B/ Origine théorique de l'échec
La période coloniale suivie de onze ans de lutte
armée de libération nationale a ruiné l'économie
bissau-guinéenne car, le Pays était marqué par un cumul
des déficits économiques et sociaux. De nombreuses causes
expliquent des difficultés rencontrées dans le processus de
développement : l'état général du pays à
l'indépendance se caractérisa par une économie primaire
peu développée, un niveau d'éducation très faible
et absence de formation professionnelle et mauvaise situation sanitaire.
11 Source : étude sur la dimension coût et
efficacité de la fonction publique de Guinée-Bissau PNUD..
D'autre part, le cumul des déficits économique
et social peut être attribué aux choix politiques et
socioéconomiques fait après l'indépendance. Car certains
d'entre eux sont inappropriés notamment dans le domaine de l'industrie,
inconvertibilité de la monnaie et une organisation bancaire unique. Puis
au lendemain de son indépendance la Guinée-Bissau n'a pas
essayé de mettre en place des stratégies de développement
appuyées sur la qualité des ressources ni la mise en place des
infrastructures susceptibles d'assurer un décollage économique.
Il se lança aussitôt dans une voie de développement et de
libéralisation économique avec le désengagement de l'Etat
dans la commercialisation. Ce choix politico-économique est à la
base de l'inefficacité et du sous développement du secteur
privé.
Cependant, le passage rapide d'une économie
fermée de type socialiste à l'économie de marché
aurait du susciter la mise en oeuvre des institutions efficaces dans le secteur
privé, ce qui est loin d'être le cas en Guinée-Bissau. Le
secteur privé manque de ressources humaines bien formées, souffre
des pouvoirs considérables subsistants dans le système
administratif et qui agissent comme frein à l'initiative privée,
enfin de difficultés structurelles : le secteur industriel est
inexistant, le secteur agricole peu modernisé, la fraude et les
marchés parallèles encore puissant, le marché national est
exigu. On peut donc considérer que le secteur privé était
encore en état naissant et doit se structurer rapidement pour atteindre
le niveau d'efficacité nécessaire au bon accomplissement du
rôle qu'il devrait jouer dans ce nouveau type d'économie.
En outre, les limites desdites stratégies s'expliquent
par la prédominance du financement extérieur au détriment
des efforts endogènes (le choix centralisé des politiques
agricoles, absence effective de politique agricole cohérente, aucune
politique d'accompagnement n'a été mis en oeuvre pour appuyer le
processus de décentralisation, manque de volonté des
gouvernements, etc....). Elles s'expliquent également, par le fait que,
comme beaucoup de pays tiersmondistes dans leurs politiques de
développement, en Guinée-Bissau aussi les
populations n'étaient pas conviées à
participer dans les débats ni dans les prises de décision sur les
mesures dont elles sont supposées être les principaux
bénéficiaires. Les institutions impliquées étaient
le gouvernement, l'assemblée nationale et la structure technique
chargée de coordonner les plans c'est-à-dire, le
secrétariat d'Etat au plan et de la coopération internationale et
les commissions sectorielles de planification.
Le système de planification adopté alors
permettait que la coordination des activités du développement
soit assurée à travers un instrument, surtout en ce qui concerne
l'harmonisation des politiques sectorielles avec des objectifs
macroéconomiques.
Ces limites s'expliquent ainsi par l'absence de planification
durant de longues années de la politique de rajustement structurelle
signée avec les institutions de Bretton Wood a négativement
affecté les aspects structuraux de moyen et long terme. Elle a remis en
cause toute mesure susceptible de se prévenir de certaines contraintes
qui pourraient découlées de cette absence de planification au
niveau macroéconomique.
Toutefois, il reconnaître que les stratégies
avaient aussi échouées par ce que l'économie était
centralisée sans que des mécanismes plus fiables soient mis en
place pour le monitoring. A ce propos il faut mentionner les quelques projets
intégrateurs qui avaient bénéficiés de grandes
enveloppes financières pour leur réalisation mais qui n'ont pas
comblé les attentes : la charte de politique de développement,
plan national du développement sanitaire, plan directeur pour
l'état et l'assainissement et plan directeur de pêche. Ces
stratégies étaient mal menées, cela, l'unes des
principales causes de leur échec.
Selon SM le Roi Mohammed VI « on ne peut pas parvenir
à un développement économique et social que par la mis en
place des politiques publiques intégrées ».
En somme, les stratégies retenues en
Guinée-Bissau ont été dans une large mesure
conçurent en terme de polarisation. Elles se basèrent sur ce
qu'il est
convenu d'appeler << le développement par le haut
>>. Ce mode de développement n'a pas manqué de montrer ses
limites suite aux sélections qu'il a opéré :
dépendance territoriale, inégalités
socioéconomiques, hiérarchie urbaine, pauvreté, exode
rural, etc. D'où la nécessité d'emprunter d'autre chemin
nous conduisant vers la sphère locale tout en prônant une prise de
conscience et de considération des potentialités du milieu.
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