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Habiter le nomadisme. L'exemple de l'habitat mobile des travellers du mouvement techno

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par Caroline SPAULT
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales - Master Recherche 2008
  

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Chapitre II
L'échappée belle.
L'affluence des travellers en France.

Même si en 1988 et 1989, la house music fait son apparition dans certains clubs parisiens comme le Boy, le Rex et le Palace, lors de soirées spécialisées, c'est à partir du début des années 1990 que le phénomène rave arrive en France. Au départ, de sporadiques fêtes-raves ont lieu sur des péniches et d'autres endroits insolites. Les fêtes se déroulent presque exclusivement en région parisienne et dans les villes situées au nord de la France, à proximité de pays tels la Belgique, où les scènes sont d'avantage développées.

Dès 1992, les premières free-parties fleurissent en France: organisées par les travellers anglais, dont la troupe Spiral Tribe , poussée hors des terres britanniques par la répression croissante. Ils arpentent la région parisienne et les villes de province, improvisant ici et là des fêtes techno, à l'image des raves anglaises. Ce sound-system est aujourd'hui devenu l'une des références communes de toute une génération d'européens amateurs de fêtes techno. C'est avec notamment leur tube Forward the revolution et son refrain You might stop the party but you can 't stop the future 16 [Vous pouvez peut-être arrêter les fêtes mais vous n'arrêterez pas le futur], que les Spiral Tribe rallient nombre de jeunes à leurs pratiques des fêtes et du nomadisme.

En France, le public et les organisateurs des fêtes considèrent que les raves ne peuvent se confondre avec les free-parties . Dans une perspective relative au contexte français, la rave du verbe anglais [délirer] fait alors référence à une fête techno payante (avec un prix imposé désigné par un PAF: Participation Aux Frais) et organisée de manière légale (autorisations préalables).

16La chanson Forward the revolution est issue de l'album Tekno Terra des Spiral Tribe, sorti en 1992.

Du point de vue de nos voisins britanniques, la rave ressemble aux free-parties françaises actuelles: soit littéralement une fête libre sous-entendant l'idée d'une fête techno, semi gratuite (sur donation libre), se déroulant dans un cadre illégal et clandestin.

a) Vers l'espace-temps d'une free-party.

Grâce au procédé de l' info-uine [Serveur téléphonique vocal payant], les noctambules peuvent connaître l'itinéraire à suivre pour se rendre enfree-party. Par ailleurs, le bouche-àoreille constitue l'une des techniques de transmission des informations la plus répandue. Néanmoins, les info-uines, coûteuses pour les organisateurs sont souvent annoncées sur un ton expéditif, pas toujours compréhensibles. Par conséquent, il arrive fréquemment que de malentendus en bouche-à-oreille peu fiables, des convois massifs de véhicules se retrouvent perdus.

«Ça fait partie du jeu »17.

Chercher le site caché d'une free-party fait en effet parti d'un jeu de piste pour les noctambules, qui passent parfois plusieurs heures dans leurs véhicules, sillonnant toutes les routes d'un département, traquant le moindre chemin susceptible d'accueillir la fête. Ici, les théories de la sociologie du jeu social et de l'action organisée peuvent aider à la compréhension de l'aspect ludique des fêtes techno. En intégrant les notions de stratégie et de compétence, le jeu nocturne de la quête de lafree-party vient expliquer toute la motivation des individus. La stratégie d'évitement des autorités, les compétences à intégrer un convoi de véhicules sans s'y détacher, la patience sont autant d'aptitudes adoptées par les noctambules. Par exemple, la patience vécue dans une action collective, peut être lue comme une certaine maîtrise de soi. Par conséquent, le jeu est rattaché à une sociologie de l'action collective et de ses contraintes br icolées, devenues divertissantes.

17 Cyril et ses amis, entretien collectif du 16 avril 2007. Ardèche - Free-party.

Or, abstraction faite de cette forme de ludisme, il n'est pas vain d'attirer l'attention sur le coût financier qui découle de la mobilité vers les free-parties. Outre l'accès aux sites des soirées qui sont parfois le théâtre de complications mécaniques, le public est effectivement prêt à parcourir une région voire un pays entier pour se rendre aux fêtes, brûlant par conséquent des

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litres de carburant. Lors des évènements techno plus importants comme les teknivals , les convois émergent des quatre coins de la France, voire des pays avoisinants.

