24. Réformes périphériques de
nature économique
241. Le commerce extérieur
Avec l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev, plusieurs
facteurs ont été officiellement admis pour expliquer le marasme
de l'économie soviétique : une politique d'investissement
qui s'était trop appuyée sur l'importation d'équipements
étrangers, puis le ralentissement de la croissance, deux
éléments qui ont largement contribué à la
montée de l'endettement. Lorot précise que le volet externe de la
perestroïka s'est fixé pour objectif de réduire
l'économie administrée mais aussi d'alléger la
dépendance face à l'étranger. Corriger les
déséquilibres nécessitait une réforme des
mécanismes des relations économiques extérieures.
L'économie soviétique des dix années
précédentes accuse ainsi une caractéristique rare dans
l'histoire du pays : la coexistence de stagnation économique et
d'accroissement de la dépendance extérieure. Ainsi, l'aspect
externe de la perestroïka contient une dimension patriotique. En effet
cette partie de la réforme trouve sa justification principale dans
l'atténuation de la dépendance vis à vis de
l'étranger.
Gorbatchev à son arrivée au pouvoir remet en
cause le système d'allocation administrative des biens de production
tant celui ci a décliné et semble même tombé en
panne. Ainsi, la volonté d'abandonner l'économie
administrée n'exclut pas celle de se débarrasser d'une
dépendance excessive vis à vis de l'étranger. Au
contraire, les deux maux sont associés dans une même critique au
système brejnévien, et même expliqués l'un par
l'autre.
La croissance tirée par les importations n'ayant pas
donné les résultats escomptés, c'est donc une tentative de
promotions des exportations que fait Gorbatchev.
Les trois décrets concernant les relations
économiques extérieures ont été promulgués
entre août 86 et janvier 87. Leur intention était de corriger les
déséquilibres extérieurs. Pour ce faire, trois principes
que nous allons détailler sont mis en avant : réveil de
l'esprit exportateur des entreprises soviétiques, encouragement à
la compétitivité dans les créneaux d'exportations retenus
et usage plus économe des importations
2411 Incitation à l'exportation
Le principal instrument d'incitation à l'exportation
consiste à faire revivre en l'amplifiant la pratique permettant aux
entreprises de disposer de fonds de devises. Ces fonds sont formés
à partir des recettes en devise que les entreprises s'engagent à
obtenir. Les entreprises n'ont pas un accès direct aux devises de leurs
fonds. Ces avoirs sont inscrits sur leurs comptes en roubles après une
opération de conversion utilisant des coefficients devises,
différenciés par pays, produits et types de devises. Cette
pratique est rendue nécessaire par l'écart existant entre les
prix relatifs soviétiques et internationaux. Ainsi ce
procédé permet aux entreprises de réaccéder
à leurs fonds en devises pour acquérir principalement des
équipements, et en outre des produits destinés au mieux-
être du personnel. De plus, la nouvelle pratique a des vertus
pédagogiques. Elle habitue les entreprises à l'usage d'un taux de
change. Elle leur apprend également l'autofinancement en devises :
les entreprises n'importent pas tant qu'elles n'ont pas gagné les
ressources nécessaires.
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