La perestroika ou réformer l'irreformable( Télécharger le fichier original )par Vincent Geraud Université de Toulon La Garde - Master 1 2006 |
22. Mise en oeuvre de la transition : la perestroïka221. Traits généraux de l'économie de transition.Les projets de Mikhaïl Gorbatchev sont matérialisés par l'annonce (pour 1990) d'une réforme économique profonde et réelle. C'est à cette date que sont rentrés en vigueur les nouveaux principes de fixation des prix (qui augmenteront), les projets de réformes du gosplan (ministère chargé du plan) et du gossnab (ministère chargé de l'approvisionnement en matériaux et équipements). Ils s'accompagnent de l'abandon des priorités, du plan tendu et du marché de vendeurs. Le nouveau statut de l'entreprise permet une gestion décentralisée, et la nouvelle réglementation des salaires, qui renforce la différenciation, prend son sens avec des marchés de consommateurs assouplis par la loi des activités individuelles. Tous ces éléments étant liés, il se pose un problème de transition : le système soviétique dans sa complexité doit changer, mais comment un système aussi ancré dans les mentalités depuis des décennies peut-t-il évoluer ? Richet explique qu'«on ne passe pas au marché en quelques mois, surtout dans une économie ou les mécanismes de marché ont été neutralisés et où l'esprit d'entreprise a été éradiqué»24(*). Ce sont donc des institutions nouvelles qu'il faut créer, des mécanismes de marché qu'il faut construire, la propriété qu'il faut changer, une nouvelle culture qu'il faut inculquer. Pour toutes ces raisons, le passage vers le marché pose le problème de l'ampleur qu'il doit avoir, de la vitesse à laquelle il doit s'opérer et de l'enchaînement des mesures. Pour Richet, on aurait pu penser avec le retour de la démocratie dans les pays de l'Est que ces nations passerait rapidement d'une économie planifiée à une économie de marché : cette opinion généralement partagée au lendemain de la chute du mur de Berlin, a été contestée, la transition a connu des succès divers et a été plus ou moins douloureuse selon les pays. Le passage d'une économie centralement planifiée à une économie de marché s'est avéré partout plus long, plus difficile et plus coûteux que prévu. C'est pourquoi comme l'explique Bloommestein25(*), ces aspects (ampleur, vitesse, enchaînement des mesures) sont liés et nécessitent une «hiérarchisation des objectifs, un consensus politique et social de la part de la population pour les accomplir.» Ainsi, cette transition induit un certain nombre de difficultés que Richet26(*) a classifié en quatre grands problèmes : - La mise en oeuvre de politiques de stabilisation et d'ajustement structurel et de gestion de la crise - Les changements institutionnels nécessaires, la redistribution des droits de propriété et le développement de mécanismes de marché - La dynamique microéconomique avec notamment l'éclosion de l'entrepreneurship, la mise en oeuvre de stratégies de firmes nouvellement privatisées et le contrôle des firmes publiques - Les stratégies d'insertion sur le marché mondial passant par la réorientation de flux commerciaux. Ces quatre points et leur résolution décideront du succès ou de l'échec de la transition vers le marché. Les ingrédients de la réussite des programmes économiques s'articulent autour de plusieurs points que sont la stabilisation macroéconomique, la libéralisation des prix, la réforme des droits de propriété et la transformation des entreprises, la création d'un marché du travail et d'un nouveau système de protection sociale, la création d'un système bancaire et d'un marché du capital, la libéralisation des échanges, enfin la réglementation des activités économiques et de la concurrence. Ainsi sont édictés les éléments nécessaires à la transition vers l'économie de marché que souhaite Gorbatchev * 24 X. Richet : Les économies socialistes européennes, Armand Colin Editeur, Paris 1992. * 25 H. Bloommestein et M Marrese : Transformation des économies planifiées. Réforme du droit de propriété et stabilité macroéconomique, Paris OCDE 1991. * 26 X. Richet : Les économies socialistes européennes, Armand Colin Editeur Paris 1992. |
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