Le 13 août 2004, on se rend en Italie pour le teknival du 15 août. L'info-line indique un site au sud de Florence. On suit les convois qui émergent des quatre coins de l'Europe. Des français, des italiens, des allemands tous réunis dans camions et voitures, déterminés à trouver le traditionnel festival techno. Il fait nuit. Le convoi bifurque sur une petite route goudronnée et grimpe dans les bois de la Toscane. Là, les véhicules ralentissent et stoppent: c'est une impasse. Près d'une centaine de camions, bus et voitures sont bloqués. La route est étroite, il faut tout redescendre en marche arrière. À nouveau sur la voie praticable, le convoi s'engage vers l'autoroute, en direction d'un village nommé Borberino. Au péage, c'est la queue. Certains fraudent la taxe autoroutière. On poursuit. Sur les petites routes bosselées, on croise, par groupe de dix ou vingt, des convois. C'est une quête sans fin. Les gens ne semblent pas savoir où ils vont. Des camions sortent de tous les chemins propices. À cinq heures, épuisés de chercher le teknival et de conduire, on s'arrête dormir dans un champ, près d'un lac.

Le lendemain, après une après-midi détendue au bord du lac, nous retrouvons le soir le convoi d'un sound -system français qui, las de rechercher la fête, s'installe aux abords du lac et pose leur mur de son. Sans perdre patience, on se renseigne et apprend que le teknival se tiendrait peut-être près d'Arezzo, à 100 Kms de là. Nous ne sommes plus à ça près, nous reprenons la route. Arrivés à Arezzo, sorte de ville fantôme, nous ne croisons aucun convoi. Je descends demander aux autochtones d'un bar du village s'ils n'ont pas vu passer des convois de véhicules, s'ils ont connaissance de la tenue d'un festival techno. Mon parler italien est navrant, mais j'arrive à me faire comprendre. Là, un homme âgé, un verre de rosé à la main, clame «Teknival! Teknival!!! » en pointant du doigt une direction. Il m'explique vaguement que nous sommes sur la bonne route et qu'il faut continuer. Quinze Kms plus tard, nous retrouvons enfin l'espace aride du teknival. Pour y arriver, nous avons donc parcouru quelques 800 Kms de route.

Journal de terrain, 16 août 2004.

18 Un teknival est un festival techno réunissant plusieurs sound-systems sur une durée dépassant généralement deux jours et deux nuits.

Par ailleurs, tandis que certains auteurs pensent les free-parties comme le vecteur d'un certain «hédonisme festif » (Maffesoli, 1992 : 132), d'autres plus clairvoyants, signalent que ces fêtes peuvent parfois être sombres, individualistes et puériles. Malgré les ambitions politisées des pr emiers organisateurs de raves puis de free-parties, il apparaît aujourd'hui clairement que les objectifs du mouvement se cantonnent à l'organisation des fêtes. Consistant en une retraite collective temporaire, ces fêtes ne sont pas un lieu de contestation au sens d'un mouvement social ou d'une organisation militante, néanmoins elles entendent éviter les contraintes, fuir momentanément la société, ses règles et ses normes. Or, l'expérience fait foi et dévoile que les acteurs des free-parties reproduisent une part des normes sociétales tout en créant une autre définition de l'ordre public.

En 1993, a lieu le premier teknival français, près de Beauvais, à l'initiative de deux soundsystems, l'un anglais (les Spiral Tribe), l'autre français (les Nomades). Ce teknival clandestin vient en fait remplacer la rave autorisée puis interdite à Amiens. Ce festival techno fait découvrir à la jeunesse française le mode de vie des travellers anglais, organisés autour du sound-system. Après cet événement, bon nombre de jeunes décident de prendre exemple sur la Spiral Tribe, et fondent leur propre sound-system, itinérant ou non. Parmi ceux-ci, on retrouve les OQP, Total résistance, les Metek , les Heretiks, les LSDF. Le mode d'engagement en sound-system est vite adopté et prend, dans le mouvement techno, des allures de virus. Les free-parties commencent à proliférer un peu partout en France. Et c'est bien le but de ces voyageurs techno anglais : créer un réseau international de travellers techno, pour que «la musique ne s'arrêt e jamais ».

Les années 1995-1996 en France sont ainsi marquées par l'avènement des premières raves gratuites organisées officiellement, notamment pour la fête de la musique. Aussi, c'est la création d'association telle que Techno Plus entamant une action de prévention et de réduction des risques liés à la consommation de drogues. C'est également les premières techno parades. Bien que le climat lui est hostile, le phénomène musical techno continue ainsi à prendre de l'ampleur en France. Dans le même temps, un déchaînement médiatique sur la question des free-parties et de leurs liens incontournables avec la consommation de psychotropes, défraye la chronique. Pour répondre aux inquiétudes d'une grande majorité de Français (parents, cliniciens, propriétaires, journalistes), le gouvernement engage toute une série de mesures visant à réguler, au mieux à éteindre le feu de la techno et de ses fêtes.

