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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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25. Les réformes périphériques dépassant le cadre de l'économie

Une politique étrangère active (en octobre 1988, l'URSS et la Chine s'accordent sur leur frontière orientale) et pacifique (limitation des armements, retrait de l'Afghanistan, retrait des vietnamiens du Cambodge, attitude plus souple envers les démocraties populaires...)marque une évolution importante durant l'ère Gorbatchev. Mais ces ambitions ne s'arrêtaient pas là :

En effet, M. Gorbatchev veut développer l'Etat de Droit, il engage ainsi une profonde réforme judiciaire. Le projet permet des progrès importants comme une restriction du champ d'application de la peine de mort. Dans le texte figure également la volonté de voir les organisations représentatives autres que le PC devenir, elles aussi des groupes d'influence. Ces réformes doivent aboutir à la création d'un véritable Etat de droit, où «tout est permis sauf ce qui est interdit par la loi».

La glasnost (publicité) est traduit parfois à tort par transparence, en réalité, il signifie rendre public quelque chose de connu, il désigne le libre accès des citoyens à l'information sur les actes de l'Etat soviétique. Cela consiste à tenir au peuple un langage et des méthodes de vérité pour le sortir de sa léthargie et l'associer aux réformes à venir, ce qui implique de rétablir une certaine liberté de discussion. Par exemple lorsque Gorbatchev fustige publiquement l'ivrognerie, l'indiscipline, l'indifférence, il ne relève rien des tares de la société, elles sont connues de tous. Concrètement, la glasnost désigne le rétablissement de la liberté de la presse et la libre dénonciation d'abus divers longtemps considérés comme tabous dans l'URSS.

Durant cette période la glasnost vaut car elle sert la perestroïka, ainsi la presse et les émissions télévisées au ton nouveau ont un rôle de chambre d'accusation contre tous ceux qui s'opposent à la perestroïka prônée par Gorbatchev. Les dénonciations à la télévision des difficultés d'approvisionnement en raison des négligences humaines, des chantiers qui restent inachevés, des entraves au développement des petites entreprises privées, constituent autant de soutiens à la politique de réformes. Au niveau de la presse écrite, les thèmes débattus, les articles publiés et surtout les lettres publiées dans les tribunes libres soutiennent souvent la politique de restructuration, attestent de la volonté de Gorbatchev d'inciter les Soviétiques plutôt réfractaires à sa politique, à modifier leurs attitudes. Dans le contexte d'une lutte de plus en plus affirmée entre réformateurs et conservateurs, la glasnost apparaît comme une formidable arme de propagande dirigée par le secrétaire général. L'objectif est de convaincre, notamment au sein du parti, que le processus engagé est irréversible, car bénéficiant d'un soutien total du pays. La glasnost est l'occasion de s'attaquer à trois domaines privilégies : Tout d'abord elle a permis d'aborder les réalités de la société soviétique et d'officialiser le fait que la société soviétique n'était pas exempte des maux attribués aux sociétés occidentales (drogue, violence, écologie.)

Ensuite, elle s'attelle à la lutte contre les privilèges et la corruption qui nous le verrons plus tard ne sera pas sans conséquence sur le devenir de la réforme.

Enfin, la glasnost, permet de découvrir des «pages blanches» de l'histoire soviétique, achèvement de la déstalinisation, rappel officiel de leur exil d'anciens opposants politiques. Les frontières sont entrouvertes, les faux «malades mentaux» et de nombreux prisonniers politiques sont libérés.

La glasnost désigne la politique de transparence et facilite l'expression des opinions. Elle permet de renforcer la prise de conscience de la population dans la nécessité de réformer le système. Elle est donc un instrument indispensable dans la réforme globale du système en général et de l'économie en particulier.

La perestroïka concerne également la refonte des institutions du pays, notamment celle du système politique. Après s'être attaqué aux réformes économiques et à l'amélioration de la situation internationale, Gorbatchev est rapidement parvenu à la conclusion que le succès des réformes entreprises était étroitement lié à une réforme parallèle des institutions. Il amorça en 88 la nécessaire restructuration des institutions.

Parmi les mesures proposées figure la création d'un poste de président de l'URSS, doté de pouvoirs étendus et élu par un parlement élargi lui même élu par le peuple. La même loi sera modifiée en 90 où il est décidé que le président de l'URSS est élu au suffrage universel direct. Le pouvoir du président est large. Il concentre l'ensemble du pouvoir exécutif et a la possibilité de prendre lui-même des décrets ayant force de loi dans l'ensemble du pays. Il peut également suspendre toute décision du conseil des ministres. Après accord du congrès des députés du peuple, il peut dissoudre le Soviet suprême. De même le président de l'URSS, en sa qualité de commandant des forces armées, peut décider de la mobilisation ou de l'instauration de l'Etat de guerre. A travers ces réformes, Gorbatchev veut asseoir sa légitimité en renforçant la démocratisation des institutions. Ainsi, Gorbatchev a réussi à transférer l'essentiel de ses pouvoirs du parti au nouvel Etat soviétique. A la suite des premières mesures de la perestroïka, de nombreuses organisations politiques embryonnaires apparaissent dans la plupart des républiques périphériques, le plus souvent sous l'appellation de Fronts populaires. Les tendances qui s'y côtoient vont des tenants d'une indépendance pure et simple aux militants prônant un réaménagement des relations avec le centre. Les élections locales qui se sont déroulées en 1990 vont leur permettre de prendre le pouvoir dans leurs républiques. Ainsi ces troubles nationaux, dans les différentes républiques de l'Empire, semblent avoir été sous-estimés.

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