d'intérêts économiques
Les G.I.E font partie des O.C.B les moins
représentées dans la zone. Ils sont seulement au nombre de quatre
(4). Ce sont les G.I.E Book Diom de Ndiakher, Same Sa Ngor de Leybar Boye,
celui des éco gardes de la réserve et le grand G.I.E de la
réserve, Liguéyeul Gueumbeul, qui regroupe plusieurs groupements
de promotion féminine des villages environnants et le G.I.E des
éco gardes. Ces G.I.E disposent de reconnaissance juridique au niveau
du Tribunal Régional de Saint-louis au niveau de la
Sous-préfecture de Rao. Les adhérents varient de cinq (G.I.E des
éco gardes) à plus de cinquante (Liguéyeul Gueumbeul). Ce
sont des hommes et des femmes d'âges différents qui composent ces
organisations (de 15 à plus de 70 ans) avec des niveaux d'instruction
parfois élevés. La plupart des membres ont fait des cours
alphabétisation mais les dirigeants ont des niveaux d'étude du
secondaire et universitaire. Les secteurs d'activités dans lesquels
s'activent ces G.I.E sont nombreux et diversifiés. Il s'agit
l'élevage (embouche bovine, l'aviculture), dans l'agriculture sous pluie
(culture de pastèque), dans le maraîchage, dans les
activités de gestion de la biodiversité (reboisement,
pépinière), dans le commerce (quincaillerie, boutiques), dans la
gestion de cabine téléphonique et dans d'autres A.G.R comme la
réhabilitation des îlots de reproduction, le montage du grillage
de clôture de la réserve... Ce sont des associations très
dynamiques qui disposent de comptes bancaires au niveau de la C.N.C.A.S et
dans des mutuelles d'épargne et de crédit comme ceux de Rao ou de
Richard Toll. Des crédits leurs sont alloués par ces structures
financières et par des projets et O.N.G intervenant dans la zone. Les
crédits les plus importants ont été alloués par la
Mutuelle d'épargne et de crédit de Richard Toll au G.I.E Same Sa
Ngor de Leybar Boye (3.000.000 de francs) et par le F.E.M au G.I.E
Liguéyal Gueumbeul de la réserve (1.300.000 de francs). Les
autres financements ont été assurés par les structures
comme RODAR International (200.000 francs au G.I.E de Leybar Boye), Wethland,
l'U.N.C.A.S, Plan International. La plupart aussi des ces G.I.E (G.I.E de
Ndiakher et celui de la réserve) ont noué des partenariats avec
les O.N.G qui leur ont assuré des formations dans différents
domaines. Ce sont des formations de gestion de la biodiversité
(Reboisement, création et entretien de pépinières), de
technique culturale (technique de maraîchage, gestion des cultures
irriguées) d'élevage de faune, de gestion de micro
crédits.
1.1.3 Les Groupements
de Promotion Féminine
Les G.P.F sont les organisations les plus nombreuses et
existent dans quasiment tous les villages. Ils sont juridiquement reconnus par
la Sous-préfecture de Rao. Le nombre de personnes composant les G.P.F
varie de trente (30) à soixante dix (70) femmes, avec des âges
allant de quinze (15) à soixante (60) ans. Certaines d'entre elles
sont instruites jusqu'au niveau du secondaire ; les autres, non
instruites, ont suivi des cours d'alphabétisation. Les G.P.F sont des
O.C.B très dynamiques et s'activent dans plusieurs secteurs
d'activités. Les femmes font du commerce, du maraîchage, du
reboisement, l'aviculture... Dans les gros villages ce sont les G.P.F qui
gèrent les dépôts de bouteilles de gaz, les boutiques et
des cabines téléphoniques. Des micros crédits,
s'élevant entre cent cinquante mille (150.000) et deux cents quinze mile
(215000) francs, leurs sont alloués par les O.N.G ou par les organismes.
Ce sont généralement le F.E.M, Plan International, Wethlands et
les mutuelles d'épargne et de crédit qui sont leurs principaux
bailleurs de fond.
Ces organisations sont habituées à travailler
avec les projets et O.N.G qui leurs assurent des formations. Celles-ci tournent
autour d'A.G.R comme la teinture, la couture, la transformation de
déchets plastiques en produits vendables (sacs, chapeaux...). D'autres
formations leurs sont aussi assurées comme la conservation des fruits et
légumes, la culture sur table, la fabrication de savon, création
et l'entretien de pépinière. Les structures d'encadrement sont
l'A.N.C.A.R, le Corps de la Paix, l'ASPRODEP, le CARITAS...
Ces O.C.B, bien qu'ayant beaucoup d'atouts présentent
aussi des faiblesses qui empêchent leur bon épanouissement.