«Le caractère délibéré de ces manifestations misérables,
intolérables, en ce qu'elles reflètent un mal-vivre et un
incivisme générés par notre société nous conduit à réfléchir sur

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ce grave problème. »

La première action du gouvernement est la création, par la Direction générale de la police nationale, d'un dossier intitulé «Les raves, des soirées à hauts risques ». Datant de janvier 1995, il est sous-titré «Mission de lutte anti-drogue ». Ce dossier offre ainsi à nombre de communes, d'agents administratifs et de préfets, une légitimité quant à l'interdiction de ces manifestations de manière à garantir l'ordre public. « Il est apparu assez rapidement que ces vastes rassemblements organisés le plus souvent sans souci des conditions de sécurité et de salubrité étaient des lieux de trafic et de consommation de drogue» souligne

le texte.

Petit à petit, le gouvernement essaye d'organiser les différentes instances sur les mesures et autres possibilités législatives pouvant être appliquées au regard de ces fêtes. Par exemple, plus localement, le maire d'Avignon en mai 1996 établit un «arrêté portant interdiction de manifestations musicales rave-parties» stipulant que ce type de soirées est désormais interdit sur le territoire de sa commune.

«Nous ne pouvons pas, les bras ballants et la bouche bée,

regarder passer la caravane de cette redoutable marginalité

[É] »20

Dans le même temps, s'instaure comme une sorte de politique culturelle de la techno puisque, quasi tous les ministres de la culture successifs, de gauche, tiennent des discours favorables à cette musique et à la professionnalisation de ses acteurs.

On peut voir Jack Lang, ministre de la culture en 1997, se rendre au teknival des Transmusicales de Rennes, aux côtés de Catherine Trautmann. Cette dernière qui signale dans un article du Monde, en novembre 1997 qu'elle « exercerait une vigilance constante pour que la musique techno ne soit plus diabolisée ».

19 George Privat, député RPR de l'Aveyron, à l'Assemblée nationale, en 1995. Rapport du débat à l'Assemblée nationale. Journal Officiel du 11 décembre 1996, page 8159.

20 Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur, discussion à l'Assemblée nationale, en 1996. Rapport du débat à l'Assemblée nationale. Journal officiel du 30 mai 1996, page 3586.

Les propos s'inversent. En témoignent les différents journaux nationaux aux titres explicites: «il est permis de raver» (Libération, 1997). Les différents acteurs du mouvement (associations, organisateurs, djs) sont invités à une réunion interministérielle qui avait pour objet de clarifier le problème de santé publique que posent les drogues dans ce milieu festif particulier. Des subventions publiques sont débloquées pour assurer le développement d'associations de prévention de l'usage de drogues.

En 1997, l'association Médecins du Monde lance sa mission rave en effectuant une présence sanitaire lors d'événements, distribuant des tracts d'information sur les produits et proposant un testing d'ecstasy. Cette technique consiste à prélever une partie du comprimé et à la mettre en contact avec un réactif chimique. Selon la couleur que prend la réaction, il est possible de savoir ce que contient le comprimé et d'en informer le consommateur. Depuis avril 2005, un décret interdit la pratique du testing. Le texte stipule que «l'analyse des produits sur site, permettant uniquement de prédire si la substance recherchée est présente ou non, sans permettre une identification des substances entrant dans la composition des comprimés, n'est pas autorisée.»21 Pour Médecins du Monde, ce décret est un grave recul quant à leur mission de réduction des risques.

Au teknival du 15 août 2002, entre l'Italie et la France, au col de l'Arche, Médecins du Monde a posé son stand de prévention des risques liés à la consommation de drogues.

Sous un parasol prolongé d'une grande tente, les médecins et les bénévoles conseillent, discutent, informent et pratiquent le testing sur les produits. Lors de mes observations, un après-midi, un homme d'une vingtaine d'années arrive au stand pour faire tester son cachet d'ecstasy. Le bénévole explique alors à l'intéressé les risques qu'il encourre et donne des conseils pour éviter les bad trips (littéralement mauvais délire). Le jeune homme prend note des lignes de conduite et demande alors le test chimique de sa pilule. Le jeune homme semble pressé et quelque peu anxieux.

C'est le médecin qui fait le test: il dépose alors le réactif sur le cachet et obtient une couleur. D'un air sceptique, il revient vers la personne et lui annonce que son produit contient sûrement près de 60% d'antidépresseur et qu'il n'aura pas les effets escomptés de l'ecstasy. Il remet alors le produit au jeune, qui sans un mot, gobe le cachet devant nous. Il remercie le médecin et le bénévole, nous souhaite une bonne journée et quitte la tente de Médecins du Monde. Le bénévole

21 Décret n° 2005-347 du 14 avril 2005 approuvant le référentiel national des actions de réduction des risques en direction des usagers de drogue et complétant le code de la santé publique.

m'explique alors que ce genre de scène est fréquent et qu'ils ne sont pas là pour interdire la consommation de stupéfiants mais bien pour que les consommateurs soient sensibilisés et qu'ils le fassent en toute connaissance de cause.

