25. Les réformes périphériques
dépassant le cadre de l'économie
Une politique étrangère active (en octobre 1988,
l'URSS et la Chine s'accordent sur leur frontière orientale) et
pacifique (limitation des armements, retrait de l'Afghanistan, retrait des
vietnamiens du Cambodge, attitude plus souple envers les démocraties
populaires...)marque une évolution importante durant l'ère
Gorbatchev. Mais ces ambitions ne s'arrêtaient pas là :
En effet, M. Gorbatchev veut développer l'Etat de
Droit, il engage ainsi une profonde réforme judiciaire. Le projet permet
des progrès importants comme une restriction du champ d'application de
la peine de mort. Dans le texte figure également la volonté de
voir les organisations représentatives autres que le PC devenir, elles
aussi des groupes d'influence. Ces réformes doivent aboutir à la
création d'un véritable Etat de droit, où «tout est
permis sauf ce qui est interdit par la loi».
La glasnost (publicité) est traduit parfois à
tort par transparence, en réalité, il signifie rendre public
quelque chose de connu, il désigne le libre accès des citoyens
à l'information sur les actes de l'Etat soviétique. Cela consiste
à tenir au peuple un langage et des méthodes de
vérité pour le sortir de sa léthargie et l'associer aux
réformes à venir, ce qui implique de rétablir une certaine
liberté de discussion. Par exemple lorsque Gorbatchev fustige
publiquement l'ivrognerie, l'indiscipline, l'indifférence, il ne
relève rien des tares de la société, elles sont connues de
tous. Concrètement, la glasnost désigne le rétablissement
de la liberté de la presse et la libre dénonciation d'abus divers
longtemps considérés comme tabous dans l'URSS.
Durant cette période la glasnost vaut car elle sert la
perestroïka, ainsi la presse et les émissions
télévisées au ton nouveau ont un rôle de chambre
d'accusation contre tous ceux qui s'opposent à la perestroïka
prônée par Gorbatchev. Les dénonciations à la
télévision des difficultés d'approvisionnement en raison
des négligences humaines, des chantiers qui restent inachevés,
des entraves au développement des petites entreprises privées,
constituent autant de soutiens à la politique de réformes. Au
niveau de la presse écrite, les thèmes débattus, les
articles publiés et surtout les lettres publiées dans les
tribunes libres soutiennent souvent la politique de restructuration, attestent
de la volonté de Gorbatchev d'inciter les Soviétiques
plutôt réfractaires à sa politique, à modifier leurs
attitudes. Dans le contexte d'une lutte de plus en plus affirmée entre
réformateurs et conservateurs, la glasnost apparaît comme une
formidable arme de propagande dirigée par le secrétaire
général. L'objectif est de convaincre, notamment au sein du
parti, que le processus engagé est irréversible, car
bénéficiant d'un soutien total du pays. La glasnost est
l'occasion de s'attaquer à trois domaines privilégies : Tout
d'abord elle a permis d'aborder les réalités de la
société soviétique et d'officialiser le fait que la
société soviétique n'était pas exempte des maux
attribués aux sociétés occidentales (drogue, violence,
écologie.)
Ensuite, elle s'attelle à la lutte contre les
privilèges et la corruption qui nous le verrons plus tard ne sera pas
sans conséquence sur le devenir de la réforme.
Enfin, la glasnost, permet de découvrir des «pages
blanches» de l'histoire soviétique, achèvement de la
déstalinisation, rappel officiel de leur exil d'anciens opposants
politiques. Les frontières sont entrouvertes, les faux «malades
mentaux» et de nombreux prisonniers politiques sont
libérés.
La glasnost désigne la politique de transparence et
facilite l'expression des opinions. Elle permet de renforcer la prise de
conscience de la population dans la nécessité de réformer
le système. Elle est donc un instrument indispensable dans la
réforme globale du système en général et de
l'économie en particulier.
La perestroïka concerne également la refonte des
institutions du pays, notamment celle du système politique. Après
s'être attaqué aux réformes économiques et à
l'amélioration de la situation internationale, Gorbatchev est rapidement
parvenu à la conclusion que le succès des réformes
entreprises était étroitement lié à une
réforme parallèle des institutions. Il amorça en 88 la
nécessaire restructuration des institutions.
Parmi les mesures proposées figure la création
d'un poste de président de l'URSS, doté de pouvoirs
étendus et élu par un parlement élargi lui même
élu par le peuple. La même loi sera modifiée en 90
où il est décidé que le président de l'URSS est
élu au suffrage universel direct. Le pouvoir du président est
large. Il concentre l'ensemble du pouvoir exécutif et a la
possibilité de prendre lui-même des décrets ayant force de
loi dans l'ensemble du pays. Il peut également suspendre toute
décision du conseil des ministres. Après accord du congrès
des députés du peuple, il peut dissoudre le Soviet suprême.
De même le président de l'URSS, en sa qualité de commandant
des forces armées, peut décider de la mobilisation ou de
l'instauration de l'Etat de guerre. A travers ces réformes, Gorbatchev
veut asseoir sa légitimité en renforçant la
démocratisation des institutions. Ainsi, Gorbatchev a réussi
à transférer l'essentiel de ses pouvoirs du parti au nouvel Etat
soviétique. A la suite des premières mesures de la
perestroïka, de nombreuses organisations politiques embryonnaires
apparaissent dans la plupart des républiques
périphériques, le plus souvent sous l'appellation de Fronts
populaires. Les tendances qui s'y côtoient vont des tenants d'une
indépendance pure et simple aux militants prônant un
réaménagement des relations avec le centre. Les élections
locales qui se sont déroulées en 1990 vont leur permettre de
prendre le pouvoir dans leurs républiques. Ainsi ces
troubles nationaux, dans les différentes républiques de
l'Empire, semblent avoir été sous-estimés.
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