La perestroika ou réformer l'irreformable( Télécharger le fichier original )par Vincent Geraud Université de Toulon La Garde - Master 1 2006 |
2 La perestroïka comme réponse aux dysfonctionnements21 Les tentatives antérieures de réforme du systèmeDepuis la déstalinisation engagée par Khrouchtchev de nombreuses réformes ont été tentées. Ces différentes tentatives sont le témoignage que la prise de conscience du problème par les leaders politiques est ancienne. En effet, Khrouchtchev a été le premier en 1957 à essayer de réformer le système. Sa volonté était de changer le système ministériel, accusé à l'époque de tendances autarciques, de construction d'empire autonome ou encore de départementalisme. Ainsi, les ministères industriels et leurs organisations verticales furent supprimés en 1957 et remplacés par des sovnarkhoz qui fonctionnait selon un principe territorial ou les sovnarkhoz devaient gérer toutes les entreprises de leurs régions. Cette réforme effectuée dans un souci d'efficacité économique fut un échec en raison des tendances autarciques développées cette fois par des bureaucraties régionales. Ce sont les déboires de cette réforme de régionalisation qui pour Denis Brand23(*) précipitèrent de fait le départ d'un Khrouchtchev qui dérangeait beaucoup en URSS et qui rencontrait l'hostilité de la nomenklatura et des staliniens. Cette réforme fut suivie en 1965 de la réforme Kossyguine qui supprime les sovnarkhoz et qui rétablit le système des ministères de branche en améliorant le processus d'approvisionnement. Il cherche à donner plus d'autonomie à l'entreprise et à inciter les directeurs à l'efficacité. Ces mesures échouèrent également. L'échec est dû au fait que les règles de planification de la production sont contradictoires avec la stimulation des directeurs, et confortent ainsi ces derniers à privilégier la réalisation du plan à court terme. Enfin, l'insuccès de cette réforme s'explique aussi par le fait que la stimulation concerne uniquement les directeurs sans inclure les ouvriers On trouve par la suite une succession de réformes de faible ampleur : En 1973 la réforme s'inscrit dans le prolongement de celle de 1965. Elle cherche à limiter la taille de la bureaucratie des ministères et à accroître l'efficacité du contrôle des entreprises industrielles par le centre. Un décloisonnement des ministères de branches est opéré en créant des associations industrielles chargées de gérer et de contrôler les entreprises industrielles fabriquant des produits similaires sur la base de l'autonomie financière. Une des conséquences attendues de cette réforme était la fusion d'entreprises, mais les ministères de branches surent maintenir leur pouvoir. Cette réforme visait à la base une simplification de la structure de la gestion tout en favorisant la spécialisation. Elle donnera des résultats peu significatifs. En 1979 de nouvelles mesures visent à rétablir une forte concentration. De nouveaux indicateurs de performance plus pertinents sont crées. Cette mesure aura pour effet de réduire la marge de manoeuvre des entreprises En 1983, une nouvelle évolution voit le jour. Un décret impose un nouveau type de contrôle des entreprises par le Centre. Les ministères réduisent le nombre d'indicateurs de performance mais imposent aux entreprises de respecter les objectifs du plan quinquennal. Trois indicateurs sont introduits : ventes, productivité du travail, réductions des coûts. Par ailleurs, on encourage la participation directe des entreprises dans l'élaboration sans passer par les échelons intermédiaires avant le centre. Ces mesures n'ont pas permis de relancer une économie moribonde : au contraire la croissance soviétique a connu durant cette période un déclin régulier. Ces échecs successifs mettent en avant l'impossibilité de réformer le système et amène à s'interroger sur la marge de manoeuvre des gouvernants. En effet, la politique économique de l'union soviétique cherche à réduire la tendance spontanée du système à l'inefficacité. Les instruments utilisables ont été de deux types : économiques et administratifs. Les instruments économiques peuvent être répartis en deux groupes : le premier consiste en un renversement des priorités en faveur de la population et vise toujours à limiter le rôle de la seconde économie. Le second instrument plus long à mettre en place, consiste à réduire le parallélisme de la première économie par une décentralisation de la planification, qui ne peut être que le guidage par les prix et la demande. Les instruments administratifs visent également à réduire le parallélisme par l'intermédiaire de réorganisations de l'administration économique. Pourtant les expériences des ères Khrouchtchev et Brejnev, laissent penser que la marge de manoeuvre est très étroite. Cependant l'observation globale de ces réformes fait apparaître l'entêtement des dirigeants soviétiques à conserver un système inefficace pour des raisons essentiellement idéologiques. C'est ainsi qu'une réforme en profondeur du système économique dans son ensemble est apparue à Gorbatchev comme inévitable. Il considère lors de son arrivée au pouvoir que l'URSS est à un tournant de son histoire : Soit, elle se réforme en profondeur, soit elle s'enfonce dans la stagnation et le déclin. * 23 Denis Brand : L'expérience soviétique, Editions Dalloz, Paris 1993. |
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