La perestroika ou réformer l'irreformable( Télécharger le fichier original )par Vincent Geraud Université de Toulon La Garde - Master 1 2006 |
232. La réforme des salairesLa réforme de janvier 1987 concerne les salaires : son objectif était d'exercer un phénomène de stimulation. Elle a revalorisé les salaires d'environ 30% et de façon variable selon les professions. Elle a surtout hiérarchisé les salaires. Il s'agit d'en finir dans ce domaine avec un nivellement qui constituait une source de démotivation pour les travailleurs les plus productifs et les plus qualifiés. Ceci a été fait en élargissant la grille des rémunérations. L'enveloppe salariale globale augmente de 20 à 25 % pour les ouvriers et de 30 à 35 % pour les techniciens et ingénieurs. L'écart salarial passe de 1 à 1,8 contre 1 à 1,5 précédemment entre les simples ouvriers et les cadres supérieurs. 233. Retour du commerce de grosLes orientations de juin 1987 prévoient «une transition de l'allocation centralisée des ressources matérielles et de l'attachement des utilisateurs au producteur, au commerce de gros des moyens de production.» Cette notion recouvre le remplacement du rationnement de l'approvisionnement par l'achat et la vente libre, directs et contractuels entre entreprises ou avec les organisations étatiques de gros fonctionnant désormais sur une base commerciale. L'objectif ici est de libéraliser la majeure part des relations d'échanges pour les moyens de production. Le rationnement quant à lui n'est maintenu que pour certains biens essentiels (électricité, pétrole brut, gaz, défense...) ainsi que pour les commandes d'Etat obligatoires. Le régime décentralisé de la production industrielle fonctionnera donc avec un marché libéré des moyens de production : la logique réformiste est ici cohérente dans son projet dualiste. La difficulté dans ce domaine des relations interindustrielles est de savoir comment passer de marchés ou dominent la pénurie et le rationnement administratif à des marchés plus équilibrés sans rationnement ce qui nous renvoie aux problèmes de transition évoqués précédemment. 234. La Réforme des prixLa perestroïka économique à travers toutes ses composantes sus-cités (décentralisation, autofinancement, commerce de gros) n'a de sens que si l'on envisage un changement du système de prix. Nous avons vu à cet effet lors de la première partie du mémoire les problèmes posés par les écarts entre les prix de gros et les prix de détail. Ainsi les concepteurs de la perestroïka sont conscients que les prix constituent la clé de voûte des changements envisagés, mais aussi l'un des points les plus sensibles des réformes. Pour corroborer cette idée, Pavlov le Premier ministre développe dans son ouvrage27(*) l'importance d'abandonner la politique de prix stables quand on passe aux méthodes économiques et de gestion rationnelle où les prix doivent être réels. Ainsi, le conseiller économique de Gorbatchev, Aganbeguian annonce en juillet 87 que le gouvernement russe prépare une réforme globale drastique des prix. Une refonte globale est prévue concernant tant les prix de gros que de détails La réforme se fait en deux temps : Tout d'abord il est procédé à une révision (administrative) de la structure des prix de gros, puis de détails, qui cherche à réduire l'écart entre les deux. Puis dans un deuxième temps on passe à de nouvelles modalités de formation des prix plus conformes à la réalité. Concernant les prix de gros, devront augmenter les prix carburants matières premières, produits alimentaires pour leur assurer une rentabilité normale. Alors que les prix de certains équipements mécaniques doivent être réduits. La grande nouveauté de ce système réside dans la volonté de prendre en compte les prix mondiaux dans l'établissement des prix intérieurs. Quant aux prix de détail, ils sont alignés en partant du même principe de fixation que les prix de gros sur « les dépenses socialement nécessaires de production et de commercialisation, l'utilité, la quantité et la demande effective. » Cette norme très générale définit un rapprochement des prix d'équilibres égalisant l'offre et la demande sur les différents marchés. Pour de nombreux biens de consommation de base, en particulier ceux qui sont fortement subventionnés, il faudra donc s'attendre à des augmentations substantielles ce qui aura le mérite de diminuer les subventions de l'Etat à la consommation qui est également un des objectifs poursuivis. La répercussion sur les revenus réels de la population constitue un enjeu politique décisif pour la perestroïka. Les réformateurs affirmaient que les changements dans les prix de détail n'allaient pas réduire le niveau de vie des travailleurs, certains envisagent des compensations sous forme de primes pour les bas salaires. Le problème des prix de détail étant très épineux les réformateurs se donnèrent le temps de le préparer, à tel point qu'il ne vit pas le jour. Au-delà de la révision des prix administrés est adoptée un nouveau système de prix différenciés. Trois catégories de prix sont établies : Les prix fixés centralement pour les produits les plus important, les prix contractuels établis entre producteurs et utilisateurs et enfin les prix libres, dans le cadre du principe d'une plus grande autonomie des entreprises A cette réforme des prix a été ajouté un projet de refonte du crédit. * 27 Pavlov : «Réformer le système des prix» |
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