1.2 Les contraintes des
O.C.B
Les contraintes que renferment les O.C.B sont surtout les
manques d'organisation, l'irrégularité des réunions, les
mauvaises gestions financières, la faiblesse des revenus et des
financements, les contraintes sur les A.G.R et à l'inactivité de
la plupart des adhérents...
1.2.1
Les associations de jeunes
Les associations de jeunes souffrent de beaucoup de
contraintes. La première est liée à l'inactivité de
la majeure partie de certains membres. La zone étant un point de
départ pour l'émigration, beaucoup de jeunes ne font partie des
ces organisations que de nom. Ils ne participent pas aux réunions
encore moins aux activités. Les élèves et les
étudiants, faisant aussi partie de ces associations, ne sont actifs que
pendant l'hivernage période où ils prennent leurs vacances. Ceci
a conduit à un manque d'organisation causée par
l'irrégularité des réunions pour la planification des
activités et pour désigner les membres des bureaux. Ce sont
pratiquement les mêmes dirigeants qui président aux
destinées de ces organisations et pendant plusieurs années.
L'autre problème, dont souffrent les associations de jeunes, est relatif
à des contraintes sur les A.G.R. Car les secteurs d'activités
dans lesquels s'activent ces organisations, à savoir la culture de
pastèque et la pêche, souffrent de beaucoup de contraintes. Il
s'agit de la salinisation, l'exéguïté des terres ainsi que
le manque de poisson. Leurs activités sont limitées à la
saison des pluies pour la disponibilité des membres. Les revenus
tirés de ces activités des ces organisations ne sont pas
importants et sont quasiment financés dans la préparation des
Nationales Populaires (Nawétanes) qui se déroulent au niveau de
la communauté rurale (Gandon) et même à l'échelle de
l'arrondissement (Rao).
Ces associations de jeunes ne disposent pas de revenus
importants et n'ont pas des comptes bancaires. Les revenus tirés des
activités sont gardés par les trésoriers ou confiés
à des boutiquiers. Enfin ce sont des associations dépourvues de
financement et d'encadrement. Les structures, intervenant dans la zone, ne
ciblent pas les jeunes dans le cadre de leurs activités. Ce qui fait que
les jeunes n'ont reçu aucune formation.
1.2.2 Les
groupements d'intérêts économiques (G.I.E)
L'une des contraintes de ces O.C.B est leur faible
représentativité. Dans les dix huit (18) villages qui composent
la zone il n'y a que quatre (4) G.I.E. Les G.I.E souffrent de la faiblesse des
revenus tirés de leurs activités. C'est pourquoi les comptes
qu'ils disposent dans les banques et dans les mutuelles d'épargne et de
crédit ne sont pas assez fournis. La plupart des demandes de
crédits dans les structures financières, ne sont pas
acceptées. Ceci conduit à un ralentissement de leurs
activités dû à un manque de crédit de départ.
D'autres G.I.E, par contre, n'ont jamais reçu de financements. Seuls le
G.I.E de Ndiakher et ceux de la réserve ont travaillé avec des
projets et O.N.G intervenant dans la zone. Ce qui n'est pas le cas pour les
autres G.I.E qui n'ont jusqu'à présent compté que sur
leurs propres ressources c'est à dire la cotisation des membres. En plus
la majeure partie des membres de ces G.I.E (exceptés ceux de la
réserve) n'ont jamais fait de formation que ce soit en gestion
financière, en gestion des ressources naturelles ou d'en d'autres
A.G.R.
1.2.3 Les
groupements de promotion féminine (G.P.F)
Les G.P.F de la zone rencontrent de nombreux problèmes
pour les A.G.R, bien qu'ils soient des structures très dynamiques. Ils
reçoivent dés fois des crédits allant de cent cinquante
mille (150.000) à deux cents mille (215000) francs, alors qu'ils sont
composés de plus de cinquante (50) femmes parfois. Les financements
aussi ne sont pas réguliers et les intervalles peuvent faire deux
à trois ans. Le maraîchage qui était leur principale source
de revenus est de plus en plus délaissé par manque de terres et
d'eau potable pour l'arrosage. L'exiguïté des terres est due
à l'érection de la R.S.F.G et à l'avancée de la
salinisation. Actuellement leurs activités sont plus tournées
vers la gestion de cabines téléphoniques ou de dépôt
de gaz, tandis que dans les petits villages les femmes s'activent dans le petit
commerce. Les multiples formations en teinture, couture, transformation et
conservation des fruits et légumes ne peuvent pas être
appliquées à cause du manque de financement de leurs
activités. Les financements qu'ils reçoivent ne sont pas
très importants et ne sont pas rapidement renouvelables. Les G.P.F ne
disposent pas de comptes dans les mutuelles d'épargne et de
crédit encore moins dans les banques.
Photo 6 et 7 ;G.P.F de Mbambara et G.I.E des
éco gardes de la R.S.F.G Clichés I.THIAM
mai 2004
|