Journal de terrain, 20 août 2002.

Par ailleurs, c'est cette fois-ci sans consultation, que les ministères s'engagent conjointement dans une guerre sans merci aux fêtes techno illégales. De violentes interventions policières ont ainsi lieu à l'encontre de ces fêtes clandestines. C'est en janvier 1999, que paraît une nouvelle circulaire ministérielle : «Instruction sur les manifestations rave et techno », remplaçant celle de 1995. Cosignée par les ministres de l'Intérieur, de la Défense et de la Culture, son objectif affiché est « de voir se substituer aux réunions clandestines trop souvent sources de graves incidents, des manifestations encadrées, avec l'assurance qu'elles ne constitueront pas d'atteinte à la tranquillité des populations et à l'ordre public, ni à la sécurité des participants. » En clair, les événements techno légaux doivent pouvoir exister, tandis que les organisateurs qui continueront malgré tout à agir de manière clandestine, devront faire l'objet de poursuites.

C'est pourquoi il est nécessaire d'exprimer la dualité politique et idéologique du public et des organisateurs de free-parties , sur la volonté de légiférer et de légaliser ou non le mouvement. Certains entendent s'associer au gouvernement, se soumettant ainsi aux différentes circulaires, de manière à organiser des soirées techno légales et autorisées. Tandis que d'autres préfèrent conserver l'esprit dit underground du mouvement et continuer clandestinement l'organisation des fêtes à l'insu des autorités. La scission est frappante. On assiste à la multiplication croissante de rave autorisées, de teknivals encadrés et dans le même temps, au déploiement des fêtes clandestines aux quatre coins de la France.

Le lien entre fête techno et politique franchit une nouvelle étape lorsque, au début du mois de mai 2001, le député UMP du Vaucluse Thierry Mariani (RPR) propose un amendement visant à imposer une autorisation préalable pour les free-parties. Le texte s'inscrit dans un projet de loi sur la sécurité quotidienne (LSQ) concernant des sujets variés: délinquance des mineurs, vente d'armes, sécurité routière, lutte contre le terrorisme. L'article relatif aux rassemblements festifs stipule que les organisateurs doivent déclarer l'événement auprès du préfet du département et obtenir l'autorisation du propriétaire du terrain.

Compte tenu des modalités d'organisations des free-parties, ces dernières ne peuvent escompter obtenir les autorisations en question. Le texte vise donc à dissuader les organisateurs et à impulser officiellement un durcissement de l'Etat à l'égard de ces fêtes.

«Si le rassemblement se tenait sans déclaration préalable, ou en dépit d'une interdiction prononcée par le préfet, les officiers de police judiciaire [É] peuvent saisir le matériel utilisé, pour une durée maximale de six mois en vue de sa confiscation par le tribunal. »22

Plusieurs vagues de manifestations d'adeptes defree-parties ont lieu au sein de grandes villes françaises: Paris, Marseille, Lyon, Toulouse. Les manifestants protestent contre la dernière loi visant à interdire les fêtes techno clandestines. Ils justifient ainsi cette contestation en mettant en avant l'idéologie sous-jacente à l'illégalité des free-parties. En effet, pour nombre de ses adeptes, la free-party rentre dans le postulat du faire la fête en dehors des normes sociétales et de faire perdurer son caractère underground , et donc marginal nécessaire au maintien du mouvement techno en France. Enfin, dans ces manifestations, il est aussi question de protester contre les violences policières dont sont victimes le public et les organisateurs des fêtes clandestines.

Manifestation européenne contre les violences policières lors defree-parties, Strasbourg, Avril 2006.
Photographie prise par l'auteur.

22 Article 23-1 de la loi n° 95-73 du 21janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité.

En clair, les relations entre les autorités et les adeptes des free-parties sont loin d'être pacifiques. Nombres de leurs interventions ont lieu sans sommation, détériorant le matériel des sound-systems et arrêtant arbitrairement les individus. Il arrive ainsi que le public désireux de protéger l'ensemble du matériel soit pris dans une émeute avec les policiers. Enfin, lorsque les forces de l'ordre n'aboutissent pas à leurs desseins, les participants reçoivent plusieurs mois plus tard, des amendes (135 euros par personne et par véhicule), voire des convocations au tribunal pour les organisateurs.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus